Le Narrateur a écrit :Je ne suis pas d'accord.
[...]
La connaissance elle est juste à deux doigts, elle est prête à être saisie.
Partout.
Encore faut-il avoir la ressource et la motivation de la saisir...
Le Narrateur a écrit :Les gens choisissent de regarder la télé. Tout comme d'autres sont sportifs, ou artistes.
Je ne dis pas que les facteurs sociaux ne rentrent pas en compte, mais à priori la n'est pas le sujet.
Au contraire, pour moi c'est au cœur du sujet. C'est pour ça que je parle beaucoup de facteurs sociaux comme facteurs de fragilité générale, et de fragilité face au conditionnement que j'ai décrit.
Tu noteras au passage qu'au fil de ta réflexion, RIEN n'est un sujet. Hum...
Les facteurs sociaux sont à prendre en compte parce que la télé a un rôle para-éducatif énorme, une puissance de captation de l'attention et un statut de liant social qui la placent par essence au coude à coude avec les parents et l'éducation nationale, et dont l'impact est démultiplié par les facteurs sociaux.
Et aussi parce que la télé aurait pu, aurait dû être bien différente de ce qu'elle est actuellement.
Le fait est que la télévision, ce média de masse tellement puissant mais pas forcément mauvais en soi, est devenue une vaste entreprise de destruction des capacités intellectuelles de notre population.
Faisons l'effort de comprendre que les vendeurs de merde n'ont pas fait que proposer timidement leur merde. Ils se sont battus de façon impitoyable, afin d'occuper le terrain, décrédibiliser et isoler ce qui n'est pas de la merde, et surtout conditionner les Français à aimer et rechercher leur merde, de tout leur cœur.
Et ils l'ont reconnu en plus. Le légendaire
"temps de cerveau disponible pour coca cola...". Qu'est-ce qu'il vous faut de plus, sérieux ?...
Je dis que
c'est un désastre. ET un coup bas ultra-violent infligé aux 60 millions de Français.
Et dans ce que je lis un peu ici, et ce que j'entends beaucoup autour de moi, je vois en retour qu'on peut parfaitement survivre à ce coup bas, et qu'il n'y a donc absolument aucun problème. Eh bien je ne suis pas d'accord.
Le Narrateur a écrit :Et même si c'était le sujet: que feriez vous? A part agir individuellement sur votre vie, faire la part des choses, faire des trucs cools et intéressant et inviter les autres a être actifs et bien (Plot twist: c'est le truc le plus efficace en effet)
Même sans résister, ce que je fais ici c'est démontrer qu'il faut commencer par arrêter de nier le problème.
Et quelque-part, sur le terrain des idées, tu essayes de m'en empêcher (mais c'est pas grave, tu le fais dans le cadre d'un échange de vues tout à fait loyal

)
Vraiment il faut choisir son camp, et
arrêter de se faire le relai d'une histoire qui a été ré-écrite par les vainqueurs.
On ne peut pas faire comme si le sujet n'était pas profondément politique. ça ne marche pas.
On ne peut pas renvoyer les Français à leur propre sagacité, là où elle se fait littéralement pulvériser par un rouleau compresseur.
On ne peut pas fermer les yeux sur le fait que le service public au sens le plus politique du terme, au sens de la protection de la population, a vu son fleuron être vendu pour trois sous à des gens sans foi ni loi et sans parole, fragilisé et rabaissé au rang de gentil concurrent toujours obligé de travailler à perte, et / ou de se réfugier dans des niches, et / ou faire de la merde à peu près acceptable pour éviter de se retrouver hors jeu.
A défaut de faire la révolution, au moins on peut éviter de décrire le désastre comme quelque-chose de tout à fait normal et anodin.
Je trouve ça fondamental. A mon sens c'est l'enjeu premier de ce débat, et c'est aussi ma motivation pour participer énergiquement à ce débat !
Le Narrateur a écrit :Vous parlez de contrôle. Par qui? Légitimé par qui? Et ça ce sera pas de la censure? Qui contrôlerais l'organisme de contrôle? Donc on revient à De Gaule et la télévision d'état. C'est discutable comme solution!
Donc non.
Quand tu dis ça tu roules pour les vendeurs de merde.
D'une part, tu considères que la dynamique d'imposer la merde par tous les moyens n'existe pas, ou est légitime, ou est inexorable.
