définition de Grind House : cinéma diffusant en programme double des films exploitant le sexe, la violence et d'autres sujets extremes.
Grindhouse : Death proof
Cela m’a toujours fait tripper les traductions française des titres de films US. Marketing et culture oblige, les distributeurs français se mettent en 4 pour nous pondre des titres aussi stupide que racoleurs. Et le dernier en déroge pas à la régle puisque de
Grind House : Death Proof, ils nous ont pondu
Grind House : Boulevard de la mort.....nos amis quebecquois ont quant à eux bien traduit le titre par "à l'epreuve de la mort"
cherchez l’erreur..
Quoi qu’il en soit, cela ne retire en rien à la qualité du film dont je vais vous parler. Du film ? devrais je plutot dire : a really fuckin’ good movie !
Car ce film est étonnant. Certes je pense qu’on aime ou on déteste, comme souvent avec les films de Tarantino, mais force est de constater qu’il ne laisse pas indifferent. Dès les premières seconde il accroche, interpelle et surprend.
Le pré-générique est une dessin animé on ne sait sorti d’où avec en prime le clip de présentation de dimension Films (distributeur du film) relooké en version 70s. enorme.
Ensuite on plonge directement dans la patte Tarantino avec un générique léché aux polices de caractères bien retro et à la présentation « tarantinesque », qu’on a découvert avec Pulp Fiction et qui présente ici, les filles du films, ou plutot..LES PIEDS des filles du films (voir plus loin)
Death Proof est un road movie meurtrier, tourné sur une pellicule vieillie afin de restituer l’ambiance des films américains, période Vietnam et Muscle Car. Blondes peroxydées à la plastique avantageuse, charger ou nova aux borborygmes évocateurs, poussière et travers, le décor est posé. Et puis il y a une course poursuite magistrale de 25 minutes. De quoi rendre jaloux Burt Reynolds (
Smokey and the bandits (1977)), Kowalski (point limite zero) ou Steve McQueen (
Bullitt (1968))...
Dans ce road movie sanglant et déjanté, il y a 3 stars :
Kurt Russel, qu’on ne présente plus mais qui pour les plus jeunes, est l’acteur fétiche de John Carpenter (
the thing (1982),
new-york 1997 (1981)..) mais aussi le Col. Jonathan 'Jack' O'Neil dans
Stargate (1994). (le film pas la série)
Kurt Russell, au physique de Snake dans
New York 1997, y joue le rôle d’un psychopathe dénommé « Stuntman Mike » (mike le cascadeur) qui tue des jeunes femmes avec sa voiture.

Dans la veine d’un
Macadam à deux-voies (1972) ou d’un
Point limite zéro (1971), tous deux cité nombre de fois dans le film.
Autre Star et non des moindre : sa killer-voiture (le terme ici est fort approprié et dans le vrai sens du terme), une « muscle car » AMC Hornet 1973.

Cette voiture très testostéronisée avec sa tête de mort sur le capot est un personnage à part entière dans le film. D’ailleurs Stuntman Mike, lors d’une scène dans le taco bar à Austin, à une réplique C&F que vous pourrez aisement ressortir.
un extrait en anglais est dispo mais la replique (autant dire le plus important) est coupée (montage US ?

) :
à voir ici ou en VF
ici. en tout cas à l'avant premiere (en VOST) la réplique etait bien là et la réaction du publique etait indéniable !
S M: Do I frighten you? Is it my scar ?
HB:It's your car.
S M: Yeah, I know. Sorry.
S M: It's my mom's car.
HB:
Effet garanti.
Troisieme Star ou plutot StarS de ce film : LES FILLES.

