
Alors je donne direct la nuance, cette suite d'article, ce sera l'exposition de MA pensée sur l'érotisme. Ça prendra peut-être une forme dogmatique par moment mais c'est uniquement parce que je pose ce que je pense, sans prétention à la vérité absolu.
Même si je pense que ma pensée serait universellement viable (comprendre : tout le monde pourrait potentiellement s'épanouir avec mon approche) je ne considère pas du tout qu'elle est seule viable, ni même qu'elle est la meilleure. Je n'ai donc pas de grandes prétentions autre que celle de vous montrer la voie que j'ai choisi et que j'estime au moins aussi légitime que d'autres.
Maintenant, on parle de fesses.
Le premier article, tout sagement, parlera du consentement. Bizarrement c'est une problématique qui revient plus souvent dans le SOS Love que dans Sexualité. Quoiqu'il en soit, c'est le genre de questions auxquelles il vaut mieux trouver une réponse ...
Du consentement
Au premier abord, pour la plupart d'entre nous, le consentement est une condition nécessaire à tout acte sexuel épanouissant et il est plutôt rare d'entendre des gens faire l'apologie du viol. La question n'en est, en réalité, pas moins épineuse. Il faut en effet définir à partir de quand il y a consentement et trouver une réponse pour toute ambiguïté, voire perversion, qui peut s'y glisser. J'entends par perversion ce renversement perfide qui déguise le bien en mal. On a tous entendu parler des ces « non » qui voudraient dire « oui » ou de cette fille qui était sapée comme une allumeuse et qui donc, évidemment, se devrait d'aller jusqu'au bout. L’activité sexuelle et la séduction sont tellement couvertes de non-dits que la perversion y a trouvé un milieu fécond. C'est pour ces raisons que j'ai décidé de dédier ce premier article à la clarification de la notion de consentement. Ici, je chercherai à déterminer ce qu'est le consentement et à partir de quand un consentement est un vrai consentement mais surtout si il est suffisant.
Le consentement, tout d'abord, est une action. Celle de donner son accord. Il ne s'agit pas uniquement d'être d'accord pour être consentant. Il faut aussi le manifester, le donner. Avoir le consentement de l'autre, donc, c'est avoir l’expression claire de son accord. Il faut vraiment que chacun imprime ça : si il y a ambiguïté, il n'y a pas consentement. La personne en face de vous peut-être toute excitée, joueuse, peu vêtue ; ou tout ce que vous voulez, ça n'y change rien. Même si elle vous « parait » d'accord, ça ne suffit pas. Vous n'avez aucun consentement. C'est simple : si il y a consentement, alors il n'y a aucune place pour le doute ; même : il n'y a pas de presque-consentement. Je parlais de perversion tout à l'heure. La perversion ça peut être ça : vouloir voir un consentement là où il n'y en a pas. La perversion tord votre perception de la réalité pour que celle-ci paraisse plus en accord avec vos attentes. Si vous êtes à peu près équilibré, vous vous en rendrez compte. Mais pour ça il faut être lucide et garder à l'esprit que le consentement ne laisse aucune place au doute. Le consentement, sous cette définition, prend d'abord la simple valeur d'un « oui ».
La question, du coup, c'est de savoir si un « oui » suffit. Beaucoup diront que oui, moi non. Il est facile de faire lâcher un « oui » à un enfant, un handicapé mental, une personne droguée ou ivre. Vous pouvez même faire lâcher un « oui » à pas mal de gens si vous avez de bons moyens de pression. Le consentement, tel qu'il est premièrement définit ici ne suffit pas. Si il semble filtrer tout rapport sous violence physique, il ne suffit pas pour écarter la pression, l'ignorance, l'abus. D'un point de vue moral, ici aussi, la plupart d'entre nous saurons d'instinct qu'un consentement issu de la pression n'est pas un vrai consentement. Mais la perversion brouille ce genre de perceptions et quand l’émotion bouillonne, ou le sentiment nous déséquilibre, on a vite fait de travestir nos considérations morales. Et quoiqu'il en soit, un définition du consentement dont l'extension inclut des faux-consentements n'est pas viable.
