Votre avis: le voyage intérieur au ralenti
Posté : 02.08.13
« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. » — M. Proust.
Voilà maintenant plus de deux ans que j'ai changé de vie.
D'un appart dans le quartier latin, à Paris, avec un boulot de consultant et une position qui m'épargnait les principaux inconvénients habituellement liés à ce genre de job, j'ai voulu aller voir plus loin. Au lieu de suivre plus avant les objectifs « par défaut » donnés par la société, j'ai voulu un nouveau départ. Non pas pour renier le premier chapitre du livre de ma vie, que j'ai aimé et que j'aime toujours, mais pour m'offrir l'opportunité d'un nouveau chapitre.
J'ai retrouvé mes rêves d'enfant. Je voulais voir le monde. Je voulais vivre des milliers de vies, avoir des milliers d'histoires à me souvenir et de rencontres à apprécier. Je voulais me réveiller chaque matin sans savoir à quoi ressemblerait ma journée, mais avec la certitude que ce ne serait pas à une journée précédente. Alors j'ai quitté mon travail, j'ai vendu mes affaires, j'ai rendu les clés de mon appart et j'ai dit aurevoir à ma famille et mes amis.
Et puis je suis parti, un pied devant l'autre, pour voir le monde en 5, peut-être 8 ans.
Voilà plus de deux ans que je marche. J'ai traversé l'Europe à pied, je suis aux portes de la Turquie (à Burgas, en Bulgarie pour les curieux). Tellement de choses ont changé. J'ai vécu les meilleurs moments de ma vie, j'ai descendu 200km de rivière sur un radeau en bouteilles et palettes que j'ai construit moi-même, je me suis arrêté 4 mois pour taffer à Belgrade, j'ai appris à parler serbe, j'ai croisé des quantités de gens de tous horizons, du grand-père albanais à la volontaire italienne paumée en Macédoine, j'ai marché le long des plages sauvages de la mer Noire… J'ai vécu les pires aussi, je me souviens de nuits par -20°C, à cracher mes tripes à poil sur le verglas, dos coincé ; je suis passé à deux doigts de me noyer, j'ai dû défendre ma nana contre des allumés au milieu de la nuit…
Mais des bons moments aux mauvais, j'ai senti la vie vibrer dans ma chair comme jamais. Je me suis trouvé des ressources que je n'avais jamais soupçonnées, et j'ai appris à chérir les mauvaises passes tout comme les bonnes. J'ai appris énormément sur moi-même, j'ai appris à être présent, apprécier le lieu et l'instant, j'ai appris à relativiser les mauvais moments et garder allumée au fond de moi la flamme. J'ai réappris la violence et la colère et ce faisant j'ai pu me reconnecter à une part de moi-même.
Quand on voyage à pied, une grande partie du voyage est intérieur. Mais aujourd'hui, j'ai atteint une zone de flottement. Tout ce qui, il y a deux ans, était nouveau, me semble aujourd'hui familier. Trouver où dormir le soir, gérer mes réserves et briser la glace avec les gens que je rencontre fait partie du quotidien et j'ai le sentiment de m'être installé dans une routine. Je me déplace toujours, mais j'ai la sensation de ne plus voyager. Alors je m'interroge.
Est-ce la familiarité des lieux qui m'arrête ? Après deux ans dans les Balkans, est-il possible que je m'y sente chez moi au point d'en avoir fait une zone de confort ? Ai-je simplement perdu la capacité d'apprécier le lieu et l'instant sans me poser de questions, provoquant un questionnement vain et sans intérêt ? Suis-je au contraire à la croisée des chemins, au seuil d'une nouvelle étape pas encore enclenchée ? Se pourrait-il que le voyage intérieur se dessine comme une spirale au plus profond de la conscience, où chaque étape franchie dévoilerait la suivante, plus obscure et plus dure ?
J'ai beaucoup de mal à faire le point. Je sens que la réponse est interne, mais j'ai le sentiment de stagner depuis maintenant plusieurs mois. C'est d'autant plus frustrant que je suis plein d'énergie et de motivation, je ne sais juste plus qu'en faire. Aussi j'aimerais savoir: avez-vous déjà eu ce genre de passages à vide ?, si vous avez des idées ou des méthodes pour faire le point ? Voire, pourquoi pas, des idées de directions que je pourrais prendre si elles m'inspirent ou pour m'occuper en attendant d'y voir plus clair.