Ah ces filles, le casting est de toute beauté avec des actrices comme Rose McGowan, Zoe Bell, Rosario Dawson, Vanessa Ferlito ou la superbe Sydney Tamiia Poitier…qui malheureusement finiront en « petites coupures » lors d’un crash monumental qui vous laisse scotché et sans voix sur votre siège pendant quelques instants. Tarantino en rejoutant une couche en filmant la scene du point de vue de chaque protagoniste.
Mettez ce crash dans un spot de pub pour la securité routière et vous reduisez le nombre de morts sur les routes par 100…
Cette scène est dispo
ICI mais avec un remixage amusant sur Cindy Lauper
girls just wanna have fun (clin d'oeil à Blusher).
Tarantino essaie de refaire revivre cette époque des
Drive In à celles et ceux qui n’étaient pas nés à cette époque et qui ont manqué cette période où le cinéma avait des cojones. Un peu comme les personnages feminins du film qui fantasment cette époque avec de longues tirades stylées et des bonnes bouffées de joints (ou de bang) alors qu’ils n’hésitent pas à envoyer des textos avec leurs téléphones portables. Si Tarantino aime autant les personnages féminins robustes, ça vient assurément de la blaxploitation qu’il matait à longueur de journées lorsqu’il n’était que vendeur dans un vidéoclub.
Dans la structure de ce road-movie binaire qui roule dans le sillage de
Duel et
Hitcher, on pense à la cinéphilie vorace du fou furieux. On ne compte plus les clins d’œil comme ceux à
Pulsions ou à
Chungking Express, et meme Kill Bill (la sonnerie d’un des telephones portable est la BO sifflée de Kill Bill). Autre clin d’œil à kill Bill vol.1 appuyé par une scène à l’hôpital (même mouvement de caméra). Au même moment, deux flics comme échappés du film précédent discutent avec frivolité alors qu’autour d’eux, c’est l’horreur. Cet échange n’est pas anodin puisqu’il annonce d’emblée que la morale de cette histoire d’assassinats par accident de la route ne sera pas sauve (la derniere scene est démoniaque !!).
S’il y a une morale dans ce
Boulevard de la mort, ce serait de ne pas se fier aux apparences: par exemple, faire croire pour de rire que sous une pom-pom-girl, il peut se cacher une star du porno. Dans le look (vêtements, coiffures), les personnages féminins (au nombre de huit, si on exclue la première victime) renvoient à des icônes seventies du genre
Faster Pussycat, Kill Kill!, même si elles n’ont pas les opulences mammaires chéries par Russ Meyer (c’est peut-être le vrai défaut du film LOL).
L’art – et peut-être finalement l’audace – de Tarantino consiste à faire oublier qu’il fait du recyclage en apportant ce petit quelque chose d'unique. Alors qu’il a un budget confortable, Tarantino ne se gène pas pour opter pour le visuel cradingue (il a vieilli déliberement le film), les audaces bien exécutées (une longue scène de drague dans le bar (voir plus bas) la rupture musicale lorsque l’une des filles s’éloigne pour lire un texto) et les coupures volontaires (la scène de danse qui passe à la trappe, comme un bon coup de censure, les faux sauts de pellicules etc.), et un passage en noir & blanc bien pensé (comme pour signifier le changement de film dans le film), le retour à la couleur se faisant notament lorsqu'une des filles insere une piece dans un distributeur de boisson.
Mais
Grindhouse – boulevard de la mort est avant tout un plaisir coupable digne du cinéma sauvage et libre dont il se revendique. Les discussions excessivement nombreuses sont filmées en travellings latéraux ou circulaires et tournent essentiellement autour du sexe, sujet existentiel qui finit par déterminer les psychologies des caractères. Elles sont toujours drôles, efficaces et ne font pas oublier qu’à l’extérieur, une ombre rôde. Même lorsqu’il n’est pas à l’écran, Kurt Russell laisse sous entendre sa présence monstrueuse. D’autres seront surpris par l’absence d’érotisme typique des grindhouse. Chez Tarantino, elle ne se traduit pas par le sexe mais la sensualité (le summum érotique étant de se faire masser les pieds entre nanas (les pieds féminins, une obsession répétée depuis
Pulp Fiction et ce dialogue sur les massages des pieds entre J. Travolta et S. L Jackson, c'etait d'ailleurs ma signature à une époque

) ce que le film sous-tend insidieusement à plusieurs reprises). De grognasses potiches filmées comme des objets du début, Quentin a le bon goût de greffer la modernité de son époque où la mentalité des femmes a changé : elles sont libres, franches et parlent sans complexe des désirs qui les animent. Mieux, elles s’autorisent même les conneries usuellement réservées aux mecs comme faire des «figures de proue» (comprendra qui verra), causer des films burnés (Point Limite Zero), casser les films de gonzesses (
Rose Bonbon (1986)) et se taper des embrouilles pour trois fois rien.
L’analyse des meilleurs singles de Madonna etant réservée aux gangsters de
Reservoir Dogs (1992).
cheers