electrik a écrit :
Les gens cérébraux ne sont pas surdoués. Leur cérébralisme est là pour masquer leur peur face à certaines situations. Au lieu de se servir de sa peur, par exemple pour donner le meilleur de lui même quand il aborde une fille (le bon stress), il intellectualise afin d'éviter d'avoir peur. Il se donne un sentiment illusoire de contrôle de la situation. Trouver une explication à tout lui permet de nier ses faiblesses et son inexpérience. Le cérébral se donne l'illusion d'avoir expérimenté car il ne supporte pas l'échec. Il a un tel manque de confiance en lui qu'il ne supporte pas qu'on le voye en situation d'échec. Heureusement pour lui, le cérébralisme qu'il avait mis en place pour se cacher de lui même, pour nier ses émotions, ses limites et ses faiblesses, ce même cérébralisme peut l'aider à se réconcilier avec lui même.
Vrai, jusqu'au jour où il va jusqu'à expliquer ses échecs par ce cérébralisme. Jolie mise en abyme, summum de la perversion

. Heureusement pour lui, il y a une cette partie du forum FTS où...
elektrik a écrit :Voilà, ceux qui veulent ajouter quelque chose de constructif à cette conclusion sont les bienvenus, sinon lock SVP.
Pas nécessairement, pourquoi être si pressé ? La discussion n'est pas "morte", seulement on doit recentrer sur le sujet des surdoués, et délaisser les cérébraux (qui peuvent bien sûr se créer un topic

). D'ailleurs, remarque intéressante d'Igor :
Igor a écrit :Ca vous est surement déjà arrivé de voir des gens pas très malins et de vous dire un truc genre "wow, c'est vraiment des animaux ceux là...", eh ben pour les gros surdoués la plupart d'entre vous sont comme ca (à ne pas prendre comme une insulte), ca ne veut pas dire qu'ils ne vous respectent pas, ils ont juste pas très envie de "se décoincer et de devenir un peu plus comme vous".
Communiquer à quelqu'un ce qu'il y a dans sa tête dans cette situation signifie "penser à trouver une facon pédagogique de dire quelque chose de cohérent en sursimplifiant ce que je pense". Au lieu de communiquer comme ca on préfère penser tout seul et ne communiquer que pour dire des choses simples, ainsi on ne perd pas de temps à ne pas se faire comprendre dans une conversation qui ne nous aurait rien appris de toute manière.
Tout à fait, et c'est là qu'on peut distinguer deux "classes" de surdoués (autrement que les surdoués doués et les surdoués pas doués, c'est quand même triste de devoir préciser, j'admets pour définition celle des "gros doués" d'Igor, qui est à peu près la dernière de Soph) : ceux que tu as décrits ici (on en trouve pas mal à Mensa justement, j'y reviendrai) et ceux qui décident de véritablement s'intégrer à cette société "normale". Ca peut être difficile, et la distinction entre ces deux catégories se fait sûrement à l'enfance, au hasard des rencontres et de l'environnement, scolaire et familial. De nos jours on minimise de plus en plus le rôle de l'éducation parentale; cependant je crois qu'il tient une place importante dans ce cas précis (le fait d'avoir des frères et soeurs peut aussi aider à mieux accepter les "gens normaux"). Mais, bien évidemment, l'ennui qu'ils éprouvent lors de discussions "profondes" reste présent malgré tous leurs efforts d'adaptation. En ce sens, ces surdoués développent en eux -selon moi- des "personnalités multiples", pas dans le sens Jekyll & Hyde du fantasme populaire "psychopathe schizophrène", mais juste des "degrés", des "niveaux de conversation" qu'ils contrôlent parfaitement : on s'ajuste à chaque interlocuteur et on acquiert plusieurs "rôles" intérieurs. Ainsi, le temps d'une discussion avec quelqu'un de "banal" (les guillemets sont pour le politiquement correct, je m'abstiendrai à partir de là, c'est lassant et hypocrite), l'ennui et le mépris sont atténués par un processus d'abord conscient, puis inconscient (merci aRise). Au fil des années cette opération d'ajustement est automatique, de plus en plus rapide et efficace, c'est-à-dire que le surdoué peut jauger son interlocuteur en deux minutes, après lesquelles il ne ressent plus autant le fossé qui les sépare. Il est évident que c'est illusoire, mais c'est un choix.
Malheureusement, il reste ces coups de blues où vient le sentiment qu'il restera toujours unique et donc seul. Le premier d'entre eux est d'ailleurs un choc qui survient à un âge où, tout surdoué qu'il est, il a besoin de repères; plus encore, il les désire. Jusqu'à ses 10 ans environ, il respecte encore ses parents, et mène avec eux des conversations passionnantes qui le structurent et lui font penser que le monde des adultes est celui qui lui convient (Hi Gilbert), mais l'espoir s'effondre lorsqu'il se met, sans y prendre garde, à mépriser père et mère lors d'une discussion "profonde". Il fait alors comme décrit plus haut, il s'adapte, il s'abaisse au niveau de ses parents. Terrible, pour un gamin. Malgré toute sa force mentale, c'est dur : il ne pourra jamais leur dire, d'ailleurs il n'en a pas envie, et se retrouve à jouer un rôle dans le dernier endroit où il pouvait encore être lui-même. Une fois encore il peut camoufler cette tristesse par sa "puissance cérébrale", mais une fois encore ce n'est que mensonge. Au fil des ans il poursuit sa vie dans ce monde normal, et de temps à autre vient cette solitude qu'il ne veut pas toujours dompter : il faut se résigner, personne ici ne lui tiendra jamais tête, il ne pourra jamais respecter - le respect est un sentiment très agréable -; pourtant, il aura essayé, de rencontrer, de séduire, à la recherche de son semblable. Avec un succès apparent : il passe pour un alpha génial, juste ce qu'il faut pour être admiré sans être jalousé, il a bien dosé ses rôles. Dommage, il se fout éperdument de cette admiration. Il a dépassé depuis longtemps ce sentiment grisant, il sait qu'il ne se doit pas grand chose, puisqu'il est né ainsi; il se sent impersonnel, à force de ne pas connaître ses limites.
C'est là que je reviens à Mensa : un jour il songe à renier son choix premier, et passe les tests d'admission ridicules tout en le voyant comme un aveu terrible de faiblesse. En effet, il aura perdu des années de sa vie à cause d'un mince espoir, contrairement à "l'autre surdoué"; échec personnel. Mais une fois à Mensa, deux sentiments contraires : non, il n'a pas perdu son temps et n'a pas fait le mauvais choix; mais, non, ce ne sera pas non plus ici qu'il trouvera ce qu'il cherche. A Mensa comme ailleurs, il y a cette hiérarchie des cons; pire, elle est renforcée par le sentiment que beaucoup ont d'être "les meilleurs d'entre nous". Le test est-il trop facile ? Certes, on trouve des génies logiques, des monstres de raisonnement; certes, les discussions volent souvent plus haut qu'ailleurs. Cependant, c'est juste les deux minutes d'adaptation qu'il doit élever à une demi-heure. Génial. Tout cela est renforcé par les façades des gens qui, de peur de passer pour des gens normaux - ciel, quel sacrilège d'être moyen - se font meilleurs qu'ils ne sont. Malheureusement c'est un rôle qu'il est difficile à tenir, et beaucoup en deviennent pathétiques. La liberté que notre surdoué recherche n'est pas non plus là. Adieu les surcons, retour case départ. On me chuchote dans l'oreillette qu'il cherche encore.