Pédagogie : être vue comme asexuée

Hello,

Depuis quelques temps j'anime des ateliers (la notion d'atelier, d'égalité est très importante) pour des jeunes en difficulté (uniquement des hommes, autour de la vingtaine majoritairement) avec un partenaire masculin (pas seule donc).

A force de patience et d'écoute, mon partenaire et moi arrivions à les faire parler, à trouver des sujets qui les intéressaient.

Et puis un nouveau est arrivé. Il a détruit toutes les fondations fragiles que nous avions commencé à bâtir avant même que je n'ai commencé à parler.

Le problème : il me drague ouvertement, parle fort, monopolise l'attention/la parole, m'interpelle haut et fort alors que mon partenaire est en train de parler, essaie d'emporter les autres dans sa chute (tenter les autres sur les addictions qu'ils ont dépassées), submergé par la tension (comme tous mais je ne pense pas que dire ce qu'il compte faire à ses "ennemis" soit une catharsis....), un vrai gosse !

Je ne suis pourtant pas une vierge-effarouchée-coincée, j'ai de la répartie, je réponds en rigolant et en marquant mon désintérêt, je pensais savoir me faire respecter un minimum... Il en est arrivé à connaître la station de métro à côté de laquelle j'habite et d'autres trucs du genre (bon OK j'étais pas très bien préparée face à la puissance de son harcèlement...). Mais dès que je le remballe gentiment mais fermement, il se vexe et est toujours aussi bruyant (syndrome de caliméro).

C'est exaspérant car même si mon rôle n'est pas du tout d'enseigner quoi que ce soit, j'aimerais instaurer un dialogue, un échange réel avec les autres sans qu'il vienne parasiter mes efforts !!

Je ne peux évidemment pas le congédier (et je n'ai pas envie de faire dans la discipline, ce n'est ni le lieu ni dans ma nature), ça lui causerait des problèmes. Je dois faire avec. Je ne pense pas que ce soit un problème d'autorité (il n'essaie pas de me ridiculiser), c'est aussi le fait qu'ils soient frustrés et puis il faut avouer je suis plutôt mignonne ... (rires)

Surtout que ce n'est ni le premier, ni le dernier à me considérer comme une proie ! Je ne compte pas m'effacer, m'enlaidir ou mettre des cols roulés (cela-dit je ne suis pas du tout dans l'ostentation, ni dans la tenue, ni dans l'attitude, je pense que c'est au-delà de ça, comme je suis plutôt ouverte, je dois dégager un truc inconsciemment qui fait que...), vous avez compris l'idée, je cherche des solutions pour calmer leurs ardeurs sans me mentir à moi-même.

Merci de votre aide les ami.e.s,

Sphmrx

En faisant ça tu joues sur son terrain. Il me semble que tu es en position d'autorité : à toi de l'affirmer, au lieu d'essayer de jouer en défense.

Tu lui rendras service en lui faisant prendre conscience de l'importance de respecter un cadre, et ça permettra aux autres de continuer à profiter de la bonne dynamique que vous avez instituée, et que le trublion cherche à détruire à son profit.

Donc à mon avis, ne cherche pas à te mettre en retrait, à son niveau ou à l'amadouer : oppose lui une fin de non recevoir. "Non, tu ne joueras pas son petit jeu,et s'il persiste à miner le groupe, il devra partir". Tu peux aussi le calmer en l'affichant devant les autres, pour lui ôter la sympathie qu'il essaie de cultiver avec le groupe, contre toi. Fais de lui le boulet, au lieu de le laisser devenir un opposant populaire à votre autorité.

FrenchKiss a écrit :Il me semble que tu es en position d'autorité : à toi de l'affirmer, au lieu d'essayer de jouer en défense.

Tu peux aussi le calmer en l'affichant devant les autres, pour lui ôter la sympathie qu'il essaie de cultiver avec le groupe, contre toi. Fais de lui le boulet, au lieu de le laisser devenir un opposant populaire à votre autorité.

La difficulté du problème ici c'est que ce n'est pas du harcèlement courant. Je sais être catégorique, ferme... vulgaire s'il le faut dans la rue ou ailleurs. Mais là je ne peux tout simplement pas.

Je ne suis pas en position d'autorité, c'est ça le problème. Je suis là pour l'instruction, pas pour l'éducation. Ce n'est pas du tout dans la nature de ce pourquoi j'interviens : l'éducation populaire (enfin remplacer éducation par instruction mais c'est un contre-sens utilisé). Donc il n'y a pas de place pour un rapport d'autorité, de discipline, mais bien d'égal à égal, dans l'échange comme je l'ai précisé. Et ça relève du miracle de mettre un cadre à quelqu'un d' "indiscipliné" à cet âge (c'est peine perdue je pense, je n'ai pas la force, ni le temps, ni les compétences de les transformer en agneaux).

