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Re: Avaler des montagnes

Posté : 29.12.19
par Jalapeno
Oui, j'en avais déjà un peu parlé au début de ce journal. Sans trop rentrer dans les détails, j'ai deux "grands" projets à moyen-long terme :
  • combiner ma passion pour le maraîchage et un investissement financier dans un achat immobilier
  • rencontrer une femme avec laquelle je pourrais démarrer une relation longue durée (et peut-être avoir un ou deux enfants dans un second temps, mais ce n'est pas LA priorité à l'heure actuelle)
Le premier est très matériel, le second beaucoup moins, mais le tout me parait cohérent :wink:

Re: Avaler des montagnes

Posté : 16.03.20
par Jalapeno
Vu le contexte, j'ai du annuler mes vacances. J'en profite pour mettre à jour ce journal avec un FR un peu exotique que je voulais écrire depuis un moment. J'espère qu'il vous changera un peu les idées. Stay safe.

Sophia, पोखरा (Nepal), 2018

Ben et Jon, les deux américains qui m'avaient accompagnés ces derniers jours alors que nous crapahutions dans les montagnes viennent de partir. Je me retrouve à nouveau seul dans cette petite ville au milieu du Népal, qui est essentiellement un parc d'attraction pour backpackers. Il y a des hostels et des restaurants à tous les coin de rue. Et une quantité non-négligeable de néo-hippies.

J'avais prévu d'enchaîner rapidement sur Kathmandou mais avant de rejoindre une des villes les plus polluées du monde, j'ai un petit coup de blues, j'ai envie de m'attarder encore un peu dans cette magnifique région. J’atterris donc dans une énième auberge de jeunesse qui m'a été recommandée par mes compagnons de route. Le soleil brille, dans la cour, un hamac, une table de billard, quelques mecs aux cheveux plus ou moins longs. Attablée, une jeune fille est plongée dans ses pensées devant son ordinateur. Alors que je marche vers mon dortoir, nos regards se croisent. Après quelques semaines de voyage, on passe facilement en mode "hyper-sociable", on ne se demande plus si on doit aborder, ni même s'il s'agit d'un abordage d'ailleurs. Dans ce contexte, tout est naturel. "Hey! What are you writing ?". On discute une dizaine de minutes, elle est dans cet hostel depuis une semaine et connaît déjà un peu tout le monde. Elle est allemande, dans un anglais un peu rudimentaire elle m'explique qu'elle fait un tour du monde, qu'elle tient un blog, la routine habituelle. On se présente au passage, elle s'appelle Sophia. Elle a 27 ans, petite, bien roulée, les cheveux très bruns et les yeux très bleus.
On se recroisera quelques fois ce jour-là, toujours en échangeant quelques phrases, une blague, un sourire.

Je discute aussi avec les autres mecs de l'auberge. Dont Mike, un australien qui s'est mis en tête de devenir maître-yogi. Le lendemain il me dit "there's a full moon party tomorrow, you should come". En fait de "full moon party" j'apprends qu'il s'agit plutôt d'un week-end complet avec des ateliers en tout genre qui vont du A de acro-yoga au S de sufi-dance en passant par le M de macrame...

Je recroise Sophia un peu plus tard et je lui passe le mot, je lui propose de rejoindre la bande, elle est super-emballée évidemment. On se rend donc ensemble à la guest-house qui est à une demi-heure de marche de la ville. Le soleil tape déjà bien, on discute sur le sentier rocailleux qui longe la route. Je lui demande un peu comment se passe sa vie en Allemagne, qu'est ce qui l'a poussé à prendre la route. Elle me parle un peu de sa relation avec son copain : "it's a little bit weird and complicated... have you heard about polyamory?". Je souris : pour une fois que ce n'est pas moi qui met le sujet sur le tapis. Je réalise aussi à quelle point elle est timide et peu confiante. Ce voyage c'est aussi une occasion pour elle de travailler là-dessus.
On arrive enfin dans ce haut-lieu propice à l'illumination et surtout à la divagation. Je papillonne, discute avec des gens plus ou moins perchés, l'ambiance est au beau fixe. Pour vous faire le topo, une petite photo vaut mieux qu'une longue description :
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Au cours de la journée, Sophia reste à proximité, répond positivement quand je lui propose de partager l'un ou l'autre atelier. Ça me surprend toujours un peu mais ma naïveté a ses limites. Je sais que c'est game on. Le principal problème est logistique. Je pars dans deux jours et je dors dans un dortoir peu propice aux ébats. Comment faire avancer les choses rapidement tout en restant discret ? Quelques joints et un veg' noodles plus tard, j'ai un début de solution.

