Comment dépasser le mythe de la madonne et de la putain ?
Posté : 07.06.25
Jules vient passer ses vacances chez ma grand-mère aujourd’hui. Il n’avait jamais rencontré aucun de mes amis ni aucun membre de ma famille auparavant. C’est également la première personne que je présente à ma grand-mère. Je n’avais jamais présenté aucun homme ni aucune femme à ma grand-mère auparavant.
On s’est rencontré sur un sdr il y a deux ans mais à cause d’un conseil d’un ami un peu superficiel, j’avais refusé la demande d’exclusivité de Jules, qui s’est mit en couple avec une autre femme à peine 2 semaines après. Ils se sont séparés 4 mois plus tard et Jules est resté célibataire depuis cette séparation.
Avant de rencontrer Jules je pensais qu’il fallait qu’un homme soit intelligent, attentionné, doux et gentil pour que notre relation dure et pour qu’il doit un bon père pour mes enfants. Puis j’ai rencontré Jules, opiniâtre, jem’enfoutiste, langue de bois, maladroit, trop rationnel parfois autoritaire et souvent rude. J’apprécie pas du tout ces traits de caractère, mais j’ai fini par comprendre par la force des choses que c’est plus important de pouvoir me projeter avec homme plutôt que de le choisir pour son physique seul ou uniquement son intellect.
Ensemble, nous avons lancé des haches, plongé à 7h du matin dans un lac, voyagé seuls tous les deux sur un autre continent, nous sommes même devenus collègues. On exerce le même métier, on aime tous les deux voyager, et on s’entend si bien intellectuellement et financièrement qu’on se coordonne souvent sur nos plus gros projets. A tel point qu’il y a un mois, Jules m’a même proposé d’aligner ses projets avec les miens à horizon 3 ans. Tout ça sans jamais avoir eu de contact physique de plus de 5 secondes et sans que nos muqueuses se rencontrent une seule fois.
Le problème c’est que Jules m’a déjà rejetée il y a un peu plus d’un an après notre rencontre. Je sais pas si c’est mon autisme ou le fait que j’ai mis trop de cœur à mettre de la distance entre nous pour protéger mon ancien partenaire amoureux, ne pas le mettre en insécurité et éviter tout risque de tromperie avec Jules. Il m’a dit qu’il y avait pas de feeling entre nous.
Je pense que ce qu’il veut dire c’est juste qu’il ne me voit pas comme une partenaire sexuelle parce que j’ai toujours mis de la distance physique entre nous malgré ce que nous avons vécu. Sauf si c’est moi qui ai mal compris…
Le temps est passé bien vite entre nous, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Ce n’est pas mon homme idéal physiquement mais il a le cœur bon, il est très intelligent et on partage les mêmes rêves et les mêmes ambitions.
Une autre raison est possible mais je n’arrive pas à prendre assez de recul en étant l’observatrice et l’actrice d’une situation. Le profil de la femme idéale de Jules est très éloigné de qui je suis. Je ne veux pas exagérer les traits, mais de ce que j’ai compris, ça doit être une femme prête à abandonner ses projets, une femme expressive et extravertie prête à le soutenir jusqu’à renoncer à son job pour élever ses enfants, la nana ne doit avoir eu que 4 relations sérieuses et seulement 10 partenaires sexuels dans sa vie. A l’époque il m’avait raconté ça dans sa chambre d’hôtel alors qu’on parlait de son avis un peu limite sur les femmes de notre génération. Ça doit faire plus de 6 mois. Autant vous dire que j’étais en PLS et que j’avais beau lui expliquer que toutes les femmes ne sont pas sur only fan et qu’il n’existe pas deux catégories de femmes « celles avec qui on se marie » et celles « qui font bander toute la nuit ». Ce qui est compliqué c’est que j’étais en couple et que je voulais pas commencer à donner mon avis avec le risque que ça dégénère. On était seuls dans une chambre d’hôtel et j’étais encore en couple.
