Infidélité et instinct naturel
Posté : 17.04.12
Cela fait plusieurs fois que j’évoque ma vision de la fidélité et force m’est de constater que le sujet ne laisse personne indifférent. A chacun sa définition de l’infidélité : pour certains, elle commence dès le fantasme. Pour d’autres, à la première aventure d’un soir. Pour d’autres encore, quand les sentiments s’en mêlent. Je vais donc tenter d’aborder ici la problématique de la façon la plus neutre possible.
Ennui, besoin de séduire, de se rassurer..., nous avons mille raisons d’avoir envie d’amours buissonnières. Et de passer à l’acte. Si l’infidélité n’est jamais anodine pour un couple, elle n’est pas incompatible avec l’amour assurent les spécialistes. Alors qu’est-ce qui nous fait culpabiliser à ce point ?
Pourtant, pas un jour sans publicité, sans reportage sur le dernier site de rencontres pour gens mariés ou sur celui qui fournit un alibi aux infidèles ; sans analyses expertes sur le libertinage ou autres pratiques sexuelles (dont celles des footballeurs...). Tout nous pousse à croire que l’infidélité serait une sorte de mode à suivre, affranchie des jugements moraux implicites ou des états d’âme culpabilisants. Alors, en effet, il y a eu une véritable libération des esprits et des corps, entraînée par Mai 68, les mouvements féministes, la contraception et l’éclatement des repères. Oui, la loi aussi a évolué : la notion criminelle de l’adultère a disparu, ainsi que le divorce pour faute. Et pourtant, si les instances sociales ont bougé, individuellement, la norme du mariage monogame est toujours présente. A l’ère du “je-veux-tout”, nombreux sont ceux qui s’appliquent à s’épanouir individuellement sans pour autant sacrifier leur couple, à aimer tout en se sentant libres, à vivre un amour infidèle.
Le sociologue Gérard Mermet écrit dans son ouvrage Francoscopie, “la mobilité du monde moderne et l’allongement de la vie expliquent qu’une même personne peut connaître une succession de vies conjugales au cours de son existence. On assiste ainsi, depuis quelques années, à une augmentation du nombre de personnes menant une double, voire une triple vie sentimentale.” Selon lui, cette polygamie clandestine naît du besoin de changement et de la volonté de concilier la stabilité du mariage avec le piment de la vie extraconjugale. Et, plus que celui des hommes, c’est le discours des femmes sur l’infidélité qui a changé. Il se pose désormais en termes d’option possible et non plus d’interdits à transgresser. Selon un sondage Ifop, si huit femmes sur dix valorisent la fidélité, 11 % seulement l’estiment “obligatoire”. La position des hommes et des femmes face à l’infidélité est en train de s’égaliser. La répression légale et morale qui pesait sur les femmes les empêchait de se livrer à la curiosité sexuelle. Ce n’est plus le cas. D’où la position quasi militante de certaines, qui revendiquent une liberté sexuelle calquée sur le modèle masculin. Là est la nouveauté : choisir l’infidélité ou la fidélité selon des critères personnels, et non plus en adéquation avec des “rôles” culturellement prédéterminés.
Gérer sa culpabilité et ne pas faire souffrir l’autre, c’est le double défi qui se présente à tout candidat à l’infidélité. Car, à moins de maîtriser totalement ses sentiments, l’infidélité peut difficilement aller sans souffrance. Surmonter cette culpabilité exige de pouvoir clairement faire l’état des lieux de sa relation et de savoir ce que l’on cherche dans cet “ailleurs” pour que l’infidélité ne soit pas une fuite en avant éternellement recommencée. Le discours commun à ce sujet met en avant le désir de se revaloriser dans un regard neuf, de se procurer des sensations fortes ou encore un épicurisme revendiqué. Mais l’inconscient a des raisons que la raison, justement, ignore. Ainsi, tout ce que l’on met en jeu dans l’infidélité peut amener à se poser des questions sur soi et à des répercussions dans la relation à son partenaire. Pourtant, être infidèle à l’autre peut être un passage obligé pour rester fidèle à soi-même. Une liberté que l’on s’octroie afin de ne pas trahir celui ou celle que l’on est, un individu aux désirs multiples et parfois contradictoires.
