La culture de la "gagne"

Note : 22

le 03.07.2017 par vercettiboy22

13 réponses / Dernière par Poordonkey le 08.07.2017, 03h59

Etat d'esprit / psychologie / dev perso / vie intérieure.
Un forum pour celles et ceux qui s'intéressent au dev perso, à l'équilibre intérieur, à la psychologie. Surmonter ses blocages, ses croyances limitantes, nourrir et développer ses forces, etc.
Dernièrement en regardant les performances françaises sportives, un défaut revient souvent au moment de décrire ces performances : "Ils n'ont pas la culture de la gagne".

intrigué par ce relâchement collectif français, je me suis intéressé à ce qu'on appelle la culture de la gagne. A savoir, qu'est-ce qui active chez quelqu'un la concrétisation d'un projet à enjeu en "gagnant" là où parfois certains échouent.

Dans le cadre du sport, on peut certes parler du facteur "incertitude" voir "chance" mais ce n'est pas un seul paramètre. La chance est une aide à ne pas négliger mais elle n'est pas seule force motrice.


En cherchant sur internet, je trouve le témoignage d'une triathlète française (http://www.fftri.com/files/pdf/La%20cul ... 0Gagne.pdf) qui explique ce qu'elle entend par culture de la gagne.

"S'engager dans un projet fort, ambitieux et mettre tout en oeuvre pour le réaliser"

Un postulat de départ intéressant et pourtant, je le trouve un peu incomplet. Comme si le seul fait de dire "je suis ambitieux sur tel projet" nous assurait la victoire. On imagine que tous les sportifs qui parviennent au haut niveau ont l'ambition de remporter des titres majeurs, pourtant bien peu y arrivent.
Ensuite le paramètre "effort". Oui mais qu'est-ce qui explique qu'Antoine Griezmann par exemple, ait tant de fois échoué si près du but alors que dans le même temps Cristiano Ronaldo atteignait les sommets.

Passionné, déterminée mais aussi entourée

Là encore, cette réponse semble incomplète. Tous les sportifs sont passionnés par leur discipline mais aussi entourés. On peut mentionner des cas d'errance (des mauvais choix d'entourage par exemple) mais cela n'empêche pas Benzema qui est un des cas les plus décriés, d’enchaîner les titres majeurs dans son sport.


Alors au final, qu'est-ce qui distingue selon vous les sportifs qui atteignent les ambitions qu'ils se sont fixés de ceux qui n'y parviennent pas?

De même, on peut tourner la question au-delà du cercle sportif. Comment deux personnes à ambition égale, qui s'arrachent de la même manière, peuvent voir leurs résultats différés : l'un échoue quand l'autre réussit ?


Selon vous qu'est ce que la culture de la gagne? Peut-on se dire qu'on possède une telle culture en soi en échouant malgré tout?
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  • [+1] Intéressant le 03.07.17, 18h18 par Onmyoji
  • [0] Tu t'y prends mal le 07.07.17, 05h34 par Iskandar
Est ce qu'ils s'arrachent vraiment pareil?
Les athlètes français font souvent pas que ça dans la vie, donc ils sont pas dédiés corps et âme à leur sport.
Tu prends les athlètes russes ou chinois, ils endurent des niveaux d'entrainement et de punitions physiques qui nous feraient rameuter les organisations humanitaires...

Est qu'ils ont la même approche?
Entre "l'important c'est de participer" et "si je perds c'est la honte, le déshonneur, ma vie est foutue", je pense que le second trouvera plus les ressources de se battre quand il sent le vent tourner.
Ça vient certainement avec plus de stress, il y a peut-être moins de plaisir direct à performer, mais plus dans la compétition et à réussir à dépasser les autres.

J'ai aussi souvent entendu que les français avaient de l'affection pour les perdants magnifiques, les éternels seconds, exemple au tennis (forget, leconte), en cyclisme, etc.
C'est sans doute lié.
D'autres cultures préfèrent les gagnants (ça dépend du sport aussi, les footix sont pas particulièrement bons perdants)
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  • [+1] Il y'a du vrai... le 04.07.17, 09h53 par Apheleia
De même, on peut tourner la question au-delà du cercle sportif. Comment deux personnes à ambition égale, qui s'arrachent de la même manière, peuvent voir leurs résultats différés : l'un échoue quand l'autre réussit ?
Poser la question ainsi, c'est croire qu'il y a un élément qui fait toute la différence. C'est vouloir faire de la séparation en croyant trouver les éléments adéquats. Je pense que tous les facteurs sont inséparables les uns des autres.

