Rupture conflictuelle: vindicte et procédure

Note : 23

le 20.03.2011 par Terrigan

11 réponses / Dernière par Iskandar le 24.04.2011, 20h11

C'était plus simple du temps de papa & maman. Pour celles et ceux qui veulent échanger autour de la vie de couple et des relations, et des différentes formes que tout ça peut prendre. Polyamour ou monogamie, relations libres, jalousie, engueulades dans la cuisine, routine, infidélité, la totale.
Ayant travaillé au cœur des procès liés à la rupture amoureuse, divorces bien entendu mais aussi litiges hors-mariage, j'aimerais écrire sur le sujet.

Je n'ai vraiment pas envie de paraphraser les manuels de droit, mais plutôt de vous livrer mes impressions, sur la manière dont ça se passe actuellement et sur ce qu'on peut en tirer dans notre façon de penser et d'organiser nos LTR.

Ce qu'il faut dire au préalable, c'est que là où pour faire un beau match de tennis il faut être deux, pour déclencher une guerre interminable, destructrice, absurde et sordide il suffit qu'une seule partie soit motivée, l'autre partie n'aura pas son mot à dire.

I] Regardons la différence entre une rupture conflictuelle et une rupture non conflictuelle

A] Rupture non-conflictuelle

Que ce soit avec ou sans mariage et le cas échéant avec ou sans contrat de mariage, les deux personnes ont la volonté de tourner la page au plus vite et de répartir équitablement le patrimoine.

Si il y a des enfants chacun est conscient qu'il va falloir continuer à faire équipe, qu'il faut protéger les enfants des reproches et tensions inévitables lors d'une rupture. ça grince des dents, ça fait des compromis, des fois ça gueule, mais ça communique et ça fait de son mieux, et au final !ça fonctionne à peu près.

B] Rupture conflictuelle

La fête du slip. Je ne comprendrai jamais l'enthousiasme avec lequel la plupart de nos contemporains font de leur rupture une guerre ouverte dans laquelle la destruction de l'autre devient une obsession qui se traduit devant les tribunaux:
- En cas de mariage, sur une procédure de divorce pour faute et sur l'éventuelle prestation compensatoire.
- Si il y a des enfants, sur la garde des enfants, sur leur pension alimentaire et par la suite sur l'application quotidienne de cette garde,
- Quoi qu'il arrive, sur le partage des biens

Naturellement si vous n'êtes pas mariés vous n'êtes pas à l'abri du contentieux long et chiant à propos de la gestion de l'autorité parentale et du partage des biens. ça se fera selon le droit commun, voilà tout.

Je voudrais être très clair: je ne dis pas que le conflit est débile par principe. Je ne dis pas que certaines personnes ne doivent pas être mises à l'écart de leurs propres enfants, je ne dis pas non-plus que la notion de faute dans le divorce n'est pas utile pour sanctionner des agissements immondes et éventuellement indemniser la victime par des dommages intérêts. (d'ailleurs, une réforme de 2005 a complètement dissocié la question de la faute des conséquences patrimoniales du divorce, ce qui a le mérite de cloisonner les sujets).

Je voudrais simplement dire que dans toute ma vie, que ce soit au tribunal ou en parlant avec les gens j'ai vu un nombre incalculables de gens qui pensent ceci:
--> Me quitter est un crime qui mérite un procès aux assises. Le mieux serait une lapidation sur la place publique mais apparemment la loi ne l'autorise pas, enfin bon on va faire le maximum pour que l'autre en chie.
--> Si j'ai plus d'argent que lui/elle, il/elle n'aura rien et ce ne sera que justice. Si j'ai moins d'argent que lui/elle, je vais le/la dépecer vivant et ce ne sera que justice
--> MES enfants sont l'arme ultime qui parachèvera ma vengeance divine.

En marge des tribunaux, voire en complément, en bonus, comme ça pour l'ambiance, n'oublions pas toutes les petites délicatesses de la vie civile, genre voiture rayée, menaces, chantage, appartement vidé à la va-vite, instrumentalisation des proches, déménagement à l'autre bout de la terre pour que les enfants soient loin de l'autre ("bah quoi? C'est pas un souci que je parte habiter en Nouvelle Zélande, le père a le droit de voir ses enfants un week end sur deux, il a qu'à se démerder"...)
etc, etc, etc...

