[A] Changer par amour (ou pas)

Note : 107

le 29.04.2016 par Jalapeno

40 réponses / Dernière par Haskeerlos le 21.09.2016, 12h44

C'était plus simple du temps de papa & maman. Pour celles et ceux qui veulent échanger autour de la vie de couple et des relations, et des différentes formes que tout ça peut prendre. Polyamour ou monogamie, relations libres, jalousie, engueulades dans la cuisine, routine, infidélité, la totale.
Mr.Smooth a écrit :Et parfois, ça existe, je connait des couples qui ont "trouvé" ce truc là et qui sont heureux depuis plusieurs dizaines d'années.
La dimension générationnelle et l'évolution des mentalités vers un matérialisme de plus en plus assumé est à prendre en compte. Avec son lot de refus du fatalisme et de volonté de transformer son existence, et son versant négatif qu'est le côté insécurisant que cela génère.

Combien de couples du passé se contentaient de réparer la cellule du couple en crise plutôt que de rompre une bonne fois pour toutes ?
Combien de femmes et d'hommes d'une autre génération sont fiers de raconter qu'ils n'ont connu qu'une seule personne dans leur vie ?
Combien de personnes avaient réellement idée de ce dont elles avaient besoin, se laisser finalement bercer par le flot de la vie, et de ce qu'on appelait à l'origine le "destin" ?

Nous avons toujours un destin, un chemin de vie. La lucidité nous pousse à accepter que le destin de jeunes personnes en 2016 sera nécessairement plus éclaté que celui des générations antérieures. C'est en cela qu'on parle d'illusions de l'âme soeur Onmyoji. Rien à voir avec une vision bisounours VS une vision rationnaliste, opposition digne du choix caricatural façon Schopenhauer que tu emploies à souhait.

Il s'agit plutôt d'un changement d'époque qui implique que nous aurons au cours de notre vie plusieurs âmes soeurs, répondant chacune à un besoin bien identifiable à postériori.

Du linéaire, nous passons au schéma de vie post-industriel, celui de l'homo economicus, appelons le comme on veut...
Avant on réparait sa voiture, son téléphone, son couple. Aujourd'hui on en change.
Avant, nous avions les outils pour faciliter la réparation, aujourd'hui nous avons les outils pour changer l'élément (télé, téléphone, couple...)

La demande de changement de comportement dans un couple (avec la rupture en ligne de mire) n'est-elle pas la manifestation de cette course à l'excès vers l'individualisme : tu re-deviens l'objet de MON désir si tu changes le comportement que JE juge non-conforme à MES aspirations

La réalité est plus nuancée quand on a des enfants. On en devient bonnant malant contraint à limiter temporairement la course à la satisfaction de ses propres désirs pour penser aux besoins de l'enfant ou du projet en question.

Le parallèle entre l'évolution du monde du travail (et les multiples changements dans une carrière) et la façon dont on aborde l'amour est édifiant. Nous entrons dans une ère de darwinisme décomplexé où la course à la liberté est en train de mettre à bas les sécurités émotionnelles que l'humain a conçu comme des remparts pendant des millénaires.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+3] Absolument le 02.05.16, 22h22 par Blusher
  • [+1] Intéressant le 03.05.16, 10h39 par Jalapeno
Chaque génération a tendance à penser que son siècle est unique. Toutes les époques le sont. On a tendance à voir l'Histoire en blocs figés, mais ce n'est pas du tout le cas. Des rebondissements il y en a eu sans arrêt.

Mais l'humain est une constante, à nos échelles.
Rien à voir avec une vision bisounours VS une vision rationnaliste, opposition digne du choix caricatural façon Schopenhauer que tu emploies à souhait.
Qui a fait ça?
La demande de changement de comportement dans un couple (avec la rupture en ligne de mire) n'est-elle pas la manifestation de cette course à l'excès vers l'individualisme : tu re-deviens l'objet de MON désir si tu changes le comportement que JE juge non-conforme à MES aspirations
Les sociétés post-modernes sont au contraire tournée vers la notion de communauté et d'appartenance. La critique de "l'individualisme" est monnaie courante dans la majorité.