D'autre-part, d'un point de vue historique, tu valides qu'entre la télévision pré 1968, "la voix de son maître", à savoir le pouvoir politique, et la télévision post privatisation de TF1, "la voix de son maître", à savoir les vendeurs de merde, il n'y avait et il n'y aura jamais de solution alternative.
Tu valides le fait que la culture populaire (pop culture, mainstream, etc...) est Forcément composée de merde
dans un volume et une exposition au grand public absolument écrasants, et ce de façon structurelle, inévitable, et sans aucune autre solution pour tes concitoyens que d'avoir été éduqué à se comporter comme toi et moi, à savoir s'éclater comme des petit fous dans le ghetto de la culture de qualité.
Le Narrateur a écrit :Je vais même dire: c'est comme Facebook.
On se plaint de voir sur FB pleins de gens raconter n'importe quoi.
Ce n'est pas FB qui est à blâmer. Ni les gens d'ailleurs: on a juste offert un canal pour que les gens s'expriment librement, et ce qu'ils en font n'est pas un "effet retors de Facebook" mais bel et bien la nature de ces gens qui remonte à la surface.
Facebook est un réseau social. Il est ce que les gens en font. Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il n'y a pas de reproches à faire aux dirigeants de Facebook.
ça n'a rien à voir avec des circuits de promotion et de diffusion de culture de masse tels que la télévision et la radio.
Donc, j'insiste, la magie de l'internet qui met la connaissance à portée de clic, c'est le radeau de la méduse.
Le Narrateur a écrit :Ce ne sont même pas des cons. Ce sont des gens qui ont fait un choix: celui de la vie tranquille et du divertissement.
Ce n'est pas le mien.
C'est toujours la même conclusion, et je la trouve naïve ou cynique (naïve dans ton cas).
Et je la reformule pour que ce soit clair :
"les gens n'ont qu'à être aussi cool que moi, et si ils ne le font pas c'est qu'ils l'ont décidé, tant pis pour eux c'est pas mon problème."
Même son de cloche du côté de
@Mr.Smooth:
Mr.Smooth a écrit :De même, mes parents ne m'ont jamais empêché de regarder tel ou tel programme.
C'est juste que mes parents me proposaient sans arrêt de regarder des trucs vraiment cools.
A neuf ans mon père m'as dit "je vais te montrer un film super cool", c'était Matrix. On en a parlé pendant une semaine et ça m'as ouvert aux genres un peu plus sérieux de science fiction.
Enfin ça n'esr qu'un exemple mais quand tes parents passent leur temps a te montrer les choses qu'ils aiment et des trucs cools, la telerealité et Hannah Montana tu passes vite à côté.
Désolé de reformuler vos paroles les gars, mais décidément ce que je lis c'est
"Les gens n'ont qu'à avoir eu des parents aussi éclairés que les miens"
On est proche de
"les gens n'ont qu'à avoir eu un parcours de vie aussi favorable que le mien. Sinon c'est leur faute."
Ça s'arrête la, je pense
Je crois avoir démontré le contraire.
On a tous pris nos responsabilités pour aller se chercher une éducation et la curiosité d'esprit qui va avec. On a tous fait des efforts, quels qu'ils soient.
Mais on a également bénéficié d'un ensemble de facteurs favorables. Et on a tous tendance à refaire l'histoire dans notre tête pour arriver à la conclusion que notre niveau d'éducation provient EXCLUSIVEMENT de notre valeur en tant que personnes. De notre sagesse. De notre volonté. De notre intelligence. Il y a un peu de ça, mais pas uniquement.
Cette réécriture de notre histoire personnelle et son utilisation comme point de comparaison avec nos contemporains est naturelle, ça relève d'une pensée "réflexe".
Mais ça contient une grosse dose de condescendance latente face à nos concitoyens les plus fragiles. Et c'est là que j'affirme qu'il faut arrêter de prendre de haut nos concitoyens et se mettre à avoir un regard sans complaisance sur les actes et les responsabilités des dealers d'opium du peuple.
Je le sais très bien je l'ai vécue cette façon de penser. Je l'ai vue autour de moi aussi. J'en ai eu des pulsions de condescendance, de chacun pour soi et Dieu pour tous, à l'égard des beaufs (à défaut de trouver un meilleur terme).
Mon avis sur la question a évolué et je vous invite à faire évoluer votre avis dans le même sens que moi.
Je comprends bien que je n'ai pas forcément raison mais c'était peut-être pas mal que je rajoute toutes ces précisions.