Je n'ai vraiment pas envie de paraphraser les manuels de droit, mais plutôt de vous livrer mes impressions, sur la manière dont ça se passe actuellement et sur ce qu'on peut en tirer dans notre façon de penser et d'organiser nos LTR.
Ce qu'il faut dire au préalable, c'est que là où pour faire un beau match de tennis il faut être deux, pour déclencher une guerre interminable, destructrice, absurde et sordide il suffit qu'une seule partie soit motivée, l'autre partie n'aura pas son mot à dire.
I] Regardons la différence entre une rupture conflictuelle et une rupture non conflictuelle
A] Rupture non-conflictuelle
Que ce soit avec ou sans mariage et le cas échéant avec ou sans contrat de mariage, les deux personnes ont la volonté de tourner la page au plus vite et de répartir équitablement le patrimoine.
Si il y a des enfants chacun est conscient qu'il va falloir continuer à faire équipe, qu'il faut protéger les enfants des reproches et tensions inévitables lors d'une rupture. ça grince des dents, ça fait des compromis, des fois ça gueule, mais ça communique et ça fait de son mieux, et au final !ça fonctionne à peu près.
B] Rupture conflictuelle
La fête du slip. Je ne comprendrai jamais l'enthousiasme avec lequel la plupart de nos contemporains font de leur rupture une guerre ouverte dans laquelle la destruction de l'autre devient une obsession qui se traduit devant les tribunaux:
- En cas de mariage, sur une procédure de divorce pour faute et sur l'éventuelle prestation compensatoire.
- Si il y a des enfants, sur la garde des enfants, sur leur pension alimentaire et par la suite sur l'application quotidienne de cette garde,
- Quoi qu'il arrive, sur le partage des biens
Naturellement si vous n'êtes pas mariés vous n'êtes pas à l'abri du contentieux long et chiant à propos de la gestion de l'autorité parentale et du partage des biens. ça se fera selon le droit commun, voilà tout.
Je voudrais être très clair: je ne dis pas que le conflit est débile par principe. Je ne dis pas que certaines personnes ne doivent pas être mises à l'écart de leurs propres enfants, je ne dis pas non-plus que la notion de faute dans le divorce n'est pas utile pour sanctionner des agissements immondes et éventuellement indemniser la victime par des dommages intérêts. (d'ailleurs, une réforme de 2005 a complètement dissocié la question de la faute des conséquences patrimoniales du divorce, ce qui a le mérite de cloisonner les sujets).
Je voudrais simplement dire que dans toute ma vie, que ce soit au tribunal ou en parlant avec les gens j'ai vu un nombre incalculables de gens qui pensent ceci:
--> Me quitter est un crime qui mérite un procès aux assises. Le mieux serait une lapidation sur la place publique mais apparemment la loi ne l'autorise pas, enfin bon on va faire le maximum pour que l'autre en chie.
--> Si j'ai plus d'argent que lui/elle, il/elle n'aura rien et ce ne sera que justice. Si j'ai moins d'argent que lui/elle, je vais le/la dépecer vivant et ce ne sera que justice
--> MES enfants sont l'arme ultime qui parachèvera ma vengeance divine.
En marge des tribunaux, voire en complément, en bonus, comme ça pour l'ambiance, n'oublions pas toutes les petites délicatesses de la vie civile, genre voiture rayée, menaces, chantage, appartement vidé à la va-vite, instrumentalisation des proches, déménagement à l'autre bout de la terre pour que les enfants soient loin de l'autre ("bah quoi? C'est pas un souci que je parte habiter en Nouvelle Zélande, le père a le droit de voir ses enfants un week end sur deux, il a qu'à se démerder"...)
etc, etc, etc...
Deux vérités qui font mal:
* la loi est la même pour tous, c'est à dire que des personnes aussi différentes qu'une femme victime de violences conjugales, un homme caractériel jusqu'à la moelle et persuadé que ses relations avec les membres du conseil municipal ainsi que son avocat hors de prix vont l'aider à obtenir gain de cause en dehors de toute logique, et deux personnes de 20 ans, qui ont toutes leurs vies devant elles, mais qui ont fait un enfant hors mariage et qui sont trop déboussolés pour calmer le jeu et organiser l'éducation commune de leur enfant.
En conséquence et pour éviter toute ambiguïté, je me dois de préciser que ma compassion pour les femmes victimes de violence n'a d'égal que mon mépris vis-à-vis de tous ces gens très nombreux qui pensent, consciemment ou non, sur la base de raisons plus ou moins foireuses, que les questions d'organisation de leur rupture vont être une occasion idéale de faire chier l'autre jusqu'à ce qu'il en crève.
* Les tribunaux sont les otages de la volonté de nuire à l'autre, des jérémiades, des calculs d'apothicaires et de la mauvaise foi qui transpirent de toutes les procédures conflictuelles de séparation. Otages mais pas impuissants, grâce notamment au détachement et à la clairvoyance de l'intégralité des juges (on ne leur fait pas avaler n'importe quoi), mais aussi du détachement et du pragmatisme de la plupart des avocats. Je dis bien la plupart, et ce n'est pas parfait, mais ça demeure bien plus positif que ce que la plupart des gens imaginent. Globalement les avocats recherchent toujours la conciliation et quand il y a des enfants dans l'affaire ils privilégient leur intérêt à celui de leurs clients.
