O.L.F.F.F. > Objectif Life : Fun, Frontal and Forward.
Interlude douzième : " Voyage onirique second...La statue "
" Mais quel bordel putain !!! c'est n'importe quoi ! Non mais serieux ? serieux ?!
- Calme toi Ça...
-Ta gueule tafiole ! Sans déconner, regarde le !!! mais bouge putain !!! "
Olfff fume sa clope en silence...
La petite boite de fer etait revenue dans sa vie, apparue soudain, un jour qu'il etait rentré de voyage, dans son frigo.
Loin de vouloir renouveler l'experience d'une traversée du désert en compagnie d'alter-ego loufoques et caricaturaux, il l'avait jetée par la fenetre.
Moi, faut pas trop m'faire chier. Comme si j'allais me laisser emmerder par une boite.
Et le parallepipède rectangle de le narguer, retournant dans sa vie, tantot dans son placard quand il cherche une chemise, tantot dans ses toilettes a coté du rouleau de papier, une fois a coté de son paquet de pates quand il fait la cuisine, une autre sous son oreiller quand il s'apprete a dormir...
Il ne se lassait pas de magiquement reapparaitre dans les endroit les plus improbables, malgres un nombre consequent de passage par la fenetre ,à la poubelle, voire enterré dans un parc public.
" Mais lache moi !!! Non non non non !!! Hors de question ! Vas emmerder quelqu'un d'autre !"
Evidemment la boite ne repondait pas, elle se moquait bien de son avis. une semaine durant, il avait lutté.
" ...Pourquoi moi ?..."
Il avait remarqué que l'inscription en latin avait changée, mais il etait trop las pour chercher a comprendre.
" J'ai pas le choix, pas vrai ? "
Une fois ouverte, il avait lourdement atterit dans une large salle , sans portes ni fenetres, aux recoins sombres et seulement eclairée en son centre par une lampe gresillant au dessus d'une statue d'ebene ouvragée, representant une femme rieuse.
A ses coté, il avait trouvé, sans surprise un diable et un ange, lui ressemblant un peu trop a son gout, en train de se lancer des noms d'oiseaux.
Découragé par la situation qu'il prevoyait plus grotesque encore que la precedente, il s'etait assit, et avait sortit une cigarette...
Surmoi lissait ses plumes l'air hesitant.
" Olfff, peut etre devrions nous chercher, et bien... hem... à sortir d'ici ?
- ...
- Ou a comprendre à quoi sert cette statue ?
- ...
- Olfff ?..."
Olfff finissait de fumer, il profitait de ce tabac venant lui noircir les poumons, nourrir un probable futur cancer et qui lui semblait etre le dernier lien concret avec la réalité dans un monde de folie.
Puis il jeta son megot, se leva en soupirant, pris une grande inspiration, regarda la statue et decreta :
" Chienne de vie.
- C'est pas faux, commenta Ça.
- Ça va mieux en le disant, rencherit Surmoi.
- Bon les clowns, c'est votre monde tout ça, pourquoi vous etes toujours aussi paumés que moi ?
- Mais nous sommes toi, c'est normal que nous partagions le meme etat d'esprit, repondit Surmoi.
- Paumé toi meme, confirma Ça."
Il examina la statue de nouveau ; celle-ci lui etait definitivement familière... mais d'une parfaite inutilité.
" Vous en pensez quoi, de cette statue ? "
Ca roda tel un predateur autours de la representation feminine, huma un peu l'air pres de son visage, et saliva abondamment, le poil herissé et le regard retord.
" Ca donne faim...Elle me fait bouillir le sang, j'ai bien envie de la casser en deux a coup de reins, si elle etait pas faite de bois je la...
- J'ai compris. Et toi ?"
Surmoi s'avança avec reverence et caressa avec respect l'ouvrage.
" Elle me met en émoi et me fait me sentir libre, je pourrai passer des heures à la regarder."
Olfff tourna le dos.
" C'est ça le truc. " dit il en reflechissant tout haut.
