Petit débat sur l'art en général.

Note : 48

le 21.10.2014 par Owen

60 réponses / Dernière par Acherus le 20.01.2015, 03h05

Parce que des fois, on fait autre chose que regarder Netflix. Partagez et discutez ici de ce que vous aimez et de ce qui vous intéresse.
Point Godwin-Soral atteint Owen, bravo ! :D

Très humblement, je trouve qu'on se trompe de combat quand on s'en prend aux faiseurs et pas aux décideurs. Je te trouve très caricatural dans ta vision de la démarche de McCarthy. Ce n'est ni une victime, ni un bourreau, ni un complice. Il a enseigné l'art. Il a étudié l'art. Il a pensé son œuvre avant de la faire, je ne vois pas en quoi il ne serait pas légitime dans l'espace public. Je ne vois pas pourquoi il serait fautif que le marché de l'art soit un oligopole à frange (ne me demandez pas pourquoi, j'aime ce mot). C'est comme si tu reprochais à Nicki Minaj la confidentialité d'un groupe comme Kat Onoma (je ne connais pas beaucoup de groupes pas connus, désolée).

Sur le marché de l'art, le problème c'est aussi la suprématie de l'art ancien (qui ne rapporte qu'aux maisons de vente, aux collectionneurs et aux galeristes) et de l'art moderne (qui ne fait vivre que les ayants-droit). Le problème c'est aussi le blanchiment d'argent. Le problème c'est la spéculation en général. Et ce n'est pas nouveau : l'œuvre d'art est quasiment depuis le début une marchandise. Elle a eu une fonction somptuaire pour les aristocrate, puis pour la bourgeoisie, puis pour les 1% d'aujourd'hui. Quoique, je connais des collectionneurs passionnés qui ne sont pas si riches que ça...

Je défends une définition de l'art matérialiste et économique. Tout ce que je dis c'est que ce qui fait que l'art est art, c'est l'opération symbolique de le montrer en tant qu'art. Rien de plus. Il n'y a pas essentiellement des artistes plus artistes que d'autres ou meilleurs que d'autres.

Parce que si on va plus loin dans cette veine, on tombe dans des notions de pureté et d'esthétisation entièrement subjectives.
- Banksy c'est bien parce qu'il fait de la dénonciation politique dans l'espace public avec des jolies images.
- Koons c'est mal parce que ses caniches géants ont « défiguré » Versailles.
(Je n'ai pas pris ces exemples au hasard, ce sont des artistes que je n'aime pas)

Pareil pour la notion de mérite. Si on pousse l'idée plus loin :
- Un photographe est moins un artiste qu'un peintre parce qu'il ne fait que « appuyer sur le bouton ».
- Les grands maîtres de la Renaissance sont des imposteurs parce qu'ils travaillaient avec des apprentis et qu'ils se contentaient parfois de signer l'œuvre finale peinte par leur atelier.

Ce qui ne m'empêche pas de dire que certaines expos sont à chier (CF le Grand Palais où je vais pourtant souvent). Je préfère penser qu'une programmation artistique doit se distinguer par sa variété, sa diversité et par la multiplicité des réflexions qu'elle engage et des regards qu'elle croise.

Pour répondre à la question que posait Iskandar. Le jeu vidéo peut très bien être considéré comme de l'art. Puisqu'il n'est plus désormais cantonné au marché global en tant que marchandise et qu'il a sa place dans les musées. Je pense notamment à l'excellente programmation de la Gaîté Lyrique. À l'inverse du jeu de société qui demande les mêmes compétences (fabriquer une mécanique de jeu, designer l'ensemble de la boîte) qui ne s'expose qu'en ludothèque.

Et pour répondre à Venusian : là encore l'universalité est une notion hyper trouble. On peut apprécier une œuvre très conceptuelle et très « élitiste » sans faire partie de l'élite. J'ai vu des œuvres avec plein de références à la pop-culture ne pas marcher du tout et des pièces minimalistes absconses rencontrer un écho chez toutes sortes de public.