Il demeure que le principe de mélanger le naufrage d'une histoire d'amour, c'est à dire quelque chose d'intime, avec l'univers judiciaire est extrêmement sordide et pas forcément évident en termes de preuves. Attestations des proches, vieux emails et textos qui parlent d'amour, dans lesquels on stabilotte une phrase pour la balancer contre celui qui l'a écrite, détectives privés, j'en passe et des meilleures. Le carnaval des reproches croisés qu'on inscrit dans le marbre des écrits judiciaires à prix d'or (surtout si les avocats sont payés à l'heure), mais bon on prend soin de demander au tribunal que les frais de justice soient à la charge du perdant du procès alors tous les espoirs sont permis... Et je répète que beaucoup trop de gens, des jeunes à la tête légère et au sang chaud, mais aussi des personnes d'expérience, se vautrent là dedans pendant des années au lieu de vivre leur vie déjà bien plombée par la rupture. Et je répète que les juges vont lire tout ça en diagonale (à part dans le cas du divorce pour faute).
II] Essayons de nous prémunir contre ce genre de situations
A] Au niveau juridique
1) Dans le cas du mariage
* Il faut absolument un contrat de mariage qui va poser les bases du patrimoine personnel de chacun et du patrimoine commun du couple. Si les époux ne se donnent pas cette peine, le droit commun est la communauté de biens réduite aux acquêts.
En gros chacun sera propriétaire de ce qu'il possédait avant le mariage, des éventuels héritages, et de ses effets personnels. C'est pas trop mal mais on peut faire mieux, par exemple en choisissant un régime de séparation de biens et en organisant la participation financière à la vie commune.
* En plus du contrat de mariage, il faut absolument conserver les factures. Sinon pas moyen de prouver qu'est-ce qui appartient à qui...
Je veux pas vous pousser à la paranoïa mais il vaut mieux conserver ses factures personnelles hors de portée de l'autre. Rien de plus facile que d'ouvrir un tiroir, prendre une liasse de papier et la réduire en confettis...
2) En dehors du mariage
* Là encore, conserver soigneusement les factures.
* Reconnaître les enfants (pour les étourdis...)
* Avec le temps qui passe, le PACS est un bon moyen d'organiser le patrimoine. En plus ça permet d'organiser aussi la fiscalité du couple, notamment lorsqu'il a des enfants.
Quand je parle du temps qui passe, je veux dire que c'est le temps qui passe qui rend les ruptures difficiles. A la limite mieux vaut un divorce après un an de vie commune qu'une séparation de concubinage après 10 ans de vie commune.
B] Au niveau psychologique
Pour construire une histoire à long terme, faire des enfants et tout ça, on devrait toujours réfléchir à la manière dont l'élue de notre coeur gèrerait un divorce. On devrait toujours se demander si elle serait capable de faire la part des choses entre une séparation et l'importance du père pour l'équilibre de ses enfants.
Je sais bien que c'est flou, que c'est de la spéculation, mais j'ai quand même l'impression que ça se sent.
C'est un faisceau d'indices:
- Une fille qui parle de ses ex comme d'une bande de chiens bons pour l'abattoir, qui se vante de leur avoir fait payer tous leurs sales coups, ça sent pas bon.
- Une fille qui s'est brouillée définitivement avec des bons amis à elle pour des raisons qui vous paraissent légères, ça sent pas bon.
- Une fille qui a du mal à se remettre en cause, qui voit le monde en tout blanc tout noir, ça sent pas bon.
- Une fille qui est pour la peine de mort, ça sent pas bon. (que les partisans de la peine de mort me pardonnent et se focalisent sur des indices qui leurs paraissent plus pertinents).
- Une fille dont la mère est une vielle mégère bornée et aigrie, et qui d'année en année conserve un ascendant sur sa fille, ça sent pas bon. (ne comptez pas sur elle pour plaider pour la paix des braves...)
- Une fille stupide, teigneuse, intransigeante, égoïste, et qui se passionne pour secret story c'est vraiment mal barre. Mais pourquoi diable iriez-vous faire un enfant avec ce genre de personne???

Demandez-vous aussi si vous êtes capables de gérer un divorce et l'éducation d'un enfant avec une ex. Si vous êtes amoureux des histoires d'alpha attitude, ultra macho tendance jerk, ça doit être cool pour être le big boss à la maison, mais en cas de rupture, cette attitude ne sera pas forcément très productive pour l'éducation de vos enfants... Y'a des comportements qui passent à l'aise quand il y a de l'amour, et curieusement une fois que l'amour est parti l'autre ne se laisse plus faire.
En résumé, les procès c'est chiant, la connerie c'est nul, la méchanceté c'est mal, il faut conserver ses factures et se reproduire avec des femmes intelligentes.
Je me moque mais j'espère que la lecture de ce post vous invitera à réfléchir sur le très long terme.
Bonne bourre.