Bonjour. Le destin est un sujet passionnant. J’ai moi-même réfléchi au concept de destin il ya quelques semaines (comportement typique lors de mes insomnies).
AMHA cette curiosité est une bonne chose. S’interroger de temps en temps sur un sujet important de la vie est profitable (au sens propre du terme : on en tire d’importants bénéfices personnels). Auparavant je me disais que tout avait déjà été dit et que, par conséquent, mon analyse n’aurait rien d’original si tant est qu’elle soit pertinente. Puis j’ai changé d’avis, puisque l’important c’est d’adapter un raisonnement à sa sensibilité propre.
Le destin de chacun s’inscrit dans ce contexte de base: naitre, apprendre de ses ancêtres (ou pas), effectuer des actions (ou pas), mourir (en espérant que cela ne change jamais).Je ne prends malheureusement pas ici en compte les enfants morts très jeunes… C’est tout con. Maintenant, par une analyse empirique de la trajectoire des gens on peut d’appréhender le concept de destin. (Paradoxalement ici des outils aussi prosaïques que les statistiques et probabilités permettent d’interagir avec des sujets philosophiques…).
Quelles sont les constituantes du destin et quelles sont leur part dans celui-ci ? Je vais pondre un truc abstrait car le destin est un concept ardu. Ne me jugez pas trop sévèrement si vous n’adhérez pas car il n'est pas si simple de mener une réflexion logique sur le sujet.
Tout d’abord ta personnalité propre et tes gènes. Celle-ci te fournit des préférences et un caractère spécifique mais aussi ton physique, tes particularités... Ensuite ton milieu direct : le niveau social de tes parents (et donc l’endroit ou tu grandis), leur interaction avec toi cad ce qu’ils te transmettent, la résultante de la rencontre de vos personnalités et plus tard les amis que tu as choisi…). Ensuite vient ton expérience personnelle, qui est elle-même influencée par les deux premières variables. Tu remarqueras que c’est aussi la première sur laquelle tu possède un pouvoir de décision (en tout cas lors de ta jeunesse, voir ci dessous). Ensuite, plus compliqué que ta personnalité, tes choix, conditionnés par les trois variables précédentes. Là encore tu peut agir sur eux. Enfin le fameux hasard, qui est déjà constituante de toutes les autres variables, s’exprimera encore durant toute ta vie et façonnera surtout ton expérience passée et future et provoquera des opportunités et virages inattendus.
Compliquons les choses ^^ : tu ne peux pas agir sur ta personnalité et ton milieu direct dans la jeunesse mais dès un certain âge et d’une certaine maturité (variables selon les personnes) tu le peux : tu peux alors en effet reconditionner de façon consciente ta personnalité ou t’extraire de ton milieu direct et de son influence et s’en choisir un autre si tu le souhaites (mais ton expérience restera néanmoins marqué par celui-ci). Rajoutons enfin que chaque variable n’est pas fixe et se met à jour constamment en fonction des autres… Un vrai bordel.
Prenons un exemple pour y voir plus clair. Yves (« Bob story-telling style », désolé mais je ne vois pas mieux).
Yves est né dans une famille de classe moyenne avec des parents affectueux et cultivés (milieux direct résultant du hasard). Il est petit, assez fort au niveau physique et immunitaire, pas bête, mais possède dans ces gènes une préférence pour les sucres de l’éthanol (et donc pour l’alcool) un héritage génétique de son grand père maternel, des chevilles faibles et une tendance aux problèmes de cholestérol (donc ici gènes issus du hasard). Il est curieux, timide, calme mais parfois violent, il a une attirance naturelle pour la mécanique et les sports d’équipe (personnalité issue du hasard (tout du moins au départ)). En grandissant il se passionne pour la mécanique automobile et aéronautique mais aussi par le football. Il aurait pu potentiellement préférer le milieu de la mécanique horlogère mais il a vu par hasard un documentaire sur l’histoire des moteurs BMW (j’ai pas d’actions c’est juste pour le mix avions/voitures)à l’âge de six ans(en gros hasard pur). Il aurait aussi pu aimer encore plus le hockey sur glace mais son père lui fit essayer le foot il n’essaya plus d’autres sports (expérience personnelle influencée par milieu direct, personnalité/gène et hasard). Sa mère lui apprend très jeune que l’alcool a ruiné la vie de son grand-père. Son père aimant le football l’encourage jusqu’au jour ou Yves apprend qu’il a des chevilles en mousse quand il se pete deux fois la cheville gauche en trois ans. Il renoncera à l’alcool ayant tout de suite remarqué qu’il y était aussi sensible que son grand-père et écoutant sa mère mais il continuera le football malgré les avertissements des médecins et l’inquiétude de sa famille (choix influencés par son expérience personnelle, son milieu direct, sa personnalité et (peut être) hasard). Le hasard veut que malgré 75% de chances pour que ses chevilles ne tiennent pas le coup (une étude révèle que ¾ des sportifs ayant son problème génétique de fragilité des chevilles ont les chevilles bousillées avant d’arriver à 18 ans) il obtient son bac dans un lycée sport sans problème de santé. Il développe alors la croyance que sa persévérance force sa chance (changement de sa personnalité : moins timide, plus confiant, influencé par exp perso elle-même influencé par…). Il ne sait choisir entre ses deux passions et s’est investi à 50/50 mais les écoles d’ingé ne veulent pas de son dossier alors que les sélectionneurs footeux sont intéressés. Il par en formation pro dans un bon club.