La nuit tombe rapidement, Sophia me dit qu'elle est enchantée par cette journée, moi aussi. On rentre à l'auberge en tout bien tout honneur et on discute du "Sunday Movie". Car oui, cette petite ville de province dispose de son propre cinéma en plein air, il est même assez célèbre dans le coin. Le risque c'est la pluie, et pour le moment la météo est imprévisible. Après cette journée sportive, je m'écroule dans mon lit superposé et je me réveille comme une fleur au petit matin. Damn, pas de trace de Sophia. Je check avec Mike, il ne l'a pas vu non plus. Pas grave, le week-end continue et je retourne à la guest-house. Et la pluie se met à tomber. Des trombes d'eau plus exactement. Je m'abrite, rejoint un groupe de chiliennes qui se tiennent au chaud sous la chaume (tu l'as vue ma grosse allitération ?). Alors qu'on discute en partageant du maté, Sophia débarque de nulle part. Son t-shirt trempé ne laisse plus grand chose à l'imagination. Je la réchauffe un peu, l'intègre dans le reste du groupe. Évidemment tout est annulé et il va bien falloir se résigner à rentrer à l'auberge de jeunesse.

Coup de bol sur le chemin du retour, la pluie cesse aussi brutalement qu'elle avait commencée. Je peux donc mettre mon plan à exécution... et relancer Sophia pour le cinéma. La séance est dans une heure mais je dois faire un crochet par le lavoir, récupérer mes fringues avant qu'il ne ferme. Évidemment ma lessive est détrempée et évidemment, la tenancière de la boutique me tient la jambe : elle a une fille qu'il faudrait absolument que je rencontre, ce serait pas mal si je pouvais l'épouser au passage. J'embarque le tout (sauf la petite népalaise qui me faisait les yeux doux) et me précipite vers l'hostel, histoire de boucler mon sac (mon bus part à 6h du mat le lendemain).

Je reçois un message de Sophia : elle est déjà en route pour le film. Je trace et je la rejoins tout suant dans le petit amphithéâtre qui sert de cinéma. On commande des bières, Sophia tient absolument à faire quelques selfies avec ma vieille gueule de hippie barbu ; le doute n'est plus permis, il va se passer quelque chose ce soir. La nuit tombe, le film commence. Les népalais sont assez pudiques, je ne sais pas trop ce qui acceptable publiquement dans ce genre de lieu public. Les quelques couples présents sont en tous cas très sages. Désinvolte, je pose ma main sur sa jambe, elle s'en saisit et se rapproche un peu plus. Assez rapidement, nos lèvres se rejoignent discrètement dans la pénombre et c'est finalement moi qui doit la retenir... Les deux grandes bières qu'elle s'est enfilée l'ont totalement désinhibé :D

Après un temps interminable passé à se chauffer, le film se termine et on rentre à l'auberge. Il est tard et il faut la jouer finement. Le réceptionniste de l'hostel fait du gringue à ma nouvelle conquête depuis qu'elle est arrivée... et elle devra encore se le coltiner durant quelques jours après mon départ. Je négocie donc une chambre privative en prétextant un besoin urgent de repos avant mon départ matinal. Je déménage mes affaires, faits mes adieux à mes camarades de chambrée. Ce changement de chambre, c'est aussi quitter le monde du backpacker low-budget pour rejoindre celui de touriste propret. Et effectivement je n'avais plus vu un tel luxe depuis des semaines, un lit double, des fenêtres, il y a même un ventilateur ! Comme prévu, Sophia me rejoins une dizaine de minute plus tard. A ce stade, il n'y a pas grand chose à ajouter ; la température déjà bien trop élevée depuis plusieurs heures ne retombera pas sous la moustiquaire qui fait office de baldaquins. Entre deux rounds, on causera relations, BDSM et suite du voyage. Quand on ouvre la fenêtre, on entend Mike qui joue de la guitare à quelques mètres à peine...

Je ferme les yeux, le petit matin arrive quelques secondes plus tard. Une douche, j'embrasse Sophia. Épuisée, elle me dit qu'elle rejoindra sa piaule plus tard. J'embarque mon sac à dos, un dernier regard sur ses fesses rebondies et je décolle. Je salue le réceptionniste au passage, elle s'arrangera avec lui...

