gettheone a écrit :Blusher a écrit :La notion de sexe récréatif et sans engagement a l'air de complètement te passer au dessus de la tête. On peut aussi profiter de sexe sans chercher une compatibilité amoureuse ou envisager une relation suivie...
Sauf que ce n'était pas le but de chevreuil.....
Ses buts initiaux, il ne nous en a pas trop parlé. Ce n'est qu'après qu'on comprend qu'il cherche à trouver l'amour.
Il s'agissait d'une fille rencontrée sur badoo où je traînais de temps en temps sans trop de convictions. Après quelques échanges de messages, elle m'a donné son numéro de téléphone dans la soirée. Nous avons convenu d'un rencard le vendredi soir suivant.
Il traînait sur badoo sans conviction, il a topé un rencard avec une fille. Ils ont passé une bonne soirée.
ACTE I: "On discute un moment"
Ce qu'on peut en dire c'est que deux personnes qui se captent sur badoo un soir de désoeuvrement ne sont pas dans des conditions optimales pour permettre le minimum d'idéalisation requise pour tomber amoureux l'un de l'autre.
D'autant que le récit du premier rendez-vous ne vend pas du rêve.
Nous avons bu une bière (chacun) que j'avais amené (Leffe Royale ! Je plaisante pas, moi !

). En fait, le lieu où on s'est rencontrés (qui était assez proche de chez elle et pas loin de chez des amis où je devais aller juste avant) n'a pas de bar sympa : uniquement des pauvres PMU ou des trucs du genre. Bref, on (elle) a parlé un moment puis m'a proposé de venir chez elle par ce qu'on se les gelais.
Moi : Pas d'hésitation, j'y dis OK.
Bref, je la suis, on discute un moment puis vient l'heure de partir. Là, j'y fais la bise, tourne le dos, me retourne et l'embrasse.
1ère erreur ? L'embrasser trop tôt ?
Les lieux sont austères (le PMU du coin), la température négative.
"On discute un moment" c'est pour le moins succinct comme description de leur premier flirt. Quid des jeux discursifs, des conversations qui vont crescendo, de la révélation de soi et de la découverte de l'autre les yeux dans les yeux? Du rapprochement de corps, des mains qui se frôlent, des éclats de rire et des sourires de connivence?
Soit chevreuil fait l'impasse sur toutes ces belles choses (si importantes lors d'une première rencontres) parce qu'il lui semblait accessoire de nous les narrer. Soit, les échanges étaient assez fades pour que "on discute un moment" suffise à les résumer.
Dans un cas comme dans l'autre, l'impression qui en ressort c'est celle d'un rendez-vous sans relief ni inspiration mais qui se finit quand même par un baiser sans qu'on ait vraiment cherché à se séduire l'un l'autre.
Ne pas y prêter davantage attention c'est négliger que
ces rendez-vous amoureux sont ni plus ni moins que des mises en scène de nos Moi idéaux.
Savoir séduire (surtout si l'on est romantique et/ou à la recherche du grand amour)
c'est démontrer une capacité expressive à incarner avec autant de brio que d'authenticité un personnage digne d'être idéalisé par l'autre. En d'autres termes, on déploie son ramage (sans pour autant se la jouer) et on invite l'autre à un jeu de miroirs où chacun se reflète dans le reflet valorisant que lui tend l'autre.
Concrètement: On y fait preuve de repartie. On ose quelques traits d'esprit. On distille de la sensualité et des sous-entendus dans la conversation. On raconte l'un et l'autre des anecdotes qui mettent en lumière des aspects positifs ou singuliers de notre vécu et de notre personnalité.
En un mot comme en cent, on se livre à cet exercice millénaire au travers duquel deux personnes vont pouvoir s'idéaliser et in fine tomber amoureux.
De cela, il n'y aucune trace dans son récit. Une fois encore, soit parce que cela ne s'est pas produit. Soit il nous prive d'une partie fondamentale de la rencontre amoureuse. Le big bang de votre univers à deux.
Le mythe fondateur de votre couple. Le terme peut sembler pompeux mais c'est bien de cela qu'il s'agit. Ne parle-t-on pas d'
histoire d'amour?
Or, d'histoire il n'y guère ou en tout cas pas le genre d'histoire halletante ni de
tension dramatique qui fasse attendre avec impatience le prochain épisode.
On est dans un registre, ne le prend pas mal chevreuil, assez insipide.
Pour preuve, la conclusion du premier acte:
Bref : à partir de là on a continué à se voir.
