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Je n'arrive pas à dormir ce soir. Je vais donc encore continuer mon journal.
Le trouble panique est une maladie caractérisée par la répétition des crises de panique. Celles-ci se déclenchent souvent sans raison, mais en fait, elles ne sont pas si aléatoires que cela. Finalement, on est (en partie) responsable malgré nous de leurs survenues. Mais j'en reparlerai plus tard.
Il y a une sorte de cercle vicieux dans cette pathologie. Chaque crise nous laisse dans un tel état de choc et de stupeur, que l'on appréhende en permanence la prochaine. On angoisse alors de plus en plus. Chaque symptôme de notre corps est amplifié, scruté, analysé en permanence. On les sent souvent monter, jusqu'à atteindre leur pic en une dizaine de minutes. Bien sûr il y a plusieurs symptômes physiques, comme les tremblements ou l'hyperventilation. Mais il y aussi des symptômes mentaux et, parmi eux, celui qui est pour moi l'un des plus effrayants est la dépersonnalisation/déréalisation. Lors d'une crise, les stimili extérieurs sont tellement amplifiés et exagérés qu'à un moment, on se coupe de tout ses sens. Un peu comme si le cerveau se déconnectait du reste du corps. On ne sent plus ses membres, on a l'impression d'être dans un bocal, d'être dans un film, de voir les choses à la troisième personne. Notre propre main ne semble pas nous appartenir. On flotte dans un monde irréel, on est à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de soi. Une sorte de
bad trip, mais sans usage de drogue.
Bref, une expérience traumatisante mais, paradoxalement, totalement inoffensive et absolument sans danger. D'ailleurs, c'est cette expérience que vivent les gens qui, en apprenant une terrible nouvelle, disent qu'ils ont senti le monde s'écrouler sous leurs pieds.
L'agoraphobie
La fréquence et l'intensité des crises entraînent parfois une peur de sortir de chez soi. Peur qu'il nous arrive quelque chose. Peur de faire une crise en publique et qu'on ne puisse pas être secouru. On parle alors de trouble panique avec agoraphobie.
C'est ce qui m'est arrivé quelques temps après ma première crise. Il m'était devenu de plus en plus compliqué de me déplacer. Je me forçais malgré tout à prendre ma voiture mais au bout de quelques centaines de mètres parcourus, une crise se déclenchait. J'étais bien obligé de rentrer chez moi.
Nous sommes alors début 2011. La malchance (ou la chance, c'est selon) a voulu qu'en plus de cela, j'étais obligé de marcher avec des béquilles suite à un problème articulaire. J'ai dû rester cloitré chez moi pendant plusieurs mois. Avec quelques difficiles excursions de temps en temps dehors. Et une date. Une fille rencontrée sur Internet.
Etant donné que je ne pouvais plus sortir, je passais pas mal de mon temps sur Internet. Je ne sais plus sur quel site j'avais rencontré cette fille. Quoiqu'il en soit, un soir, je la vois connectée sur msn. Petit échange court, et je lui propose (dans un moment de folie !) de se voir le lendemain. Je la préviens que je suis en béquille.
Quelle épreuve que de se rendre sur place ! Des crises à répétition dans le RER. Mes anxiolytiques m'ont malgré tout permis de pouvoir me rendre là-bas (heureusement que je peux me passer de ces pilules de malheur aujourd'hui). On se dirige vers un café. On boit un peu. Elle parle. Elle parle énormément. Elle ne peut plus s'arrêter en fait. Et moi, je suis perdu dans ma tête, apeuré à l'idée de faire une nouvelle crise. Ce qui ne manqua pas d'arriver. Je crois qu'elle ne s'est aperçue de rien. J'étais pourtant pâle et le visage figé. Inutile de dire que dans ces conditions, il n'y a aucune tentative de séduction possible. Cependant, je crois que mes béquilles l'ont attendrie. On se pose sur un banc. Elle sourit, m'envoie des signaux clairs. Me fait même croquer dans sa tarte (non, ce n'est pas une métaphore

). Et moi, toujours apeuré, je ne fais rien. Je n'avais pas la tête à cela. Elle m'emmène dans un magasin où elle fait quelques achats. Puis, vient l'heure de se quitter. Je crois qu'elle me fait comprendre que ce serait bien que je la rappelle. On se quitte comme cela.
Je l'appelle le lendemain. Elle ne se souvient même plus de moi. Je lui parle de mes béquilles, puis elle se remémore. Elle m'éjecte un peu au téléphone, en me disant qu'elle est occupée. Je lui souhaite une bonne soirée et raccroche. Dans l'état psychologique dans lequel j'étais à l'époque, je l'ai mal pris. Je ne l'ai jamais rappelée.
Avec du recul, je me dis que feindre la perte de mémoire est un de ces fameux
bullshit de femmes. Un
bullshit test comme je les appelle. Celui-ci a mis en lumière un de mes défauts les plus criants: le manque de persévérance. Lui-même étant causé par un manque de confiance en moi maladif.