Re: Avaler des montagnes

Posté : 17.03.20
par Jalapeno
der Klub 27

Quand on multiplie les relations, il est difficile de ne pas y voir des répétitions, des connexions, des motifs. De là à se raconter des histoires, voire à raconter des hisoires tout court, il en faut peu.
Il en va ainsi de mon "Klub 27". Un trio d'allemandes de 27 ans rencontrées à quelques mois d'intervalle. Bon, contrairement à Janis ou Amy, elles passeront sans problèmes le cap dans 27 bougies, rassurez-vous :mrgreen:

Cette série amorcée en 2018 avec Sophia, puis en 2019 avec Judith (dont j'ai déjà parlé un peu plus haut dans ce journal) s'est donc poursuivie avec Victoria début 2020. Pas grand chose à en dire, j'ai appliqué mon game-plan habituel : abordage sur OkCupid rapidement suivie d'une rencontre dans un café. Conclusion chez moi autour d'un thé. Un détail important quand même, parce que ça reste une exception pour moi : tout s'est déroulé sans une goutte d'alcool... On pas mal d'intérêts communs, elle est très posée et réfléchie. On s'est revu durant un mois, avant qu'elle ne reparte pour 3 mois à l'étranger (ça aussi, ça fait malheureusement partie du pattern).

Nina (fin... ou presque)

J'ai aussi revu Nina fin février. Après ses vacances, on avait prévu d'aller boire (au moins) un verre pour se donner des nouvelles... mais quelque chose ne tournait pas rond. J'ai toujours mis un point d'honneur à communiquer clairement avec elle, je lui avais dit plusieurs fois que je comprendrais qu'elle ne souhaite plus me revoir (c'est moi qui souhaitait arrêter la relation avant qu'on se retrouve acculé par son départ). Et pourtant elle maintenait son envie de me revoir tout en repoussant la rencontre indéfiniment. Après un mois de ce jeu là, j'ai fini par lui téléphoner pour fixer une date définitive, et éventuellement la confronter sur ce qui me semblait être un détestable curving. Et là, miracle, on a pu se voir le soir-même.
Son objectif est toujours de rentrer chez elle, elle a revendu son appart et devrait quitter son boulot d'ici l'été. Elle est toujours en relation avec le mec qu'elle avait rencontré il y a quelques mois, ce qui la mettait de fait dans une configuration polyamoureuse. Suite à ma séparation avec elle, les voilà dans une relation monogame plus classique... Si ce n'est qu'il ne la suivra sans doute pas à l'étranger, que l'horloge biologique de Nina tourne à toute vitesse et qu'elle aime bien flirter. J'ai l'impression qu'elle a un peu ouvert la boîte de Pandore en découvrant le polyamour.
On était un peu bourrés en fin de soirée, la chimie est toujours là, on a frôlé la rechute... et puis finalement elle a mis ses limites, ce qui est très bien aussi.
La page est presque tournée. C'est une des rares filles avec laquelle je souhaiterais rester en contact à distance, non seulement parce que c'était une rencontre marquante, une relation de 6 mois, mais aussi parce que je suis curieux de voir comment sa situation va évoluer.


Re: Avaler des montagnes

Posté : 26.05.20
par Jalapeno
C'est un bien étrange alignement qui est survenu quasiment en même temps que le confinement.

J'ai visité un appartement qui correspondait à la plupart de mes critères début février. Comme d'habitude, de nombreux amateurs, particuliers et professionnels se bousculent au portillon. J'ai retenu la leçon, cette fois je ne tergiverse pas, j'ai tout préparé en amont et je remet mon offre immédiatement après la visite. Mais une fois de plus, un investisseur me coupe l'herbe sous le pied. Il se propose de racheter l'ensemble de l'immeuble, l'affaire me passe une nouvelle fois sous le nez.
Si ce n'est que... le vendeur me rappelle une semaine plus tard : l'investisseur s'est désisté. La chance me sourit enfin.
A partir de là, tout va très vite : le vendeur est lui aussi dans l'immobilier, il a les dents longues et il est pressé. La vente doit avoir lieu avant le 20 avril ou elle est annulée. Je vous passe les détails mais le dossier est complexe et menace de se casser la gueule à tout moment, entre les notaires, la banque et le Corona qui vient encore compliquer les choses. Quasiment annulée à la dernière minute, la vente aura finalement lieu, avec les mesures de sécurité de circonstance.
Alors bien sur, les réjouissances sont atténuées par le contexte actuel mais ça y est, je suis propriétaire ! Après le départ du locataire actuel il y aura encore pas mal de travaux à faire, je suis donc encore loin de pouvoir y emménager. Il reste un bon nombre de démarches à faire mais on peut en tous cas dire qu'une étape cruciale de ce projet immobilier vient d'être franchie.