Autre chose, tu nous demande si tu l'as embrassée trop tôt. Histoire de jouer l'avocat du Diable, j'oserai avancer que
tu l'as embrassée trop tard. Je m'explique. Quitte à l'embrasser au premier rendez-vous, pourquoi attendre le moment de partir (et de lui avoir fait la bise) pour enfin trouver la ressource nécessaire et le faire. Si la montée du désir tout au long de ce rendez-vous avait été impétueuse, ce baiser serait intervenu plus tôt dans la soirée.
Et de là, on passe direct à :
2) La relation
ACTE II: Pas encore amoureux, déjà en couple
Comme si, effectivemment l'affaire était réglée un peu vite. On n'est pas encore un couple au second rendez-vous. La danse devrait continuer.
Sans trop de surprise, le sexe est à l'image du premier acte. (Le flirt au premier rendez-vous c'est déjà des préliminaires, quand on est tout nu au pieu avec la fille, c'est juste la suite de ce tango) Du coup chevreuil, ne t'en veut pas et n'en veut pas à ton corps. Tu n'as pas lieu de te sentir minable. Ce n'est pas le plus important dans tout ça, c'est à remettre dans le contexte de ce début de relation:
j'avais le sentiment que c'était elle qui menait le couple et elle aussi l'avait (elle me l'a dit).
chevreuil, pas encore idéalisé par sa belle se retrouve déjà désidéalisé par elle. Elle lui soufflerait presque ses répliques et tente de corriger son jeu d'acteur comme un réalisateur sur un tournage. Ce n'est pas son rôle, l'un et l'autre se doivent d'être acteur et actrice de cette pièce. Dire déjà à l'autre qu'on aimerait qu'il muscle son interprétation, cela revient à interrompre la pièce. Cela ne peut que faire perdre encore plus ses moyens à l'acteur. L'illusion dramaturgique est brisée.
Pour ne rien arranger, ils se voient beaucoup et souvent. Quotidiennement pour tout dire:
Aussi, on se voyait presque chaque soir/jour où on était tous les deux dispos, soit environ 4 ou 5 soirs sur 7.
C'est là qu'on se remémorre leur rencontre: deux célibataires désoeuvrés qui tuent le temps sur Badoo.
Deux adages me viennent en tête (et en Anglais, sorry):
1/ Get a life!
2/ Absence makes the heart grow fonder
L'absence attise le désir amoureux. Non pas qu'il faille se rendre excessivement indisponible pour créer artificiellement le désir. Je ne dis pas ça.
Mais passer directement à
5 soirs par semaine, c'est de toute évidence le signe d'une vie peu remplie. Et surtout,
c'est le meilleur moyen d'inviter déjà la routine quand on pourrait goûter aux délices de l'absence (laquelle favorise l'idéalisation cosubstantielle au sentiment amoureux).
Alors bien sûr, le tableau n'est pas noir de geai.
En dehors de ça, on a passé de très bons moments : weekends, tendresses, massages, rires, petites attentions...
Tout ce qui en somme ferait une plaisante amitié érotique (qui durerait peut-être, d'ailleurs).
Mais au lieu de ça, nos deux amants déplorent de ne pas ressentir d'élan amoureux. Vous placez des
attentes excessives, pour ne pas dire tyranniques, sur une histoire que vous menez de manière très pépère. Vous vous décevez de ne pas savoir donner un souffle lyrique à cette histoire. Prendre le partie d'une relation casual vous aurait au moins éviter l'écueil de la déception de ne pouvoir vivre une histoire digne d'Hollywood. Mais vous placez la barre très haut.
Nous avons plusieurs fois parlé de ces sentiments qui n'évoluent pas, de cette envie que ça marche car l'un comme l'autre nous nous plaisions beaucoup. Mais, pas d'amour.
Le choc amoureux n'a donc pas eu lieu. Du fait entre autres de votre disponibilité, de l'absence de mystère, de jeu et d'une part de rêve qui ne transparaît à aucun moment dans le récit du premier et du second acte.
Il eût fallu à ce stade un deus ex machina, un noeud dramatique aux proportions épiques pour inverser la vapeur. L'intrusion peut-être 'un tiers même symbolique qui viennent faire craindre une infidélité ou bien un éloignement géographique pour secouer tout ça. En fait, je ne vois pas. Bref, qu'un truc se produise.
ACTE III: "Il faut qu'on parle."
Mais rien ne s'est produit sinon l'inéluctable. La logique implacable et linéaire d'une suite d'événements dénuée de rythme et de surprise.