Le souci actuellement, c'est que l'art reste réservé à une population restreinte. Malgré les cours d'histoire des arts au collège, malgré la gratuité des musées pour les publics défavorisés, malgré l'implantation de centres d'art en région et en banlieue, malgré toutes les politiques culturelles mises en place pour amener les gens vers l'art contemporain, on entend encore : « L'art contemporain, je n'aime pas » — ce qui n'a pas de sens parce que l'art contemporain c'est aussi bien le street art que l'art conceptuel.

Donc il y a un problème d'éducation générale, mais à la fois, l'éducation ne fait pas tout.

Quand je bossais à la FIAC, il y avait dans le stand que j'aidais à tenir une œuvre qui représentait plus ou moins un xylophone. J'ai vite était gonflée par toutes les Chantal la Bobo et les Robert le décorateur d'intérieur qui me posaient des questions méprisantes : « et pourquoi ça coûte aussi cher ? » et « je ne comprends pas la démarche » et « ça serait mieux sur un socle ». En revanche, la sculpture d'en face, ça c'était bien, c'était beau, c'était intéressant (il y avait des couleurs, c'était "joli" et tout). Mais ce xylophone était un hit pour les 2-4 ans qu'il fallait retenir pour ne pas que l'œuvre soit réduite en charpie. Les mecs qui s'occupaient des poubelles (et qui ne bronchaient devant aucune œuvre) sont venus nous demander des catalogues parce que l'œuvre était inspirée d'un instrument de chez eux. D'ailleurs, ils m'ont appris plein de trucs.

Donc le défi, c'est de faire de l'art contemporain un bien culturel comme un autre dans lequel chacun puisse piocher ce qui l'inspire ou ne l'inspire pas.

Enfin pour ceux qui voudraient un peu s'initier à l'art sans voir forcément Mickey faire des choses bizarres avec son sexe je conseille vivement :

La Piscine à Roubaix : C'est un piscine, mais avec des statues tout autour.
Le musée Gustave Moreau à Paris : un petit musée confidentiel qui montre l'œuvre de Moreau, mais aussi beaucoup de croquis, d'esquisses ... un bonheur pour ceux qui aiment dessiner.
Le Bal à Paris : des expos-photos souvent politiques d'artistes du monde entier. J'y ai appris plein de choses sur la tradition des livres de photographie d'Amérique du Sud, l'architecture en Afrique du Sud, les milieux ouvriers au Royaume-Uni. Avec à chaque fois des accrochages surprenants.

EDIT : On parle, on parle, mais on oublie facilement le premier lésé dans l'affaire :

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    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Kamoulox le 26.11.14, 22h51 par Blusher
  • [+2] Intéressant le 30.12.14, 08h52 par Iskandar
  • [+1] Ca va mieux en le disant le 23.02.15, 21h26 par Innocent
Et pour répondre à Venusian : là encore l'universalité est une notion hyper trouble. On peut apprécier une œuvre très conceptuelle et très « élitiste » sans faire partie de l'élite. J'ai vu des œuvres avec plein de références à la pop-culture ne pas marcher du tout et des pièces minimalistes absconses rencontrer un écho chez toutes sortes de publics
Oui, mais justement c'est pas en faisant trois références à la pop culture qu'on est universel.
L'universalité, pour moi, c'est toucher au cœur de l'humanité, à ce qu'on a tous en commun et qui du coup restera gravé dans le temps.
Pour les arts vivants, Shakespeare a réussi ça par exemple, malgré la bouse élitiste que certains en ont fait, d'ailleurs.

Si la pièce minimaliste abscons peut rencontrer un écho chez un public large, divers et varié, alors elle a quelque chose d'universel.
Idem pour les œuvres qualifiées de conceptuelles, et du coup - à tord - d'élitiste.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Il y'a du vrai... le 30.12.14, 08h53 par Iskandar
C'est marrant car j'ai l'impression que ce débat tourne autour d'une même notion : l'art d' "élite" VS l'art "populaire".

Et encore... Car l'art classique, si je ne dis pas de conneries, c'est plutôt des gens d'élites mais hm là ma connaissance s'arrête, alors je vais prendre les choses comme je les ressens.

PS, Ploum, pour le point Godwin c'est pas ma faute si j'ai vu Soral l'utiliser plein de fois. :)

Donc, revenons à nos moutons contemporains.

