[Film] American Gangster (2007)

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le 25.11.2007 par cedd

0 réponses / Dernière par cedd le 25.11.2007, 02h36

Parce que des fois, on fait autre chose que regarder Netflix. Partagez et discutez ici de ce que vous aimez et de ce qui vous intéresse.
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AMERICAN GANGSTER

Au début des années 1970, la corruption policière atteint à New York un niveau historique. La guerre du Vietnam continue à faire des ravages, tant sur le front qu’à travers les États-Unis, et la drogue a envahi les rues. La mafia règne sur ce marché chaque jour plus prospère, et s’assure une quasi-impunité en «arrosant» généreusement juges, policiers et avocats.
C’est alors qu’entre en scène un modeste entrepreneur dont personne n’avait entendu parler : Frank Lucas. Lucas a vécu pendant vingt ans dans l’ombre du Parrain noir de Harlem, Bumpy Johnson, qui en fait son garde du corps et confident. Lorsque son patron succombe à une crise cardiaque, Lucas assure discrètement la relève et ne tarde pas à révéler son leadership, son sens aigu des affaires et son extrême prudence, en prenant pour auxiliaires ses frères et cousins et en gardant un profil bas. Inconnu de la police comme des hautes instances de la Cosa Nostra, Lucas organise avec la complicité d’officiers basés au Vietnam un véritable pont aérien et importe ainsi par avions entiers des centaines de kilos d’héroïne pure, qu’il revend à bas prix dans les rues de New York.
Tandis que Lucas amasse ainsi, en toute discrétion, une fortune colossale, l’inspecteur Roberts du NYPD enquête patiemment sur l’origine et le fonctionnement de ce marché parallèle d’un genre inédit, et fi nit par soupçonner l’insaisissable Frank Lucas. Une étrange partie de cache-cache commence alors entre ces deux solitaires perfectionnistes dont les destins seront bientôt inextricablement mêlés...


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Oubliant son registre de film policier comme son registre d’affrontement entre deux des plus grosses stars actuelles, American Gangster vise plus haut, toucher à des mythes sociaux et culturels. Notamment un des plus fondateurs : la loi. L’histoire de Frank Lucas et de Richie Roberts est au départ vraie. Celle d’un dealer de Harlem qui veut voir plus gros, et devient le magnat du marché américain de l’héroïne en montant un des premiers cas recensés de mafia noire aux USA. De l’autre côté de la barrière, un flic qui préfère mettre un million de dollars, trouvé par hasard, sous scellés plutôt que de l’empocher comme l’aurait fait n’importe quel officier new-yorkais de l’époque. L’époque ? La transition entre les années 60 et 70. La période où les racines du flower people commencent à être submergées par le merdier du Vietnam. Où l’on passe de l’affaire du Watergate et d’un Nixon prêt à corrompre le pouvoir à celle de Serpico, un policier découvrant que les services du NYPD sont rongés par les pots-de-vin et autres arrangements. On peut également noter les liens avec The french Connection (1971), film retraçant l'histoire de l'organisation criminelle française du même nom, chargée de faire transiter de l'héroïne depuis Marseille jusqu'aux États-Unis. Elle fournissait la majorité de l'héroïne disponible aux États-Unis à cette époque. Voulant contrer cette invasion "étrangère", Franck Lucas plaça sur le marché une héroine appelée "blue magic" (distribuée dans des sachets bleus), destinée à alimenter le marché de Harlem.

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Impossible de s’y tromper : le nouveau film de Ridley Scott ne raconte qu’en surface le jeu du chat et de la souris entre Lucas et Richie, son vrai sujet est plus vaste : un biopic de l’Amérique au moment où elle bascule de l’utopie à la gueule de bois. Une saga des années 70, cette décennie portée à la fois par des envies de contre-culture, de révolution et de cynisme généralisé.
Mais bonne nouvelle : là où avec un tel matériau on redoutait que Scott fasse un sous-Parrain et donc tartine un lyrisme de sous-Coppola, il fait profil bas, et laisse tomber l’emphase visuelle pour remettre en avant des personnages. A la manière d’un David Fincher sur Zodiac, American Gangster pousse le cinéma policier à faire marche arrière. A revenir, à l’heure où la télé (via des dizaines de séries, "Les Experts" en tête) a transformé ce genre en laboratoire légiste :roll: , vers plus de psychologie. Le moins qu’on puisse faire pour un film qui interroge la manière dont est traitée la morale quand il est question d’atteindre le rêve américain.

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L’exposition du film est à ce titre casse-gueule quand elle fait du sujet quelque chose de noir ou blanc (cf. les affiches). Littéralement en mettant en parallèle la vie de Lucas, emblème de la population afro-américaine, encore marquée par la ségrégation et celle de Roberts, spécimen modèle du trentenaire blanc urbain des 70’s (parfois le look reste à désirer...). Heureusement, les demi-teintes apparaîtront vite pour dépeindre la complexité du fameux melting-pot. Et révéler l’ambition plus large du film, délibérément politique. Bien plus que l’ascension puis la chute d’un Scarface black, American Gangster raconte comment un code de valeurs traditionnelles (« honnêteté, intégrité, labeur, famille et ne jamais oublier d’où nous venons » comme l’énonce F. Lucas en début de film) ont fait place à un code du business, modelant de nouveaux héros prônant le profit à tout prix plutôt que la vertu.

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Je vous conseille donc vivement d'aller voir ce film dans votre salle obscure favorie, et ce non seulement pour ses qualités cinématographes évidentes, mais aussi pour la qualité de l'interprétation de messieurs Washington et Crowe.
Vous pourrez également vous delecter du Body language des deux acteurs principaux. Surtout celui de D. Washington, tout en sobriété, classe et alpha attitude.
Admirez notamment l'abordage de Miss Puerto Rico (sa futur femme) lors d'une soirée dans son night-club: pas d'hesitation, approche nette, en douceur, sourire, classe. Parfaite.
FL: How you doing?
MissPR: Hi.
FL: Frank Lucas.
MissPR: Eva Jendo.
FL: Nice to meet you, Eva.
MissPR: Nice to meet you, Frank. You're Frank, and this is your place.
FL: That's right, I'm Frank and this is my place.
MissPR:Why is it called Small's? Why not Frank's?
FL: When you own something, you call it what you want.
FL: Small's. Or Frank's. Frankie Small's.
MissPR: Small's Frankie.
FL: That's right.
FL: You want to let my hand go?
*elle n'avait pas laché sa main depuis sa présentation *
MissPR: Okay. :D
cheers
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