Valmont a écrit :
Pour conclure, pose-toi surtout bien la question de pourquoi tu veux faire ce job.
Peut-être qu'il a envie de se faire sa propre expérience? Peut-être qu'il a pas envie de bosser à mcdo pour l'été?
Dis-moi, s'il avait dit vouloir être avocat d'affaire, est-ce que tu lui aurais posé la même question?
Je trouve toujours ça drôle de voir les réactions suscitées par ce travail.
Ensuite, il faut bien réaliser que si les ONG ont besoin de ce genre de système, c'est bien parce qu'elle ne sont pas capables d'atteindre les gens autrement. Et c'est à cet aspect qu'elles devraient s'attaquer.
Pas obtenir un geste d'adhésion en manipulant les donateurs. Car c'est bien de la manipulation, puisqu'on estime qu'on doit employer ce genre de moyen pour que les gens donnent.
Tu as déjà vu des affiches de pub dans le métro non? Tu as bien vu les appels aux dons à la télé quand il y a une catastrophe naturelle?
Et on t'a certainement déjà envoyé des courriers pour te demander de donner à telle ou telle ONG.
Est-ce que pour autant tu as déjà fait un don à une ONG? Il y a fort à parier que tu as déjà fait des dons au SDF que tu croises en bas de chez toi, mais à une ONG c'est moins probable. Parce qu'on donne pour quelqu'un qu'on a en face de soi, c'est humain.
De plus, même en supposant que tu aies déjà fait un don à une ONG pour une catastrophe, il y a fort à parier que c'était un don ponctuel.
Or les recruteurs prennent des dons réguliers, ce qui est bien évidemment plus efficace pour le fonctionnement d'une ONG.
Je pense que tu es content d'avoir ton salaire tous les mois, une ONG c'est pareil.
Donc le don régulier permet une réactivité dans l'urgence, et une indépendance.
L'argent donné par les donateurs, c'est autant d'argent qu'une ONG n'a pas besoin d'aller chercher auprès de la fondation Air France ou BNP Paribas.
Quant à la manipulation il n'y a point, en tous cas en France. On ne m'a jamais formé aux techniques du type "mettre un pied dans la porte" ou que-sais-je pour que le mec donne.
La seule chose qu'on nous apprend c'est 1) sympathiser avec la personne, 2) présenter l'association, 3) proposer le soutien, 4) répondre à ses doutes et craintes.
Dans tous les cas, quand un mec nous dit clairement non on lâche l'affaire, en tous cas c'est comme ça que j'ai été formé.
Et quant à répondre à ses craintes et doutes il ne s'agit aucunement d'essayer de lui retourner le cerveau, simplement de lui montrer où ira son argent, ce qu'on fera avec, en quoi ça ne va pas forcément impacter son quotidien, etc...
On n'est pas là pour mettre le couteau sous la gorge et retourner le cerveau des gens, on est là pour trouver des gens intéressés et leur montrer que c'est possible de donner.
Pour moi il n'y a pas de manipulation là-dedans.
De plus la manipulation est contre-productive, un mec qui se sent manipulé va rester 3 mois et résilier son don parce qu'il se sera senti floué, or le but est quand même qu'il garde un souvenir agréable de son interaction et qu'il reste longtemps.
On nous répète constamment qu'on porte l'image de l'ONG et qu'à cause de ça on doit faire attention.
De plus n'importe quel personne croisé dans la rue peut toujours aller se plaindre à l'ONG concerné.
Il y a toujours des brebis galeuses oui. Mais généralement ils ne restent pas longtemps.
Là encore ce que je dis s'applique à la France.
Là où je suis d'accord c'est que ce genre d'activités ne devrait pas être assuré par des boites privées, mais par l'ONG elle-même.
Parce qu'une boite privée a un impératif de rentabilité, donc aura plus tendance à mettre la pression sur son employé pour qu'il fasse du chiffre, là où en étant employé de l'ONG ce problème sera moindre, vu que de toute façon l'ONG n'y joue pas sa survie.
Concernant le pognon investi, Action contre la faim France c'est un budget de 110 millions d'euros, dont 12% pour la recherche de fonds, 5 pour le fonctionnement et 83 pour les missions sociales. Et ACF c'était 3 millions de bénéficiaires en 2013.
Autrement dit, un peu plus de 11 millions d'euros investis pour aider 3 millions de personnes.
Je répondrais par deux questions: après avoir signé, combien de donateurs se sentent-il vraiment concernés par l'ONG à laquelle ils donnent ? Combien ont-il eu du plaisir à ce contact (initié par une personne pas forcément très concernée par les buts de l'ONG) ? Je serais prêt à parier que le 90% ne résilie pas ses dons uniquement par effet de gel.
Effectivement, peu de gens font un don régulier pour l'association elle-même, mais plus largement pour la personne qui la représente, la bulle qu'on a créé avec, c'est 80% du boulot.
Mais forcément si c'est 80% du boulot et que ça marche, c'est que la personne a pris plaisir à ce contact, et que c'est pour ça qu'elle signe et reste.