" ??? "
Les alter-ego se regarderent sans comprendre.
" Elle te fait te sentir libre... alors que nous sommes prisonniers. Dans cette pièce la seule lumiere est centrée sur cette statue, cela aurait plutot tendance à encourager l'acitivité que tu decris.
- Quelle activité ? s'enquit Ca.
- La regarder pendant des heures, lui souffla Surmoi.
- Han..."
" Olfff : Au final, nous n'avons pas bougé depuis que nous sommes arrivés. Nous sommes restés là, dans ce petit cercle lumineux, à la regarder, nous n'avons meme pas cherché a fouiller la pièce.
- Surmoi : mais si nous sommes dans une salle avec cette statue c'est surement pour une bonne raison.
- Oui...Et cela peut être de prendre du recul par rapport à celle-ci. Venez, cherchons quelque chose d'autres, observons les murs, il doit y avoir un truc interessant tapis quelque part dans toute cette ombre."
Ca rejoignit immediatement Olfff, mais Surmoi lui n'osait pas s'éloigner de la statue
" Hem... allez y sans moi, dites moi si vous trouvez quelque chose.
- On a peur du noir, petite fiotte ? ricana Ça.
- Absolument pas ! Je veux juste continuer a l'observer."
Olfff et Ça se mirent a inspecter meticuleusement la piece, a taton ou eclairés à la flamme de briquet.
" Ca : j'ai trouvé quelque chose !!! "
Ils rejoignirent Surmoi dans l'auréole de lumiere pour inspecter l'objet.
C'etait un petit dispositif simpliste au possible, un bouton rouge sur un boitier noir, et rien d'autre.
Le diable appuya dessus, la lumiere au dessus de la statue s'eteignit alors tandis que d'autres lumieres s'allumaient de pars et d'autres des recoins autrefois sombres de la piece, et ils demeuraient desormais dans un cercle de tenebre, loin de la lumiere.
Apres une seconde inspection il apparaissait que la piece n'etait pas plus ouverte pour autant.
Et les geignements de Surmoi les convainquirent de retablir l'ordre lumineux d'origine.
" Si cela ne nous aide pas a sortir, autant nous ravir de la vue de cette oeuvre d'art, si c'est pour longer des murs eclairés, quel interet de demeurer loin d'elle et de la laisser dans les tenebres ?
- Je sais pas...SURVIVRE ? grogna Ça."
Olfff arracha le boitier des mains du démon " La ferme ! "
Il appuya sur le bouton, et cette fois ci, toutes les lumieres s'eteignirent et ils furent plongés dans le noir total.
Il fit un test en demandant a Ça d'appuyer de nouveau à son tour, ce qu'il fit en maugreant, et comme precedement, les lumieres s'inversèrent pour eclairer les murs et Surmoi se mit a se plaindre avec vehemence.
" Surmoi, appuis sur le bouton.
- Oh... non je suis bien comme ça...pour quoi faire ?
- Appuis j'ai dit.
- Non, je prefere profiter de la beauté de...
- Ça, coup de pression.
- GRRrrRRooooOOarrr !!!
- Non !!! je ne toucherai pas a ce bouton ! laissez moi tranquille, je veux regarder la satue.
- Mais tu ne sais pas ce qui va arriver si tu appuies sur le bouton, idiot.
- C'est vrai... et je m'en moque ! Je veux dire, ce n'est pas si mal, apres tout, c'est mieux que le désert ici. "
Ça se frappa le visage avec la paume de sa main griffue.
" Ouiii, pas mal, bien décoré c'est sur...ON EST ENFERMES mais a part ça c'est genial, la tapette emplumée a trouvé un joujou pour occuper son esprit d'eunuques alors tout baigne !
- Tu l'aimes bien aussi cette statue !
- Bien sur que j'l'aime bien ! elle est bien faite et sent bon ! mais merde c'est qu'une satue ! on en trouvera d'autres !!!
- Non pas des comme ça, c'est rare une si belle et si raffinée et..."
