Pourquoi êtes-vous devenu un AFC ? La réponse ici
Posté : 25.03.05
" Il n'y a aucun rapport entre le désir d'un amour et le fait de tomber vraiment amoureux. Il y a des gens qui portent en eux ce désir pendant des années et des années, qui vont à la rencontre d'autres personnes, cherchant celle qui pourrait, seule, être aimée et aimer : mais ils ne la rencontrent jamais. Ils en accusent le sort, le milieu qu'ils fréquentent ou leurs goûts difficiles. Souvent, ils ont l'impression de rencontrer l'être qu'ils cherchent ; ils éprouvent une émotion, un désir, une anxiété de le revoir, mais c'est comme un éclair qui s'évanouit. Presque toujours, ils ont le sentiment de rencontrer un être qui ne s'interesse pas vraiment à eux. Ils ressentent une sécheresse et un manque d'intérêt. Ils désirent passionnément être aimés, ils attendent de rencontrer la personne qui répondra oui, mais personne ne leur répond. Leur quête semble desespérée. Mais cherchent-ils vraiment ? On peut en douter car, si, par hasard, quelqu'un leur répond ils se rendent compte alors que quelquechose ne va pas en lui. Ce peut être une caractéristique physique, ou le fait d'être trop vieux ou trop jeune, trop naïf ou trop sophistiqué, trop enthousiaste ou trop froid. En réalité, ils ne sont pas prédisposé à tomber amoureux, même s'ils le désirent. L'amour qu'ils désirent, même ardemment, ne correspond pas à une necessité de rompre complètement avec le passé, à une necessité de remettre en cause leur vie, de prendre le risque de se projeter dans une nouveauté absolue.
Personne ne tombe amoureux s'il est, même partiellement, satisfait de ce qu'il a et de ce qu'il est. L'amour naît d'une surcharge dépressive qui se caractérise par l'impossibilité de trouver dans l'existence quotidienne quelquechose qui vaille la peine. Le "symptôme" de la prédisposition à l'amour n'est pas le désir conscient de tomber amoureux, ni le désir intense d'enrichir l'existence ; mais le sentiment profond de ne pas exister, de n'avoir aucune valeur et la honte de ne pas en avoir. Le sentiment du néant et la honte de sa propre nullité : tels sont les signes avant-coureurs de l'état amoureux. Aussi l'état amoureux est-il plus fréquent chez les jeunes : profondément hésitants, ils ne sont pas sûrs de leur valeur et ils ont souvent honte d'eux-mêmes. Il en est ainsi des autres âges de la vie au moment où l'on perd quelquechose de nous-mêmes ; quand s'enfuit la jeunesse, quand approche l'âge mûr. On subit une perte irréparable, on est dévalorisé, dégradé si l'on se compare à ce que l'on a été. Ce n'est pas la nostalgie de l'amour qui nous pousse à tomber amoureux, mais la certitude de n'avoir rien à perdre en devenant ce que nous devenons ; c'est la perspective du néant devant nous. C'est alors que se développent en nous cette prédisposition à affronter une situation différente et à prendre des risques, cette propention à se jeter dans n'importe quelle aventure et que ceux qui sont satisfaits d'eux-mêmes ne peuvent connaître.
y a-t-il un autre signe, un autre symptôme de cette prédisposition à tomber amoureux ? Parfois tout commence par une déception profonde, radicale, de nous-mêmes ou de ce que nous avons aimé. Ce peut être une grave maladie, le fait d'avoir été longtemps négligé ou bien une accumulation trop grande de déceptions que nous avons toujours niées. Alors, nous devenons sombres, nous nous enfermons en nous-mêmes. Mais il peut arriver que nous regardions autour de nous et que nous nous apercevions que les autres sont heureux. Voilà le signal. En général, nous ne percevons pas fortement, viscéralement, le bonheur des autres ; mais quand nous sommes prédisposés à aimer, une force nous entraîne à le ressentir autour de nous presque douleureusement à l'envier. Peut-être le mot envier n'est-il pas exact : nous éprouvons plutôt un sentiment de manque, nous avons l'impression d'être exclus d'un monde de désirs intenses et ces satisfactions intenses que nous percevons chez les autres correspondent en fait à nos désirs et à notre possibilité renouvellée de vivre intensément. Pendant cette phase nous ne percevons pas ces désirs en nous mais chez les autres. La réalité devient ainsi plus intense et, en même temps, plus douleureuse car le sujet a le sentiment d'être exclu d'une vie plus pleine qu'il vit et qu'il connaît, malgré lui, à travers les autres : ceux qui sont heureux. A lui n'échoient que le devoir et le renoncement ; ce n'est qu'en acceptant le devoir quotidien comme un impératif indiscutable qu'il réussit à maintenir la cohésion des éléments amers de son moi. La propension à tomber amoureux ne se révèle donc pas grâce au désir de tomber amoureux, mais grâce à la perception de l'intense vitalité du monde et de son bonheur, grâce au sentiment d'exclusion et de jalousie que fait naître ce bonheur dont on sait, avec certitude, qu'il est inaccessible."