Grace

L'autre clin d’œil du destin, c'est la rencontre de Grace début mars. Ce n'est pas follement original puisqu'il s'agit d'un énième rendez-vous OkCupid et de la routine que j'avais déjà pas mal pratiqué ces derniers mois (enfin, elle m'a quand même fait patienter jusqu'au deuxième rendez-vous pour qu'on couche ensemble). C'est une petite meuf mignonne et intéressante. Elle ne tient pas du tout l'alcool mais elle a plein d'autres qualités. Depuis le début, on discute énormément et très honnêtement. Il n'y a pas beaucoup de magie, surtout une confiance réciproque : on joue carte sur table. Elle a plein d'énergie, le sexe est cool. Mais je n'étais pas certain que ça durerait, pas de coup de foudre de mon côté. Elle a mon âge et veut des gosses dans les années qui viennent, je n'avais pas envie de lui faire perdre son temps à tergiverser. Je lui rappelle son ex, elle me rappelle certaines de mes insécurités. On s'est demandé s'il était sain de continuer dans ces conditions.
Et puis comme tout le monde, le confinement nous est tombé sur la gueule. Je ne l'ai pas pris très au sérieux au début et puis il est devenu de plus en plus clair que ça durerait, qu'il faudra s'organiser et qu'avoir un peu de réconfort durant cette période ne sera pas du luxe.
On s'est demandé s'il était sain de rompre alors que le monde était sur le point de s'effondrer.

Et pendant que nous posions toutes ces questions, un semblant de vie de couple s'est installé. On vit toujours séparément, à quelques kilomètres de vélo l'un de l'autre, mais on s'est engagé explicitement dans une relation exclusive... pas difficile me direz-vous, puisque ce foutu virus rend plus monogame et fidèle que n'importe quelle MST. Et très casanier évidemment. Nous faisons tous les deux parties des privilégiés qui continuent à bosser à domicile, qui ont un toit (well... deux maintenant, je suis un vrai bourgeois !) et une bonne santé. Jusqu'ici, en dehors du boulot, ça ressemble plus à des vacances post-apocalyptiques : cuisine healthy, soirée film, promenade en vélo, et quelques parties de jambe en l'air tranquillou... c'est pas du tout rock'n roll, ni ma conception d'une relation passionnée et passionnante mais j'en profite au maximum ; mon côté pessimiste me dit que le plus dur reste à venir.

On a conscience qu'il ne s'agit pas de la "vraie vie", mais que sera la "vraie vie" après ça ? Avec au pire une bonne grosse crise sanitaire, sociale et économique... et au mieux la "vie d'avant" avec un masque, les petites et grosses emmerdes, le taf, les sorties, la famille, les amis, la jalousie.

Re: Avaler des montagnes

Posté : 26.05.20
par Jalapeno
Souvenir de la vie d'avant
FR - Bonus (dans le bus)

Je devais causer business avec mon banquier, je m'étais donc sapé en yuppie pour l'occasion. Costume, Richelieu, la totale.
Le rendez-vous se passe bien et dans le bus du retour, mon regard s'attarde sur une jeune femme assise à quelques mètres de moi. Emmitouflée dans une de ces écharpes kilométriques, elle a l'air épuisée, mignonne ceci dit malgré ses quelques cernes.
Son regard dérive, j'ai l'impression qu'il s'arrête un instant sur moi et cet instant me suffit pour m'imaginer une suite éventuelle.
Je la profile rapidement sur base de ses vêtements, de l'heure et de la ligne de bus sur laquelle on se trouve : française, probablement indépendante vu qu'à cette heure-ci les employés sont au bureau, elle a une vibe artistique et l'air visiblement préoccupée. A part ça, c'est ma came.
Je cherche une accroche, un truc pour essayer de l'aborder. Mais je suis rouillé, il y a du monde entre nous, la situation ne s'y prête pas, peur de la déranger, etc. Je me donne une contrainte : si elle descend au même arrêt que moi, je l'aborde d'office. Je ne prends pas de grand risque, mon arrêt n'est pas des plus fréquentés.
Je continue à l'observer du coin de l'oeil. Elle somnole, se remmitoufle, change de position. Mon arrêt se rapproche. La place devant la mienne s'est libéré à l'arrêt précédent. Elle se lève, je me dis "elle part, c'est mort". Au lieu de ça elle s'assied juste devant moi et sort un livre. Game ON!