Le contexte (équipe / richesse / coéquipier / infrastructure).
Talent
Travail (qualité de la méthodologie, autoévaluation, niveau du coach, discipline et rigueur)
Culture
Hasard

Il y a encore plein d'autres paramètres qui va influencer l'ambition et l'arrachement.
Ce n'est pas parce qu'on s'arrache qu'on y arrive, le croire c'est se fourvoyer. Les chinois s'arrachent en football (la nouvelle mode) pourtant les différents entraîneurs européens là-bas expliquent qu'ils n'y arrivent pourtant pas. Cela peut être expliquer culturellement en partie (pas que, c'est pour expliquer que cela ne suffit pas). C'est multifactoriel et je crois qu'il est nécessaire de s'interroger sur cette question en englobant plutôt qu'en séparant (la recherche de ce qui est déterminant). Cela dit, personnellement, j'y vois que de l’esbroufe dans la culture de la gagne, c'est de la narration.

Je répondrai aux questions un peu plus tard. :)
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  • [+3] le 07.07.17, 05h35 par Iskandar
Là tu mets le doigt sur un vaste sujet. Je vais prendre pour exemple le sport que je connais le mieux, le foot. (si d'autres personnes peuvent parler d'autres sports, ça pourrait être passionnant)

Dans son livre "Football à la française" (un des meilleurs ouvrages de foot parus ces dernières années, à lire d'urgence si le sujet vous intéresse), le journaliste Thibaud Leplat a entrepris de faire l'idiosyncrasie (l'histoire et l'identité, à la louche) du foot français. Et on y retrouve tous les tourments idéologiques qui l'ont traversé, des années 30 à aujourd'hui.

Traditionnellement, dans le foot français, on est très forts pour les idées, mais moins pour les appliquer sur le terrain.

Jules Rimet a inventé la Coupe du Monde de Football, Gabriel Hanot a inventé la Coupe d'Europe des Clubs champions et le Ballon d'Or. La tactique du "tourbillon" mise en place par le Racing Club de France dans les années 30 est l'une des influences de l'Ajax 70's, puis du Barça que l'on connaît. Dans un autre style, le catenaccio, système de jeu très défensif en vogue dans les années 60, a été inventé par Helenio Herrera, ex-international français qui l'avait mis en place à Charleville-Mézières dans les années 30, là encore.

Le foot français, pour le dire grossièrement, est traditionnellement déchiré entre un """foot de gauche""" (l'accent est mis sur l'intelligence et l'animation, davantage que sur la forme physique), celui du grand Reims, le jeu à la Nantaise, l'équipe de France 1978-86 de Michel Hidalgo et son carré magique...et un """foot de droite""", davantage marqué par l'effort physique, les duels, l'efficacité. C'est le foot de Deschamps, d'Aimé Jacquet, du sinistre Gérard Houillier... (c'est d'ailleurs pour ça que l'on se fait autant chier devant les matchs de l'Equipe de France depuis plus de 10 ans, vaste sujet.)

Quel est le rapport avec la culture de la gagne tu me diras? Dans le cas du foot, je dirais qu'il y a d'abord une certaine suffisance, "nous avons tout créé, nous n'avons pas de leçons à recevoir", quelque chose d'inconscient, de bureaucratique, mais très présent. Les footballeurs qui sont transférés en Angleterre, Espagne ou Allemagne sont souvent surpris de l'intensité des entraînements. A contrario, les entraîneurs étrangers qui commencent à arriver en masse dans notre championnat sont parfois effarés du manque de professionnalisme à tous les niveaux. La culture de la gagne, que l'on peut observer dans d'autres pays, c'est la remise en question permanente, la faim insatiable, là où chez nous, on a tendance à se reposer sur nos acquis en se disant que ça passera de toute manière. Nous avons de bonnes idées mais nous sommes le pays des petits arrangements entre amis, de la suffisance, du "je reste droit dans mes bottes même si la réalité me contredit".

L'apport de ces entraîneurs étrangers dans notre championnat, en cela, est une petite révolution. Un Jardim à Monaco cite Edgar Morin à tout bout de champ. Un Unai Emery, sur lequel on vomit allégrement, fourmille d'idées et ne va pas tarder à imposer sa patte. Et j'ai bon espoir que d'ici quelques années, ces idées se diffuseront à plus grande échelle jusqu'à infuser dans les vieux esprits de la Fédération.
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  • [+2] Très intéressant le 04.07.17, 04h24 par Onmyoji
  • [+2] Intéressant le 04.07.17, 08h53 par Mr.Smooth
  • [+2] le 07.07.17, 05h41 par Iskandar
Je trouve cela bizarre de tant décrier l'esprit français quand on connaît un peu la machine qu'elle a été, est encore, à produire des champions du monde... quasiment tous sports confondus (handball, football, natation, gymnastique, ski alpin...). Je serais curieux que l'on compare nos résultats "de cette culture de la défaite" avec d'autres pays dans la "culture de la gagne".

