Clyde will glide

Note : 13

le 04.10.2010 par Clyde69

49 réponses / Dernière par Clyde69 le 10.12.2011, 17h07

La vie est faite de virages, d'obstacles à surmonter, d'audace, de surprises et de rencontres décisives. Racontez votre histoire, entrez dans la légende; partagez vos cheminements, vos interrogations, vos rencontres, vos aventures - foirées ou réussies, c'est pas le plus important - et recevez les avis et conseils des autres membres.
Senco a écrit :
Clyde69 a écrit :la propriété, c'est le vol
Aujourd'hui, avec mes 25 ans et mes envies de famille, je ne peux qu'être en désaccord avec toi. On verra ce que j'en dis si je viens à vivre les mêmes choses.
Mais on ne peut jamais posséder quelqu'un. C'est une illusion. Le mariage, des années de vie commune, des enfants ensemble, tout ça n'empêchera pas qu'on peut avoir sa propre vie intérieure, et parfois même extérieure. Vouloir posséder quelqu'un, le marquer au fer rouge comme un animal, c'est prendre le risque de le voir s'éloigner, simplement pour prouver qu'il n'appartient qu'à lui-même.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] C'est pas faux le 18.11.11, 06h37 par Senco
  • [+1] A lire le 03.04.12, 11h49 par fuyu
Deux, tu as raison, Alice et Fanny...

J'ai revu Fanny il y a deux jours... elle avait élevé tellement de barrières, dans son attitude, sa tenue, ses sujets de conversation, que je n'ai rien tenté et suis moi même resté d'une platitude rare. Elle s'est d'ailleurs excusée son changement de comportement, le fait de ne pas assumer à 1m et en tête à tête les jeux qui étaient les siens à 5000 km cachée derrière son écran. Peu importe, je pressentais cette issue et j'ai appris à ne plus me mettre de pression de résultat. Quoi qu'il se passe, ou non, le résultat ne change rien au plaisir que l'on a pris à jouer.

Tout ca pour dire quoi ? Comme tu le dis, à un détail près, chacune de ces interactions aurait peut-être basculé. Et à un détail près, tu m'aurais rendu responsable du malheur d'autrui. C'est là qu'est à mon sens notre différence d'appréciation. Ce n'est pas ce détail qui fait le bonheur ou le malheur d'un couple, il n'est qu'un prétexte, qu'un révélateur d'une situation interne au couple qui rend ou non possible d'envisager l'adultère.

En refusant d'assumer jusqu'au bout ses désirs, une femme mariée fait la paix avec sa conscience, son image de soi et de son couple, mais elle n'enlève rien aux frustrations qui l'ont conduite à jouer. Ce n'est pas ce détail qui change quoi que ce soit à l'absence d'un mari obsédé par sa carrière, d'un mari qui croit que tout est acquis et qu'il n'a plus besoin de la séduire, d'un mari qui la renvoie à sa fonction d'épouse et de mère plus qu'à celle de femme, d'objet de désir, de sujet doué de raison et de sentiments. Ce n'est pas mon rôle qui les rendra plus heureux ou plus malheureux, moi je ne suis qu'un thermomètre que l'on lit ou que l'on préfère casser pour penser que l'on est pas malade.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Post de qualité le 19.11.11, 18h07 par Gnou
  • [+1] +1 le 19.11.11, 18h26 par Iron
  • [+1] Post de qualité le 19.11.11, 20h23 par Shinichi
Episode X : Où I love this game (part two)

Mai 2011.
Parmi les nombreuses raisons qui m'ont fait renoncer à toute autre relation que strictement pornographique avec Aurélie, le fait qu'elle parle fort n'est pas la moindre. Elle a sans cesse besoin de se mettre en avant et de focaliser sur sa personne toutes les conversations. L'un de ses procédés préférés pour y parvenir est de rebondir sur chaque anecdote pour faire valoir qu'elle a vécu à peu près la même chose... Parfois, ca n'a juste rien à voir. Parfois, c'est la même histoire en moins drôle, ne serait-ce que parce qu'il n'y a plus d'effet de surprise au moment de la chute. Le tout en parlant fort...