Olfff posa lentement sa main sur l'épaule de l'ange offusqué. Il comprenait, Surmoi n'avait pas souvent son mot a dire, et là, il avait besoin de s'exprimer, de se sentir satisfait, qu'on reponde a ses attentes.
" Je te promets qu'on ne va pas oublier cette statue. Et qu'on va essayer meme de l'emporter avec nous, mais il faut sortir d'ici, tu comprends ? "
La levre inferieure e l'ange se mit a trembler, les plumes de ses ailes a fremir , la lumiere de son aureole a faiblir, puis il eclata en sanglot.
" J'ai peur... Je ne veux pas qu'on s'en eloigne, c'est... Et si elle disparaissait ? Et si elle cessait de rire ? Je me sens bien pres d'elle...Je ne veux pas la perdre...
- Olalalalalalala, tout ça pour un bete morceau de bois, renifla Ça en se grattant l'entrejambe.
- C'est toi le morceau de bois !
- Bois bandé , c'est sur ! repliqua l'interessé avec un sourire carnassier."
Olfff donna un coup de pieds au diable en lui intimant le silence d'un regard assassin, et pris la main de l'immaculé ruisselant de larmes.
" Regarde la lumiere au dessus d'elle, elle gresille, bientot elle sera morte. Si nous restons ici, si pres d'elle, trop longtemps a ne rien faire que la regarder, tu peux etre certain qu'on ne verra plus son sourire."
L'ange releva la tete, ahuri.
" Mais si nous trouvons une porte de sortie, nous pourront peut être changer la lampe, ou emmener la statue avec nous si nos efforts sont suffisants, et au pire si on ne la revoit pas, ne vaut il pas mieux s'en souvenir aureolée de lumiere plutot que finalement plongée dans l'ombre ? "
Son double asexué se releva en tremblant, renifla, il etait si faible, si fragile a la seule idée d'un tel scenario...
"Ça : Quel cinéma, je rêve..." * crache par terre *
Olfff tendit le boitier a Surmoi, qui , fébrile, s'en saisit, jeta un dernier coup d'oeil emu a la statue et appuya sur le bouton en fermant les yeux.
Et la lumiere fut.
Partout dans la pièce. Murs, satue, chaque lampe s'etait eclairée et un declic se fit bientot entendre.
Un Piedestal mécanique s'eleva du sol en grinçant a un metre devant la statue. Et sur celui-ci, tronait une espiegle petite boite metallique.
" Ca :... donc c'est finit, tu vas repartir et encore une fois on va pas se revoir avant un bout hein ?
- Olfff: On dirait bien... j'imagine que cette petite pute cubique va pas me lacher de sitot...donc on se reverra... tant qu'a faire la prochaine fois j'essairai d'etre un peu plus cool avec vous.
- Ca : Waw arrete j'vais pleurer comme l'autre fiotte, mwhaha !
- Olfff : Je retire ce que j'ai dis ...
- Surmoi : Et la statue ?
- Olfff : On va la retrouver, dans mon monde, et là bas aussi, il ne faudra pas que nous ayons peur du noir ou de nous eloigner d'elle s'il le faut.
- Surmoi :... Ah...a bientot de l'autre coté alors.
- Olfff: Oui... a de suite."
Il ouvrit la boite et se retrouva dans son lit.
Mais celle-ci avait disparue avant qu'il n'ait pu dechiffrer la nouvelle inscription.
Peu importait, il avait compris la leçon.
Il ne faut pas craindre de quitter ou perdre ce que l'on cherit, c'est ceux qui craignent les fortes lumieres qui au final n'osent pas s'avancer dans le noir.
Admirer ce qui est nous émeut n'est pas une honte, mais se perdre dans la seule contemplation est comme s'enfermer dans une piece eclairée d'une lumiere faiblissante, a trop y rester immobile on se condamnerai aux tenebres.
Il reprit une cigarette, regarda son reveil...
" 04h29...Putain et demain le train...à bientôt statue..."