Nous entrons dans une ère de darwinisme décomplexé où la course à la liberté est en train de mettre à bas les sécurités émotionnelles que l'humain a conçu comme des remparts pendant des millénaires.
Je sais pas. Peut être. C'est très Houellebecquien ça. Le tout -si c'est le cas- c'est d'être du bon côté de la barrière (à savoir, être soi capable de t'adapter à la réalité ou nouvelle réalité, ou bien une capacité à l'endurer malgré tout). Et c'est très illusoire de penser qu'on a jamais été en concurrence.

Mais ce que tu dis rejoins un peu mes propos. Il s'agit bien de vision visant à sauvegarder la paix sociale et la sécurité. Et j'ai pas de jugements la dessus.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Intéressant le 02.05.16, 22h42 par Worthy
  • [+2] Constructif le 02.05.16, 22h43 par Blusher
La critique du choix caricatural concernait Onmyoji.

La seule civilisation ayant vécu un bouleversement de l'espace-temps de cette ampleur est la nôtre. Mais tu as raison sur le relativisme historique, il faut y veiller.

La notion de communauté et de regroupements à plus petite échelle est à mon sens la poursuite de ce darwinisme qui mute en regroupant deux adages (en interne): "qui se ressemble s'assemble" et "l'union fait la force". Et cette force demeure l'unique but : à l'intérieur de ces communautés, la loi du plus fort continue de faire foi.

D'un point de vue externe, je crois que c'est un niveau d'individualisme d'un niveau encore supérieur en fait.
Mode parano activé : en recréant une société constituée de petits groupes, on re-favorise une société de privilèges, de castes et un système féodal moderne permettant cette culture de l'entre-soi et empêchant le côté positif de l'individualisme que représentait "l'emprise sur le destin" (là je m'égare beaucoup du thème même si ce sont des sujets passionnants).

Je ne vois pas cela de façon pessimiste ou monolithique contrairement à l'auteur que tu cites. J'ai le sentiment que ce diagnostic sur notre époque, nous le partageons plus ou moins tous, la différence tient dans les solutions et l'idée qu'on se fait du vivre-ensemble (en couple ou en société, etc).
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+3] Très intéressant le 02.05.16, 22h43 par Blusher
Mode parano activé : en recréant une société constituée de petits groupes, on re-favorise une société de privilèges, de castes et un système féodal moderne permettant cette culture de l'entre-soi et empêchant le côté positif de l'individualisme que représentait "l'emprise sur le destin" (là je m'égare beaucoup du thème même si ce sont des sujets passionnants).
Je suis d'accord. Mais je pense qu'il en a en fait jamais été autrement, a part dans les discours.
empêchant le côté positif de l'individualisme que représentait "l'emprise sur le destin"
Oui. Et non. Certains ont l'étoffe et d'autres non. Pour reprendre l'exemple de Houellebecq: t'as ceux qui vont lire extension du domaine de la lutte, et le rejeter, ne pas accepter la vision (que je trouve réaliste); d'autres vont rire parce qu'ils ne se sentent pas ou plus concernés. D'autres vont se le prendre de plein fouet. Parmi ces derniers, tu auras ceux qui vont se morfondre, et ceux qui vont dire "non, moi je vais changer".

Ca dépends des gens. On ne peut pas demander a tout le monde de se révolutionner. C'est un choix qui leur appartient, car de toute façon, il n'y a qu'eux pour vraiment le faire.
D'un point de vue externe, je crois que c'est un niveau d'individualisme d'un niveau encore supérieur en fait.
On devrait arrêter d'accuser "l'individualisme" et autres "ego" de tout les maux. C'est très à la mode.
Ce sont devenus des mots-réflexes fourre tout. Des boucs-émissaires linguistiques.