Tu comprendras donc qu'Aurélie est la dernière personne que j'aurais l'idée saugrenue de présenter à une cible, et ce même si je ne couchais pas avec elle. C'est pourtant ce que je vais être obligé de faire...

Game Time, et nouvelle victoire synonyme de qualification. Le champagne coule déjà à flot lorsque je rejoins l'espace abonnés, où j’aperçois Noémie assise, une coupe à la main et ses parents à sa table. Je la signale discrètement à Aurélie...
A: Ben j'avais deviné, je commence à connaître tes goûts...
C: Ca commence bien...


Comme l'alcool, la victoire sportive est l'un de ces puissants euphorisants qui rompt toute inhibition et distance sociale. Me laissant porter par celle-ci, je virevolte de supporter en supporter, partageant maints regards complices et rires à peine forcés, tapant dans un grand nombre de mains et de dos plus ou moins familiers, comme si j'avais toujours fait partie de la famille. Aussi lentement et sournoisement que sûrement, je me dirige vers celle que j'ai prévu de garder pour la fin... lorsque mon nom résonne dans mon dos et que je me retrouve étouffé par un hug aussi festif que viril...
Jérémie a écrit :Clyde, tu es venu ! Wow, tu as pas lésiné, je t'ai à peine reconnu !
A ce stade de mon récit, je dois avouer que non, je n'avais pas lésiné. Perruque fluorescente au couleur du club sur la tête, lunettes géantes assorties et bien évidemment maillot officiel. Prise de risque maximale pour casser mon image et miser sur l'un de mes ressorts favoris : l'autodérision.
J : Allez, viens avec nous, la famille a déjà commencé le champagne !
C : C'est gentil, mais attends, je peux commander une autre bouteille
J : Te fais pas prier, c'est la fête ce soir, tu es notre invité !
Ayant suivi la scène du coin de l’œil, Noémie est hilare lorsque je m’assieds à ces côtés... Bien qu'ayant elle-même sacrifié aux couleurs de rigueur, elle a opté pour un simple débardeur particulièrement près du corps...
N : C'est pas toi qui disais que le kop, ce n'était pas trop ton truc ?
C : Je voulais faire honneur à ton invitation. Ton rire valait bien d'être ridicule.
N  : (rires) je vous présente Clyde, une nouvelle recrue
C : Ne sois pas trop rapide, je te rappelle que tu dois encore me convaincre !
N : Et ? Tu nous présente ton amie ?
Arf, j'avais presque oublié ce « détail »... Sitôt introduite, Aurélie tient à faire remarquer ses propres efforts vestimentaires. Bon, rien n'est véritablement dans le ton chromatique de l'équipe, mais elle a fait les fonds de tiroirs pour s'en rapprocher au maximum, du foulard au vernis à ongles qu'elle expose fièrement jusque sur ses doigts de pieds... Je ne me souviens plus réellement de la suite de la conversation, mais je sais qu'elle m'a passablement énervé, confessant son ignorance totale de notre sport, et affichant - en essayant maladroitement de me survendre - une proximité qui ne laisserait que peu de doute à quiconque se poserait la question : « mais c'est sa nana ou pas ? »

