La BU, c'est typiquement le genre d'endroit où tu arrives avec les meilleures intentions du monde pour au bout de 3h tourner ton crayon et finir en proie avec tes instincts primaires : Tu manges et tu mattes ce qui bouge. Ou celles qui bougent pas, au choix. Aujourd'hui, honneur aux dames, je travaille avec mon amie Sophie, qui me fait part de ses envies plutôt...surprenantes :
S : Finalement, j'aimerais bien voir ce que ça fait d'aborder un garçon quand on est une fille, ça peut être fun...
L : Laisse moi finir mon exo, on fait une pause et on va te repérer un beau brun.
Rendez-vous pris. On en rigole, on en parle entre potes. Je sens le stress la gagner, la pression monte. Peut être un peu trop. Surement même. Et vint alors la pause. Et c'est tout naturellement qu'elle se dégonfle.
Un air studieux renforcé par des Ray Ban, de longs cheveux (blonds, évidemment), une robe noire presque stricte, mais une certaine sympathie qui se dégage malgré tout de ce visage enfantin. Je crois que c'est à peu près tout ce dont je me souviens à l'heure actuelle. Bon, il est vrai qu'elle est mignonne. Mais elle ne m'intéresse pas plus que ça. Mais j'ai faim, et manger quotidiennement des pâtes commence sérieusement à me les briser. (Note : Si une fille lit ce journal, ne fuis pas, je sais faire la cuisine, je suis juste particulièrement flemmard, fin de la parenthèse).S : J'ose pas...
L : Petite nature
Pote : C'est pas grave, Loyd va aller prendre le numéro d'une jolie demoiselle, il fait trop le malin.
L : J'ai des concours dans un mois vous savez.
S : Ramène nous le numéro de la jolie blonde là bas et on te fais à manger ce soir.
L : Vous me prenez par les sentiments là...
Ce que personne ne sait, c'est que mon année va basculer à ce moment là. Je suis encore en plein OI de mon ex, et plutot en période d'hibernation totale. Alors s'amuser un coup, surtout à cette période de l'année, c'est jamais de trop. Je le referais si c'était à refaire, sans modifier aucun détail. Ou plutôt deux. Celui de ne pas avoir couché avec elle quand j'en ai eu l'occasion, et celui de ne pas m'être flagellé pour ne pas l'avoir fait. Retour au présent.
J'arrive à sa table, je m'assois en face. Elle lève la tête, me dévisage, ce que je fais également. Le décor s'obscurcit, la bulle intime s'est érigée. Place et Acte. Ils veulent un numéro, alors on va faire au plus pressé. Et au plus honnête.
Un canned stuff débile, mais énorme. Tu prends un papier, tu mets nom, prenom, une question à la con, et numéro. Tu la laisses remplir, tout en la regardant, et en guettant l'instant fatidique ou son poignet va marquer un temps d'arrêt. Ca c'est la théorie. Mais la réalité, c'est que Maman lui a dit de ne jamais donner son nom à un inconnu, et Papa de ne pas donner son numéro aux garçons. Et comme je suis un garçon inconnu, c'est simple, elle écrit rien et elle rigole. Alors j'enchaîne.M : Bonjour, dans le cadre d'un sondage sur les personnes étudiants à la BU, j'aimerais te poser quelques questions, tu m'accordes deux minutes ? (Sourire)
E : Vas-y![]()
Psychologie inversée, elle sourit encore plus. La discussion se poursuit tranquillement, les gens commencent à nous regarder bizarrement. Je dois même la reprendre parce qu'elle rigole trop fort. Merde, onn est à la BU quoi, c'est pas posssible. Ceci étant, j'ai un défi à honorer et un ventre à remplir. Personnellement je ne saurais jamais si j'aurais pu obtenir son numéro par la voie directe, mais là je vous avouerais que l'appât du gain m'a fait faire une chose pas très noble.M : Ah oui mince, c'est vrai qu'on ne donne pas son numéro aux inconnus comme ça. J'ai oublié de me présenter. Moi c'est Loyd, j'ai 20 ans et je suis en prépa. Et toi ?
E : Je ne peux pas non plus te donner mon prénom, mais j'ai 19 ans et je suis en fac de blabla
M : Impolie. Je vois que tu fais bien genre de travailler. Tu déballes tout le sac pour lire la même feuille pendant 2h.
E : (eclate de rire), dit le mec qui vient m'aborder à la BU !
M : Je suis en pause. Et je viens apporter un peu d'espoir aux gens qui s'ennuient. Mais toi t'es pas sérieuse, tu devrais même pas me laisser te parler, et encore moins sourire comme ça
Je rigole doucement. Tu viens de réveiller toute la BU, mais derrière c'est moi qui vais faire lourd sur facebook. Soit. Je reviens vers mes amis en essayant de bomber le torse, l'occasion de me rendre compte qu'il faudra que je me remette au sport après la prépa. Je me contenterais du micro sourire fier et rageur.M : Bon, en fait je t'explique...(je lui raconte le défi)
M : Comme je doute que tu fasses bien la cuisine, mets un faux numéro. On s'en fout, l'important c'est qu'il y ait des chiffres.
E : Tricheur.
M : Tu oses ? Bon bah mets ton vrai Facebook alors.
E : ...
M : Ah, c'est le deal, j'y peux rien moi...
E :Bon d'accord, mais tu m'embêtes pas !
M : J'ai une tête à t'embêter ?
E : C'est vrai...
M : Enchanté Suzie. Ma pause est terminée, bonne journée![]()
Quel escroc. Même pas honte.Pote : Alors t'as son numéro ?
M : J'ai même son facebook.