Voilà maintenant plus de deux ans que j'ai changé de vie.
D'un appart dans le quartier latin, à Paris, avec un boulot de consultant et une position qui m'épargnait les principaux inconvénients habituellement liés à ce genre de job, j'ai voulu aller voir plus loin. Au lieu de suivre plus avant les objectifs « par défaut » donnés par la société, j'ai voulu un nouveau départ. Non pas pour renier le premier chapitre du livre de ma vie, que j'ai aimé et que j'aime toujours, mais pour m'offrir l'opportunité d'un nouveau chapitre.
J'ai retrouvé mes rêves d'enfant. Je voulais voir le monde. Je voulais vivre des milliers de vies, avoir des milliers d'histoires à me souvenir et de rencontres à apprécier. Je voulais me réveiller chaque matin sans savoir à quoi ressemblerait ma journée, mais avec la certitude que ce ne serait pas à une journée précédente. Alors j'ai quitté mon travail, j'ai vendu mes affaires, j'ai rendu les clés de mon appart et j'ai dit aurevoir à ma famille et mes amis.
Et puis je suis parti, un pied devant l'autre, pour voir le monde en 5, peut-être 8 ans.
Voilà plus de deux ans que je marche. J'ai traversé l'Europe à pied, je suis aux portes de la Turquie (à Burgas, en Bulgarie pour les curieux). Tellement de choses ont changé. J'ai vécu les meilleurs moments de ma vie, j'ai descendu 200km de rivière sur un radeau en bouteilles et palettes que j'ai construit moi-même, je me suis arrêté 4 mois pour taffer à Belgrade, j'ai appris à parler serbe, j'ai croisé des quantités de gens de tous horizons, du grand-père albanais à la volontaire italienne paumée en Macédoine, j'ai marché le long des plages sauvages de la mer Noire… J'ai vécu les pires aussi, je me souviens de nuits par -20°C, à cracher mes tripes à poil sur le verglas, dos coincé ; je suis passé à deux doigts de me noyer, j'ai dû défendre ma nana contre des allumés au milieu de la nuit…
Mais des bons moments aux mauvais, j'ai senti la vie vibrer dans ma chair comme jamais. Je me suis trouvé des ressources que je n'avais jamais soupçonnées, et j'ai appris à chérir les mauvaises passes tout comme les bonnes. J'ai appris énormément sur moi-même, j'ai appris à être présent, apprécier le lieu et l'instant, j'ai appris à relativiser les mauvais moments et garder allumée au fond de moi la flamme. J'ai réappris la violence et la colère et ce faisant j'ai pu me reconnecter à une part de moi-même.
Quand on voyage à pied, une grande partie du voyage est intérieur. Mais aujourd'hui, j'ai atteint une zone de flottement. Tout ce qui, il y a deux ans, était nouveau, me semble aujourd'hui familier. Trouver où dormir le soir, gérer mes réserves et briser la glace avec les gens que je rencontre fait partie du quotidien et j'ai le sentiment de m'être installé dans une routine. Je me déplace toujours, mais j'ai la sensation de ne plus voyager. Alors je m'interroge.
Est-ce la familiarité des lieux qui m'arrête ? Après deux ans dans les Balkans, est-il possible que je m'y sente chez moi au point d'en avoir fait une zone de confort ? Ai-je simplement perdu la capacité d'apprécier le lieu et l'instant sans me poser de questions, provoquant un questionnement vain et sans intérêt ? Suis-je au contraire à la croisée des chemins, au seuil d'une nouvelle étape pas encore enclenchée ? Se pourrait-il que le voyage intérieur se dessine comme une spirale au plus profond de la conscience, où chaque étape franchie dévoilerait la suivante, plus obscure et plus dure ?
J'ai beaucoup de mal à faire le point. Je sens que la réponse est interne, mais j'ai le sentiment de stagner depuis maintenant plusieurs mois. C'est d'autant plus frustrant que je suis plein d'énergie et de motivation, je ne sais juste plus qu'en faire. Aussi j'aimerais savoir: avez-vous déjà eu ce genre de passages à vide ?, si vous avez des idées ou des méthodes pour faire le point ? Voire, pourquoi pas, des idées de directions que je pourrais prendre si elles m'inspirent ou pour m'occuper en attendant d'y voir plus clair.