[Débat] Pourquoi les gens accordent leur attention à de la merde ?

Note : 86

le 29.12.2014 par Iskandar

124 réponses / Dernière par Acherus le 10.03.2015, 02h19

Etat d'esprit / psychologie / dev perso / vie intérieure.
Un forum pour celles et ceux qui s'intéressent au dev perso, à l'équilibre intérieur, à la psychologie. Surmonter ses blocages, ses croyances limitantes, nourrir et développer ses forces, etc.
Je n'en fais pas un dogme, j'utilise des éléments pour répondre au sujet.

Tu as déjà assisté à ça, les parents d'un élève de lycée lui sélectionne des documentaires sur la 2ème guerre mondiale pour l'aider en cours. Ou un livre sur la philo pour l'aider avec son bac.
Et bah c'est systématiquement des parents qui possèdent un capital culturel élevé qui proposent ça à leur gosse. Donc oui l'idée de la transmission de la culture à des fins de reproduction sociale me paraît pas à côté de la plaque.

L'idée que les parents transmettent la culture parce qu'ils aiment ça est vraie mais trop simple.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Non le 06.01.15, 11h10 par Rickhunter
Non elle est pas con, mais elle est vraiment à nuancer. D'autant plus que pour en revenir à la question centrale, ça n'explique pas vraiment pourquoi beaucoup de gens accordent leur attention à la "merde".

Pourquoi Nabilla est une icône. Ou même pourquoi Nabilla est connue, tout simplement.

Bourdieu est un sociologue des années 70 si je me trompe pas, et n'a pas connu la dérive exponentielle de la télévision des années 90.
Il n'a pas vraiment connu la culture du buzz, la course à la célébrité, etc.
Mais les gens sont stupides pour beaucoup. Regardez le film Avatar, qui est une superbe métaphore intemporelle de l'évolution et de la vanité de l'humanité. Plein de thèmes y sont abordés comme la colonisation, l'avenir de la planète, l'abus des ressources vitales par de riches entrepreneurs sous couvert d'actions militaires, ect.... Et les gens, la masse populaire, ils ont retenu quoi du film? Des bonhommes bleus en 3D. Si ça c'est pas de la stupidité flagrante
Oh non, tout mais pas Avatar comme exemple ! :'(
Le film dont le scénario a été écrit par des enfants de 4 ans, trop prévisible quoi.
M'enfin oui, beaucoup de gens sont trop cons pour saisir la métaphore (qui pour moi a été faite à la truelle quand même).
Bouba a écrit :L'idée que les parents transmettent la culture parce qu'ils aiment ça est vraie mais trop simple.
ça n'a rien de simple. Ni au niveau opérationnel, ni au niveau de la compréhension des dynamiques d'éducation, de sociologie et (en bout de course) de pouvoir.

* Au niveau opérationnel :

Donner une sensation de plaisir à un enfant quand il produit un effort intellectuel quel qu'il soit (quand il apprend, quand il lit, quand il se cultive, quand on lui apprend à jouer aux échecs...) ça demande un certain talent.

Le fait est que comme par hasard les parents les moins cultivés n'ont pas ce talent. Comment transmettre un plaisir qu'ils ne ressentent pas?

C'est là que ces parents se plantent car ils transmettent des "injonctions contradictoires" à leur enfant :

Image "Fais toi-chier comme un rat mort à te cultiver, sinon tu n'arriveras à rien dans la vie"

:arrow: Déplaisir, angoisse, répulsion, rejet, fuite. Le gamin n'a qu'une envie, aller se réfugier dans sa chambre et jouer avec ses jouets. Epic fail.

Au contraire, les parents cultivés ont une spontanéité qui vient de leur plaisir réel à se cultiver. Ils transmettent ainsi ce plaisir à leurs enfants.

De manière générale, chose qu'on ne dit pas assez, il n'y a pas de performance sans aisance, et il n'y a pas d'aisance sans plaisir.

C'est la même chose avec la culture.

Qu'on le veuille ou non, les méthodes pédagogiques qui sont basées sur l'effort chiant et douloureux imposé au forceps en tant que clé de voûte de la séance, ces méthodes ne marchent pas.