Tandis qu'Aurélie m'efface de la discussion, je m'enfonce sur ma chaise en observant le regard vide que Noémie pose sur ma FF, regard où l'on peut lire aussi bien l'ennui que la gène, et le sentiment que cette fille parle décidément très fort... Je ne serai donc pas resté plus d'un quart d'heure avant de décider de m'éjecter plutôt que de naufrager...
C : Merci à vous c'était sympa... on va vous laisser en famille... Et puis j'ai promis à ses parents de la ramener avant minuit...
N : Ok... ben bonne soirée alors
C : Avec tout ça on a même pas parlé de mon adhésion... tu me laisses ton numéro pour qu'on se cale ca ?
N : Je vais être super occupée, je déménage bientôt, écris moi le tien là-dessus je te dis si j'ai un moment
C : On a qu'a faire comme ca...
J'enrage. Outre le fait que je devrais écrire une thèse sur l'excuse récurrente de déménagement, je sais d'expérience qu'un numclose inversé est synonyme de game over, une façon polie de dire non tout en flattant le besoin d'espérer qui nous anime... Sur le parking, je fais à Aurélie une scène mémorable, l'accusant d'avoir sciemment saboté mes plans. Elle s'en défend, considérant qu'il était légitime qu'elle fasse preuve de sociabilité et qu'il eut été encore plus malvenu de m'exposer avec une « potiche »... Je me fous bien de savoir si elle a raison ou tort, je lui en veux autant que je m'en veux de l'avoir invitée. Je nous en veux même assez pour ne pas la ramener chez moi par dépit.

Je fus bien inspiré. A peine une heure plus tard, un texto me demande « je peux t'appeler ? ». Je rappelle sa mystérieuse expéditrice...
N : J'ai couché mes parents, je voulais savoir si t'avais couché ta harpie...
C (rire) : je suis désolé, c'est une vieille copine, je lui avais promis depuis longtemps de l'amener voir un match... sans doute pas une bonne idée ce soir...
N : C'est surtout que je ne m'y attendais pas...
C : Oh ca va, chacun ses boulets, tu n'en manques pas toi, d'après ce que j'ai vu...
N (rire) : non, mais c'est mignon non ??? bon ok, un point pour toi...
N : Dis, je t'appelais parce qu'après un match pareil je ne suis pas prête de trouver le sommeil... On va se le prendre ou pas ce verre ?
C : Je n'ai pas de champagne mais je dois pouvoir trouver un bon Bourgogne... un peu la flemme de ressortir, là...
N : Mmmmh.... C'est tentant, t'es dans quel quartier ?
Elle est venue. On a dû reparler du match pendant dix minutes... et on a jamais fini nos verres... Je n'ai toujours pas ma carte de supporter, et je n'ai jamais avoué à Aurélie comment j'avais fini ma nuit... Trop heureux d'avoir quelque chose à lui reprocher.
En pleine periode de revision, j'ai lu ton journal (en partie) comme une petite nouvelle pour m'aerer l'esprit.
J'aime ton style d'ecriture romanesque.
Je remarque de plus ton game "simpliste". Peut etre est-ce ta tranche d'age qui le veut !!

Ce que je veux dire c'est le minimum de techniques que tu utilises (ou alors que tu detailles peu sur les quelques lignes que tu tapes )
Mais ce qui transparait des quelques posts que j'ai lu, c'est ton etat d'esprit : tu es un esprit libre, et tu en fait une ligne directrice,une motivation, un moteur...

C'est cet etat d'esprit que je cherche a atteindre.(D'ou mon pseudo !! )

Bon j'arrete, je dois retourner a ma litterature juridique !!
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Il y'a du vrai... le 28.11.11, 09h34 par Clyde69
Merci Fwi man de cet apport intéressant qui rejoint mes questionnements du moment.

Tu as raison, j'ai ce même sentiment de facilité ou de fluidité. Ce n'est pas un choix éditorial ou un effet de style, c'est vraiment ma perception, j'ai beaucoup de mal à comprendre moi-même ce que je mets en œuvre, tout me semble s'enchainer très naturellement... Je ne vais pas m'en plaindre, mais ca m'interroge.