Cependant, je vois l'idée que tu exprimes.
Je ne peux pas te répondre, parce que je ne comprends (enfin je comprends rationnellement mais je ne le ressent pas) pas la notion de groupe, depuis tout petit. Je vois que des rapports interpersonnels. Je ne ressent pas "d'appartenance". C'est un sentiment qui ne m'est que très peu connu.

Je peux seulement conjecturer sur le fait que je ne penses pas que ça ait à voir avec l'individualisme, mais au contraire aux notions de "place dans le groupe".





Je n'ai pas répondu au sujet initial. Je peux tenter.
Je découvre de plus en plus que la notion de liberté et surtout d'indépendance sont des notions absolument fondamentales pour moi.
Si je devait donner une relation long terme qui marcherais pour moi, avec une femme, ça serait une relation ou l'un et l'autre nous retrouverions dans l'envie de toujours s'améliorer d'une manière ou d'une autre. Une volonté d'élévation.

Aussi, je pense qu'il n'y a "d'amour" (autre notion fourre tout) que dans la liberté et l'indépendance.


On ne m'as jamais demandé de changer quoi que ce soit dans mes relations, parce que je reste très peu longtemps avec les mêmes filles.
Enfin l'exemple en date, c'était une fille qui se plaignait que je n'envoyais pas assez de sms. Elle a fait pression en mode "si tu m'envoies pas beaucoup de messages ça veut dire que tu ne tiens pas à moi"=>je suis possessive, je veux que tu combles mes insécurités=>J'ai nexté

Je n'ai par contre jamais rien "demandé" a quelqu'un. Enfin, je n'ai jamais fait d'ultimatum. C'était plus: je fonctionne comme ça, et j'aime ça et ça, si tu sent qu'on est pas compatibles, tu me dis, et on passes à autre chose.

Par exemple, quand une femme avait appris que j'étais pas jaloux, et que j'étais en mode amour libre (enfin que je pouvais), elle a paniqué, j'ai senti qu'on était pas compatibles et j'ai donc pris de la distance. Elle est revenue vers moi en étant prêt à essayer, mais j'ai très vite senti que c'était pour "pas me perdre" ce qui est selon mes critères une mauvaise raison. Qu'elle était prête à se faire du mal pour moi; C'était malsain, alors j'ai tout arrêté.


En fait en écrivant ça je me rends compte que je ne fais quasiment aucun compromis.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Constructif le 03.05.16, 01h32 par Worthy
  • [0] Intéressant le 03.05.16, 09h11 par Fate
En fait en écrivant ça je me rends compte que je ne fais quasiment aucun compromis.
C'est aussi ce qui m'a frappé en te lisant. Et pour une bonne et simple raison, que ce soit à l'échelle macro (la société) ou micro (les aspirations de chaque partenaire dans le couple) tu réfléchis en terme de maximisation de l'intérêt individuel jamais en terme de bien collectif.
Je découvre de plus en plus que la notion de liberté et surtout d'indépendance sont des notions absolument fondamentales pour moi.
La liberté oui, l'indépendance n'est pas possible à partir du moment ou on est en relation. Parlons plutôt d'autonomie que d'indépendance.
Oui. Et non. Certains ont l'étoffe et d'autres non. Pour reprendre l'exemple de Houellebecq: t'as ceux qui vont lire extension du domaine de la lutte, et le rejeter, ne pas accepter la vision (que je trouve réaliste); d'autres vont rire parce qu'ils ne se sentent pas ou plus concernés. D'autres vont se le prendre de plein fouet. Parmi ces derniers, tu auras ceux qui vont se morfondre, et ceux qui vont dire "non, moi je vais changer".