Personne ne tombe amoureux s'il est, même partiellement, satisfait de ce qu'il a et de ce qu'il est. L'amour naît d'une surcharge dépressive qui se caractérise par l'impossibilité de trouver dans l'existence quotidienne quelquechose qui vaille la peine. Le "symptôme" de la prédisposition à l'amour n'est pas le désir conscient de tomber amoureux, ni le désir intense d'enrichir l'existence ; mais le sentiment profond de ne pas exister, de n'avoir aucune valeur et la honte de ne pas en avoir. Le sentiment du néant et la honte de sa propre nullité : tels sont les signes avant-coureurs de l'état amoureux. Aussi l'état amoureux est-il plus fréquent chez les jeunes : profondément hésitants, ils ne sont pas sûrs de leur valeur et ils ont souvent honte d'eux-mêmes. Il en est ainsi des autres âges de la vie au moment où l'on perd quelquechose de nous-mêmes ; quand s'enfuit la jeunesse, quand approche l'âge mûr. On subit une perte irréparable, on est dévalorisé, dégradé si l'on se compare à ce que l'on a été. Ce n'est pas la nostalgie de l'amour qui nous pousse à tomber amoureux, mais la certitude de n'avoir rien à perdre en devenant ce que nous devenons ; c'est la perspective du néant devant nous. C'est alors que se développent en nous cette prédisposition à affronter une situation différente et à prendre des risques, cette propention à se jeter dans n'importe quelle aventure et que ceux qui sont satisfaits d'eux-mêmes ne peuvent connaître.
y a-t-il un autre signe, un autre symptôme de cette prédisposition à tomber amoureux ? Parfois tout commence par une déception profonde, radicale, de nous-mêmes ou de ce que nous avons aimé. Ce peut être une grave maladie, le fait d'avoir été longtemps négligé ou bien une accumulation trop grande de déceptions que nous avons toujours niées. Alors, nous devenons sombres, nous nous enfermons en nous-mêmes. Mais il peut arriver que nous regardions autour de nous et que nous nous apercevions que les autres sont heureux. Voilà le signal. En général, nous ne percevons pas fortement, viscéralement, le bonheur des autres ; mais quand nous sommes prédisposés à aimer, une force nous entraîne à le ressentir autour de nous presque douleureusement à l'envier. Peut-être le mot envier n'est-il pas exact : nous éprouvons plutôt un sentiment de manque, nous avons l'impression d'être exclus d'un monde de désirs intenses et ces satisfactions intenses que nous percevons chez les autres correspondent en fait à nos désirs et à notre possibilité renouvellée de vivre intensément. Pendant cette phase nous ne percevons pas ces désirs en nous mais chez les autres. La réalité devient ainsi plus intense et, en même temps, plus douleureuse car le sujet a le sentiment d'être exclu d'une vie plus pleine qu'il vit et qu'il connaît, malgré lui, à travers les autres : ceux qui sont heureux. A lui n'échoient que le devoir et le renoncement ; ce n'est qu'en acceptant le devoir quotidien comme un impératif indiscutable qu'il réussit à maintenir la cohésion des éléments amers de son moi. La propension à tomber amoureux ne se révèle donc pas grâce au désir de tomber amoureux, mais grâce à la perception de l'intense vitalité du monde et de son bonheur, grâce au sentiment d'exclusion et de jalousie que fait naître ce bonheur dont on sait, avec certitude, qu'il est inaccessible."