Deux vérités qui font mal:

* la loi est la même pour tous, c'est à dire que des personnes aussi différentes qu'une femme victime de violences conjugales, un homme caractériel jusqu'à la moelle et persuadé que ses relations avec les membres du conseil municipal ainsi que son avocat hors de prix vont l'aider à obtenir gain de cause en dehors de toute logique, et deux personnes de 20 ans, qui ont toutes leurs vies devant elles, mais qui ont fait un enfant hors mariage et qui sont trop déboussolés pour calmer le jeu et organiser l'éducation commune de leur enfant.

En conséquence et pour éviter toute ambiguïté, je me dois de préciser que ma compassion pour les femmes victimes de violence n'a d'égal que mon mépris vis-à-vis de tous ces gens très nombreux qui pensent, consciemment ou non, sur la base de raisons plus ou moins foireuses, que les questions d'organisation de leur rupture vont être une occasion idéale de faire chier l'autre jusqu'à ce qu'il en crève.

* Les tribunaux sont les otages de la volonté de nuire à l'autre, des jérémiades, des calculs d'apothicaires et de la mauvaise foi qui transpirent de toutes les procédures conflictuelles de séparation. Otages mais pas impuissants, grâce notamment au détachement et à la clairvoyance de l'intégralité des juges (on ne leur fait pas avaler n'importe quoi), mais aussi du détachement et du pragmatisme de la plupart des avocats. Je dis bien la plupart, et ce n'est pas parfait, mais ça demeure bien plus positif que ce que la plupart des gens imaginent. Globalement les avocats recherchent toujours la conciliation et quand il y a des enfants dans l'affaire ils privilégient leur intérêt à celui de leurs clients.

Il demeure que le principe de mélanger le naufrage d'une histoire d'amour, c'est à dire quelque chose d'intime, avec l'univers judiciaire est extrêmement sordide et pas forcément évident en termes de preuves. Attestations des proches, vieux emails et textos qui parlent d'amour, dans lesquels on stabilotte une phrase pour la balancer contre celui qui l'a écrite, détectives privés, j'en passe et des meilleures. Le carnaval des reproches croisés qu'on inscrit dans le marbre des écrits judiciaires à prix d'or (surtout si les avocats sont payés à l'heure), mais bon on prend soin de demander au tribunal que les frais de justice soient à la charge du perdant du procès alors tous les espoirs sont permis... Et je répète que beaucoup trop de gens, des jeunes à la tête légère et au sang chaud, mais aussi des personnes d'expérience, se vautrent là dedans pendant des années au lieu de vivre leur vie déjà bien plombée par la rupture. Et je répète que les juges vont lire tout ça en diagonale (à part dans le cas du divorce pour faute).

II] Essayons de nous prémunir contre ce genre de situations

A] Au niveau juridique

1) Dans le cas du mariage

* Il faut absolument un contrat de mariage qui va poser les bases du patrimoine personnel de chacun et du patrimoine commun du couple. Si les époux ne se donnent pas cette peine, le droit commun est la communauté de biens réduite aux acquêts.

En gros chacun sera propriétaire de ce qu'il possédait avant le mariage, des éventuels héritages, et de ses effets personnels. C'est pas trop mal mais on peut faire mieux, par exemple en choisissant un régime de séparation de biens et en organisant la participation financière à la vie commune.

* En plus du contrat de mariage, il faut absolument conserver les factures. Sinon pas moyen de prouver qu'est-ce qui appartient à qui...
Je veux pas vous pousser à la paranoïa mais il vaut mieux conserver ses factures personnelles hors de portée de l'autre. Rien de plus facile que d'ouvrir un tiroir, prendre une liasse de papier et la réduire en confettis...

2) En dehors du mariage

* Là encore, conserver soigneusement les factures.

* Reconnaître les enfants (pour les étourdis...)

* Avec le temps qui passe, le PACS est un bon moyen d'organiser le patrimoine. En plus ça permet d'organiser aussi la fiscalité du couple, notamment lorsqu'il a des enfants.

Quand je parle du temps qui passe, je veux dire que c'est le temps qui passe qui rend les ruptures difficiles. A la limite mieux vaut un divorce après un an de vie commune qu'une séparation de concubinage après 10 ans de vie commune.