Ca dépends des gens. On ne peut pas demander a tout le monde de se révolutionner. C'est un choix qui leur appartient, car de toute façon, il n'y a qu'eux pour vraiment le faire.
A te lire, c'est un mélange de "chacun sa merde" et de fatalisme ("Cela a toujours été comme ça, il ne saurait en être autrement."). Là où justement on parle de modifier les conditions d'une relation (entre 2 ou n personnes) pour faire émerger la possibilité de gains mutuels. Cela exige notamment de reformuler les situations conflictuelles (inévitables) comme un probléme à résoudre ensemble et non comme un jeu à somme nulle. Une croyance aidante serait aussi de considérer que les personnes (et les systémes que ces personnes constituent quand elles s'associent) disposent d'un vaste potentiel et, dans les conditions adéquates, peuvent s'avérer adaptatifs et perfectibles.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] 100% d'accord le 03.05.16, 13h45 par Worthy
Et pour une bonne et simple raison, que ce soit à l'échelle macro (la société) ou micro (les aspirations de chaque partenaire dans le couple) tu réfléchis en terme de maximisation de l'intérêt individuel jamais en terme de bien collectif.
Dans le discours oui. Dans les faits...moins. Par contre dans les relations H/F on va dire que je donne beaucoup de moi (à l'écoute, bienveillant, ect..). Mais si je sent de la dépendance, d'un côté ou de l'autre, j'ai un alarme qui se déclenche.

Par exemple en amitié, je ne pense pas du tout être comme ça.
A te lire, c'est un mélange de "chacun sa merde" et de fatalisme ("Cela a toujours été comme ça, il ne saurait en être autrement.")
Non c'est pas du fatalisme car il appartient a chacun de faire le choix d'être quelqu'un bien, et de solide. Dans les faits, peu font ce choix, mais il y en a quand même.

Cela exige notamment de reformuler les situations conflictuelles (inévitables) comme un probléme à résoudre ensemble et non comme un jeu à somme nulle.
Très beau sujet. Voilà. Mon problème serait surement le fait -au contraire- de voir les conflits comme des occasions de se grandir, de changer de vision, d'y ajouter, de peut être avoir tort, ou d'avoir raison. Moi je trouve ça formidable. Il faut y mettre les formes par contre.
Le truc c'est que le plus souvent, désaccord sur les valeurs fait souvent partir l'autre dans l'émotionnel et c'est très difficile de raisonner les gens une fois comme ça.

Par contre, avec les gens qui ont la capacité de débattre, c'est juste incroyable les développements que tu peux avoir. Dans ces cas, que tu aies tort ou raison, tu gagnes.

Le fait est: il suffit qu'une des deux personnes voit les relations comme des rapports de force (inconsciemment le plus souvent) pour que ça le soit dans les faits. Les relations comme tu le dit ça se fait à deux.

Une croyance aidante serait aussi de considérer que les personnes (et les systémes que ces personnes constituent quand elles s'associent) disposent d'un vaste potentiel et, dans les conditions adéquates, peuvent s'avérer adaptatifs et perfectibles.
Oui j'ai ça. Il faut toujours garder sa capacité à être surpris. Si je viens parler sur ce sujet, ce n'est pas pour prouver que j'ai raison mais bel et bien pour ma vision défiée.

Le réalité prouve cependant qu'aimer les gens pour le potentiel est juste la source d'un monceau d'illusions très communes et répandues. On aime pas des possibilités (je parle de gens et de relations amoureuses là). Ca s'appelle idéaliser sinon.
Et les gens sont peut être "plein de potentiel", mais quand tu vois la réalité (je te laisse regarder les chiffres que tu avances Blusher) c'est bien que ce n'est pas facile que ça.



EDIT Ce que j'aimerais dire surtout c'est qu'avoir cette vision n'empêche en rien de faire des "bonnes actions", de se montrer bienveillant.
Blusher:
Je connais ce genre de chiffres mais est ce que c'est plus qu'une réponse à un sondage? Je veux dire, est ce que les gens vivent vraiment comme ça ou trouvent une réponse acceptable selon leurs valeurs et le moment, quand on les interroge, devant leurs amis, leurs copines/copains ou même seuls quand ils cherchent à se rassurer sur leurs déboires amoureux.