En découle qu'un consentement, pour être un consentement, doit être libre et éclairé : la manifestation d'un accord sous la pression ne peut être la garantie d'un réel accord dans la volonté de même que l'on ne peut être d'accord avec ce que l'on ignore. Ainsi, pour consentir, il faut être apte à décider. Savoir, donc, à quoi on donne son accord et être en état de décider. Ainsi, la consommation d'alcool ou de toute autre substance (absolument toute substance) susceptible de modifier le jugement et/ou la perception peut rendre le consentement tout à fait impossible. Il est très important de garder à l'esprit que pour être d'accord avec quelque chose, il faut savoir exactement ce que cette chose est et au mieux ce qu'elle implique. Donc sont à laisser de côté les approches sexuelles surdeguisées, les non-dits, les surprises. Comprendre : si vous faites l'amour à quelqu'un de consentant et que vous lui glissez une sodomie surprise sans avoir son amont, vous êtes dans le viol. Il n'y a pas UN acte sexuel ou érotique, il y a une multitude de pratiques qui demandent à être approuvées individuellement. C'est pareil pour les chantages affectifs ou érotiques visant à se débarrasser de contraception sans que l'autre le veuille. Faire pression sur l'autre pour qu'il se débarrasse de la capote malgré lui, c'est un viol ; arrêter la pilule sans prévenir pour faire un « enfant dans le dos », c'est aussi un viol. Pour tout récapituler : tout ce qu'il se passe sans que l'autre n'ait exprimé son accord, sans pression et en toute connaissance de la chose, est susceptible d'être un viol. Cela peut sembler sévère pour certains mais j'insiste dessus : l'érotisme ne devrait faire que du bien. Ne pas trop interpréter mes propos cependant : « tenter » quelque chose ne fait pas de vous un violeur en puissance, c'est vouloir imposer à l'autre qui est dangereux.
J'ai entendu certains développer la notion d'enthousiasme, qui remplacerait celle de consentement et qui serait plus adaptée. Étymologiquement, cette notion est plutôt connotée puisqu'il s'agit littéralement d'être possédé par une divinité. Être enthousiaste, c'est être mû par un dieu. Si l'on accepte de donner une dimension spirituelle à l'érotisme, on peut considérer qu'ici, l'enthousiasme, serait l'inspiration du désir érotique. Il s'agit ici d'être possédé par un Eros symbolique. Comprendre qu'il ne s'agit ici d'aucun divinité à proprement parler mais d'une force émotionnelle intérieure qui se projette vers l'extérieur. On pourrait donner d'autres noms à cet enthousiasme, surtout si l'on ne veut pas admettre la dimension symbolique, mais cela n'est pas important. Ce qu'il y a à comprendre ici, c'est que la grande condition de l'échange érotique peut ne pas être le seul consentement mais qu'il peut être accompagné et même compris dans quelque chose de plus manifeste : le simple oui ne suffit plus, il faut maintenant être dans la demande. On passe ici d'un oui passif, en réponse à une demande extérieure à une demande explicite verbale et corporelle. Préférer cet enthousiasme au simple consentement (alors que cela parait surtout être une restriction de plus) n'est pas anodin : la pression peut venir de l'intérieur du sujet lui-même. On peut dire « oui » par prétendu devoir ou par manque de confiance en soi par exemple. Mais l'érotisme ne devrait pas être quelque chose de forcé. Il ne s'agit pas de faire céder l'autre. Toute personne impliquée devrait en avoir réellement envie, sans se sentir le devoir de le faire pour l'autre plutôt que pour soi-même. L'érotisme nous regarde d'abord nous-même. Il s'agit de nous donner ; pas uniquement comme un présent mais aussi et surtout comme une âme à nourrir. Car il s'agit bien de ça : si je me donne, ce n'est pas en tant que marchandise ou objet, c'est en tant que sujet. Ainsi, le simple accord ne suffit plus. Il ne s'agit pas simplement d'être d'accord : dans l'érotisme, le consentement, c'est l'enthousiasme - c'est en avoir envie et le vouloir, simplement.
Importe peu que vous ayez les mêmes réflexions morales que moi. Importe peu la manière dont vous construisez votre morale : à priori, si l'on ne fait jamais rien sans le consentement d'autrui, jamais rien dans l'ignorance ou la perfidie et si jamais je n’emmène autrui dans mon lit sans que lui même n'en ait manifestement et explicitement envie, il y a peu de chance que je me montre mauvais envers lui. Il y a évidemment des arguments que l'on peut trouver contre le développement que je fais du consentement et je peux bien en donner un exemple : celui des jeunes inexpérimentés. Il est courant, parmi les jeunes souvent, que le dialogue et l'expression du désir ne se fassent pas. Je répondrai que l'on peut avoir envie sans vouloir et que chacun est libre de donner ou non son consentement, autrement dit que si quelqu'un n'exprime aucun accord, même malgré le désir, il n'y a par définition aucun consentement (encore moins d'enthousiasme). Cela posé, il est maintenant à chacun d'instaurer une confiance, dans le couple mais aussi plus largement en société, pour que les désirs soient moins coûteux à assumer.
(Si vous avez des remarques ou que vous remarquez des coquilles hésitez pas, c'est là pour affronter la critique ;) )