B] Au niveau psychologique

Pour construire une histoire à long terme, faire des enfants et tout ça, on devrait toujours réfléchir à la manière dont l'élue de notre coeur gèrerait un divorce. On devrait toujours se demander si elle serait capable de faire la part des choses entre une séparation et l'importance du père pour l'équilibre de ses enfants.

Je sais bien que c'est flou, que c'est de la spéculation, mais j'ai quand même l'impression que ça se sent.

C'est un faisceau d'indices:

- Une fille qui parle de ses ex comme d'une bande de chiens bons pour l'abattoir, qui se vante de leur avoir fait payer tous leurs sales coups, ça sent pas bon.

- Une fille qui s'est brouillée définitivement avec des bons amis à elle pour des raisons qui vous paraissent légères, ça sent pas bon.

- Une fille qui a du mal à se remettre en cause, qui voit le monde en tout blanc tout noir, ça sent pas bon.

- Une fille qui est pour la peine de mort, ça sent pas bon. (que les partisans de la peine de mort me pardonnent et se focalisent sur des indices qui leurs paraissent plus pertinents).

- Une fille dont la mère est une vielle mégère bornée et aigrie, et qui d'année en année conserve un ascendant sur sa fille, ça sent pas bon. (ne comptez pas sur elle pour plaider pour la paix des braves...)

- Une fille stupide, teigneuse, intransigeante, égoïste, et qui se passionne pour secret story c'est vraiment mal barre. Mais pourquoi diable iriez-vous faire un enfant avec ce genre de personne??? :lol:

Demandez-vous aussi si vous êtes capables de gérer un divorce et l'éducation d'un enfant avec une ex. Si vous êtes amoureux des histoires d'alpha attitude, ultra macho tendance jerk, ça doit être cool pour être le big boss à la maison, mais en cas de rupture, cette attitude ne sera pas forcément très productive pour l'éducation de vos enfants... Y'a des comportements qui passent à l'aise quand il y a de l'amour, et curieusement une fois que l'amour est parti l'autre ne se laisse plus faire.

En résumé, les procès c'est chiant, la connerie c'est nul, la méchanceté c'est mal, il faut conserver ses factures et se reproduire avec des femmes intelligentes.
Je me moque mais j'espère que la lecture de ce post vous invitera à réfléchir sur le très long terme.

Bonne bourre.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Constructif le 20.03.11, 18h12 par MaryMorgane
  • [+2] Post de qualité le 20.03.11, 18h44 par Blusher
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  • [+1] Post responsable le 24.04.11, 05h57 par Iskandar
  • [+1] A lire le 25.04.11, 12h06 par Dreïev
J'étais tombé sur un article intéressant (c'était dans le quotidien "20 minutes", comme quoi) où une avocate parlait du divorce en Suisse et des droits du père sur l'autorité parentale (inexistants dans la législation suisse).

D'après sa propre expérience, le divorce était surtout une bataille morale et juridique dont les enfants du couple payaient le prix fort. C'est une guerre où les époux se déchargent de toute leur colère sur l'autre.
Elle disait donc vouloir instaurer une loi pour placer les enfants dans un foyer et les éloigner du des parents le temps qu'ils crachent tout leur venin et leur ressenti. J'ai trouvé l'idée intéressante.

En Suisse, il y a des cas extraordinaires où les femmes inaptes se retrouvent avec la garde de l'enfant juste parce que c'est la mère de l'enfant. J'avais notamment entendu le cas d'une femme toxico dépressive au chômage qui après avoir tenté de se suicider avec son bébé dans les bras, s'est vue confier la garde de l'enfant au détriment du père salarié et honnête citoyen. Effrayant...
Merci
a mettre dans le fts 101, ou en post-it dans la partie vie de couple. Super article.
Merci les gars.

Tu vois Mooner je n'imaginais pas que la loi était aussi mal faite en Suisse, et pour tout dire je suis assez surpris. Après une recherche rapide (http://www.humanrights.ch/home/fr/Suiss ... ntent.html) je m'aperçois que la question fait actuellement débat en Suisse, qu'une réforme est à l'étude, mais que les associations féministes pèsent à fond contre l'autorité parentale conjointe pour les pères célibataires (la magie de la démocratie référendaire sans doute...).