Au début de la relation, notre partenaire est notre seul objet de désir. Mais avec le temps, nous nous mettons de nouveau à regarder autour de nous et d’autres hommes, d’autres femmes, viennent alors titiller nos sens. Et pour cause : par essence, le désir est complexe et imprévisible. Combien sommes-nous à rêver parfois à quelqu’un d’autre ? Ou à se torturer à l’idée que s’il désire quelqu’un d’autre, c’est qu’il ne nous aime plus ? Le désir n’est pas de l’amour. Certains ont l’impression que ne plus penser à quelqu’un 24 heures sur 24, c’est ne plus l’aimer. Cet état hormonal est celui des débuts. Un couple est quelque chose de beaucoup plus complexe et profond. Et on peut être attiré par quelqu’un sans être pour autant infidèle à son ou sa partenaire et tout en continuant à aimer ce(tte) dernier(e). La clé : ne pas confondre tentation, fantasme, et passage à l’acte. Face à la manifestation de son désir, toute la question est de savoir ce que l’on va décider de faire : succomber ? Ou au contraire, trouver de la satisfaction à être un “résistant” ? Il y a deux manières de résister. On peut se dire que ce n’est pas vrai et tourner la page. Mais c’est prendre le risque de se fermer, de perdre le désir, à commencer par celui pour son compagnon. Ou l’on peut se permettre de rêver, de se donner la liberté de ses envies, même, si à côté de soi, notre partenaire est en train de dormir. Chez certaines personnes, l’infidélité est un mode de vie. “Ce n’est pas un problème si l’on est en paix avec cela”, explique Maryse Vaillant, psychoclinicienne. “Il est tout à fait possible de se satisfaire d’être le ou la ‘principal(e)’, la personne avec laquelle son conjoint a fait des enfants, acheté une maison, tout en sachant qu’il ou elle papillonne ailleurs.” La monogamie n’est d’ailleurs pas naturelle pour notre espèce, elle est culturelle. On peut aimer plusieurs personnes à la fois. Cela appartient à notre réalité psychique.
C’est finalement, à chacun de composer en fonction de ses valeurs, de ses désirs et de ses limites. Face à l’infidélité, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise attitude. Ni de bonne ou de mauvaise réponse. De cette situation, un couple peut sortir plus fort, grandi. Car parfois, elle aide à savoir que c’est avec son conjoint que l’on veut faire sa vie.
Ennui, besoin de séduire, de se rassurer..., nous avons mille raisons d’avoir envie d’amours buissonnières. Et de passer à l’acte. Si l’infidélité n’est jamais anodine pour un couple, elle n’est pas incompatible avec l’amour assurent les spécialistes. Alors qu’est-ce qui nous fait culpabiliser à ce point ?
Pourtant, pas un jour sans publicité, sans reportage sur le dernier site de rencontres pour gens mariés ou sur celui qui fournit un alibi aux infidèles ; sans analyses expertes sur le libertinage ou autres pratiques sexuelles (dont celles des footballeurs...). Tout nous pousse à croire que l’infidélité serait une sorte de mode à suivre, affranchie des jugements moraux implicites ou des états d’âme culpabilisants. Alors, en effet, il y a eu une véritable libération des esprits et des corps, entraînée par Mai 68, les mouvements féministes, la contraception et l’éclatement des repères. Oui, la loi aussi a évolué : la notion criminelle de l’adultère a disparu, ainsi que le divorce pour faute. Et pourtant, si les instances sociales ont bougé, individuellement, la norme du mariage monogame est toujours présente. A l’ère du “je-veux-tout”, nombreux sont ceux qui s’appliquent à s’épanouir individuellement sans pour autant sacrifier leur couple, à aimer tout en se sentant libres, à vivre un amour infidèle.
