"Dans tes écrits disséminés par ci par là, il y a bien deux trois choses que tu soulèves dans lesquels je me reconnais. Hypothèse toute personnelle:
On peut se dire que la peur du couple au point de l'évitement est une peur irraisonnée. Elle est amplifiée par certaines expériences qui font intégrer un genre d'instinct de survie. Parce que c'est douloureux et qu'on a horreur de la souffrance. Et on ne veut pas retomber dans le piège. Alors on évite les signes de danger. Sauf que les signes de danger, qui ne sont ni forcément réels, ni forcément les "bons", sont "incarnés" par, transféré sur un objet. C'est un peu comme la phobie. Ici, le couple, pour toi, la peur de l'abandon, donc l'abandon dans le couple, donc finalement, ce que tu évites, c'est l'investissement. Sauf qu'on arrive toujours à cette question: Pourquoi? Et bien parce que, si la réponse était qu'on avait peur "du couple", on ne chercherait pas d'où vient le problème.
Des "sources" de cette peur, il peut y en avoir plein. J'avais entamé une thérapie pour la gestion de l'anxiété, il y a fort longtemps, rien à voir avec l'amour ou le couple mais le processus est le même. En gros, tu as trois grandes lignes, qui forment un cercle vicieux : La pensée automatique -> L'émotion -> Le comportement. C'est en tout cas un travail intéressant à entamer avec un thérapeute, selon l'anxiété mis en cause. En tout cas, moi ça m'a beaucoup apaisé.
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Si je te dis ça, c'est parce qu'une des solutions qui à mes yeux rendrait les choses plus "vivables", serait d'accueillir ces signes de peur plus sereinement. Et donc les apaiser. Voir les faire disparaître. Parce qu'elles te bouffent une énergie incroyable. Et qu'il faut aussi prendre du recul sur la fonction du couple. Le couple un peu mystique, sacralisé, idéalisé, comme étant le supposé grand accomplissement de notre vie. Ça se ressent puisque tu dis que c'est la solution toute trouvée pour éviter la dépression. Ce qui veut dire potentiellement que tu as peu d'autres ressources dans ta vie auxquelles tu accordes de l'importance. Mais ça peut être aussi le signe que tu guéris tes plaies par les plaies.
Parfois, on peut aussi juste tomber sur quelqu'un de confiance qui va débloquer instinctivement nos réflexes défensifs. Ça va être plus fluide. Parce que notre prudence a aussi des raisons réelles d'exister, et que malgré tout, on apprend de nos expériences. Donc il ne faut pas nécessairement tomber dans l'inconscience. Dans le sens que parfois, on se rend compte que nos histoires passées étaient réellement toxiques, malsaines, qu'on a vécu quelque chose de violent, et que ce n'est pas à reproduire. La seule erreur c'est de croire que la relation amoureuse ce n'est que ça.
Certaines personnes ou relations vont donc nous apprendre que oui, il y a d'autres façons d'être en relation avec quelqu'un. Mais ça demande de tomber sur des personnes avec un modèle de patience, de bienveillance et une affectivité assez exceptionnelle. Ça demande aussi de prendre en compte d'autres formes de relation et d'amour existants, comme notre relation avec notre famille, nos amis.
Mais clairement, quelqu'un de "sain d'esprit" et d'équilibré va rarement, si ce n'est jamais, s’embarrasser de panser les plaies d'un autre dans une rencontre. Et, c'est aussi tomber dans le risque d'être dans une relation pansement, ou bien encore la relation où la personne aura le rôle de psy. Ce qui n'est globalement pas sain. Cependant, il y a des couples et des personnes qui avancent très bien ensemble parce qu'ils se soutiennent mutuellement, qu'ils évoluent ensemble et que ça fait du bien. Ça renforce les liens.
Puis dernière proposition, nuancer la séparation entre les plans culs de la relation de couple. Le couple débute toujours par un contact plus intime avec une personne. C'est juste qu'un contact plus intime ne signifie pas forcément la relation de couple. Être dans une disposition où tu considères les "plans cul" comme une absence de, c'est surinvestir le manque de réciprocité/d'investissement dans tes rencontres, que tu associes à du pur sexuel, en dépit de l'investissement qui existe malgré tout, à savoir qu'il y a toujours une dimension individuelle, personnelle, intime, émotionnelle quand bien même tu tentes de l'ignorer. Puis finalement, la dimension de la relation de couple au dépend de ce qui lui est nécessaire pour être créée. Ce qui veut dire que tu vas renforcer l'idée générale que le sexe est "safe" affectivement mais sans effet bénéfique, et qu'aller plus loin est un signe de danger. Bref, tu t'illusionnes.
Maintenant, selon l'intensité, la répétitivité, et la précocité des "traumas" que t'as pu vivre dans ta relation à l'autre, ça prendra plus ou moins de temps, plus ou moins de travail. Il faut y aller pas à pas, progressivement et savoir constater les progrès et les réussites plutôt que focaliser sur l'échec ou ce qui reste à travailler. Mais sache que malgré toutes les souffrances que l'on peut vivre, il existe toujours la possibilité d'un apaisement, voir, d'une "guérison". Il me semble que ça s'appelle la résilience, à ne pas confondre avec la résignation."