Pour ceux qui ont pas envie de se taper les 4 heures de Franck Lepage, je résume ce que j'en ai compris. C'est Marxiste, je précise :

L'art contemporain servirait à :

- Créer de la richesse à partir de rien. En termes marxistes on crée une pluvalue sans force de travail. Awesome.

- Créer de la distinction entre les classes "éduquées" et les prolos.

En gros tu vois un plug et si tu dis : "C'est moche, n'importe qui peut le faire", t'es un prolo, si tu dis que tu trouve la démarche intéressante, t'es un mec éduqué.

Ca me parle pas mal, perso, je pense qu'il y a du vrai, même si c'est encore une fois caricatural.


Ensuite, je me suis pas relu mais au cas ou j'aurais dérapé dans mes termes :

Pour moi, bien sûr que Mc Carthy et les autres mecs de l'art contemporain sont des artistes, et bien sûr qu'ils ont le droit de s'exprimer et bien sûr qu'ils ont leur place dans l'espace public. Disons que je trouve pas ca toujours tres intelligent, dans un optique pédagogique, mais je trouve ca beaucoup mieux que la censure.

La question n'est pas de savoir si Mc Carthy fait de l'art ou non. Dans ma conception, pardon mon avis, un artisan est aussi un artiste, puisqu'il crée. L'art, c'est de la création. Ce que je dénonce, c'est surtout :
Sur le marché de l'art, le problème c'est aussi la suprématie de l'art ancien (qui ne rapporte qu'aux maisons de vente, aux collectionneurs et aux galeristes) et de l'art moderne (qui ne fait vivre que les ayants-droit). Le problème c'est aussi le blanchiment d'argent. Le problème c'est la spéculation en général.
Sur ca on est exactement d'accord.

Et ce que je reproche à cette spéculation, c'est d'utiliser des criteres que je trouve nazes, mais qui se comprennent totalement si tu reprends l'analyse plus haut.

Et je trouve que le beau et l'universel sont des criteres importants. Cela dit, je trouve aussi que toute oeuvre d'art, passé un certain prix, est totalement surestimée, même la Joconde. Perso je ne suis subjectivement pas éblouit par la Joconde, c'est beau mais ca ne me suffit pas. D'ou l'éternelle question subjective.

La question n'est donc pas de savoir si Mc Carthy fait de l'art ou non, puisqu'il en fait, mais pourquoi on lui achete des oeuvres si cher ? Cf. Plus haut.

L'autre truc qui pourrait me saouler, mais je ne sais pas si c'est le cas de McCarthy, c'est la pseudo subversivité de certains artistes, qui vont te faire des trucs choquants pour choquer, alors même qu'ils servent aimablement le systeme. Un peu comme un groupe de punk anarchiste qui finirait par signer chez Universal, quoi.

Et c'est encore une fois ce que j'aime chez Burning Man : les artistes paient pour faire de l'art, pour l'art et par l'art. C'est d'un autre niveau selon moi.

Et j'avais oublié :
Là est un des premiers problèmes. L'art n'est pas fait pour être décoratif. C'est pas fait pour être joli, ni pour plaire et être encadré au-dessus d'une cheminée. L'art contemporain en tout cas est (parfois) là pour donner un bon coup de pied dans la fourmilière, faire un fuck à tout le monde, ne pas être consensuel en somme, déplaire, faire réfléchir surtout !
NEIN !
Attention, j'ai jamais parlé de "populaire", pour ma part. Universalité et populaire, c'est totalement différent pour moi.

D'ailleurs je n'aime pas le terme "populaire", qui est un peu trop proche de "populiste", surtout en matière d'art.
Je viens de mater le spectacle de Lepage. Il est excellent. Et je te ferai remarquer, Owen, qu'il emploie aussi l'expression « niveau zéro de la réflexion », je me sentirai donc moins opprimée si tu le traitais de Soral aussi …

Mais … Mais ... J'ai beau aimer les analyses politiques de l'art, je trouve qu'elles se plantent toujours un peu. Et là, Lepage balaie un peu trop vite la question de la démarche.