La position n'est pas idéale pour démarrer la conversation, je me décale légèrement pour entrer dans son champ de vision. Avant qu'elle ne se plonge dans son bouquin, et avec tout le naturel dont je suis capable, je lui balance un bon vieux "tu lis quoi ?". Elle n'a pas l'air surprise, elle se retourne et me montre la couverture en souriant.
Elle lit un livre sur les sorcières. Pas celles de Disney, les féministes qui se considèrent comme telles. Je prends le sujet à moitié au sérieux, ça tombe bien, elle aussi. Coup de bol, le bus se traîne dans le trafic mais mon arrêt se rapproche inexorablement. Alors que j'envisageais de descendre plus loin pour poursuivre la conversation, je réalise qu'on sort au même arrêt. La conversation se poursuit, la plupart de mes déductions étaient juste, elle se rend d'ailleurs à son atelier.
Elle est encore plus jolie que prévu, ce qu'elle dévoile de sa personnalité me plaît, je suis sous le charme, mais elle doit partir. Vu le contexte et ce que j'ai perçu comme signe d'intérêt, j'y vais direct : "ça me ferait plaisir de te revoir".
Ses joues rosissent, elle sourit, on se comprend bien sur ce que "se revoir" signifie.
Et malheureusement ma dernière déduction se vérifie également quand elle me répond : "en fait pour être honnête, ma vie est compliquée pour le moment, j'ai plein de trucs à régler...". Au moins ça change du traditionnel "j'ai un copain"...
Un peu dégoûté quand même, je la joue imperturbable : "ah ok, on se recroisera sans doute". Et sur le moment j'y crois. Je lui fais une bise et je rentre chez moi en sifflotant. L'air est frais mais il y a un je ne sais quoi de printanier. Le moteur redémarre en crachotant, ma bonne humeur à peine entachée par un ou deux "si". Si au moins je lui avais laissé mon numéro... Si jamais elle avait changé d'avis...

Re: Avaler des montagnes

Posté : 26.05.20
par Perlambre
Coucou Jalap',
Pourquoi écrire dans la foulée une rencontre fortuite d'avant et la relation que tu mènes aujourd'hui ?

Re: Avaler des montagnes

Posté : 26.05.20
par Jalapeno
Salut Perle,
Coïncidence ? Il n'y a pas vraiment de lien avec les autres rencontres en ligne. C'est peut-être ça qui est intéressant tu me diras.
Cette rencontre fortuite c'était un abordage "old school" tel que je n'en avais plus fait depuis des années. J'avais envie d'en garder une trace, parce qu'elle m'a aussi remis le pied à l'étrier quelque part.

Re: Avaler des montagnes

Posté : 26.05.20
par The_PoP
Qui sait Jalap’ tu découvriras peut être des vertus que tu ignores aux relations simples, faciles et réciproques :)

Re: Avaler des montagnes

Posté : 27.05.20
par Jalapeno
The_PoP a écrit : 26.05.20 Qui sait Jalap’ tu découvriras peut être des vertus que tu ignores aux relations simples, faciles et réciproques :)
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Re: Avaler des montagnes

Posté : 23.08.20
par Jalapeno
Exigences

J'ai largué Grace.
Pour plusieurs raisons.
Le déclencheur a été le fossé qui se creusait entre-nous.
Le confinement a fait qu'on passait beaucoup de temps ensemble. Le déconfinement a marqué la fin de cette période un peu "fusionnelle" (enfin tout est relatif, on se voyait environ un jour sur deux) et le décalage entre son attachement et le mien. Elle voulait qu'on continue à se voir au même rythme et je me suis rendu compte que c'était impossible pour moi. D'une part parce que j'ai repris la plupart de mes activités (m'occuper de tout ce qui était resté en parenthèse pendant 3 mois, à commencer par ma famille et mes amis). D'autre part parce que je ne m'étais pas autant attaché qu'elle. Elle était en train de tomber amoureuse et pas moi. Et plus le temps passait, plus je la trouvais collante. Plus elle insistait, plus je me détachais.
Le deuxième point de friction c'était le sexe. Elle avait peu d'expérience dans le domaine. Si pour elle c'était génial, le côté "vanille" commençait à me lasser. On en avait pas mal discuté aussi, je voyais peu d'évolution possible dans ce domaine.