Le tout avec la Cour Européenne des droits de l'homme qui veille et a sanctionné en 2009 l'Allemagne pour des faits similaires sur le fondement de l'interdiction de discriminer de l'art. 14 et du droit au respect de la vie familiale de l'art. 8 de la Convention européenne des droits de l'homme. ça c'est une bonne nouvelle, en général quand la Cour Européenne des droits de l'homme mord un mollet, elle ne le lâche pas, et le ou les 'Etats visé(s), ici Allemagne, Autriche, Lichtenchtein et... Suisse, finit par craquer à l'usure et modifie sa loi. Au passage, j'apprends que la Suisse a adhéré à la convention européenne des droits de l'homme en 1988. Pas cons les Suisses, ils ont pris le meilleur de l'Europe 8) .

Si les suisses compensent en passant par des foyers ça évitera les drames dans les cas les plus extrêmes mais ça ne règlera pas le problème de fond. Ce serait vraiment n'importe quoi.

En France il y a eu une période où le père n'avait aucun droit sur l'enfant si il n'était pas marié à la mère, mais heureusement on a passé ce cap. (me demandez pas quand j'ai la flemme de chercher ^^)

Chez nous, dans le prolongement de la loi, les juges aux affaires familiales n'ont pas d'a priori entre le mâle et la femelle, mariés ou non, ils ont en tête bien entendu que les enfants en bas âge ont un besoin viscéral de leur maman, et pour le reste ils essaient de concilier d'une part la nécessité pour l'enfant de passer du temps avec ses deux parents, d'autre part la réalité de chaque famille, notamment l'éventuelle incapacité ou dangerosité d'un parent à s'occuper de l'enfant. C'est vraiment du bon boulot. (pardon d'avance à ceux qui ont connu des exemples de mauvaises décisions, malheureusement ça arrive)

Mais bon tout ça c'est de la petite cuisine.

Ce qu'on doit retenir c'est qu'en France on est plutôt bien lotis, et malgré tout, même si je ne l'ai pas écrit explicitement parce que ça me paraissait évident (et aussi parce que ça me paraissait pas forcément productif de faire le focus là dessus en opposition avec les bastons générales au sein des couples sans enfants), la volonté de conflit entre les parents fait des ravages chez les enfants.

C'est pour ça que j'ai voulu aborder le problème par la bande en décrivant un système judiciaire qui fait ce qu'il peut et des hommes et femmes qui se laissent complétement submerger par leur rancœur. Ils se laissent submerger malgré ce système et aussi en marge de ce système qui ne peut pas être avisé à leur place. Et au final en contradiction totale avec l'amour qu'ils éprouvent pour leurs enfants.

D'où cet article. D'où ce terrible sentiment d'impuissance. Mais bon, comme on dit par chez nous "ça va mieux en le disant" :wink:
Très bon article Terri.

J'ajouterais qu'en cas de rupture, il faut éviter de prendre l'entourage en otage. Que ça soit un enfant ou les proches (familles et amis), il faut apprendre à ne pas leur imposer de choisir car souvent, celui qui impose ce choix est celui à qui on tourne le dos.

Dans le cas où il y a un enfant, il faut apprendre aussi à se tenir devant lui et à communiquer avec l'ex afin de mettre en place des règles communes d'éducation pour que l'enfant garde un certain nombre de repères. cette communication évitera aussi que l'enfant (ou les enfants) ne deviennent des tyrans avec leurs parents en usant de chantage affectif.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Absolument le 22.06.11, 02h22 par Terrigan
Tu as raison MaryMorgane, hélas la prise de conscience de chacun se fait lentement et surtout tend à changer au moment opportun! Immanquablement lorsque les couples divorcent, ce sont les enfants qui trinquent et qui sont pris en otage, d'où la nécessité d'une loi pour protéger la progéniture des accès de délire des parentssoutenus par leurs avocats dans cette confrontation hystérique.
@ Mooner: je te réponds tout de suite sur la loi:

Y'a pas de loi pour lutter contre la connerie.

Tout est en place pour limiter au maximum l'instrumentalisation du système judiciaire par les furax de la guerre totale (même si malheureusement ça ne marche pas à tous les coups. Après, sur chaque procédure c'est le sort des armes).

