J'étais sur la route du retour après avoir assisté à une représentation de théâtre. Ayant un peu trop bavardé après le spectacle, je savais que j'allais rater mon dernier RER.
Donc j'emprunte la ligne 1 jusqu'à Nation où je me dis que j'aurais plus de chance de trouver un taxi pour regagner mes pénates.
Je longe les couloirs en cherchant ma sortie et m'avise à mes côtés de la présence d'une jeune B+ aux cheveux châtains. Le destin veut que nous cherchions à unir nos pas en attendant mieux.
Pour comble de malchance, la sortie que nous voulions emprunter est fermée.
On sort de la station, mais pas de trace d'une station de taxi autour de nous. Je m'avise d'un plan juste à côté et je repère les stations. Au moment où je reviens, elle tripote son portable.M. Et merde. Vous n'auriez pas la clef, par hasard?
E.Non, désolé.
M. Bon, hé bien comme je le sens assez mal de forcer la grille, il ne nous reste plus qu'à chercher une autre sortie...
E. Vous savez où il y a une station de taxi dans le coin?
(là je remarque qu'elle a un fort accent étranger mais que je n'arrive pas à identifier)
M. Non, mais je compte bien en trouver une, j'en ai besoin pour rentrer chez moi.
E. Moi aussi. Vous habitez où?
M. Machintruc.
E. Ah, je suis à Bidulechose. C'est pas loin.
M. Effectivement. On pourrait partager les frais, non?
E. Oui, c'est une bonne idée.
Sur ces entrefaits, elle initie le kino en venant me "frapper" des deux mains sur mon bras - là je'me dis : close or die!!!M. Ah, tu en profites pour nous appeler un hélicoptère? C'est gentil, ça.
E.![]()
M. Bien, j'ai repéré les deux stations; elles sont en vis à vis de l'autre côté du rond point.
E. Tu es sûr?
M. Evidemment (sourire de killer façon Harrison Ford dans Star Wars).
E. On va par où?
M. Ben vu que la route décrit un cercle, on peut aller dans le sens qu'on veut, on arrivera à la station. Mais apparemment si j'attends que tu décides, on sera encore là demain matin, donc on va aller par là.![]()
Sur le chemin vers la station, on bavarde un peu, je lui demande d'où vient son accent; elle me répond qu'elle vient de Russie. Elle bafouille un peu sur les échanges suivants.
Je continue un peu de fluff sur les langues; on parle des différents accents, etc. J'apprends que sa mère habite en France. Profitant d'une pause dans la conversation, elle appelle cette dernière. Je ne comprends rien à la conversation puisqu'elles parlent Russe.E. Je suis désolée, j'ai un peu de mal à parler français ce soir.
M. Nan, mais je comprends, c'est la fin de journée, et en plus tu viens de faire la fête.
E. Heu... Oui.
M. Tu as bu?
E. Un peu de champagne...
M. Ah? Combien de bouteilles?
E.Non (re-kino), je n'ai pas beaucoup bu, vraiment!
M. Bon, ok, je veux bien te croire.
(A ce moment on s'apprête à traverser la route. On est à peine engagés que je m'aperçois que le feu est au rouge pour nous et qu'une voiture arrive. Je fais demi tour et je reviens sur le trottoir en quatrième vitesse)
M. Ok, les Français sont indisciplinés mais quand même j'ai mes limites...
E.Je ne pouvais même pas crier pour te prévenir, je ne connais pas ton nom...
M. Ah ben moi c'est xxxxxxx... Et toi?
E. xxxxxx
Je continue le fluff et j'apprends qu'elle a eu dix heures de cours dans la journée et une soirée d'intégration (ou quelque chose approchant) après.M. Je suppose que ta mère est Russe d'origine?
E.Oui, j'appelais pour la rassurer et dire que j'arrivais.
M. Bien sûr. Et toi pour la rassurer tu lui as raconté que tu cherchais une station de taxi à 1h30 du matin en compagnie d'un charmant jeune homme que tu viens juste de rencontrer?
E.![]()
M. Ca va vachement la rassurer, ça. Tu sais que t'es une vraie perle comme fille, toi? Non, j'te jure, c'est le bonheur.+ kino
E.+ kino.
(En fait elle fait un DESS en Affaires Internationales à Paris Dauphine)M. Tu as eu dix heures de cours? La vache! Quand j'étais à la fac, j'en ai jamais eu autant! Ils vous apprennent la torture ou quoi?
E.![]()
M. Ah non, j'ai compris, en fait ce sont des épreuves de sélection pour déterminer les plus résistants : ils vous font travailler jusqu'à épuisement et ils vous font boire, et ensuite ils gardent seulement les survivants!
E.Oui, tu as tout compris.
M. Faudra que tu me donnes le nom de ta fac, que je n'y inscrive jamais mes enfants (sourire + kino)
E.![]()
On arrive à la station de taxi.
On continue un peu le fluff puis arrive enfin un taxi.E. Et tu as fait quoi, ce soir?
M. Je suis allé au théâtre.
E. Ah? Lequel?
M. Le théâtre xxxxx
E. Je ne connais pas.
M. C'est un petit théâtre du côté de Montmartre.
E. Et tu as vu quoi comme pièce?
M. xxxxxx. C'est une pièce qui bla bla bla.
(un peu de fluff sur le théâtre)
E. C'était quel théâtre?
M.Le théâtre xxxxx. Tu as déjà oublié?
E. (se rendant compte de sa bourde)puis
![]()
M. Tu envisages vraiment d'être diplômée?
E. Pourquoi?
M. Ben avec une mémoire de poisson rouge comme ça, c'est mal parti...
E.Nan, mais là c'est juste ce soir +kino
M.+ kino
Là la conversation s'écoule doucement, ponctuée de kinos. A un moment, après une vanne, je lui prends la main, la serre doucement et la garde un court instant sans rencontrer de résistance de sa part. Au fil des échanges elle met en exergue mon sens de l'humour et lance (je ne me souviens plus de la phrase exacte) que quand je la reverrai je pourrais évaluer ses progrès en français.
On arrive près de chez elle, le taxi s'arrête. Elle fouille dans son portefeuille pour payer sa course, je dégaine mon portable. Le numclose n'est qu'une formalité. Bienvenue en MojoZone.