Tout ce que vous dites est très intéressant mais en pratique j'ai jamais rencontré de personnes qui réfléchissent leur relation en citant Houellebecq ou la lutte des classes.

La vérité est beaucoup plus réductrice que ça à mon sens. Les gens ont des idéaux ou manifestent certaines envies ou intentions (devant les amis, la famille pour faire bonne figure et s'illusionner soi même) le plan survit pas au contact avec l'ennemi/partenaire.
La source même de ces idéaux ou intentions compte assez peu au final.
La vraie question c'est: quelle qu'en soit la source, pourquoi les gens les laissent tomber. ? La réponse c'est qu'il y a de bonnes et de mauvaises raisons.
La peur d'être seul, le renoncement à soi même, l'auto dénigrement (je mérite pas mieux), vouloir la paix. Mais aussi la découverte de nouvelles perspectives, l'émulation en couple, vouloir apaiser l'autre et comprendre ses besoins, et apprendre à fonctionner en bonne intelligence. S'ouvrir l'esprit aussi.
Vouloir être en couple c'est chercher à résoudre à deux des problèmes qu'on aurait jamais eus seuls. Mais ce n'est pas que ça.
Je suis notoirement en froid avec les religions mais ça m'est arrivé de rester avec une fille très pieuse. J'ai appris à plus la tacler avec son ami imaginaire et elle a appris à sortir de ses carcans de pensée sur certains sujets. Ce faisant on est devenus plus tolérants et ouverts tous les deux. Jamais ça aurais pu arriver si ça avait été juste une amie parce que j'aurais jamais découvert cela de manière aussi intime.
Des fois il y a des choses qui relèvent un peu des deux. Ou qui sont un peu contre nos principes alors ça prend plus de temps et de mises au point pour s'adapter. Et ça peut varier dans le temps.
Mais les gens tiennent pour différentes raisons aussi.
Je pense que le changement est souvent acceptable du moment qu'on a le sentiment que la situation n'est pas tenable comme ça si on veut rester avec l'autre. Et que cet autre est concret et vaut plus qu'une utopie (c'est en ça que je parlais aussi de "tout vouloir" et du fait que les gens finissent souvent par comprendre que c'est pas gérable).
Après il y a différentes formes d'adaptation en fonction de sa propre éthique aussi. Dans un couple exclusif, un mec qui veut pas arrêter de voir d'autres filles soit il rompt, soit il reste avec la fille et se fait violence, soit il se fait des amies si c'est possible, soit il trompe en payant du principe qu'il respecte sa femme en lui disant pas ou d'autres arrangements avec la vérité du genre.

Pour résumer pour moi c'est surtout une question d'aptitude à la remise en question pour trouver ses vrais besoins, valeurs, envies, et à la conciliation avec les besoins valeurs et envies de l'autre , et avec soi même en fonction de sa propre éthique.
On dit que les célibataires de longue date ont plus de mal à se mettre en couple. La raison est qu'ils prennent des habitudes, se remettent moins en question. On cache ça sous plus d'indépendance et le fait de savoir ce qu'on veut vraiment mais souvent c'est qu'on veut pas abandonner un mode de fonctionnement confortable qui nous amène jamais à se remettre en question, ni en position d'échec potentiel.

La question initiale pourrait aussi être posée autrement: pourquoi ne pas changer?
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+3] Constructif le 03.05.16, 10h46 par Jalapeno
  • [+2] Intéressant le 03.05.16, 11h11 par Fate
  • [+1] Constructif le 03.05.16, 13h48 par Worthy
Pourquoi ne pas changer ?

Pour ne pas s'oublier soi
Ne pas abandonner ses besoins individuels
Ne pas paraître needy
Ne pas faire de son couple la priorité d'une vie
Ne pas modifier un comportement qui nous apporte une satisfaction
(...)

L'adaptabilité et la faculté de changement sont quelque chose de très personnel. C'est certainement mon plus grand paradoxe, mais aussi un biais cognitif répandu : être ouvert d'esprit tout en étant fermé aux actes qui nous sont imposés, présentés comme LA vérité et qu'on ne cautionne pas complètement.

