Tout à fait, et c'est beaucoup plus intéressant que de traiter les français de branleurs, j'en convienshushpuppy a écrit :Mais si un cour donné dans une atmosphère "glaciale" n'est pas forcément mauvais, un court qui amène à la participation de chacun est forcément mieux de mon point de vue.

C'est là qu'on retombe sur les stratégies d'enseignement et de gestion du groupe.
Comme Kero l'a relevé, c'est transversal à tout enseignement, et c'est donc en marge de la didactique des langues vivantes. Et donc la question que j'ai envie de poser à Owen: est-ce qu'on parle de pédagogie et de gestion de groupe dans ta formation?
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Attention à la différence entre les publics. Un groupe de lycéens c'est un groupe d'adolescents, un groupe d'étudiants c'est un groupe d'adultes. ça ne se gère pas de la même façon.
C'est plus facile avec des adultes. Avec des adolescents il y a les questions générales du respect mutuel, de la crédibilité de l'enseignant et de la discipline qui sont à gérer.
On retrouve les thématiques bien connues ici de body langage et de leadership.
Cependant, face à un groupe d'adolescents, il convient de s'organiser pour faire participer les élèves. Et là il ne s'agit pas de leur montrer qui est le bigboss, ça ne suffit pas

Les mettre à l'aise pour prendre la parole devant leurs camarades, éviter la cacophonie, etc... C'est une petite cuisine difficile mais intéressante.
Dans ce contexte, les ambiances glaciales sont soit la conséquence de choix pédagogiques du professeur, qui a pris des options académiques, soit la conséquence d'un échec dans la gestion de groupe. En gros personne ne participe, mais au moins il n'y a pas de bordel. Un demi-échec...
De ce que j'ai vu, durant les premiers cours on gagne à consacrer un peu de temps à l'expression orale, se tenir droit, parler fièrement, etc... Tout ça est un peu gadget mais permet de décomplexer les élèves.
On a tous connu des professeurs "autistes", qui étaient seuls au monde, et voulaient juste qu'on leur laisse dérouler leur câble sans les déranger. Ce n'est pas bon, ou encore disons que c'est le strict minimum. Pour créer une dynamique de groupe, il faut s'occuper du groupe. A tel point qu'en sport il y a des situations, notamment à l’échauffement, qui sont plus fait pour souder le groupe que pour développer telle ou telle aptitude chez les élèves.
La gestion du groupe peut être vue comme une corvée, et même sous cet angle négatif, on sait bien que ça se passe toujours mieux quand on gère pleinement la corvée plutôt que de l'ignorer. En situation, la gestion du groupe prend du temps, de l'énergie, personnellement ça me bouffe une concentration énorme car je dois toujours avoir un oeil sur tout le monde, et ça me pompe mon énergie.
Mais quand je suis en forme j'arrive à me comporter correctement, notamment avec un discours clair et agréable, et être "avec le groupe"
ça ne vous rappelle rien? Hé oui, c'est comme avec une fille. Si on est comme un autiste, ça ne marche pas. Si on est juste à la regarder et qu'on s'oublie, ça ne marche pas non-plus.
La bonne attitude, c'est être conscient de soi et conscient de l'autre (ici le groupe)
Je précise à toutes fins utiles que ce n'est pas une élucubration fumeuse de ma part. En formation, nos profs nous ont bassiné pendant les cours collectifs et même les cours particuliers. Combien de fois nous nous sommes vus reprocher: "tu n'est pas avec ton groupe. Tu n'es pas avec ton élève"
Même en cours particulier, même face à face avec un seul élève, on arrive encore à ne pas faire attention à lui! C'est à se les prendre et à se les mordre !!! Et comme le sport requiert une interaction de tous les instants, je crois que c'était plus facile pour moi et mes camarades d'avoir conscience de cet enjeu, c'est pourquoi j'en parle ici.
Être à l'écoute du groupe, je ne sais pas comment ça se passe chez les professeurs...
J'imagine que les maîtres des écoles sont formés à ce sujet, car plus le public est jeune, plus c'est important. Après, pour les enseignants en lycée et à l'université, je ne sais pas comment ça se passe et comment ils sont formés...
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Je trouve que pour se forger une expérience sur le terrain, comparer les groupes d'adolescents et les groupes d'adultes, c'est très enrichissant. De mon point de vue, avec les adultes c'est facile d'enseigner, et ça permet donc de tester des choses, de se lâcher. Ensuite, on essaye de transposer les choses avec le public plus jeune, et on regarde comment ça fonctionne, y compris comment ça plante, car des plantages il y en a.
Je dis ça pour te décomplexer Owen: il y a des choses que tu vas apprendre en situation, et en évaluant régulièrement la portée de ton action tu vas vite progresser.
Ta personnalité, le corpus de ton enseignement et notamment ce que tu apprends actuellement dans ta formation, tout ça est un socle sur lequel tu vas construire tes stratégies d'enseignement.