Apprends-moi à danser
C’était une soirée en boite avec des amis. Enfin, avec un ami qui avait une amie qui a ramené vingt autres amis.
Je commence la soirée du pied gauche. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai l’impression de danser comme une couille compare aux autres. Ou si c’est parce que leur conseils spontanés peuvent paraitre gentils mais ne font que renforcer cette impression chez moi. Ou si c’est parce certains d’entre eux ont pris des produits chimiques qui les envoient au septième ciel alors que de mon côté, la deuxième bière passe déjà mal.
Je me force à danser, mais j’ai l’impression que chacun danse pour lui. Et c’est là que je comprends que le nightclub n’a pas de sens sans sa dimension sociale. Que c’est cette dimension sociale qui fait de la musique un plaisir. Et ce soir, la dimension est plutôt asociale.
N’ayant pas trop le moral, je sors pour faire le plein de junk food. C’est tout ce que j’ai trouvé.
Should I stay or should I go ? La chanson resonne dans ma tête, et ce pour une bonne raison. Après de longues hésitations, je décide de retenter un last shot.
En faisant un tour dans la boite, j’aperçois une jolie créature debout, seule dans son coin. Je vais lui parler, je ne sais plus comment ça a commencé. Elle a l’air un peu déprimée.
Appelons la Violette. Elle est locale.
M : Qu’est-ce que tu fais ici toute seule ?
E : J’étais avec un mec. Il s’avère qu’il voulait plus qu’être mon ami. Et quand il a compris que je n’étais pas d’accord, il m’a laissée seule ici.
E : Est-ce que t’es gay ?
Deux fois en une semaine ! Y en a marre…
Je riposte donc

:
M : Oui, comment tu le sais ?
E : Je le vois dans tes yeux. Tu n’as pas l’air affame en me regardant, juste sincèrement intéressé.
Et la fille précédente m’a dit exactement la même chose, mot pour mot.
Je garde l’ambiguïté en profitant de mon statut nouvellement acquis pour la regarder de façon très osée et faire monter la tension.
Je lui présente rapidement mes amis qui se trouvent vraisemblablement à une autre altitude que la nôtre. Puis on va danser au milieu de la boite. Sa présence me donne assez d’énergie pour nous insérer dans des groupes d’inconnus. Et forcer la timide à danser avec moi au centre de ces groupes.
Je parle à deux filles qui commencent à me draguer, ce qui ne tape pas dans l’œil de Violette, et qui ne manque pas de montrer son mécontentement.
J’emmène Violette a l’extérieur de la boite. Elle suit, ou que je l’emmène. On flirte un peu plus là-bas.
J’essaie de l’embrasser. Elle esquive. Une autre fois, autre esquive. Un troisième uppercut… elle est vraiment habile celle-ci.
Malgré mes tentatives gentiment déclinées, la situation n’a pas l’air de lui déplaire non plus, et quand c’est moi qui l’invite à revenir dans la boite pour danser, elle en profite pour bien se coller à moi, d’une manière qui ne laisse pas place au doute.
Elle se moque évidemment de ma façon de danser et essaie de m’apprendre elle aussi. Vilaine Violette !
Après un certain temps, je l’emmène dehors. On s’assoit sur un banc. Elle a froid, ce qui invite au rapprochement. Je la retente, quatrième esquive.
M : Pourquoi ? Je vois bien que tu en as envie.
E : Qu’est ce qui te dit que j’en ai envie ?
Elle continuera à me suivre ou je qu’aille. On se prend par la main, le bras, la nuque. Les gens jureraient qu’on est un couple. Mais secrètement, un couple qui s’abstient.
On se sépare alors que je commence à fatiguer. Je tente une dernière fois :
M : Tu veux venir dormir chez moi ?
E : (me regarde abasourdie)
M : Je veux dire comme des amis, sans qu’il ne se passe quoique ce soit entre nous. Juste profiter de notre chaleur corporelle pendant la nuit.
Ce sera niet.
Je vois bien qu’il y a quelque chose qui cloche ou qu’elle n’est pas d’humeur.
Je prends son numéro quand même avant de m’en aller.
Day 2
Pas très répondante ni très cool par SMS, on fixe quand même un date dans un bar la semaine d’après. Des maux de ventre me font presque annuler, mais, pas très convaincu, je décide quand même de laisser une chance au destin.
J’ai un quart d’heure de retard, elle en a une demie heure.
Elle arrive parfaitement décorée et peinte. Bon signe.
Elle est plutôt silencieuse toute la soirée. Quand je la taquine un peu, elle se vexe et fait la gueule, ce qui casse carrément l’ambiance. J’essaie de ne pas trop relever et de lui faire des compliments plutôt que de la taquiner. Elle est beaucoup plus réceptive aux compliments, comme si elle avait besoin d’une raison pour que je l’apprécie.
Elle boit beaucoup, beaucoup plus que moi, comme si c’était pour se laisser aller plus facilement. On se rapproche physiquement, mais rien ne se passe. Elle évite mes tentatives de m’embrasser mais ne montre pas de désintérêt ou de désir de s’en aller.
M (fatigue d’essayer) : Pourquoi tu refuses ? Si tu n’es pas intéressée, je ne comprends pas pourquoi tu ne rentres pas tout simplement chez toi
E : Écoute, je ne sais pas ce que je veux…
M : Bon, alors, rentre chez toi, réfléchis-y bien, et on se voit une autre fois
L’idée n’a pas l’air de trop lui plaire non plus. Comprenant qu’elle a besoin qu’on lui force un peu les choses, je finis par prendre son visage dans mes mains et l’embrasser langoureusement.
Le bisou a tout débloqué chez elle. Elle se met à m’embrasser avec encore plus de passion que moi, me dit qu’elle a très envie de sexe, et on se retrouve vite à chercher une chambre d’hôtel a 2h30 du matin.
Tout est plein, à part un hôtel moisi et beaucoup trop cher pour ce qu’il est. Fatigue et désolé de la situation, je paye pour nous deux, sans lui demander de partager, et on passe la nuit ensemble.