Une nana m'a un jour dit ; tu n'es pas assez "manipulable" : la relation serait trop vraie, trop brute ! Un boss m'a un jour dit tu es trop électron libre.

Alors que dans les faits, tout dépend de la personne qui nous demande ces efforts (l'admire-t-on, avons-nous foi en ses dires ? Quelle est sa crédibilité ?) et de la façon dont est communiquée la demande de changement : imposée, démontrée, sous-entendue...
La manière dont on demande le changement constitue déjà la moitié du chemin.

Le changement est pour moi une affaire de perception de la situation en N-1 : je ne change que si la situation antérieure à laquelle j'étais confronté devient impossible à gérer. Un point de non retour en somme. Est-ce que je trouve mon intérêt en N-1 ? Quels sont les avantages acquis en N+1 ?

Ce "changement" a finalement lieu dès le début de la notion de couple : renoncement au célibat VS apport d'une stabilité émotionnelle.

J'avais pour habitude de dire à mon ex que je voyais le couple comme une cerise sur le gâteau où deux individus autonomes renoncent à leur célibat et se mettent en couple car ils ont compris qu'être deux est plus "intéressant" : mieux vaut être seul que mal accompagné, mais il vaut mieux être bien accompagné que seul.
Pour moi, un changement ne doit être fait que s'il nous apporte autant à nous qu'aux autres. S'il ne nous apporte rien et qu'il n'est fait que pour le bien-être des autres, cela s'apparente bien plus à un sacrifice. Ce n'est pas un mal en soi, les sacrifices, il faut avoir le courage d'en faire d'ailleurs, mais c'est plus le même chemin de réflexion et on ne le fait pas pour les mêmes raisons.

Perso, des changements pour me rapprocher des filles, j'en ai fait et je continue d'en faire. Mais ils me profitent autant à moi qu'à elles.
Par exemple, j'ai lâché les t-shirts d'ado boutonneux attardé pour des chemises du rayon homme. Pourtant j'aime les t-shirts avec des conneries floquées dessus. De préférence un groupe de métal ou un jeu vidéo. Cela dit, va emballer la belette avec écrit en gros PORTAL 2 sur ton torse. Meh !
Donc, il a fallu grandir et passer à la chemise. On pourrait penser que je ne l'ai fait que pour le qu'en-dira-t-on. Mais en fait non, la couleur, la coupe et le tissu, je les ai choisis pour moi.
D'un côté, je fais donc une concession en m'habillant de façon plus adulte, et de l'autre, j'ai le dernier mot sur la manière d'appliquer ce changement.
Donc mes chemises sont sombres, droites, rentrées dans le pantalon, fermées jusqu'à l'avant dernier bouton et je porte un maillot en dessous. Tout le monde est content. Les collègues féminines, mes sœurs et mes amies sont contentes d'avoir un homme bien habillé dans leur entourage et qui remplit bien ses chemises grâce à un peu de muscu. Et moi j'ai pas l'impression d'être habillé comme un clown avec un choix de chemises discutable (ou une façon de les porter qui ne me ressemblerait pas)
Sans parler du fait que mes relations au travail remontent dans le vert sans avoir même eu besoin d'aller plus vers les gens ou de faire un mea culpa larmoyant sur ces dernières années qui ont été difficiles pour moi et m'ont rendu imbuvable. De façon naturelle, ce changement a apporté du bien à tous les niveaux de ma vie sociale, à moi comme à mon entourage. Celui-là et d'autres changements du genre.

Et c'est pareil avec beaucoup d'autres aspects aussi terre-à-terre que l'habillement, le style en général, les habitudes dans la vie du quotidien, etc, etc...

