Appliqué à la lettre, ce commandement sauverait peut-être des milliers de vies chaque jour. Et ruinerait peut-être des milliers de couples.Matthieu 7:12 a écrit : Tout ce que vous voulez que [les autres] fassent pour vous, faites-le de même pour eux.
Cette réflexion m'est venue après maintes discussions avec mes amies, aussi révoltées les unes que les autres par ce que je "fais subir" à ma copine (entre autres, le fait de continuer à participer activement à la communauté alors que je suis en couple).
Je fais peut-être erreur, mais je suis fermement convaincu que la fille à qui je suis fidèle*, est réellement heureuse. (* : je reviendrai ultérieurement sur la notion de fidélité, qui est étroitement liée au thème de cet article)
Je suis heureux moi aussi, et pourtant notre relation n'est absolument pas "symétrique".
Je m'explique. Selon le mode de pensée dominant dans notre culture, une relation saine est une relation "équilibrée", c'est-à-dire une relation où par le biais de compromis, les deux amants/amoureux reçoivent de l'Autre autant qu'ils lui donnent.
C'était la thèse défendue par PilOuFace lors de notre discussion au Projet Touquet.
A mes yeux, cette opinion très répandue défie le bon sens. Pourquoi ?
Sortons un peu du cadre de nos relations amoureuses : nous n'avons presque aucune relation épanouie d'humain à humain qui soit symétrique.
- Nous sommes les enfants de nos parents, et les parents de nos enfants,
- Je suis le grand frère de ma petite soeur,
- J'ai été l'élève d'excellents professeurs, et j'ai aussi été le coach de mes étudiants,
- J'ai été l'employé de quelques patrons, avant de me mettre à mon compte,
- J'ai des amis très avisés qui sont toujours de bon conseil, et d'autres très fêtards qui savent remonter le moral, mais aussi d'autres un peu perdus qui cherchent de l'aide, et encore d'autres qui alternent les rôles...
- Et caetera.
Evidemment, de temps à autre, on peut enseigner à ses professeurs, mais ça ne remet pas en cause la structure de la relation. Je parle de structure, pas de hiérarchie. Il ne s'agit pas de donner/recevoir davantage que l'autre, mais du fait qu'on donne autre chose que ce que l'on reçoit.
D'où ma conviction qu'une relation saine est une relation qui permet à chaque partie d'obtenir ce qu'elle attend et/ou ce dont elle a besoin.
Malheureusement, en cherchant à tout prix à donner à l'autre ce que NOUS recherchons, nous faisons preuve d'égoïsme. Tous ceux à qui il est arrivé de perdre une "fuck-friend" en voulant la convertir en petite amie, peuvent comprendre de quoi il s'agit.
Que recherchait-elle ? Du sexe, du fantasme, la "sécurité sexuelle" alliée à la liberté et au changement.
Que recherchions-nous ? Des SMS pleins de bisous partout, de petites attentions, et éventuellement une preuve d'affection/de possession.
Et qu'arrive-t-il quand on lui DONNE ce que NOUS voulons et qu'elle ne recherche pas du tout ? Ca tombe à l'eau.
Autre scénario : vous avez une "meilleure amie" pour qui vous nourrissez en secret une affection plus qu'amicale.
Que cherche-t-elle auprès de vous ? De la compagnie, du soutien amical dans les moments durs... Eventuellement aussi, un moyen de transport pour l'amener au Macumba rencontrer d'autres mecs moins asexués que vous.
Que cherchez-vous ? Une intimité amoureuse/sexuelle.
Que se passe-t-il quand vous évoquez l'idée de "sortir ensemble" ? Elle répond, instinctivement, cette phrase standard des filles embarassées par ce genre de situation : "Je préfère qu'on reste amis".
Ma façon de gérer mes relations avec les autres a profondément changé quand j'ai commencé à m'intéresser davantage à ce que les autres recherchent dans laeur relation avec moi. Et cela inclut ma vie de couple.
J'ai tout simplement réalisé que ma capacité à obtenir ce que je recherche n'est pas liée à ma capacité à donner la même chose (symétrie) mais par ma capacité à combler les besoins/attentes de l'autre.
Comme toujours, vos commentaires/suggestions sont les bienvenus.
SBN