Essentiellement du fait que ca na pas toujours été aussi simple, bien au contraire. Et même si j'ai évolué physiquement et que je sais repérer régulièrement des EC, je n'ai pas non plus le sentiment d'être particulièrement remarquable... Donc oui, peut-être que l'âge est un facteur d'explication, peut-être que je m'adresse essentiellement à des femmes qui savent où elles mettent les pieds et assument leur sexualité sans y mettre trop d'enjeu, peut-être que ma façon de leur parler ou de les regarder dégage quelque chose de suggestif ou de l'assurance, je n'en sais trop rien en fait.

Après, c'est peut-être simpliste comme explication mais j'ai véritablement le sentiment que ma vie a changé le jour où j'ai enlevé mes œillères et que j'ai accepté de voir et d'accepter l'intérêt d'autrui. Je n'ai que rarement le sentiment de me mettre réellement en danger, plutôt de savoir jouer avec les ouvertures que l'on m'offre.
Episode XI : Où je défends la liberté de la presse (part one)


Avant d'entrer dans le vif du sujet, permets-moi deux précautions d'usage... Tout d'abord, je souhaite avertir Senco et toute personne attachée à l'article 212 du code civil que ce billet peut heurter leur sensibilité. Ensuite, que je m'autorise un saut dans l'espace-temps pour me projeter à ces dernières semaines et narrer cette histoire l'esprit frais et la curiosité intacte...


Novembre 2011, donc. Bien que basé en province, je travaille pour une grande institution parisienne qui me demande des déplacements réguliers vers la capitale. Le plus souvent pour des réunions mais aussi parfois - comme dans le cas qui nous intéresse - pour accompagner des groupes de visiteurs...

C'est donc sur un quai de gare que commence ce récit. Passablement en retard et embrumé par une nuit trop courte, je rejoins avec force motivation le groupe essentiellement composé de personnes agées... C'est alors qu'une collègue me dit « ah ben te voilà enfin ? Il y a la journaliste qui te cherche, elle voulait savoir si tu venais... ». Ah oui... J'avais presque oublié que des aventures aussi palpitantes que des petits vieux qui prennent le train à l'aube se devaient d'être relatées, non pas uniquement sur FTS, mais aussi dans la presse locale, qui a mis Pauline sur le coup...

Pauline a 32 ans. Belle brune aux yeux noirs et aux formes avantageuses, je l'ai croisée à deux ou trois reprises et l'ai eu quelques fois au téléphone, sans jamais m'autoriser aucune familiarité extra-professionnelle. Information qui a son importance pour mesurer l'étrangeté de l'entrée en matière qu'elle me réserve...
C : (smack, smack) Tu vas bien, en forme pour cette journée de crapahutage ?
P : Bof... mal dormi... perturbée par la lettre que m'a écrit ma grande... elle ne veut plus que je me dispute avec son père...
C : Aie... Ils ont quel âge tes enfants ?
P : 7 et 3... deux filles...
C : Comme les miens, alors
P : Deux filles aussi ou des garçons ?
C : Une grande fille et un petit garçon... Bon, ben j'espère qu'on va réussir à te changer les idées alors...
Sans entrer davantage dans le détail de ma situation, je m'éjecte rapidement pour socialiser avec le reste du groupe... Je ne la verrai d'ailleurs pas dans le train (elle s'est isolée dans un autre wagon pour finir sa nuit)... Attitude que je conserverai au cours de la visite, passant de l'un à l'autre, alternant des informations délivrées avec prestance (ouais dès fois je me pète) à l'ensemble du groupe avec des confidences que je lui glisse à l'oreille... Je sens son intérêt, nous échangeons regards furtifs et rires, elle recherche ma compagnie puis s'envole parler à quelqu'un d'autre, et revient... j'en fais de même... comme dans une danse nuptiale de papillons... (je précise aux entomologistes qui nous suivraient que je ne sais pas si les papillons ont une danse nuptiale, ce n'est qu'une image et je ne répondrai pas aux protestations).