J'ai l'impression que c'est comme être au lit avec un mec dépassé par ses envies de l'instant. On a beau dire "NON" et se débattre, il entend ça comme un "peut-être..." et y voit une attitude hard to get. C'est ça que je veux changer. Et je ne sais pas comment m'y prendre.

Je ne pense pas qu'il essaye de cultiver de la sympathie avec le groupe contre moi. Finalement il n'essaie pas de miner le groupe, il se croit juste tout seul avec moi ! Il est persuadé qu'on va se voir en dehors de l'atelier. Comme je l'ai dit, il n'essaie pas de "ridiculiser sa prof". Nous sommes deux individus du même âge dans un contexte atypique : ce n'est ni un cours, ni la rue, c'est un atelier. Et je pense que c'est cet entre-deux qui perturbe. Et la sympathie est justement ce que l'on se doit d'instaurer. Je ne suis pas là pour faire de lui le boulet, pour l'humilier, le froisser. Je suis là pour que ce soit un plaisir d'assister à l'atelier, pour lui comme pour moi.

Je sais que ça semble impossible mais je veux instaurer une atmosphère détendue et propice à l'agrandissement de la conscience dans le respect de chacun et la bienveillance ;)

Sophomorex a écrit :Je ne suis pas en position d'autorité, c'est ça le problème. Je suis là pour l'instruction, pas pour l'éducation

Difficile d'instruire sans un minimum d'autorité, que tu le veuille ou non tes dans une dynamique de groupe, âge identique ou pas, les deux notions ne peuvent que trés rarement se dissocier.

Sophomorex a écrit :J'ai l'impression que c'est comme être au lit avec un mec dépassé par ses envies de l'instant. On a beau dire "NON" et se débattre, il entend ça comme un "peut-être..." et y voit une attitude hard to get. C'est ça que je veux changer. Et je ne sais pas comment m'y prendre.

Il devrait être facile de l'humilier devant les autres. Il te suffit juste d'être trés claire sur le fait qu'il ne t'attire pas et qu'il est ridicule. Une bonne petite vanne public bien sentie et ça pourrait le calmer pour un moment, tu dis n'avoir aucun problème a remballer les types lourds dans ta vie de tous le jours, le cadre " Atelier " et " instruction " ne justifie pas que tu change ton comportement. Si aprés ça il continue a dépasser les bornes, il te faudra alors envisager clairement de l'exclure de ton groupe.

Et si tu réagissait comme avec un membre de ton groupe sociale qui te poserais plus ou moins le même problème : avec franchise.

Tu le prends à part à la fin d'une session (essaye d'avoir ton collègue qui reste pas loin quand même histoire qu'il ne prenne pas ça pour une invitation), et tu lui dit clairement qu'entre lui et toi il ne se passera jamais rien, que tu es là pour que ce soit sympa ces ateliers ..... que c'est aussi pour l'aider lui, mais que ça façon d’être pressant, le desserre lui et le groupe, en plus d’Être juste inutile vu que tu n'es pas intéressée.

Si tu le traite avec franchise et respect, je pense que ça passerais bien.

Je te file la référence d'un petit bouquin qui m'a été fort utile :

Non c'est non d'Irène Zeilinger. Toute une partie est consacrée à l'autodéfense verbale. Ça se lit vite. C'est vraiment hyper pratique.

Si tu ne peux pas à te le procurer, envoie-moi un mp, je peux éventuellement te faire des scans des passages qui me semblent cadrer avec ta situation.

Merci pour vos commentaires et votre réactivité

ça fait plaisir !!

@Ploum tu m'as tuée !! JE L'AI DÉJÀ (rires!!!)

Enfin c'était mon livre du ptit coin donc je l'ai lu sur une longue période, c'est peut-être pour ça que j'ai pas accroché et il y a vraiment longtemps. A mon goût, ça fait trop le livre que ta tante t'offre à 13 ans pour devenir une "chienne de garde" (j'aime pas l'expression mais ça reflète l'idée). Du style "essayez toujours d'éviter la violence, mais si jamais nous n'avez pas d'échappatoire, un bon coup de pied entre les jambes ça lui fera bien mal" (rires). Je pense que le harcèlement doit pas être un tabou, faut pouvoir en parler autour de soi mais faudrait aussi "dédramatiser" le truc. Dans le sens où OUI c'est totalement inadmissible de voir des mecs qui s'autorisent des trucs comme des mains aux fesses et tout ça, faut réagir sur le coup, pas buguer, mais à côté de ça, il faut très vite passer à autre chose, ne pas se remettre en question sur une attitude qui serait aguicheuse. Je pense que rien que d'acheter ce livre, c'est s'enfermer dans un cercle vicieux, se bouffer le cerveau pour des gens qui ne devraient n'éveiller en nous qu'un bras d'honneur. C'est comme être simplement de culture musulmane en ce moment, faut laisser couler, ça sert à rien de tout se prendre en pleine face, ça fera pas changer le monde...