Ce qui marche c'est :

1) Plaisir, découverte, prise de points de repères à la cool
--> aisance, plaisir, + satisfaction de la réussite AVANT MÊME D'ENTRER DANS LE DUR.

2) On entre dans le dur gentiment en proposant un peu de difficulté.
On conserve le plaisir.
--> aisance, plaisir, satisfaction encore plus grande car l'apprenant offre un retour encore plus valorisant.

3) L'enseignant pousse son avantage, se met à taper dans le dur de plus en plus souvent et de plus en plus en profondeur. Il prend soin de continuer à injecter du plaisir pour que la machine continue à être bien huilée.
On est sur de bons rails.

* Au niveau social

Au niveau social, ce qui donne du pouvoir s'est de s'éclater.

Le plaisir qu'on peut ressentir est un moteur pour avancer de façon autonome. Bon.

Mais le plaisir qu'on ressent et qu'on exprime est aussi un facteur d'intégration et de valorisation par rapport au groupe. Les gens n'aiment pas les gens qui se font chier. Car se faire chier c'est contagieux.

Et donc avec la culture comme en toutes choses, à "niveau de performance" égal, le besogneux qui rame comme un chien à se cultiver pour des raisons qui lui appartiennent sera toujours moins en réussite que le jouisseur qui se cultive comme un goinfre parce qu'il aime ça.

ça n'a donc rien de simpliste de dire que le plaisir des parents à se cultiver, qui est sincère (intériorisé si tu veux) et qu'ils transmettent à leurs enfants est quelque-chose de simpliste ou périphérique.

C'est au contraire au cœur des enjeux, et la spontanéité de ce plaisir est également au cœur des enjeux.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Constructif le 06.01.15, 11h47 par splifstarz
  • [+1] +1 le 06.01.15, 11h48 par Sathinelilly
  • [+1] 100% d'accord le 06.01.15, 12h01 par Bouba
  • [+1] Pertinent le 06.01.15, 12h33 par Rickhunter
Une info qui redonne un peu d'espoir, cependant.

http://www.20minutes.fr/cinema/1510075- ... pte-cinema
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Merci ! :) le 06.01.15, 11h55 par splifstarz
  • [0] En effet le 06.01.15, 12h13 par Rickhunter
  • [0] Mdr !! le 06.01.15, 14h46 par Terrigan
Venusian a écrit : Oh non, tout mais pas Avatar comme exemple ! :'(
Le film dont le scénario a été écrit par des enfants de 4 ans, trop prévisible quoi.
M'enfin oui, beaucoup de gens sont trop cons pour saisir la métaphore (qui pour moi a été faite à la truelle quand même).

On est d'accord, le film est d'une simplicité enfantine. Et pourtant les gens ne l'ont pourtant pas compris pour la plupart. Tu confirme ce que je pensais.




En vérité, pour être cultivé, il suffit d'être curieux, c'est tout.

Et bien évidemment, on ne parle pas là de la curiosité de savoir ce que porte Adjanie au dernier festival ou le dernier régime de je ne sais quelle "star".
Qui a dit qu'on manquait de prescripteurs ?

"The End of Power" de Moises Naim en rupture de stock depuis que Zuckerberg l'a choisi pour son club de lecture
L'essai choisi par Zuckerberg pour sa première lecture de l'année "explore la façon dont le monde change pour donner plus de pouvoir aux individus plutôt qu'aux gouvernements, armées et autres organisations, selon lui. Cette tendance de la prise de pouvoir des individus fait partie de celle dans lesquelles je crois profondément et j'ai vraiment hâte de lire ce livre et d'en connaître les détails", a annoncé le CEO du plus grand réseau social au monde. Et ces quelques lignes de recommandation ont fait exploser les ventes de "The End of Power".
Image
Oui, c'est le fin mot de l'histoire : la "culture" est une curiosité de la vie. D'ailleurs j'aime pas trop le mot culture tant il est galvaudé, utilisé à des fins politiques, entaché de dogmes, de conventions, de "il faut faire comme ça", de "il faut lire ça", etc.
Terrigan a écrit :
Au contraire, les parents cultivés ont une spontanéité qui vient de leur plaisir réel à se cultiver. Ils transmettent ainsi ce plaisir à leurs enfants.
oui mais ... pas tous, malheureusement. Il y a des parents cultivés et paresseux, des parents "gâtés" qui gâchent leurs enfants en privilégiant le divertissement immédiat et en cultivant la facilité. Ceux là méritent des coups de pied au cul si vous voulez mon avis.
Ils disent :
"t'emmerde pas à lire quatrevingt-treize, c'est trop chiant, tiens mon chéri je t'ai acheté le résumé."
alors qu'ils pourraient leur donner l'idée et l'envie de lire aussi Les Chouans de Balzac. Ça ne marche pas à tous les coups, mais encore faudrait-il au moins essayer.