A côté de ça, elle cochait beaucoup d'autres cases. Elle était assez loin en terme de développement personnel et la communication avec elle était excellente. Elle m'a fait confiance, s'est montré ouverte et vulnérable avec moi. Mettre un terme à tout ça a été assez difficile.
J'ai pris quelques jours pour réfléchir. Je me suis projeté avec elle dans quelques mois / années : une relation fonctionnelle certes, mais sans passion. Ça m'a fait flipper. Ça et ce putain de tic-tac, qui m'obsède encore. Ne pas perdre mon temps, ne pas perdre le sien.
Bref, j'ai essayé durant 4 mois, le feeling n'était plus là. La décision était unilatérale : je lui ai expliqué mes raisons - enfin ce qui était constructif, ce qu'elle pouvait entendre. Son point de vue était qu'une relation saine et fonctionnelle, c'était déjà beaucoup. Le mien c'est que ça ne valait rien sans l'amour qui vous prend au tripes et qui vous retourne. Elle m'a renvoyé dans les cordes en me disant que j'avais la trouille et que je ne voulais pas faire d'effort. Ce n'était pas complètement vrai, mais pas complètement faux non plus.

Pop, pour rebondir sur ce que tu disais sur les relations simples, faciles et réciproques :
La relation avec Grace était effectivement "simple et facile". Pas dans le sens "tout va bien", mais on parvenait à discuter de nos problèmes sans clash, de façon mature et directe. Psychologiquement elle était bien outillée, rien à redire là-dessus. Mais les sentiments n'étaient malheureusement pas réciproques.
En fait, comme tu avais mis le doigt dessus : je ne parviens pas à me contenter d'une relation "simple et facile". Pas d'un "début de relation simple et facile" en tous cas. Je sais d'expérience qu'une relation évolue et que le démarrage fulgurant ne dure qu'un temps. Mais j'ai besoin de cette passion pour franchir le pas, je ne peux pas envisager de maintenir une relation qui ne serait que "simple et facile", c'est un tue-l-amour pour moi.

En faisant l'amalgame entre "simple et facile" et "tiède", je sais que je me piège moi-même. Le corollaire de cette croyance, c'est qu’une relation brûlante, passionnée doit nécessairement être compliquée. Et effectivement, par le passé les filles dont je suis tombé amoureux étaient inaccessibles, géographiquement ou émotionnellement. CQFD.

Quand je regarde autour de moi, je vois une majorité d'hommes qui se contentent d'une relation "simple et facile". Beaucoup sont déjà satisfait à partir du moment où ils rencontrent quelqu'un qui accepte de coucher / vivre avec eux. La plupart d'entre eux sont d'ailleurs restés avec la première ou deuxième personne avec qui ils/elles ont couché. En réalité, c'est un choix "simple et facile", mais la relation qui en découle est bien souvent foireuse, car basée sur la peur d'être seul. Alors oui, ils sont dans un couple stable, du moins en apparence (on associe souvent un couple longue durée à un couple soudé). Quand on creuse un peu les dynamiques derrière sont pourries. Frustration, laisser aller, vie sexuelle inexistante... ça se traduit souvent par un des partenaires qui se défoule sur l'autre (le rabaisse en public, quand ce n'est pas de la violence verbale ou physique).

Comme je le disais plus haut, je crains de tomber dans un autre extrême en devenant trop exigeant. J'ai connu des relations amoureuses et sexuelles passionnées, j'ai connu des filles matures et équilibrées. Je suis à la recherche d'une combinaison des deux, c'est un idéal à mi-chemin entre romantisme et pragmatisme. Mais où s'arrête la quête ? Les exemples de relations réussies - selon mes critères - sont rares, mais elle me laissent espérer que c'est possible. Ou plutôt d'un juste milieu qui serait différent d'une relation tiède. Et pour moi, cela reste à inventer, du moins à découvrir.

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