Ça m’arrange pas qu’il soit enfermé dans ce mythe de la madonne et de la putain sur lequel FK a écrit un article. C’est il est vrai un sujet qui me tracasse beaucoup et sur lesquels j’ai fait mon choix il y a fort longtemps de me ranger dans une case plutôt que l’autre par confort et facilité. Certains hommes de ce forum se demandent comment être plus virils, comment attirer les femmes. J’ai fait le chemin inverse de m’élever intellectuellement pour que comme 98% des femmes on ne me perçoive pas comme un bout de viande, pour pas être décrédibilisée mais aussi parce que j’ai toujours exercé des métiers très très masculins où j’ai eu le sentiment de devoir me protéger, pas juste ma réputation, protéger mon corps des regards, protéger le fruit de mon travail, affirmer qui je suis pour qu’on ne pense pas qu’être une femme dans un métier d’homme est plus facile qu’être un homme.
En actions et en apparence je ressemble beaucoup à une personne limitée en imagination et en partenaires sexuels. J’ai déjà été jugée par mes anciens dates pour le décalage entre l’image que je donnais avant d’avoir couché et après. En gros ils pensaient que j’avais un compte only fan ou que je voulais ouvrir un compte porno de couple anonyme après avoir couché avec moi. C’est pas un seul mec qui m’a dit ça, c’est 5 petits cons un peu limites et bien conservateurs qui m’ont traitée de nymphomane. Ma fierté en a pris un bon coup. Je pensais pas qu’un jour on me traiterait de salope. Surtout que je suis pas du genre à passer la nuit facilement avec quelqu’un.
Ça a vraiment compliqué pour moi de me faire respecter dans mon ancien métier. Je pense que je compense et agis beaucoup par rapport à ces mauvaises expériences qui restent très récentes et très douloureuses pour moi. Ceux qui ont lu mes partages de câble se rappellent peut-être des termes juridiques et plus exactement des délits que j’ai osé reprendre de la bouche des RH qui m’ont sortie de l’affaire. Je pense que mon éducation a aussi été très conservatrice et que mes parents ont tout fait pour protéger l’enfant très curieuse que j’ai été. C’est pas tous les jours que ta gosse va sur des sites pornos à 6 ans. J’ai été une enfant précoce sur plein d’aspects, mais j’ai bien su faire la différence entre le porno et les mecs de la vraie vie. J’arrivais même à en avoir même peur et à très bien séparer ce que je voyais sur un écran et ce que je vivais en tant qu’ado un peu autiste et mal à l’aise socialement avec les autres.
Je ne jouerais pas autant les sainte nitouches si certains anciens collègues n’avaient pas pris un malin plaisir à dégrader mon genre ou à suggérer que j’ai obtenu mon poste en usant de mon sourire. Au boulot j’ai vraiment eu l’impression d’avoir fait face à des situations où j’ai dû lutter pour qu’on me juge légitime. Je n’aurais pas bossé si dur si je ne m’étais pas sentie aussi touchée et concernée par la situation. Quand on me voit déballer on imagine pas que je sais aligner deux lignes de code. Même dans mon ancien métier, quand je re contrais des gens en dehors du boulot, les gens arrivaient rarement à deviner mon métier. Je suis très littéraire à la base, et je fais tout pour ne pas ressembler aux clones un peu superficiels du conseil/ de la finance.
