Il semble qu'il faille développer une sorte de schizophrénie contrôlée:
- d'une part, un oubli total de soi dans l'approche de l'autre: écoute, analyse, etc.., tout ce qui peut nous permettre d'apprécier ce que l'autre nous apporte, et par là même d'augmenter notre state et d'élargir notre horizon de croyances (un exemple simple, triper totalement sur les textes/frs de gamers, au point où on sent une réelle modification de ses valeurs, de ce qu'on croyait possible, etc... - expérience très répandue j'imagine chez les lecteurs d'un forum comme celui-ci)
- de l'autre, un oubli total de soi dans l'expression, lorsqu'il s'agit d'être actif, autant sur le forum que sur le field. L'idée est qu'en fait, contrairement à ce qu'on croit, l'attitude gagnante ne serait pas de vouloir appliquer systématiquement ce qu'on a lu, mais au contraire de partir dans le réel, sur le field, uniquement avec le même momentum, la même liberté, la même ouverture d'esprit (découverte et inconnu) que lorsqu'on découvrait les textes. Et que c'est seulement au moment où ce flow, cet état est atteint qu'alors les choses qu'on avait lues s'implémentent naturellement au bon moment.
C'est l'idée qu'il faut avoir deux systèmes parallèles, comme deux salles de jeu. Celle de l'autre, qui est un système textuel, dans lequel on joue avec les idées, on découvre des nouveaux liens, etc... et la sienne propre, avec ses propres découvertes, sa propre dynamique indépendante. Il ne s'agit pas de vouloir TOUT faire comme le gourou (dans une dynamique comme celle-ci, souvent on oublie que, de même que des éléments pris chez lui s'ancreront dans notre game, un certain nombre de choses qui nous appartenaient déjà existaient aussi dans son système!), mais d'avoir les deux systèmes qui interagissent, qui échangent, dans un rapport d'égalité (fictive, évidemment, dans le cas de textes qu'on ne fait que lire, auxquels on ne répond pas... - d'ailleurs, la question du contexte de ces textes est très intéressante, vu qu'ils n'ont pas du tout été produits dans une perspective autre que celle de la discussion, dont ils sont progressivement sortis par les fans...).
Souvent, chez des gens qui lisent beaucoup les forums, la capacité à triper dans le système de l'autre est bien développée (il existe évidemment des gens qui ont cette sphère moins développée), et l'autre, la leur propre, qui l'est moins.
La question est de savoir comment doser l'apport de l'autre sans pour autant se disloquer totalement (être "aspiré" par un gourou), ou rejeter toute nouveauté en bloc et par là-même freiner son fonctionnement (le beauf obtus mais sûr de lui que j'aime à citer et citer encore
Il y aurait alors deux moments: un moment d'analyse, d'ouverture sur l'autre (lecture, discussion, feedbacks), mais aussi un moment de flow, d'oubli, etc.., où la seule règle est le freestyle et la créativité (avec le but qu'on a: une sorte de "tous les coups sont permis, et on maximise le show!!!").
D'ailleurs, il semble bien qu'une chose, de nouveau, trop peu thématisée sur les forums est la capacité qu'on les gros gamers à s'auto-analyser, et en tirer des systèmes, des théories, etc... Les avantages sont clairs:
- création d'une cour de disciples (attirés par le théorique/nerdy) -> augmentation du statut alpha par les hommes
- mais surtout, une sorte de protection contre le discours de l'autre: si je suis capable de disserter sur mon game, celui en face qui disserte ne sera plus un danger, il ne pourra plus dire "ton game est bien, mais là il y a un défaut, etc..." Car le niveau de game est absolument indissociable du discours qui va avec. À bonasse égale, si j'ose dire, c'est le plus fin artiste (et l'art sans les mots... on ne le voit pas...
Bref, la question de "vaut-il mieux être un PUA respecté ou un naturel inconnu de même niveau?" est effectivement sophistique... Tout le monde s'en fout.
Il faut néanmoins en conclure qu'une attention redoublée sur le langage (qui est, sauf dancefloor, le château et le chemin de la séduction!!!) ne peut pas faire de mal.