Champagne ! L'heure est venue du déjeuner où je n'ai pas eu grand peine à l'attirer à ma gauche. Peu à peu et l'alcool aidant, la discussion générale devient prétexte à toute forme de chuchottement et sous-entendus, comme lorsque mon boss évoque nos journées de travail qui peuvent s'étirer jusqu'au bout de la nuit...
P : donc en fait, tu ne dors jamais ?
C : si, si, dans un placard...
P : Non mais sérieusement ?
C : Sérieusement, j'ai un lit caché dans un placard... curieuse ?
P : Forcément... je suis journaliste...
C : Pause clope ?
P : Euh... là, maintenant ? Ca va jaser non ?
C : Oui. Mais j'ai l'habitude^^
La visite s'achève par l'inévitable passage par la boutique de souvenirs, où je mets en œuvre une technique déjà testée et approuvée (argh, je sais, les routines c'est le mal, mais je dois l'isoler maintenant)
C : Bon, je vous laisse dépenser votre argent, je dois passer au bureau... il y a un café juste en face, on se retrouve dans une petite heure.
Alors que le groupe se précipite à l'intérieur, Pauline reste sagement sur le trottoir...
C : Tes enfants vont t'en vouloir si tu ne leur ramène pas la boîte à musique ou le tapis de souris...
P : je sais... mais...
C : curiosité journalistique, hein ?
P : :oops:
Le temps de passer les contrôles de sécurité pour la faire badger, et nous voilà au bureau.
P : C'est le fameux placard ?
Je l'ouvre et m'assied sur le lit... Elle vient à mes côtés... vraiment très près... et m'interroge sur ma situation personnelle, et professionnelle, comment je gère mon boulot avec mes gosses, comment se passent mes relations avec leur mère, comment je vois mon avenir, tout ça... On est plus dans le jeu, on est dans l'intime. Je n'en ai pas forcément l'habitude, je suis déstabilisé, et j'aime ca... Téléphone. Ma collègue se demande où on est, et me demande d'activer. Arf... C'était un beau moment.

Après vingt petites minutes, elle récupère donc ses papiers... « déjà ? » demande l'agent d'accueil, « je suis désolée de ruiner ta réputation » me glisse-t-elle amusée dans l'oreille...

Retour au sein du groupe où nous ne nous quittons plus mais où nous jouons le jeu de nous mêler aux conversations. Assez pour l'entendre affirmer sa bissexualité à un gay qui l'interroge sur le mariage homosexuel... Assez aussi pour l'entendre répondre « j'ai un seul défaut, je suis fidèle » à celui qui lui demande pourquoi elle ne pige pas pour d'autres journaux... Je n'ai jamais vraiment cru aux shits-tests, ou du moins je les ai rarement rencontrés. Je sais que cette phrase est un message qui m'est destiné... Mais je sens aussi qu'elle n'attend pas que je m'y arrête... J'ai plutôt le sentiment qu'elle vise à faire taire d'éventuelles rumeurs naissantes, et à ma laisser assumer la responsabilité de ce qui pourrait se passer.

Je les raccompagne à la gare – restant à Paris pour dîner avec Fanny – et salue l'ensemble du groupe tandis qu'elle se tient, une nouvelle fois, à mes côtés pour que je la garde pour la fin. Une personne veut lui dire au revoir, elle se défend de rester avec moi, je lui susurre que « les apparences sont parfois trompeuses » au moment de lui faire la bise... Sans un autre membre du groupe demeurant sur le quai, c'eut été un moment parfait pour un goodbye kiss...