Art d'élite versus l'art populaire : ce sont des catégories purement fictives, si tu veux mon avis. On aurait tout intérêt à réfléchir plutôt à l'art officiel, à la culture de masse, aux pratiques marginales, aux pratiques amateurs...

Ce qui est fustigé dans le spectacle, ce n'est pas l'art de l'élite, c'est l'art officiel qui nous fait croire à une élite. Le ministère de la Culture, la CIA ont « récupéré » certaines pratiques artistiques pour les intégrer à leur discours. Le problème c'est les dispositifs qu'ils ont créés. Là où je commence à être moins d'accord, c'est quand Lepage sous-entend qu'il faudrait rejeter l'art contemporain comme s'il était un « complice » de ces manipulations.

La position de l'artiste est la position du bouffon. On le tolère, on lui lâche des financements. Mais en réalité, on en a peur et de temps en temps, il faut en occire quelques uns pour l'exemple. Ce n'est pas pour rien que les artistes étaient exclus de la cité idéale de Platon. La politique culturelle est un politique de cour : le pouvoir se rapproche des artistes pour maintenir une illusion de contrôle sur eux et pour s'assurer qu'ils resteront bien sage. Ils les défendent contre les « méchants détracteurs » qui sont en réalité partie intégrante de ce jeu de dupe. Et c'est là que je trouve que Lepage se plante. Il n'y a aucune interdiction de la critique. Au contraire, la diabolisation est encouragée. En diabolisant un artiste, on continue à lui prêter un pouvoir sacré dont il faudrait le déposséder. Or, ça évite bien commodément de s'en prendre au système en place.

Ce qui reste au créateur en revanche et qui ne peut pas être gommé par une quelconque récupération politique, c'est le message initial de l'œuvre. J'ai en tête l'exemple de Nietzsche, qu'on peut accommoder à toutes les sauces, mais dont la voix porte au-delà de sa récupération par les nazis, ou par la droite, ou par la gauche. Et ce que j'entends par message va même plus loin que l'intention initiale. Je pense que les œuvres échappent toujours un peu à leur créateur dans leur rencontre avec le spectateur.

Ce qui se joue ici, c'est le mythe du spectateur passif (merci Debord). Or, c'est une vision réductrice. Il se passe plein de choses quand on regarde une œuvre. Elle peut solliciter notre mémoire, notre intellect, nos sens, notre sens critique. Ce qui me paraît essentiel à penser aujourd'hui c'est comment cette rencontre avec l'art peut devenir une réappropriation pour chacun. L'idéal pour moi serait un apprentissage de l'art qui mélangerait pratique, théorie et pratique de la théorie. L'idée serait d'apprendre à se nourrir de l'art, à le dévorer presque, mais aussi à le trahir, à le détourner pour soi. Bref, à devenir acteur de l'art.

Or lorsqu'on apprend à des bourgeois à aimer l'art, on leur apprend la passivité. On les invite à reproduire un rapport de consommation. On aime ou on aime pas. On adhère ou on adhère pas. Et c'est tout. On peut balancer quelques références pour faire joli ou pour faire autorité, mais ce prétendu savoir des élites s'arrête là.

Et donc, là où je ne suis encore pas d'accord, c'est cette idée qu'un détracteur de l'art contemporain serait automatiquement étiqueté prolo. C'est beaucoup plus vicieux que ça. Ce ne sont pas les prolétaires qui critiquent McCarthy aujourd'hui (de toute façon, ils n'ont pas la parole), ce sont des « intellectuels » qui prétendent s'exprimer comme des prolos. Ce qui se déroule en permanence dans ce débat « pour ou contre l'art contemporain » c'est une confiscation de la parole par les élites. Et ils s'y prennent de la pire manière qui soit, en mimant l'inculture qu'ils prêtent aux masses. Du haut de leurs longues études, ils nous disent : « circulez, il n'y a rien à voir, intéressez-vous plutôt à Van Gogh ». Et le débat s'arrête là.

Tiens par exemple, au cinéma, au théâtre, c'est devenu un poncif de s'attaquer à l'art contemporain. Je pense au monochrome dans les trois frères ou à Intouchable. Ce mythe bien ancré du créateur qui se fout de notre gueule du haut de son piédestal évite encore une fois de remettre en question le piédestal.