J’aimerais avoir cette conversation difficile que je n’ai jamais eue avec un homme sans coucher avec lui. Ne serait-ce que pour me sentir plus sereine face à Jules. Je voudrais lui montrer un sextoy et lui expliquer qu’il doit arrêter de voir les femmes comme des catégories distinctes et non chevauchantes d’individus. Je sais pas si c’est trop abrupt. Je sais même pas comment aborder les choses. C’est devenu si facile et automatique de jouer les offusquées que je ne me force plus depuis les années. J’ai un peu peur de son regard parce que le mec est quand même bien conservateur et ça fait deux ans qu’il me voir m’offusquer chaque fois qu’il me touche ou parle de sexe. Mais j’avais d’autres raisons très sérieuses de pas totalement assumer devant Jules, je voulais pas que les gens du boulot pensent que j’avais couché avec lui pour obtenir mon stage. Il ne s’est pas passé un soir sans qu’on ne rentre pas ensemble, Jules passait son temps à me taquiner au boulot et à tellement assumer notre relation qu’il lâchait des « hier soir quand tu étais chez moi » en plein open Space devant tout le monde. Et j’aimais pas qu’on me lance des sourires comme si j’avais pas les capacités intellectuelles pour atteindre ce poste. J’ai quand même fait un deuxième master, passé des tests techniques/ de personnalité/ de groupe et j’ai été sélectionnée parmi les 5 premiers sur 1000 candidats pour mon CDI…
Je sais que je suis pas son portrait idéal de femme. Je suis pas une femme extravertie qui sait se montrer expressive ou rassurer un homme. Je suis une introvertie froide, angoissée et un peu autiste et je suis plus du genre supportive silencieuse. J’ai besoin de beaucoup de temps avant de me confier, de me dévoiler et me montrer vulnérable. Vu les efforts que j’ai mis pour être stable financièrement et me donner les moyens de vivre mes rêves/ambition il est évident que je suis pas le genre de personne qui lâcherait mon activité en CDI ou ce job de freelance qui me fait sentir sur mon petit nuage. J’aime vraiment l’image que je donne aux recruteurs depuis que j’ai changé de métier, j’ai l’impression qu’enfin on comprend en voyant mon CV qui je suis, une personne qui est passionnée par la complexité et qui veut être libre au lieu d’une personne qui court après la reconnaissance sociale ou l’argent. Ça m’évite de perdre mon temps avec des échanges peu intéressants, et ça me permet de parler sans détour de mes motivations profondes sans qu’on remette en question mes capacités d’adaptation.
Je me sens un peu tourmentée parce qu’on est alignés sur plein de choses mais j’ai l’impression qu’il y a des points de résistance entre nous.
Évidemment je pourrais me foutre a poil et l’inviter dans mon lit mais c’est pas l’idée du siècle. Je pense qu’il me rirait au nez en me demandant ce que je fous. Il est lui-même limité socialement, c’est un geek qui a du mal à voir quand il plaît à une fille…
En plus j’ai vraiment du mal à parler d’émotions, d’attentes relationnelles, de ressenti. J’ai peur de perdre notre amitié, qu’il se désiste de nos projets d’avenir, si je m y prends mal.
Ce qu’on a vécu au boulot m’a prouvé que c’était un mec vraiment fiable, sur qui j’ai pu compter, et qui a su assumer mon amitié et me mettre à l’aise devant nos collègues. J’ai de réels problèmes de lecture des codes sociaux. Quand j’étais ado j’ai dû décoder, décharner et retourner dans tous les sens les codes sociaux parce que j’avais du mal à comprendre les comportements humains. Je pense que si je l’avais pas fait je serais aussi mal à l’aise que certains collègues avec les relations sociales, c’est aussi pour ça qu’on se comprend et s’entend si bien. Je ne les juge pas parce que si je faisais aucun effort je serais pire qu’eux. D’une certaine manière Jules m’aide à décoder et à lire ces situations sociales. Je n’ai pas seulement jamais été en boîte de nuit, j’ai jamais été à un festival de musique et si j’étais pas passionnée par les choses complexes je serais très probablement poétesse comme je le voulais à 14 ans. Mais j’ai choisi de réaliser mes rêves sans attendre que quiconque les rende possibles.