Même si cela met en contraste une notion idéologique très intéressante, je me poserais plutôt la question : qu'est-ce qui a fait qu'on a pu produire tant de champions sans cette "culture de la gagne" ?

Pourquoi devrait-on forcément copier d'autres modèles quand on sait déjà créer des champions, qui plus est d'une manière plus 'douce' ?... Voilà une façon de penser bien mainstream... Car à part des jugements de valeurs je ne vois pas grand chose d'autre là-dedans (ceci étant dit avec un peu de déception peut-être, mais sans animosité aucune).
Nous avons de bonnes idées mais nous sommes le pays des petits arrangements entre amis, de la suffisance, du "je reste droit dans mes bottes même si la réalité me contredit".
Pfiou, rien que ça.

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Autrement pour les chinois et le football c'est pas très compliqué à comprendre à la vue des capacités physiques que requiert ce sport... (on peut se demander pourquoi la puissance/les capacités physiques ont peu à peu remplacés la stratégie et la technique). On pourrait en dire de même sur les chinois pour la natation ou la course... leur corps n'est simplement pas fait de la façon la plus optimale pour ces sports.
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  • [0] Du grand n'importe quoi le 04.07.17, 09h53 par Jalapeno
  • [0] Mdr !! le 04.07.17, 11h32 par Nonchalance
Jalapeno pourrais tu justifier ton -3 ?
@Apheleia :

Pour ce qui est du football et des chinois, je ne suis pas convaincu par l'argument physique. Y a quand même eu pas mal de génies du ballon rond de ces dernières années qui sont plutôt fragiles. Les chinois ont une team de basket presque honnête alors le critère du physique en foot... Bref. Certes globalement ils ont peut être des attributs physiques génétiques un brin défavorables, mais vu qu'ils compensent assez largement par le nombre cela n'explique pas l'échec actuel de leur football.

Moi je crois que c'est plus simple que cela, pas de question de culture de la gagne à mon avis dans le cas du football chinois, mais plutôt la différence entre une culture sportive qui a plusieurs décennies derrière elle et qui fait rêver les plus jeune par son histoire dans les pays qui le pratiquent culturellement et en masse depuis longtemps, et un sport imposé et décidé de l'autre depuis quelques années.

Les joueurs d'aujourd'hui ont tous commencé à apprendre le football il y a 20 ans environ... Et il y a 20 ans le football chinois n'existait pas franchement.

On ne développe pas un sport à une échelle nationale en si peu de temps. Il faut d'abord former, intéresser les gens à ce sport.
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  • [+1] Absolument le 04.07.17, 11h31 par Jalapeno
  • [+1] Constructif le 04.07.17, 12h20 par Apheleia
Apheleia a écrit :Autrement pour les chinois et le football c'est pas très compliqué à comprendre à la vue des capacités physiques que requiert ce sport... (on peut se demander pourquoi la puissance/les capacités physiques ont peu à peu remplacés la stratégie et la technique). On pourrait en dire de même sur les chinois pour la natation ou la course... leur corps n'est simplement pas fait de la façon la plus optimale pour ces sports.
Déjà c'est complètement HS par rapport au sujet de base (où il est question de culture, d'état d'esprit et pas de physique il me semble).

Mais surtout, c'est complètement con. Pour rappel, l'équipe de France en 2017 elle ressemble à ça :

Image

Quel est le lien entre la nationalité des joueurs et leur physique ? Aucun.
Sans compter que dans le foot, on peut changer de nationalité comme de chemise, pour peu que le budget soit suffisant.

Bref, revenons-en au sujet de base qui était bien plus intéressant.
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  • [0] Facepalm le 04.07.17, 12h29 par Apheleia
Les chinois sont 1,4milliard. Ils ne viennent pas tous de la même ethnie. Il y'a tout type de physique représenté dans la population chinoise dont certains jugés "supérieurs" (au nord par exemple où il y'a des descendants de mongols et même des caucasiens métissés). Mais même sans prendre en compte la multi-ethnicité, avec 1,4milliard de personnes, tu trouveras toujours un talent pour n'importe quel sport, même le plus obscur.

C'est juste une différence d'investissement. Le sport à haut niveau coûte très cher en investissement et le football n'est pas (encore) un terrain où la Chine investit avec intelligence. Le sport numéro 1 en Chine est le badminton, le foot est très très loin derrière.

Tu prends l'Inde juste à côté, ils ont la même population mais ils investissent pas du tout dans leurs athlètes. Résultat,
26 médailles en 31 participations à tous JO confondus.
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  • [+1] Pertinent le 04.07.17, 12h31 par Apheleia
En fait ce sujet rejoint aussi ce post sur lequel j'étais tombé il y a un moment : les-competitions-vt32334.html
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