Un des principaux maux de notre société suinte par tous les bords de ce sujet. Aujourd'hui, réussir sa vie passe par avoir une vie
remplie. Avec donc ses corollaires, la chasse à l'inactivité et le recours à la planification.
1)
Il faut être occupé. Il faut remplir nos journées (même de merde oui).
Exemples : - Cela m'est arrivé de partir en vacances avec des surexcités de l'activité. Pas de place pour des journées vides, non planifiées.
Pas de place pour l'aventure. Chaque jour il fallait faire quelque chose de concret, visiter tel monument : ce "à voir", ce "à faire". L'impression de remplir une to do list, qui si elle n'était pas terminée à la fin du périple signifiait un voyage raté. Et pourtant, mes meilleurs souvenirs ne sont pas sur cette liste : ce n'est pas la visite de la Cité interdite (même si ça pourrait bien évidemment), mais c'est cette discussion improbable avec ce moine bouddhiste*.
- Si j'ai un trou de 6 mois dans mon CV, j'aurais intérêt à avoir une bonne explication devant le recruteur.
2) Pire,
il faut montrer que l'on est occupé.
Exemples : - Si je pars en vacances, il faut que je publie mes photos sur Facebook.
- Si j'ai un dossier professionnel à rendre, mieux vaut que tout le bureau soit au courant.
3) Pire encore, si on est pas réellement occupé,
il faut au moins le paraître.
Exemple : - Au travail, courir entre les bureaux. Si possible, avoir son agenda rempli de réunions (inutiles).
- Chez soi, avoir la télé allumée en fond sonore est un bon début. Checker son facebook et sa boîte mail toutes les 5 minutes aussi.
On a donc l'impression d'une activité. Mais tout cela est bien vide de sens.
Sous une telle dictature de l'activité, je salue donc cette initiative de redonner à la lenteur ses lettres de noblesse. Que l'on pourrait facilement associer à un éloge du silence et de l'imprévu. Oui, dans une société de l'hyperactivité, du bruit, et de la planification, lenteur, silence et lâcher-prise sont à valoriser.
Zen, soyons zen
* à ce propos - et même si c'est périphérique au sujet - je ne sais pas si d'autres fonctionnent comme ça, mais mes meilleurs souvenirs de voyages sont toujours humains. Or l'humain ne se planifie pas.