Et puis je viens de comprendre aïe j’avais priorisé les mauvais critères jusque là. J’ai dépassé les 25 ans et je veux pas me retrouver à dater des hommes qui sont plus des pages blanches. C’est très désagréable de réaliser qu’on a négligé les exs d’un copain dont on a été éperdument amoureuse. Je serais pas éternellement la page blanche que je suis encore parce qu’on m’a pas encore assez salement blessée. Quand j’étais sur les sdr en 2023 j’ai pu réaliser certains fantasmes et sortir avec des mecs très beaux, j’ai choisi de me mettre en couple avec un homme qui était pas aligné avec moi sexuellement parce qu’il avait un bon fond et savait me rassurer avec ses mots. C’est vraiment important pour moi qu’une personne soit respectueuse de mes valeurs, que la personne ait un bon fond. Mon dernier partenaire aurait pu être mannequin. Et puis mes deux derniers échecs amoureux m’ont prouvé que l’intellect, les belles paroles et même un physique agréable ne remplaçaient pas la responsabilité et la fiabilité matérielles. Quand on bosse autant que moi, ça n’a pas de sens de renoncer à ses rêves pour faire plaisir à quelqu’un qui ne les partage pas ou ne fait rien pour rendre ses propres rêves possibles. Même mes proches s’inquiétaient en voyant que je ne me sentais pas financièrement alignée avec mes deux dernières relations. Je suis du genre à investir entre 50 et 70% de mes revenus mensuellement. Il faut être prêt à aligner ses dépenses avec ses ambitions. Il faut voir l’intérêt à long terme de se retrouver avec presque rien dans son comté en banque à bientôt 30 ans et 95% de mon argent sur les marchés financiers.
Jules est ce genre d’homme qui partage la même vision que moi. Je sais qu’il n’investit pas sur les marchés financiers pour me faire plaisir. C’est pas l’homme le plus féministe, je le trouve très maladroit, mais on s’entend sur les choses les plus importantes. Et je sais qu’il a ses propres rêves.
Je sais pas trop comment le demander. J’aimerais bénéficier de vos conseils, pour avoir cette conversation avec lui. Je suis pas sereine parce que je tiens beaucoup à lui et je n’ai rien fait pour qu’on ait de complicité physique pur les raisons que j’ai citées. Pour vous donner un exemple de mes maladresses, j’ai taquiné Jules en lui disant que quand son linge sècherait dans le jardin je verrais ses caleçons Pokémon que j’avais déjà vu. Et comme j’aime bien exagérer les choses et que je suis moi aussi maladroite je lui ai dit que j’alternerais entre le regarder dans les yeux et regarder ses caleçons. J’ai bien essayé de lui faire des blagues sexuelles mais ça le fait rire parce qu’il ne me voit pas comme un corps, on a passé de longues heures au boulot ensemble, on a vécu beaucoup de choses avant et encore plus de choses après. Il a vu comment j’étais en présence d’autres hommes, je tiens beaucoup à ce qu’on me prenne au sérieux quitte à passer pour une coincée du cul. Je suis pas assez socialement à l’aise pour pouvoir jouer avec les situations, les regards ou assumer de susciter ouvertement l’intérêt. Ça me terrifierait d’attirer l’attention sur moi pour une autre raison que mes neurones. C’est déjà compliqué quand je sens la lumière des projecteurs chauffer mon visage. J’ai jamais été aussi proche d’un homme sans avoir couché avec lui. Et aucun homme n’a jamais su être aussi patient avec moi. Faut savoir que pendant 1 an et demi je n’ai pas dit à Jules quels etaient mes hobbies, il avait réussi à deviner que j’investissais en bourse mais je ne l’avais jamais reconnu ouvertement. Je suis devenue plus prudente sur mes confidences avec le temps et les échecs amoureux.
Lui présenter la femme la plus importante de ma vie ça n’a rien d’anodin. Faut aussi savoir qu’étant une personne sensible qui n’a pas l’habitude de ce genre de conversations je risque de pleurer ou de me dégonfler si j’ai trop peur. Je veux pas le mettre mal à l’aise et je sais pas trop comment aborder les choses. J’aimerais que ça soit le plus léger possible mais qu’il mesure l’importance du sujet pour moi aussi. Je suis pas un clown.
