Il y a 3 ou 4 jours, passait sur Arte un documentaire intitulé "La Bisexualité, tout un Art ?". Bon, titre stupide, mais documentaire intéressant. La thèse, témoignages (assez qualitatifs) à l'appui, c'était que
1) ça demande beaucoup de maturité (qui vient avec l'expérience, la réflexion, la confiance en soi etc) pour reconnaître avoir des envies qui ne cadrent pas avec sa sexualité officielle (celle qu'on nous a inculquée, celle dans laquelle on s'est installé, etc)
2) mais malgré cela, en oubliant toute notion de "han c'est pas bien", c'était que la plupart des gens sont attirés par moments, de façon plus ou moins récurrente et présente, par des personnes du même sexe. Et même plus : davantage que de l'attirance ponctuelle pour des personnes, on a / on aurait tous des pulsions, des ENVIES de relations homosexuelles - peu importe avec qui.
C'était intéressant, dans le sens où le discours était assez différent de ce qu'on entend d'habitude sur le sujet. Et c'était appuyé de témoignages d'autant plus qualitatifs qu'ils étaient donnés par des personnes de tous âges, de tous milieux, dont certains (très) connus.
Y'avait un côté un peu plus sociologique, qui parlait de notre attirance pour les personnages androgynes (Mick Jagger, Iggy Pop, David Bowie, les Beattles, ont tous eu des relations bisexuelles, ouvertement ou moins ouvertement, et ça n'enlève pourtant rien à leur statut de sex-symbols.
Autre truc très intéressant: un mec disait, en gros, qu'être hétéro, c'était soit être un homme qui doit faire son "métier" d'homme et niquer des femmes; ou être une femme et faire son métier de femme "se faire niquer / niquer des hommes". Et que donc, ta sexualité t'enfermait dans un rôle, que tu devais à tout pris respecter.
Mais que quand tu devenais (?) bisexuel, tout le cadre explosait: tu te libérais de ces notions pour entrer dans un autre type de schéma, plus orienté "Je suis un adulte, je m'éclate avec qui je veux, comme je veux, et c'est pas grave, c'est juste du sexe et ça ne change rien à qui je suis".
En gros, ça pose la sexualité comme une frame, que tu fais exploser lorsque tu casses la principale règle... et t'accèdes à une frame tout à fait différente, où tu n'es plus DU TOUT défini en fonction de avec qui tu baises.
Enfin bref. J'ai pas spécialement d'avis sur la question, mais c'était intéressant, surprenant (notamment de voir le succès de soirées BI à Paris, et la quantité de jeunes hommes & femmes, notaires et pompiers qui y allaient complètement décomplexés).
Le documentaire se terminait par Beigbeder qui disait quelque chose comme ça (j'adore).
Pour ceux que ça intéresse, j'ai trouvé un lien de téléchargement (CLIC DROIT, ENREGISTRER SOUS..., divX, 100mo) ici : http://vitaroo.perso.neuf.fr/betolerant ... un_art.aviC'est très con, ma sexualité m'impose de devoir me coltiner des filles capricieuses avec qui je ne m'entendrait jamais plus de quelques nuits. C'est beaucoup d'emmerdes pour pas grand chose. Depuis 42 ans, mon hétérosexualité me pose énormément de problèmes. Mais bon, je joue le jeu car c'est ce que je suis.
Je n'ai jamais été attiré par un mec. Mais peut être est-ce juste parce que je n'ai pas encore rencontré la bonne personne ? Le mec pour qui je me dis "Wow, il est sexy en slip..."
Et donc voilà, pour expliquer le titre de ce post: et si nous n'avions pas de sexualité fixe et constante, mais plutôt, une orientation sexuelle qui varie avec le temps, les expériences et notre "étiquetage" (conditionnement que l'on a reçu, et que l'on se fait à soi-même, en d'autres termes, le couvercle qu'on met sur la bisexualité qui choque, et que l'on soulève avec plus ou moins de facilité selon qu'on est plus ou moins open et libre).