Coup de théâtre. Il a la chance d’être sélectionné au hasard parmi un concours (candidature déposée sans grandes convictions il y a six mois, 70% de chance pour 28% de mérite (et 2% de kinder bueno); il avait 3,8% de chances de gagner) : il peut entrer en école d’ingé et apprendre des plus grands ingénieurs de l’industrie nautique française (mais il n’est pas plus intéressé que cela par le domaine maritime). Choix majeur : 2 possibilités : Solution 1 : il va en école d’ingé et devient un bon ingénieur. Néanmoins il se demandera toujours si un grand destin sportif ne l’attendait pas et a parfois des regrets… Solution 2 : IL poursuit le football et devient pro ; après 2 années passées en L1 il se brise le genou gauche avec séquelles a vie (il boite) alors qu’il n’avait aucune prédisposition particulière concernant cette partie du corps (hasard pur). Il se trouve un job de commercial grâce à notoriété (choix influencé par personnalité milieu exp…), s’en sort pas mal mais se demande s’il n’aurait pas pris le mauvais tournant en continuant le foot. Dans les 2 cas Il doit mourir vers les 52 ans d’une crise cardiaque (gènes et choix perso (nourriture grasse…)) sauf que dans le cas n°1 en allant chercher son fils à pied à l’école il se fait rentrer dedans par un mec shooté à l’exta et meurt à 44 ans (hasard pur avec 0,0004% de (mal)chance que ça lui arrive à lui).
Voilà résumé de façon incomplète l’action de quelques unes des principales variables et de leurs interactions. Einstein disait dans sa jeunesse que les probabilités n’étaient que la conséquence du manque d’informations ; en gros s’il l’on est omniscient on en a pas besoin (et sur ce point il avait raison) mais en vieillissant il admettra qu’elles étaient essentielles, légitimes et utiles (en effet comment avoir assez de données pour savoir précisément qui en France attrapera tel virus à tel heure tel endroit ou qui va ce prendre une météorite sur la gueule et quand? Seules les statistiques peuvent ici nous aider…).
Certains te diront que le hasard/destin n’existe pas (genre y’a que le mérite…) ou d’autres qu’il n’y a que ça (quoi qu’il arrive il ne pouvait que gagner/quoi que je fasse je suis maudit, on ne lutte pas contre le destin…). C’est faux. Soit c’est dit à la va-vite sans y réfléchir, soit c’est pour te motiver (« tu dois te bouger le cul » ou « t’inquiète pas tu as une bonne étoile quoi qu’il arrive ») soit ils sont cons. Par contre, même si je ne partage pas leur avis, je respecte ceux qui pensent (religion ou pas) que quelque chose de précis les dépasse et qu’ils doivent tendre vers un objectif particulier (en gros un destin mais ni automatique ni omnipotent) car il se pourrait bien qu’ils aient raison…
AMHA l’erreur est de croire que le destin et tracé avant ta naissance alors qu’en fait le destin représente toute l’historique de ta vie, influencé par certaines variables (elles mêmes issues du hasard) et par le hasard, qui fait qu’a un instant T tu choisis la solution 2 à la place de la 1. Pour moi le vrai destin c’est le hasard pur. Tu es sur un chemin ; inter jonction : route A ou B. L’une t’amène vers un chemin plus favorable que l’autre. Elles sont identiques. Tu choisis au hasard (rien à voir avec ton expérience, ta personnalité…). Et j’ai remarqué qu’à la chance pure, comme ici, certains gagnaient très souvent et d’autres presque jamais alors qu’à la longue ils devraient tendre tous deux vers une moyenne « normale ». Au final c’est une histoire de variance, d’écart type et fonction de répartition d’une population statistique: la majorité des gens sont dans la moyenne (hasard neutre au final, parfois favorable parfois défavorable) et parfois le hasard avantage ou désavantage vraiment quelqu’un de façon constante. C’est comme ça…
Néanmoins comme le dit Varga ou Salvadore en en adoptant la bonne attitude tu maximises évidemment tes chances le but étant de se dire que ton travail et tes choix sont plus important que les aléas plus ou moins grands du hasard (même si au final tu ne sauras jamais si c’est vrai). Peut être que certaines personnes qui se sont tapés tout ce pavé ne se sentent pas plus avancés mais moi lorsque j’ai fini de cristalliser ce raisonnement ça m’a fait du bien. Je me suis dit que j’allais faire au mieux pour avancer dans la direction que je souhaite même si je me rends bien compte que personne ne peut lutter au final contre le hasard et ses aléas (pléonasme).Tu peux juste essayer de forcer ta chance et de faire preuve de beaucoup de persévérance et d’adaptabilité. Peut être que d’autres ont trouvé cela trop mathématique/logique pour un concept philosophique; je tiens à dire que je ne suis pas particulièrement un matheux mais que ça me permettait de bien condenser (enfin si on peut dire ça comme ça…) mon point de vue. Bon c’est pas tout ça mais moi je repars bosser mes partiels. En espérant que cela t’aide à y voir plus clair et que tu puisses adapter ces idées à ta sauce.