Si Talleyrand me pardonne, ce sera pour la prochaine fois (to be continued)
Et voilà comment casser un mythe : en 20 minutes, le gardien a cru que tu te l'etais faite et qu'elle avait pu se rhabiller ET se maquiller. Ta réputation va en prendre un coup mon p'tit chat...
Episode XI : Où je défends la liberté de la presse (part two)

Novembre 2011. Une semaine a passé depuis notre escapade parisienne. Je n'ai pas revu Pauline et, même si j'y repense avec plaisir et amusement, je ne fais aucune fixation... Tout juste lui ai-je envoyé un message de remerciement pour son article, pour tester la température de l'eau. A vrai dire, je papillonne et j'ai un certain nombre d'envies diverses et variées (dont une que je raconterai ici « si elle en vaut la peine » :wink: )... Et puis j'ai aussi une relation plus ou moins suivie, dont j'ai conscience qu'elle ne mène nulle part... kind of rebound girl après une relation dont je ne t'ai pas encore parlé... Enfin bref...
Texto de Pauline a écrit :Je couvre tel événement ce soir. Tu viens ?
Bien sûr que je vais y aller, cette question...

Je la croise à l'entrée dudit-événement où nous partageons une cigarette prétexte à nous remémorer les bons moments avant de nous séparer, elle se positionnant au premier rang pour travailler, et moi au fond de la salle pour dire du mal et faire le con, ce qui est une seconde nature (si les indices distillés depuis le début de ce journal vous ont mis le doute sur mon identité, ceux qui me connaissent n'en auront plus aucun après ce détail...). Sitôt la réunion terminée, et profitant du tabagisme qui nous conduit à sortir bien avant tout le monde, je lui demande si elle veut danser... il y a une soirée étudiante pas trop loin et j'ai besoin que l'on me surveille pour ne pas tomber sous le coup de la loi... Elle rit et décline avant d'ajouter... « mais allons prendre un verre ».
P : à chaque fois qu'on me paye un verre, c'est intéressé...
C : Vraiment ?
P : Oui, tout le monde veut que j'écrive un article !!
C : (rire)... Mais moi je suis un homme de l'ombre... parle-moi de toi...
Elle ne se fait pas prier pour s’exécuter... J'apprends très vite des détails intimes et étonnants sur sa jeunesse, sa famille, ses révoltes. Je la trouve incroyablement touchante... je commence à kinotter... tout en tendresse... Y voit-elle un signe d'ennui ? Elle se reprend...
P : Excuse moi, j'ai ouvert les vannes, je dois te saouler... on se connaît à peine et tu connais toute ma vie...
C : Mais non voyons... je connais juste mmmh... ta date de naissance... le prénom de tes enfants... ah, et que tu n'arrives pas à regarder les gens dans les yeux plus de 2 secondes sans rougir...
P : Non... Ca ne le fait pas avec n'importe qui...
Je lui touche la joue, elle baisse la tête en fermant les yeux... Je sens la tension, la gène. Je comprends à ce moment que je ne brusquerai rien... Je dois rebondir, enchaîner, introduire un peu de légèreté pour l'éloigner de sa tempête sous crâne... Je fais du storytelling, je m'autocaricature dans le rôle du dragueur lourdingue (dont j'ai compris depuis quelques temps qu'il fonctionne très bien pour peu qu'on ait un peu de distance sur soi), je la fais rire, les bières s'enchaînent.

A la fin de la troisième, elle verse la moitié de son verre dans le mien...
P : Tu sais combien il y a de bactéries dans la salive que je viens de mettre dans ton verre ?
C : Non, combien ?
P : Assez pour ne pas être obligés de coucher ensemble...
C : On en est déjà à se trouver des excuses ?
Elle rougit, son regard se détourne à nouveau.
C : On est jamais obligé de rien... on passe juste un très bon moment.
P : C'est quand même un truc de fou le désir...
C : Tu es obligée de regarder le mur pour me dire ca ?
P : Quand je te regarde, j'ai l'impression d'être nue
C : Je ne cherche que tes yeux
P : Je sais... c'est pire...
Je la raccompagne à son vélo. Le vent est cinglant, elle se blottit contre moi.
P : Allez, il faut que tu partes, sinon je ne le pourrai pas.
C : Tant mieux, moi j'ai toute la nuit...
P : En fait tu es un grand enfant
C : Tu me trouves joueur ?
P : Oui...
C : Trop ?
P : (silence)... Non...
Je m'écarte. Je ferme les yeux. Mon cœur bat la chamade. Elle s'en va.