Et dans le cas des ados qui se rendaient à la Documenta. Je trouve ça tout aussi aliénant d'expliquer à des mômes qu'ils n'auront jamais leur place dans les musées que de leur dire qu'il n'y comprennent rien. Pour moi, il aurait fallut organiser ce cassage d'abribus et les amener à une réflexion collective sur la signification de leur geste.

Mais je suis peut-être une putain de hippie aussi, j'en sais rien.

Dernière chose sur l'universalité : En fait, je pense que n'importe quelle œuvre peut rencontrer un écho chez n'importe qui. Mais qu'on ne peut pas prévoir, ni qui, ni comment, ni pourquoi. Peut-être qu'il y a des fans de McCarthy qui trouvent ça beau, touchant ou intéressants et qui n'ont jamais été "éduqué à l'art". Je base pas mal ma réflexion sur Jacques Rancière qui essaye de penser au-delà de Debord, au-delà d'une analyse marxiste de l'art dans Le Spectateur émancipé.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+2] Très intéressant le 27.11.14, 18h44 par Blusher
  • [+1] Très intéressant le 27.11.14, 23h58 par Rickhunter
  • [+1] Intéressant le 30.12.14, 09h42 par Iskandar
Tiens par exemple, au cinéma, au théâtre, c'est devenu un poncif de s'attaquer à l'art contemporain. Je pense au monochrome dans les trois frères ou à Intouchable. Ce mythe bien ancré du créateur qui se fout de notre gueule du haut de son piédestal évite encore une fois de remettre en question le piédestal
.

C'est joliment dit, et je plaide coupable. J'ai moi même fait à maintes reprises des parodies hilarantes de productions contemporaines dans des spectacles d'improvisation théâtrale.
Mais pour le coup, j'ai étudié en détails les plus petits dénominateurs commun du "théâtre contemporain" pour essayer d'en dégager des codes communs, des éléments qui permettent d'identifier d'un coup d’œil une production théâtrale contemporaine. Et il y en a.

Et tu as raison, le piédestal est au moins aussi coupable, et plus insupportable encore : on le vénère tout en crachant sur les artistes.
"Il faut sanctuariser le budget de la culture"

Et l'art "officiel" (subventionné quoi) est celui qui se revendique comme étant le "plus subversif", en plus.
Dernière chose sur l'universalité : En fait, je pense que n'importe quelle œuvre peut rencontrer un écho chez n'importe qui. Mais qu'on ne peut pas prévoir, ni qui, ni comment, ni pourquoi
Oui, tout à fait. Souvent les œuvres les plus universelles - tiens soyons fous, prenons Astérix (je viens de voir un docu) - le sont souvent par accident, sans que leurs auteurs ait étudié précisément ce qui pourrait parler à un très grand nombre.
Réfléchir à ce qu'il y a d'universel en soi est une recherche très difficile.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Like ! le 27.11.14, 19h19 par Poivron
Tres interessante ta réponse, ploum, et je suis encore d'accord avec toi.

Allez, je vais te faire plaisir : Bouh Franck Lepage est un vilain Soral. Et d'accord, j'admet que Soral n'a plus l'apanage de cette réflexion, j'ai du être surexposé à sa remarque dans une interview et n'ai cessé de rencontrer l'expression dans tout débat depuis.

MY BAD.

Attention cependant, Ploum, je suis tout à fait d'accord sur la question de l'interactivité dans l'art, ce que évoques quand tu critiques la question du spectateur passif (c'est ca, non?)

Résultat, je le rappelle quand même : il y a des oeuvres dont je n'explique pas la qualité par des choses techniques ou esthétique, je l'avais signalé au passage.

Apres je trouve que dans le cadre de ce que tu décris, le marché de l'art et les dynamiques sociales, ce qui me dérange... Ben c'est justement cette dynamique, cette image biaisée de l'art car corrompue par des institutions.

Perso, je "milite" simplement pour une approche d'éducation à l'art relativement libre de tout enjeu sociopolitique. En gros, s'éduquer à l'art mais en restant ouvert au maximum de trucs, dont l'art contemporain.