Le milieu socio-culturel joue indéniablement mais ce n'est pas la seule explication. C'est tellement plus confortable de ne pas (trop) se forcer :
- d'aller chercher un mac do plutôt que de faire les courses, cuisiner, mettre la table, débarrasser et faire la vaisselle.
- de prendre des somnifères au lieu de revoir son hygiène de vie
...
la liste serait super longue mais vous voyez l'idée!

Le goût de l'effort, la notion de mérite, le plaisir qu'on peut en tirer, ce sont des valeurs qui se transmettent. Je pense qu'il faut le faire tôt et que c'est le rôle des parents. Et qu'on a pas besoin d'être particulièrement cultivé pour le faire.

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Notre cerveau aime céder à la facilité, au plaisir immédiat, aux pulsions, ce sont des biais cognitifs contre lequel il n'est pas si facile de lutter.
Et le pire, ou le mieux, tout dépend de quel point de vue on se place, c'est que c'est contagieux.
Ce sont ces "travers" qui sont exploités par ceux qui veulent nous vendre des trucs et notamment de la merde.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Pertinent le 06.01.15, 13h40 par Rickhunter
  • [+1] A lire le 06.01.15, 14h04 par Valmont
Ça sonne faux "goût de l'effort, mérite" quand on parle de culture non ?
@Bouba Lorsque je parlais d'inversion de cause à effets, c'est exactement ce que je voulais dire.

En effet, je suis tout à fait d'accord qu'avoir de la culture peut aider à gravir les échelons ou rester en haut. Par contre, ce n'est pas pour autant que les gens vont se cultiver dans ce but.

Cette confusion n'est pas étonnante quand je constate que les 3/4 de la population sont incapables de comprendre le principe de base de la théorie de l'évolution.

Contrairement à ce que nombreux semble penser, cette théorie ne dit pas que les individus choisissent ceux qui sont à même d'assurer une descendance. Elle dit simplement que ceux (ou leur descendance) qui ont fait les mauvais choix, volontairement ou non, finissent par disparaitre.
Tu as déjà assisté à ça, les parents d'un élève de lycée lui sélectionne des documentaires sur la 2ème guerre mondiale pour l'aider en cours. Ou un livre sur la philo pour l'aider avec son bac.
Ca s'appelle simplement avoir un minimum d'intelligence. Ben oui, à moins d'être complètement con, si la 2ème guerre mondiale est au programme de mon fils, j'ai meilleurs temps de lui faire voir un documentaire à ce sujet, que secret story. Ce n'est pas ce qu'on appelle bosser une matière ?

J'admets que dans les milieux défavorisés, on trouve encore des gens qui disent l'école et la culture ne servent à rien. Mais dans ce cas, il est malvenu de se plaindre que cela perpétue les inégalités sociales.

Car s'il y a bien quelque chose de nos jours qui est gratuit ou très bon marché, en France comme en Suisse, c'est l'accès à la culture et l'éducation.

Tu m'aurais parlé des Etats-Unis ou autre pays ou les finances universitaires sont hors de prix et permette d'éliminer les pauvres, j'aurais dit d'accord (quoique même là-bas, il y a aussi beaucoup au mérite pur). Mais chez nous, non.

Pour rappel, une TV coûte au bas mot 500 euros par année (amortissement, électricité, abonnement,...), un abonnement à une bibliothèque 20 euros. Donc l'excuse ne tiens pas. D'autant plus si l'on sait qu'on augmente ainsi ces chances.
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