Je pense que si on ne retire pas soi-même un bénéfice d'un changement ; au mieux on le fera à reculons et on avalera la pilule très difficilement, au pire on ne se sentira plus soi-même et la crise de rébellion pointera le bout de son nez. Car changer pour les autres sans penser un peu à soi dans l'opération, c'est une écorchure faite à sa propre identité.

Le bénéfice étant parfois difficile à voir. Quelque fois, c'est aux autres de nous le mettre sous le nez sinon on ne le voit pas nous-mêmes. Le type à qui on conseille d'aller chez le psy pour traiter sa jalousie maladive n'a pas conscience d'emmener son couple dans le mur. Et pourtant, sa nénette ne supporte plus la situation et souffre le martyr. Et lui ne voit dans ce conseil que de la malveillance des gens qui lui disent qu'il doit changer uniquement pour elle. Sauf que non, ce changement lui sera aussi profitable à lui qu'à sa compagne. Bah oui, il sauve son couple. Et rend le sourire à sa belette. Il se rend autant service à lui-même qu'à elle en acceptant de changer et de se faire soigner.

De mon point de vue, chaque changement qu'on décide soi-même ou qui nous est conseillé par une personne extérieure doit systématiquement faire l'objet d'une analyse froide et pragmatique. A quoi ça va me servir ? A quoi ça va servir à mon entourage ? Quels avantages moi-même et les autres allons-nous en tirer ? Bref, à qui ça profite ?
Si c'est juste à moi, c'est égoïste et il vaut mieux que le changement en question reste relativement discret.
Si ça ne profite qu'aux autres, ça ne va pas m'intéresser, je vais faire des efforts uniquement pour avoir le droit rester dans la course et j'en retirerai de la frustration d'avoir cédé à la pression sociale.
Si ça profite à tout le monde, tout le monde en retire de la satisfaction et tout le monde en ressort grandi.

Pour répondre au titre, en résumé, "changer par amour", oui, mais seulement si tout le monde en retire quelque chose de positif. Si quelqu'un est lésé dans l'opération, j'appelle pas ça une progression.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Constructif le 03.05.16, 16h40 par Worthy
  • [+2] Instructif le 04.05.16, 02h22 par mistermint
Mr.Smooth a écrit :Oui. Et non. Certains ont l'étoffe et d'autres non. Pour reprendre l'exemple de Houellebecq: t'as ceux qui vont lire extension du domaine de la lutte, et le rejeter, ne pas accepter la vision (que je trouve réaliste); d'autres vont rire parce qu'ils ne se sentent pas ou plus concernés. D'autres vont se le prendre de plein fouet. Parmi ces derniers, tu auras ceux qui vont se morfondre, et ceux qui vont dire "non, moi je vais changer".
J'avais lu ce livre aux alentours de la vingtaine, en 2005 environ. A l'époque, la vision m'avait paru très réaliste. Le livre a été écrit en 1994, et je pense que ça correspondait effectivement à la manière dont la société fonctionnait dans les années 90 - 2000.

Je pense que cette vision est de moins en moins vraie aujourd'hui, car on sort de l'ultra individualisme et de l'idéal méritocratique qui était associé.

Pour moi les années 2010 on vu émerger beaucoup d'initiatives de type "social et solidaire", beaucoup d'associations recherchant à créer du lien. Ceci suite à l'échec du monde du travail à donner une place à chacun dans la société.

Dans les années 90, la mondialisation était surtout économique. Aujourd'hui, la mondialisation se traduit par des déplacements massifs de population. Nous sommes présents dans le monde entier, et le monde entier est chez nous. Un conflit armé dans une région du monde a un impact chez nous, car quelques heures de vol seulement nous séparent de ces pays.

Pour ces raisons, je pense qu'on passe maintenant à une conception plus empathique des rapports économiques et humains. On cherche également un sens et un enchantement. Le succès du film "Demain" en témoigne.

Pour revenir au sujet du couple. Les bouleversements actuels au niveau mondial créent une confrontation, voire une collision, entre de nombreux modèles.

Il en naitra assurément des conceptions inédites.
Répondre