Je reprécise que je ne trouve pas l'oeuvre de McCarthy comme "objectivement non valable", je critique surtout la dynamique qui le fait être exposé plus que d'autres au nom de ce jeu politique de subversion/fausse subversion/ tout ca. Oui, c'est la vie, oui c'est comme ca, oui je suis ronchon.

Si on ramene l'art contemporain à sa juste valeur, c'est à dire que l'artiste a de quoi bouffer, se loger et vivre décemment, aucun souci.

Je sais que cet argument est fallacieux, subjectif et sans grand sens, mais je n'ai rien d'autre à dire que c'est ce que m'évoque l'art, un truc tres proche de l'artisanat, en fait.

PS : Petit aparté sans grand sens, mais je viens de faire une cérémonie de San Pedro dans mes montagnes équatoriennes, et vraiment, il y a un certain nombre de choses qui sont universelles, et toute la beauté de l'art c'est de réussir à les retranscrire et de toucher son public, qui je le concoit n'a pas la même sensibilité. Pour ce faire je crois que le meilleur moyen reste de créer sans autre but que de créer, sans penser au public. Effectivement, peut être que je me goure completement mais c'est un peu ce qui me gene chez certains : la prise en compte trop importante du public dans le processus créatif avec des espérances de succes. Ca marche aussi pour la musique. Ca releve du proces d'intention cela dit.
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  • [+1] Yep le 28.11.14, 00h12 par Poivron
Je voudrais le rappeler, parce que cela n'a pas été rappelé avec assez de force.

Quand bien même, on ne souscrit pas à une œuvre d'art. Quand bien même, on trouve cela choquant/moche/ce-qu'on-veut, je trouve d'autant plus choquant de vandaliser/détruire une œuvre d'art !
On peut faire toutes les critiques que l'on veut. On peut dire à quel point on vomit l’œuvre. Tant qu'on respecte l'auteur et l’œuvre en ne l'abimant pas et en ne la détruisant pas.

Je sais que cela ne concerne personne ici. Je sais que vous êtes tous suffisamment éclairés, pour ne pas faire une telle bêtise.
Mais il me semblait nécessaire de le rappeler, pour le bien du débat
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] 100% d'accord le 27.11.14, 23h21 par Poivron
  • [0] Ca va mieux en le disant le 27.11.14, 23h53 par Rickhunter
Je me méfie de la méfiance pour les institutions pour plein de raisons. Il y a encore au sein de ces vieilles dames poussiéreuses des gens qui ont une vision, qui font des programmations intéressantes et qui ont des idées subversives. Bien sûr, cela signifie aussi qu'il faut faire des compromis et qu'on est en permanence sur un siège éjectable. Mais il y a des gens bien partout, même parmi les fonctionnaires du ministère.

Enfin voilà, c'est peut-être aussi parce que je sais où se trouvent les bons plans et que je viens d'être acceptée dans une filière de création dans un domaine qui n'était pas enseigné en France il n'y a pas si longtemps. Je vois peut-être tout un peu trop en rose. Mais il y a encore de l'espoir et de la place pour les idées nouvelles. Même si ma fac n'est plus le joyeux bordel trotskiste décrit par Lepage. On gagne vraiment à se renseigner sur les dispositifs existants.

L'art contemporain à sa juste valeur. Je vais encore prendre l'exemple de la FIAC et des prix des œuvres du stand. Ça allait de 9000 à 70 000 euros (pour la plus grosse pièce). Ce n'est pas quelque chose qu'on peut se payer facilement, mais pour le marché ce n'était pas excessif. Je ne sais pas quels étaient le coût de réalisation, le temps de travail ou les marges de la galerie. Les artistes avaient le niveau de vie d'un cadre. Ils travaillaient l'un comme l'autre à partir de matériaux collectés, je suppose que c'était long et laborieux de les trouver, puis de les combiner ensemble. Le truc c'est qu'ils ont tout intérêt à vendre à ce prix-là parce qu'ils ne peuvent pas prévoir sur le long terme s'ils vont pouvoir continuer à produire et vendre. Et puis il y a le prix d'un atelier. Les assistants qu'il faut rémunérer pour la réalisation de certaines œuvres. En France, il faut aussi souvent avoir recours à un comptable pour arriver à mettre de l'ordre dans ses affaires.