Mais même au sortir d'un jugement équilibré, à la maison, au téléphone, face à son ex, face aux enfants, les gens sont libres, et on sait à quel point cette liberté permet les pires comportements.

C'est bien pour ça que je parle de psychologie après avoir parlé de procédure.

J'en profite pour nuancer un truc: je ne cache pas mon mépris pour tous ces parents qui font n'importe quoi. Il faut quand-même souligner la dose énorme de recul, la gigantesque force de caractère qui est nécessaire à faire la part des choses.

C'est vraiment pas évident: faire le deuil du désir de vengeance, des pulsions de destruction de l'autre est très difficile pour tout le monde, et impossible pour certaines personnes (c'est des boulets, on ne peut rien pour eux - Voilà, je recommence avec mon mépris, c'est plus fort que moi :mrgreen: ).

Il faut avoir vu de ses propres yeux les pulsions animales de meurtre, contenues à grand-peine dans une rage sans limite, il faut avoir vu in vivo la déconnexion pure et simple de tout ce qui s'apparente au bon sens le plus élémentaire, pour prendre la pleine mesure du problème.

Statistiquement parlant on a de grandes chances de se retrouver séparés de la mère de nos enfants. Est-ce qu'on aura la force de faire les bons choix? Et quid de la maman???

Y'a que l'éducation ou au moins l'information qui permettra aux gens et à la société de progresser.

D'ailleurs chacun se fait son opinion en regardant dans son entourage (les moins chanceux le vivent de l'intérieur avec leurs propres parents). Et il faudra encore résister au chant des sirènes du "oui mais là c'est pas pareil, il/elle a vraiment trop abusé, attends un peu, on va voir ce qu'on va voir..."

C'est une éducation en marge du niveau d'études et de la culture générale. On voit par exemple des cinquantenaires très cultivés qui se font la guerre avec enthousiasme. On voit aussi des personnes qui ont un boulot modeste, pas de diplômes, qui s'en sont pris plein la gueule lors de leur rupture et qui font de leur mieux, notamment en s'interdisant de dire du mal de l'autre parent à leur enfant.

Et comme d'habitude avec l'éducation, l'information, la prévention, et blablabla, ça ne changera pas les gros bourrins et les grosses ***asses (veuillez insérer le préfixe de votre choix), raison pour laquelle j'ai lancé l'idée de réfléchir sur soi-même et de faire un petit screening prospectif sur l'élu(e) de son coeur...

Je reviens aux juges et aux avocats: ils ont un rôle éducatif.

Voici une description qui vaut ce qu'elle vaut et qui correspond le plus souvent à la réalité du terrain, pour peu qu'on mette de côté les cas d'avocats nazes, et la procédure très cloisonnée du divorce pour faute (cloisonnée depuis 2005, putain il était temps, l'idée de faire le lien entre les éventuelles fautes d'un individu dans son histoire d'amour avec le sort de son patrimoine propre est un archaïsme qui venait d'un souci de protection de la femme, souci légitime en 1804).

Alors voilà: après l'audience de concertation qui n'a rien donné, les deux avocats expliquent à leurs clients respectifs que le juge n'en a rien à foutre de leurs reproches croisés. Qu'il va rechercher l'intérêt de l'enfant et que le mieux à faire c'est de se mettre d'ores et déjà au boulot sur le sujet. Chaque client rétorque que la concertation est impossible parce que l'autre est trop borné. Les avocats communiquent entre eux et préparent malgré tout un projet d'accord mais chacun des parents ou un seul des deux tire la couverture à lui et refuse les concessions. Chacun exige que les reproches soient exprimés dans les conclusions et à l'audience. A l'audience les avocats se lancent dans une petite escarmouche, histoire de pas passer pour des couilles moles, et le juge leur coupe la parole en leur disant qu'il s'en fout (petit regard au client: "je vous l'avais bien dit..."). Puis le juge rend un arrêt qui correspond grosso modo au projet d'accord des avocats.

Tout au long du processus, tout ce joli petit monde explique aux parents les évidences d'usage, à grand renforts de "croyez en mon expérience"...

Mais les gens ont la tête dure et la rancune tenace...