Je sais que je viens de prendre un pari rarement gagnant. Mais je l'assume. C'est à elle de cheminer, de savoir où elle en est... Quoi qu'il se passe ou non, j'ai l'intime conviction que cela ne peut venir que d'elle. Je n'aurai pas à attendre très longtemps.

Dès le lendemain matin, s'engage un jeu compulsif où chaque excuse professionnelle est prétexte à s'appeler. Deux fois. Trois fois. Quatre fois par jour. On a bientôt plus besoin d'excuse, juste de s'entendre parler, rire, respirer. Cinq jours plus tard, on se retrouve pour déjeuner... Elle a besoin de poser des mots sur ce qu'elle ressent.
P : Je ne me suis jamais sentie aussi mal de me penser aussi heureuse... et je sais que quelle que soit ma décision, elle me rendra malheureuse...
C : C'est surtout très prématuré de vouloir prendre une décision, non ?
P : Je ne sais pas. En dix ans je n'ai jamais eu à me poser ce genre de question, j'ai toujours éconduit très rapidement les mecs qui me tournaient autour... Là je ne peux pas. Je ne veux pas. Et en même temps, je suis tétanisée à l'idée de lui faire de la peine. Il m'aime...
C : C'est triste... je veux dire, je trouve cela triste d'imaginer que votre couple ne repose que sur le refus de se faire de la peine... ou alors tu ne veux pas m'en parler, ce qui serait légitime... Mais il y a sûrement plus que ça.
P : (silence) Tu as quelqu'un, toi ?
C : Non, j'ai consacré mon week-end à faire le ménage dans ma vie.
P : Pourquoi justement maintenant ? Ça aurait été plus simple pour nous deux si tu avais quelqu'un...
C : Parce que ce n'était pas sérieux, que je la voyais peu, et que je ne pensais jamais à elle lorsque l'on était pas ensemble... Et puis tu as pris beaucoup de place...
P : Alors dis-moi que t'es un dragueur maladif, que c'est pareil avec toutes les filles...
C : Je peux difficilement nier être joueur...Mais...
P : Mais rien. Dis-moi que tu contrôles parfaitement... Jure-moi que tu ne tomberas pas amoureux... Sinon on est vraiment dans la merde...
Pour toute réponse, j'ai préféré l'embrasser que lui mentir.

Égoïste ? Sûrement. Mais je connais les règles du jeu... quitte à me faire du mal.
J'aime beaucoup tes récits Clyde, c'est un vrai plaisir à lire.

J'ai tilté sur un "petit" détail ...
Clyde69 a écrit :Je fais du storytelling, je m'autocaricature dans le rôle du dragueur lourdingue (dont j'ai compris depuis quelques temps qu'il fonctionne très bien pour peu qu'on ait un peu de distance sur soi)
Qu'est-ce que tu veux dire ?

C'est que cette phrase m'a fait repenser à une histoire: récemment, j'ai eu une aventure avec une copine, alors que je me disais que de toute manière j'étais disqualifié d'avance, et ce juste parce qu'elle connait bien mon gros penchant drague. Genre, je lui racontais mes aventures d'abordage ..., également de manière également assez cocasse.

Mais je ne suis pas sur que ce soit la même idée ...
je pense que c'est la même idée kero...

j'ai la fâcheuse habitude de chasser dans mon milieu... ou plutôt la réputation que je m'y suis faite chasse pour moi (j'écrirai un jour un truc sur "i'm a trophy boy")... Du coup j'assume assez facilement d'être dans l'excès, dans la caricature de ce personnage... et de faire en creux sentir que c'est une armure...
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