Donc à vu de nez, je dirais qu'il est quasiment impossible de vivre uniquement de la vente de ses œuvres et des droits de reproduction. Je pense qu'1% y parvient. Le reste enseigne, postule à des bourses à la création, à des résidences ou fait des menus de travaux de graphisme. Le chômage, tu oublies. La sécu, tu peux te faire radier à la moindre année de vache maigre. La retraite ... tu oublies aussi.

Perso, cette situation ne me fait pas peur. Je sais que si jamais j'arrive à percer dans ma branche, j'aimerais continuer à exercer un métier où je vois du monde et où je peux débattre. Mais il y a des gens qui ont besoin de solitude, de temps et qui se font baiser par ce système.

Mais bon, je ne vois pas comment régler le problème à part en instaurant le revenu universel pour tout le monde.

Bon. OK. Je vais retourner câliner des arbres.

Sinon Venusian, si ce n'est pas indiscret, tu arrives à vivre de ta pratique théâtrale ?
Ash a écrit :Quand bien même, on ne souscrit pas à une œuvre d'art. Quand bien même, on trouve cela choquant/moche/ce-qu'on-veut, je trouve d'autant plus choquant de vandaliser/détruire une œuvre d'art !
Je vais sûrement choquer certaines personnes, mais j'assume le politiquement incorrect de mon propos. En ce qui concerne ce " Plug anale " de la place Vendeaum, je cache pas mon plaisir quand j'ai entendue que le peuple est descendus dans la rue pour le détruire. Par contre, j'ai moins rigolé pour l'agression de sont auteur.

Mais une provocation comme celle là, alors que les tensions sur le mariage homosexuelle commençais a retomber, placé sur une célèbre place public qui appartient a tous un chacun, place qui n'est en aucun cas un lieu d'exposition pour transmettre une propagande idéologique clivante et provocatrice dans un contexte social tendue, imposé a la vue de tous, alors qu'il aurait du l'être uniquement dans un lieu privée... Dans une tel configuration, je ne vais pas pleurer sur le triste sort qui fut reservé a ce fameux " Plug anal ".

Personne ne l'aurais saccagé si il avait été placé dans un lieu clos ( et si tel aurait été le cas je m'en serait offusqué ). Je ne juge pas les personnes qui on fait ça, c'est un peu comme le plaisir coupable qu'on peut éprouver lorsque l'ont voit Bernard Henry Levy se faire entartré. J'affirme n'avoir aucun respect pour sont auteur, et je comprend le ral bol qui pousse a ce genre d'action " radical ". Sans le prôner ou en faire une quelconque apologie pour autant.

Pour ce qui est du débat sur l'art en générale, je n'est jamais rien ressentie dans un musée, devant une toile ou une sculpture, quitte a trouver cette forme de contemplation ridicule et masturbatoire, mondaine et de genre faussement culturel et raffinée. Par ailleurs, j'ai longtemps était persuadé que les sommes astronomique dépensé dans leurs achat par des particuliers n'était qu'un moyen pour trouver une valeur refuge a certaines fortunes, ce qui es avérée dans beaucoup de cas. Et quand bien même un acheteur déciderais de banquer un demis millions pour la simple beauté de l'oeuvre, on rentre alors dans un rapport particulièrement dérangeant compte tenue de la misère actuelle.

A mon sens, je trouve que les seuls formes d'art qui ont un sens profond et touchant sont la littérature, la musique et le cinéma. J'ai toujours eu du mal a comprendre comment on pouvait s'extasier des heures devant une sculpture sur un bout de pierre immobile. Ou sur un tableau d'époque sur fond blanc avec trois coups de pinceau donné par un type solitaire, dépressif et bourré.

Pour détendre un peu l'atmosphère aprés ces paroles, je vous met un sketch des inconnues qui représente bien plus de valeur artistique a mon sens que le tableau plus que louche de la Joconde, et qui résume entièrement ce que je pense sur l'art " plastique " :

    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] le 02.12.14, 16h07 par Blusher
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