On s’est rencontré sur un sdr il y a deux ans mais à cause d’un conseil d’un ami un peu superficiel, j’avais refusé la demande d’exclusivité de Jules, qui s’est mit en couple avec une autre femme à peine 2 semaines après. Ils se sont séparés 4 mois plus tard et Jules est resté célibataire depuis cette séparation.
Avant de rencontrer Jules je pensais qu’il fallait qu’un homme soit intelligent, attentionné, doux et gentil pour que notre relation dure et pour qu’il doit un bon père pour mes enfants. Puis j’ai rencontré Jules, opiniâtre, jem’enfoutiste, langue de bois, maladroit, trop rationnel parfois autoritaire et souvent rude. J’apprécie pas du tout ces traits de caractère, mais j’ai fini par comprendre par la force des choses que c’est plus important de pouvoir me projeter avec homme plutôt que de le choisir pour son physique seul ou uniquement son intellect.
Ensemble, nous avons lancé des haches, plongé à 7h du matin dans un lac, voyagé seuls tous les deux sur un autre continent, nous sommes même devenus collègues. On exerce le même métier, on aime tous les deux voyager, et on s’entend si bien intellectuellement et financièrement qu’on se coordonne souvent sur nos plus gros projets. A tel point qu’il y a un mois, Jules m’a même proposé d’aligner ses projets avec les miens à horizon 3 ans. Tout ça sans jamais avoir eu de contact physique de plus de 5 secondes et sans que nos muqueuses se rencontrent une seule fois.
Le problème c’est que Jules m’a déjà rejetée il y a un peu plus d’un an après notre rencontre. Je sais pas si c’est mon autisme ou le fait que j’ai mis trop de cœur à mettre de la distance entre nous pour protéger mon ancien partenaire amoureux, ne pas le mettre en insécurité et éviter tout risque de tromperie avec Jules. Il m’a dit qu’il y avait pas de feeling entre nous.
Je pense que ce qu’il veut dire c’est juste qu’il ne me voit pas comme une partenaire sexuelle parce que j’ai toujours mis de la distance physique entre nous malgré ce que nous avons vécu. Sauf si c’est moi qui ai mal compris…
Le temps est passé bien vite entre nous, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Ce n’est pas mon homme idéal physiquement mais il a le cœur bon, il est très intelligent et on partage les mêmes rêves et les mêmes ambitions.
Une autre raison est possible mais je n’arrive pas à prendre assez de recul en étant l’observatrice et l’actrice d’une situation. Le profil de la femme idéale de Jules est très éloigné de qui je suis. Je ne veux pas exagérer les traits, mais de ce que j’ai compris, ça doit être une femme prête à abandonner ses projets, une femme expressive et extravertie prête à le soutenir jusqu’à renoncer à son job pour élever ses enfants, la nana ne doit avoir eu que 4 relations sérieuses et seulement 10 partenaires sexuels dans sa vie. A l’époque il m’avait raconté ça dans sa chambre d’hôtel alors qu’on parlait de son avis un peu limite sur les femmes de notre génération. Ça doit faire plus de 6 mois. Autant vous dire que j’étais en PLS et que j’avais beau lui expliquer que toutes les femmes ne sont pas sur only fan et qu’il n’existe pas deux catégories de femmes « celles avec qui on se marie » et celles « qui font bander toute la nuit ». Ce qui est compliqué c’est que j’étais en couple et que je voulais pas commencer à donner mon avis avec le risque que ça dégénère. On était seuls dans une chambre d’hôtel et j’étais encore en couple.
