Bon excusez-moi d'aller (un peu) à contre-courant, mais autant je suis en accord total avec l'article initial, autant je suis profondément en désaccord sur les derniers développements selon lesquels nous serions tous différents, pas égaux devant le plaisir et tout le toutim...
Pour tenter d'expliquer ma position - ou devrais-je parler d'intuition - permettez-moi une analogie culinaire... J'ai des enfants de 6 et 3 ans et comme bien des enfants de leur âge, ils n'aiment rien, ou presque. Des 5 sensations primaires que leurs papilles envoient à leur cerveau, seul le sucré trouve grâce à leurs yeux. Pour le reste, ils privilégieront les goûts les plus neutres possibles. Est-ce dire qu'ils ne ressentent pas les goûts de la même façon que nous ? Non. Le signal sensoriel est identique, mais l'association de ce signal à une sensation de plaisir ou de déplaisir n'a rien d'anatomique, c'est un apprentissage qui va évoluer avec le temps : leur éducation au gout. En clair, ce qui fait que l'on aime ou pas le lapin et les épinards, ce n'est pas son goût (qui est le même sur toutes les papilles) mais la façon dont notre cerveau associe ces goûts au plaisir. Il suffit par ailleurs de regarder les habitudes culinaires des différents pays du monde pour constater une évidence : le plaisir ou le déplaisir que l'on éprouve en consommant un aliment est culturel.
L'organe du plaisir n'est pas la terminaison nerveuse, mais le cerveau
Il en va exactement de la même façon pour le plaisir sexuel. Bien sûr, chaque corps est différent (taille, poids, pigmentation, etc...), mais d'un point de vue strictement anatomique, ils sont identiques : chaque homme, chaque femme, dispose des mêmes terminaisons nerveuses, qui envoient strictement les mêmes messages au cerveau. Ce qui diffère de l'un à l'autre, c'est bien la façon dont le cerveau va interpréter ces messages nerveux comme du plaisir, du déplaisir, ou de l'indifférence. Et là encore, ca n'a rien d'anatomique, c'est un apprentissage.
Coluche a écrit :Il n'y a pas de femme frigide, il n'y a que des mauvaises langues
Il n'y a pas, anatomiquement parlant, de femmes frigides, strictement vaginales ou strictement clitoridiennes. Chaque femme a potentiellement la capacité à éprouver du plaisir par la stimulation de l'ensemble de ses zones érogènes. La non réalisation de ce potentiel est non physique : construction du rapport à soi, au corps, au plaisir, culpabilité, éducation, expériences traumatisantes ou insatisfaisantes, etc... Le traitement de la frigidité n'est d'ailleurs jamais totalement médical, mais essentiellement psychanalytique et comportemental. Culturel, donc.
Cela a d'ores et déjà été dit, mais une même stimulation sensorielle (de la face antérieure du vagin par exemple) peut être vécue par une même femme de façon extrêmement agréable ou désagréable, y compris par un même amant. Tout est une question de disponibilité du cerveau à y éprouver du plaisir, et donc - et c'est pour moi le point fondamental de l'article initial -
d'excitation.
Tout ca pour dire qu'on aurait bien tort de s'arrêter à ce qu'une femme nous dit aimer ou ne pas aimer
a priori. Pour peu que l'on sache en tenir compte, que l'on oublie jamais que son premier organe sexuel est le cerveau, et que l'on sache l'exciter par des stimuli physiques et comportementaux, on peut tous et toutes faire l'apprentissage de nouveaux plaisirs. Changer de partenaire ou de pratique avec un même partenaire, ce n'est pas simplement faire l'apprentissage de l'autre, mais aussi de soi.