De mon côté, en termes d'éducation je ne peux rien faire de plus que ce que j'ai écrit ici: une goutte d'eau dans la mer en somme...

Mooner parlait de loi, moi je me demande plutôt si on ne devrait pas intégrer le sujet dans les programmes scolaires, dans le cadre des cours d'éducation sexuelle, ou de philosophie, ou d'instruction civique...

Ou faire des avertissements sur les formulaires de requête en divorce: "divorcer nuit gravement à votre santé et à celle de vos enfants"

Blague à part et pour finir, être parent est le métier le plus difficile du monde, et il n'y a pas de formation, pas d'examen, pas de diplôme, pas de cours de rattrapage pour ceux qui ne sont pas à niveau (à part les assistantes sociales pour les cas les plus critiques...)

C'est le cas pour les couples unis, c'est le cas pour les couples qui se séparent. A quand une dictature doltoïste??? (cette fois je sors :arrow: )
Terrigan a écrit : C'est vraiment pas évident: faire le deuil du désir de vengeance, des pulsions de destruction de l'autre est très difficile pour tout le monde, et impossible pour certaines personnes (c'est des boulets, on ne peut rien pour eux - Voilà, je recommence avec mon mépris, c'est plus fort que moi :mrgreen: ).
Nan mais je suis comme toi, très "méprisant" parfois, c'est la réalité qui me force à l'être. :roll: :)

Terrigan a écrit :Mooner parlait de loi, moi je me demande plutôt si on ne devrait pas intégrer le sujet dans les programmes scolaires, dans le cadre des cours d'éducation sexuelle, ou de philosophie, ou d'instruction civique...
L'éducation forme le bon sens, mais ne suffirait pas à contenir "les pulsions animales de meurtre, contenues à grand-peine dans une rage sans limite, [et] la déconnexion pure et simple de tout ce qui s'apparente au bon sens le plus élémentaire", comme tu le dis.

Intéressant de voir les coulisses des procès. Merci pour tes témoignages!
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] De rien le 26.03.11, 22h20 par Terrigan
Juste un point :
Terrigan a écrit :Si j'ai plus d'argent que lui/elle, il/elle n'aura rien et ce ne sera que justice.
Je suis désolé mais j'ai cette manière de penser. Pour quelle raison devrais-je donner de ma poche à une ex ? Et inversement, pour quels raisons devrait-elle me donner une partie de son patrimoine ?

C'est une éducation en marge du niveau d'études et de la culture générale. On voit par exemple des cinquantenaires très cultivés qui se font la guerre avec enthousiasme. On voit aussi des personnes qui ont un boulot modeste, pas de diplômes, qui s'en sont pris plein la gueule lors de leur rupture et qui font de leur mieux, notamment en s'interdisant de dire du mal de l'autre parent à leur enfant.
J'ai tendance à croire que c'est aussi et surtout une question d'intelligence émotionnelle. D'où le paradoxe que tu mentionnes. Mais d'où aussi mon scepticisme vis-à-vis de l'efficacité réelle de l'éducation et de l'information de ces personnes. Mais bon, la connerie est peut-être le domaine sur lequel je suis le plus pessimiste... Plus précisément, je pense que la connerie, tant qu'elle arrange (apporte un gain ou évite un effort ou plus) peut très difficilement être combattue...

MES enfants sont l'arme ultime qui parachèvera ma vengeance divine.
Juste pour faire part du fait que sur ces personnes, mon avis est bien pire que le tiens. Je voulais aussi te demander confirmation. D'après ce que tu dis, le système juridique n'a pas tendance à favoriser les mères dans la garde des enfants, tant que ça ne concerne pas le bas âge ?

En tout cas, c'est une question qui m'embête parce que je ne sais pas si, si jamais je me trompe sur ma chérie et me retrouve dans la pire situation, je serai capable de prendre sur moi pour gérer au meilleur, notamment en ce qui concernerait mes (oui, bon, d'accord, "nos"... :mrgreen: ) gosses... Mais bon, ça n'arrivera jamais à quelqu'un tel que moi :mrgreen: .


Enfin, bref, ce topic est aussi l'illustration de la pertinence du proverbe "mieux vaut seul que mal accompagné"...

P.S: "Doltoïste" ? J'ai pas réussi à trouver ce que ça veut dire...
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