Ça m’arrange pas qu’il soit enfermé dans ce mythe de la madonne et de la putain sur lequel FK a écrit un article. C’est il est vrai un sujet qui me tracasse beaucoup et sur lesquels j’ai fait mon choix il y a fort longtemps de me ranger dans une case plutôt que l’autre par confort et facilité. Certains hommes de ce forum se demandent comment être plus virils, comment attirer les femmes. J’ai fait le chemin inverse de m’élever intellectuellement pour que comme 98% des femmes on ne me perçoive pas comme un bout de viande, pour pas être décrédibilisée mais aussi parce que j’ai toujours exercé des métiers très très masculins où j’ai eu le sentiment de devoir me protéger, pas juste ma réputation, protéger mon corps des regards, protéger le fruit de mon travail, affirmer qui je suis pour qu’on ne pense pas qu’être une femme dans un métier d’homme est plus facile qu’être un homme.
En actions et en apparence je ressemble beaucoup à une personne limitée en imagination et en partenaires sexuels. J’ai déjà été jugée par mes anciens dates pour le décalage entre l’image que je donnais avant d’avoir couché et après. En gros ils pensaient que j’avais un compte only fan ou que je voulais ouvrir un compte porno de couple anonyme après avoir couché avec moi. C’est pas un seul mec qui m’a dit ça, c’est 5 petits cons un peu limites et bien conservateurs qui m’ont traitée de nymphomane. Ma fierté en a pris un bon coup. Je pensais pas qu’un jour on me traiterait de salope. Surtout que je suis pas du genre à passer la nuit facilement avec quelqu’un.
Ça a vraiment compliqué pour moi de me faire respecter dans mon ancien métier. Je pense que je compense et agis beaucoup par rapport à ces mauvaises expériences qui restent très récentes et très douloureuses pour moi. Ceux qui ont lu mes partages de câble se rappellent peut-être des termes juridiques et plus exactement des délits que j’ai osé reprendre de la bouche des RH qui m’ont sortie de l’affaire. Je pense que mon éducation a aussi été très conservatrice et que mes parents ont tout fait pour protéger l’enfant très curieuse que j’ai été. C’est pas tous les jours que ta gosse va sur des sites pornos à 6 ans. J’ai été une enfant précoce sur plein d’aspects, mais j’ai bien su faire la différence entre le porno et les mecs de la vraie vie. J’arrivais même à en avoir même peur et à très bien séparer ce que je voyais sur un écran et ce que je vivais en tant qu’ado un peu autiste et mal à l’aise socialement avec les autres.
Je ne jouerais pas autant les sainte nitouches si certains anciens collègues n’avaient pas pris un malin plaisir à dégrader mon genre ou à suggérer que j’ai obtenu mon poste en usant de mon sourire. Au boulot j’ai vraiment eu l’impression d’avoir fait face à des situations où j’ai dû lutter pour qu’on me juge légitime. Je n’aurais pas bossé si dur si je ne m’étais pas sentie aussi touchée et concernée par la situation. Quand on me voit déballer on imagine pas que je sais aligner deux lignes de code. Même dans mon ancien métier, quand je re contrais des gens en dehors du boulot, les gens arrivaient rarement à deviner mon métier. Je suis très littéraire à la base, et je fais tout pour ne pas ressembler aux clones un peu superficiels du conseil/ de la finance.