Résumons:
Les étapes classiques (et éminemment conventionnelles) de la formation du sentiment amoureux sont les suivantes:
Idéalisation
Enchantement
Plaisir Sexuel
Renoncement (engagement)
Nos deux protagonistes quant à eux ont pris un faux départ. Ils ont, et c'est là que je rejoins gettheone, baclé la première étape et ne s'en sont jamais remis.
Ils n'ont pas joué le jeu. Ils se sont calé un
rencard sur badoo un soir où ils se faisaient chier (ça va être coton pour idéaliser après ça).
Il auraient pû faire du
premier rendez-vous en réel un moment inoubliable (même dans un PMU d'ailleurs) mais ça n'a pas l'air d'avoir été le cas.
Ils sont quand même passé à la suite, d'un commun accord "par défaut". (
"bon, ça c'est fait. On continue à se voir?")
Ils ont continué d'entretenir des
attentes ambitieuses voire irréalistes.
Ils se sont rendus très,
trop disponibles très vite. Ils ont joué au petit couple qui se fait des cadeaux de St Valentin avant d'être tombé amoureux.
Bref, et c'est là que gettheone et moi ne sommes plus d'accord,
ce n'est pas le sexe qui est arrivé trop tôt c'est la pépérisation/mémérisation de l'un et de l'autre qui ont voulu se voir en couple avant de tomber amoureux.
On peut coucher le premier soir et tomber très amoureux. Attendre ne fera rien à l'affaire si on ne commence pas par flirter et par se rendre symboliquement ou physiquement
inaccessible l'un pour l'autre (au moins un peu).
On peut tomber et faire tomber amoureux en moins de deux heures. Le fameux choc amoureux par définition, a un caractère soudain et explosif.
Etre un séducteur, ce n'est pas juste arriver à coucher avec des filles. C'est être capable de faire tomber une fille amoureuse. C'est en cela que Don Juan est véritablement narcissique et pas juste un queutard.
Le prix à payer, c'est un certain inconfort. Quand on est amoureux, on est sous coke: On est nerveux, on pense souvent à elle. On se demande si ça va le faire, si on devrait appeler ou laisser passer encore un jour ou deux. C'est inconfortable et il faut du self-control et de la maturité émotionnelle pour ne pas se laisser submerger.
Mais cet inconfort initial est inévitable, c'est ce qui nous donne ensuite le sentiment de mériter l'autre quand enfin on passe le cap du choc amoureux.
Là,
on devient vraiment un couple. Les rapports se font plus naturels, on a le sentiment d'être aimé pour soi-même, de ne plus être en représentation. On peut commencer à se projeter dans un futur commun avec davantage de confiance en l'avenir du couple.
Et en même temps, étant passé par cette étape initiale d'incertitude on a été inoculé d'une dose de vaccin qui nous permettra, on l'espère de jamais prendre les choses pour définitivement acquises.
Car en amour elle ne le sont jamais complètement. Les histoires d'amour finissent mal : soit qu'on se sépare, soit que la mort nous sépare. (
"Celui des deux qui reste se retrouve en Enfer." Jacques Brel,
Les Vieux. Un chanson qui me tire une larme à chaque fois.)
Et pourtant, c'est la plus belle aventure d'une vie. Et ce coeur aujourd'hui brisé, comme l'était le mien il y a dix ans, tu vas le reconstruire plus résilient, plus fort.
LES OBJECTIFS
a) Trouver la source des problèmes qui ont fait que les sentiments ne se sont pas dévoilés. C'est là que j'ai besoin de votre expertise.
b) Les résoudre
ATTENTION!
La recherche des causes et le mode résolution de problème ne permettent pas de changer radicalement de paradigme. Dans ce mode, on est toujours en train de réparer, de réstorer. Cela prend une énergie de dingue et on reste le nez sur les problèmes.(Je sais je viens de les pointer du doigt, my bad)
Je te conseille, puisque tu parles d'acheter un bouquin, de te tourner plutôt vers des méthodes comme l'appreciative inquiry. Partir de ce qui marche déjà, identifier tes qualités, développer une vision de ce que tu veux et de ce que tu veux être/vivre et mettre en place les moyens adaptés pour que tu y arrives.
C'est vachement plus motivant et efficace que de faire du debugging, traquer les problèmes et essayer de les résoudre un à un.
Du coup, ça ressemble davantage à ce que tu écris ensuite:
d) Profiter de mon célibat
e) Reprendre mon assurance, ma confiance en moi... Ce qui fait de moi un homme, quoi !
Il ya tout lieu de penser qu'une fois arrivé à bon port, tu aies largement relativisé cette courte histoire qui, j'en suis sûr, aura été riche en enseignements. En attendant, prends soin de toi ce ne sont pas des périodes faciles mais elles sont fertiles!