Le sociologue Gérard Mermet écrit dans son ouvrage Francoscopie, “la mobilité du monde moderne et l’allongement de la vie expliquent qu’une même personne peut connaître une succession de vies conjugales au cours de son existence. On assiste ainsi, depuis quelques années, à une augmentation du nombre de personnes menant une double, voire une triple vie sentimentale.” Selon lui, cette polygamie clandestine naît du besoin de changement et de la volonté de concilier la stabilité du mariage avec le piment de la vie extraconjugale. Et, plus que celui des hommes, c’est le discours des femmes sur l’infidélité qui a changé. Il se pose désormais en termes d’option possible et non plus d’interdits à transgresser. Selon un sondage Ifop, si huit femmes sur dix valorisent la fidélité, 11 % seulement l’estiment “obligatoire”. La position des hommes et des femmes face à l’infidélité est en train de s’égaliser. La répression légale et morale qui pesait sur les femmes les empêchait de se livrer à la curiosité sexuelle. Ce n’est plus le cas. D’où la position quasi militante de certaines, qui revendiquent une liberté sexuelle calquée sur le modèle masculin. Là est la nouveauté : choisir l’infidélité ou la fidélité selon des critères personnels, et non plus en adéquation avec des “rôles” culturellement prédéterminés.
Gérer sa culpabilité et ne pas faire souffrir l’autre, c’est le double défi qui se présente à tout candidat à l’infidélité. Car, à moins de maîtriser totalement ses sentiments, l’infidélité peut difficilement aller sans souffrance. Surmonter cette culpabilité exige de pouvoir clairement faire l’état des lieux de sa relation et de savoir ce que l’on cherche dans cet “ailleurs” pour que l’infidélité ne soit pas une fuite en avant éternellement recommencée. Le discours commun à ce sujet met en avant le désir de se revaloriser dans un regard neuf, de se procurer des sensations fortes ou encore un épicurisme revendiqué. Mais l’inconscient a des raisons que la raison, justement, ignore. Ainsi, tout ce que l’on met en jeu dans l’infidélité peut amener à se poser des questions sur soi et à des répercussions dans la relation à son partenaire. Pourtant, être infidèle à l’autre peut être un passage obligé pour rester fidèle à soi-même. Une liberté que l’on s’octroie afin de ne pas trahir celui ou celle que l’on est, un individu aux désirs multiples et parfois contradictoires.
Au début de la relation, notre partenaire est notre seul objet de désir. Mais avec le temps, nous nous mettons de nouveau à regarder autour de nous et d’autres hommes, d’autres femmes, viennent alors titiller nos sens. Et pour cause : par essence, le désir est complexe et imprévisible. Combien sommes-nous à rêver parfois à quelqu’un d’autre ? Ou à se torturer à l’idée que s’il désire quelqu’un d’autre, c’est qu’il ne nous aime plus ? Le désir n’est pas de l’amour. Certains ont l’impression que ne plus penser à quelqu’un 24 heures sur 24, c’est ne plus l’aimer. Cet état hormonal est celui des débuts. Un couple est quelque chose de beaucoup plus complexe et profond. Et on peut être attiré par quelqu’un sans être pour autant infidèle à son ou sa partenaire et tout en continuant à aimer ce(tte) dernier(e). La clé : ne pas confondre tentation, fantasme, et passage à l’acte. Face à la manifestation de son désir, toute la question est de savoir ce que l’on va décider de faire : succomber ? Ou au contraire, trouver de la satisfaction à être un “résistant” ? Il y a deux manières de résister. On peut se dire que ce n’est pas vrai et tourner la page. Mais c’est prendre le risque de se fermer, de perdre le désir, à commencer par celui pour son compagnon. Ou l’on peut se permettre de rêver, de se donner la liberté de ses envies, même, si à côté de soi, notre partenaire est en train de dormir. Chez certaines personnes, l’infidélité est un mode de vie. “Ce n’est pas un problème si l’on est en paix avec cela”, explique Maryse Vaillant, psychoclinicienne. “Il est tout à fait possible de se satisfaire d’être le ou la ‘principal(e)’, la personne avec laquelle son conjoint a fait des enfants, acheté une maison, tout en sachant qu’il ou elle papillonne ailleurs.” La monogamie n’est d’ailleurs pas naturelle pour notre espèce, elle est culturelle. On peut aimer plusieurs personnes à la fois. Cela appartient à notre réalité psychique.
C’est finalement, à chacun de composer en fonction de ses valeurs, de ses désirs et de ses limites. Face à l’infidélité, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise attitude. Ni de bonne ou de mauvaise réponse. De cette situation, un couple peut sortir plus fort, grandi. Car parfois, elle aide à savoir que c’est avec son conjoint que l’on veut faire sa vie.