J’aimerais avoir cette conversation difficile que je n’ai jamais eue avec un homme sans coucher avec lui. Ne serait-ce que pour me sentir plus sereine face à Jules. Je voudrais lui montrer un sextoy et lui expliquer qu’il doit arrêter de voir les femmes comme des catégories distinctes et non chevauchantes d’individus. Je sais pas si c’est trop abrupt. Je sais même pas comment aborder les choses. C’est devenu si facile et automatique de jouer les offusquées que je ne me force plus depuis les années. J’ai un peu peur de son regard parce que le mec est quand même bien conservateur et ça fait deux ans qu’il me voir m’offusquer chaque fois qu’il me touche ou parle de sexe. Mais j’avais d’autres raisons très sérieuses de pas totalement assumer devant Jules, je voulais pas que les gens du boulot pensent que j’avais couché avec lui pour obtenir mon stage. Il ne s’est pas passé un soir sans qu’on ne rentre pas ensemble, Jules passait son temps à me taquiner au boulot et à tellement assumer notre relation qu’il lâchait des « hier soir quand tu étais chez moi » en plein open Space devant tout le monde. Et j’aimais pas qu’on me lance des sourires comme si j’avais pas les capacités intellectuelles pour atteindre ce poste. J’ai quand même fait un deuxième master, passé des tests techniques/ de personnalité/ de groupe et j’ai été sélectionnée parmi les 5 premiers sur 1000 candidats pour mon CDI…
Je sais que je suis pas son portrait idéal de femme. Je suis pas une femme extravertie qui sait se montrer expressive ou rassurer un homme. Je suis une introvertie froide, angoissée et un peu autiste et je suis plus du genre supportive silencieuse. J’ai besoin de beaucoup de temps avant de me confier, de me dévoiler et me montrer vulnérable. Vu les efforts que j’ai mis pour être stable financièrement et me donner les moyens de vivre mes rêves/ambition il est évident que je suis pas le genre de personne qui lâcherait mon activité en CDI ou ce job de freelance qui me fait sentir sur mon petit nuage. J’aime vraiment l’image que je donne aux recruteurs depuis que j’ai changé de métier, j’ai l’impression qu’enfin on comprend en voyant mon CV qui je suis, une personne qui est passionnée par la complexité et qui veut être libre au lieu d’une personne qui court après la reconnaissance sociale ou l’argent. Ça m’évite de perdre mon temps avec des échanges peu intéressants, et ça me permet de parler sans détour de mes motivations profondes sans qu’on remette en question mes capacités d’adaptation.
Je me sens un peu tourmentée parce qu’on est alignés sur plein de choses mais j’ai l’impression qu’il y a des points de résistance entre nous.
Évidemment je pourrais me foutre a poil et l’inviter dans mon lit mais c’est pas l’idée du siècle. Je pense qu’il me rirait au nez en me demandant ce que je fous. Il est lui-même limité socialement, c’est un geek qui a du mal à voir quand il plaît à une fille…
En plus j’ai vraiment du mal à parler d’émotions, d’attentes relationnelles, de ressenti. J’ai peur de perdre notre amitié, qu’il se désiste de nos projets d’avenir, si je m y prends mal.
Ce qu’on a vécu au boulot m’a prouvé que c’était un mec vraiment fiable, sur qui j’ai pu compter, et qui a su assumer mon amitié et me mettre à l’aise devant nos collègues. J’ai de réels problèmes de lecture des codes sociaux. Quand j’étais ado j’ai dû décoder, décharner et retourner dans tous les sens les codes sociaux parce que j’avais du mal à comprendre les comportements humains. Je pense que si je l’avais pas fait je serais aussi mal à l’aise que certains collègues avec les relations sociales, c’est aussi pour ça qu’on se comprend et s’entend si bien. Je ne les juge pas parce que si je faisais aucun effort je serais pire qu’eux. D’une certaine manière Jules m’aide à décoder et à lire ces situations sociales. Je n’ai pas seulement jamais été en boîte de nuit, j’ai jamais été à un festival de musique et si j’étais pas passionnée par les choses complexes je serais très probablement poétesse comme je le voulais à 14 ans. Mais j’ai choisi de réaliser mes rêves sans attendre que quiconque les rende possibles.
