Accompagné de mon wingman, je franchis la porte dans un courant d'air glacé qui n'a d'égal que le sens de l'humour de la charmante jeune fille qui sert au vestiaire. Mais passons.
Il est encore tôt; peu de monde. Coup d'oeil circulaire afin de repérer des proies potentielles mais à part les serveuses qui s'affairent à remplir les coupes de champaghe, pas grand chose. Je commence à regretter ma guitare (à qui j'avais pourtant promis une soirée romantique. Mais être H2G avec une guitare a-t-il encore un sens?).
Nous traversons la salle en faisant valoir par notre BL que nous sommes les maîtres des lieux. Un grand moment de solitude mais au moins nous nous sommes bien marrés. Au fond de la salle une banquette avec une table libre. Un poste d'observation parfait.
Je m'installe, mon wing aussi. A côté de nous deux trentenaires (un AFC fini et sa compagne) et deux quarantenaires défraîchies. Entre les deux, une espèce de tissu imitant vaguement une peau de léopard, étrangement déchiré au niveau du siège.
Je passe les doigts dessus et en fait la remarque à mon wingman. Regard intéressé des deux quarantenaires. Je lance "Je vois qu'ils ne l'ont toujours pas fait réparé depuis la dernière fois". Rires légers. "Mais c'est pas moi, c'est mon tigre apprivoisé. Je l'ai quitté des yeux deux minutes et voilà le résultat". Rires francs.
Voilà pour l'échauffement. Je me retourne vers mon wing et nous devisons en attendant que l'ambiance se réchauffe.
Enfin les gens arrivent et la queue se forme pour le buffet. Mon wing se lève en premier; j'en profite pour évaluer la marchandise. Au moment où je peux à mon tour me lever pour remplir mon assiette, une demoiselle fort accorte vient de prendre place dans la file, son verre de champagne à la main.
J'arrive à ses côtés et j'open.
On avance dans la file et je continue en C&F. Vient la question fatidique.M. Tu as eu peur de le laisser seul?
E. Hein? Qui ça?
M. Ben ton verre de champagne...
E.![]()
M. Tu n'avais personne à qui le confier ou tu avais vraiment trop soif?
E.Oui, c'est ça, j'avais peur d'avoir soif en attendant... Et toi, ton verre?
M. Ah, je l'ai laissé sous la surveillance d'un copain, juste là... (désignant mon wing d'un signe de tête) [...] Il est bien dressé, hein?
E.![]()
On est arrivé au buffet; je me fais servir et je repars m'asseoir pour manger, la gratifiant d'un "A plus tard".E. Et tu fais quoi dans la vie?
M. Je chasse les crocodiles dans les égoûts de new york. Et je braconne une peau de temps en temps pour arrondir les fins de mois.
E.Tu plaisantes?
M. Ben attends, tu crois que je me les suis payés comment mes vêtements?
E.![]()
M. (EC + sourire)
E. Et tu es venu comment ce soir, si tu bosses à New York?
M. Ben en avion!
E. Heu... Tu te fiches de moi, là?
M. Pas du tout. Si t'es gentille je t'emmènerai faire un tour dans mon jet privé.
E.![]()
Je rejoins mon wing qui lui a déjà fini son assiette. A sa droite a pris place un couple composé d'un mec tout à fait banal et d'une demoiselle que je passerai volontiers à la casserole. J'échange quelques mots avec mon wing. Pendant ce temps le meûssieur s'est levé et a disparu. Je sens le pied de la miss qui me heurte la jambe. Je la regarde, elle s'excuse.
Sur ce, je lui ressors le baratin sur mon job de chasseur de croco, ce qui la fait bien rire. Après quelques échanges, elle se lève rejoindre son "accompagnateur". En partant, elle nous fait: "On se retrouve au bar?". Mon wing et moi aquiescons. Elle nous quitte sur un "A tout à l'heure, alors".M. Nan, mais t'excuse pas. Tu peux recommencer si tu veux, mais dans ce cas remonte un peu le long de la jambe.
E.![]()
M. Mais fais quand même attention (désignant mon wing), c'est mon garde du corps. Il est un peu... impulsif.
E. Ah bon? il est violent?
M. Non, pas violent, mais disons que de temps en temps il est un peu... "vif".
E.![]()
M. hé bien la dernière fois qu'une demoiselle s'est approché d'un peu trop près, il a mal réagi. Le temps que je m'interpose, c'était trop tard... J'aurai jamais cru qu'il y avait autant d'os dans un bras.
E.puis
Pourtant il a l'air tout calme, là.
M. C'est normal, j'ai mis du prozac dans son verre tout à l'heure.
E.Et vous travaillez dans le coin?
La suite un peu plus tard.