C'est sans doute perso et un peu bête mais j'aime pas appréhender le harcèlement en tant que femme, en tant que minorité écrasée, en "victime". Je suis humaine avant d'être femme. J'ai déjà eu des soucis avec des femmes (hétérosexuelles) aussi, sous une autre forme donc c'est pas une histoire d'hommes/femmes. En fait, après en avoir parlé longuement avec un ami qui connait le milieu où j'interviens, je crois que mon soucis c'est effectivement de me faire respecter (comme disait FK) de personnes avec qui je construis quelque chose.

Et pas faire de sensibleries, c'est un mec, il me cherche lourdement, il me plait pas, il est remis à sa place. C'est pas parce qu'il est en difficulté dans sa vie que je dois accepter de l'irrespect.

Et qu'effectivement, comme vous me l'avez si bien dit, il faut que je lui dise clairement. Quitte à le faire devant les autres (ou en privé, +1 Hell0). Entre deux yeux et sans sourire. Calmement mais fermement. Et que s'il ne permet pas le bon déroulement de l'atelier, j'appelle la direction et il sera remplacé (bon évidemment c'est juste de l'ordre de la "menace", pas envie d'être flic).

Finalement c'est pas parce qu'on a une bonne tête qu'il faut se bâcher. C'est les autres qui ont un souci. C'est totalement HS désolée mais ça me fait du bien de l'écrire

(rires)

Sophomorex a écrit : Je pense que le harcèlement doit pas être un tabou, faut pouvoir en parler autour de soi mais faudrait aussi "dédramatiser" le truc

Toute proportion gardé quand même, d’après ce que tu nous dis je suis pas sûr que tu sois face a un véritable cas de harcèlement. Juste devant un type complètement benêt et lourdingue qu'il faut que tu recadre, je suis sûr que les choses vont rentrer dans l'ordre par la suite, tiens nous au jus.

sebz9999 a écrit :Toute proportion gardé quand même, d’après ce que tu nous dis je suis pas sûr que tu sois face a un véritable cas de harcèlement. Juste devant un type complètement benêt et lourdingue qu'il faut que tu recadre, je suis sûr que les choses vont rentrer dans l'ordre par la suite, tiens nous au jus.

Quand ça dure une heure et demie sans temps mort, j'appelle ça du harcèlement moi ! Surtout quand il me dit qu'il va m'attendre tous les matins à la sortie de métro près de laquelle j'habite (rires)...

Non je rigole, c'était en référence au livre dont Ploum parlait.

J'ai trop de peine pour eux, quelles femmes sont séduites par ça ??

Je vous redis ça la semaine pro ;) Merci !!

Le prendre à part est une idée mais même s'il te dit OK en face, il risque fort d'avoir un comportement différent en groupe.

Si j'ai bien compris, ce sont de vieux ados difficiles. Donc tu as 2 composantes super importantes à prendre en compte: la fierté et l'effet de groupe.

Le prendre à part marchera tant que vous serez seuls. Mais une fois en groupe, pour garder sa "crédibilité" sous le regard des autres, il cherchera sûrement à faire le malin. Et l'humilier devant les autres risque de toucher sa fierté, donc d'en faire un ennemi. Surtout que ce n'est pas un gamin mais un mec qui a la vingtaine.

Et apparemment, ce mec à une influence sur les autres. Autant le mettre de ton côté.

Ce que je te propose de mon côté:

- le calmer devant le groupe en lui disant que non seulement il s'affiche gratuitement mais qu'en plus il s'y prend mal. Suivre une femme ne peut que lui faire peur donc il n'intéressera jamais une femme comme ça.

- lui expliquer, toujours devant le groupe, que si il arrive à se canaliser, tu pourrais même lui apprendre quelques tips qui plaisent aux femmes, pour qu'il évite de se griller tout seul comme il vient de le faire dans le groupe (et non pas avec toi sinon tu lui soumet l'idée qu'il aurait pu te plaire). Le faire évoluer quoi.

- attendre de voir si tu peux lui faire confiance et commencer à le responsabiliser par rapport au groupe en lui confiant des petites tâches. Puis de plus en plus importantes. En faire une sorte d'intermédiaire entre toi et le groupe, même si tu n'en as pas besoin. L'essentiel est l'illusion.

En gros l'idée est de lui montrer le bâton, puis la carotte. On passe de la mauvaise à la bonne surprise donc il fera sûrement un pas vers toi aussi. Ensuite, le laisser grignoter un peu de carotte. Ça devrais le faire avancer.

Bon courage, ça n'est jamais facile comme situation