Et puis je viens de comprendre aïe j’avais priorisé les mauvais critères jusque là. J’ai dépassé les 25 ans et je veux pas me retrouver à dater des hommes qui sont plus des pages blanches. C’est très désagréable de réaliser qu’on a négligé les exs d’un copain dont on a été éperdument amoureuse. Je serais pas éternellement la page blanche que je suis encore parce qu’on m’a pas encore assez salement blessée. Quand j’étais sur les sdr en 2023 j’ai pu réaliser certains fantasmes et sortir avec des mecs très beaux, j’ai choisi de me mettre en couple avec un homme qui était pas aligné avec moi sexuellement parce qu’il avait un bon fond et savait me rassurer avec ses mots. C’est vraiment important pour moi qu’une personne soit respectueuse de mes valeurs, que la personne ait un bon fond. Mon dernier partenaire aurait pu être mannequin. Et puis mes deux derniers échecs amoureux m’ont prouvé que l’intellect, les belles paroles et même un physique agréable ne remplaçaient pas la responsabilité et la fiabilité matérielles. Quand on bosse autant que moi, ça n’a pas de sens de renoncer à ses rêves pour faire plaisir à quelqu’un qui ne les partage pas ou ne fait rien pour rendre ses propres rêves possibles. Même mes proches s’inquiétaient en voyant que je ne me sentais pas financièrement alignée avec mes deux dernières relations. Je suis du genre à investir entre 50 et 70% de mes revenus mensuellement. Il faut être prêt à aligner ses dépenses avec ses ambitions. Il faut voir l’intérêt à long terme de se retrouver avec presque rien dans son comté en banque à bientôt 30 ans et 95% de mon argent sur les marchés financiers.
Jules est ce genre d’homme qui partage la même vision que moi. Je sais qu’il n’investit pas sur les marchés financiers pour me faire plaisir. C’est pas l’homme le plus féministe, je le trouve très maladroit, mais on s’entend sur les choses les plus importantes. Et je sais qu’il a ses propres rêves.
Je sais pas trop comment le demander. J’aimerais bénéficier de vos conseils, pour avoir cette conversation avec lui. Je suis pas sereine parce que je tiens beaucoup à lui et je n’ai rien fait pour qu’on ait de complicité physique pur les raisons que j’ai citées. Pour vous donner un exemple de mes maladresses, j’ai taquiné Jules en lui disant que quand son linge sècherait dans le jardin je verrais ses caleçons Pokémon que j’avais déjà vu. Et comme j’aime bien exagérer les choses et que je suis moi aussi maladroite je lui ai dit que j’alternerais entre le regarder dans les yeux et regarder ses caleçons. J’ai bien essayé de lui faire des blagues sexuelles mais ça le fait rire parce qu’il ne me voit pas comme un corps, on a passé de longues heures au boulot ensemble, on a vécu beaucoup de choses avant et encore plus de choses après. Il a vu comment j’étais en présence d’autres hommes, je tiens beaucoup à ce qu’on me prenne au sérieux quitte à passer pour une coincée du cul. Je suis pas assez socialement à l’aise pour pouvoir jouer avec les situations, les regards ou assumer de susciter ouvertement l’intérêt. Ça me terrifierait d’attirer l’attention sur moi pour une autre raison que mes neurones. C’est déjà compliqué quand je sens la lumière des projecteurs chauffer mon visage. J’ai jamais été aussi proche d’un homme sans avoir couché avec lui. Et aucun homme n’a jamais su être aussi patient avec moi. Faut savoir que pendant 1 an et demi je n’ai pas dit à Jules quels etaient mes hobbies, il avait réussi à deviner que j’investissais en bourse mais je ne l’avais jamais reconnu ouvertement. Je suis devenue plus prudente sur mes confidences avec le temps et les échecs amoureux.
Lui présenter la femme la plus importante de ma vie ça n’a rien d’anodin. Faut aussi savoir qu’étant une personne sensible qui n’a pas l’habitude de ce genre de conversations je risque de pleurer ou de me dégonfler si j’ai trop peur. Je veux pas le mettre mal à l’aise et je sais pas trop comment aborder les choses. J’aimerais que ça soit le plus léger possible mais qu’il mesure l’importance du sujet pour moi aussi. Je suis pas un clown.