Ceci n'est pas un carnet de séducteur.

Note : 210

le 25.03.2017 par Hillel

150 réponses / Dernière par Perlambre le 23.10.2018, 19h48

La vie est faite de virages, d'obstacles à surmonter, d'audace, de surprises et de rencontres décisives. Racontez votre histoire, entrez dans la légende; partagez vos cheminements, vos interrogations, vos rencontres, vos aventures - foirées ou réussies, c'est pas le plus important - et recevez les avis et conseils des autres membres.
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Aujourd'hui je suis en repos, il a plu toute la journée, et je me suis retrouvée et retrouve en PLS dans mon lit à me droguer au spasfon (Ô joie d'être femme). Je vais faire trois partie parce que mon écriture a été particulièrement prolifique. A vous de choisir de lire, ou non.



I. Paris, t'aimerai-je?
II. Une nuit non convenue - Soirée avec Jodie.
III. Comportement Non Identifié: Clémentine.


3... 2... 1.... go.




I. Paris, t'aimerai-je?

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Je suis montée à Paris il y a peu, pour le boulot. J'y suis déjà allée, à plusieurs moments. Je n'ai jamais été réellement touchée par cette grande ville.

J'ai grandi dans des terres qui résistaient encore un peu, à l'époque, à la mondialisation. Une époque où mon pays n'était pas encore vraiment urbanisé. Ce que je voyais, enfant, comme des terres sauvages. Les miennes. Mon terrain de jeu. J'étais aventurière. Je courrais à moitié nue. Je grimpais aux arbres, aux rochers, je faisais des acrobaties et mes parents n'avaient pas peur que je me tue. Je plongeais dans l'eau translucide, j'observais la flore, la faune avec ébahissement. Ça a apparemment changé depuis que je suis partie. J'ai peur d'y retourner. J'ai peur qu'on ait détruit mes souvenirs.

La première fois que j'ai posé mes pieds en France, c'était ici, à Paris. Mon père -qui venait de France quand il a rencontré ma mère- voulait peut-être nous impressionner, nous convaincre que la France était un beau pays, meilleur que l'ancien, qu'on s'y sentirait bien. En réalité je me sentais comme une indienne dans la ville. Bien sûr, j'étais impressionnée. Je n'avais jamais vu d'immeuble si grand. Jamais vu autant de parcelles de terre créées et organisées par l'Homme, autant de personnes réunies dans un même lieu, autant de bruits de moteurs, autant de cafés, de restaurants, de boutiques, je n'avais jamais vu de métro. Tout était grand, chaotique, effrayant pour moi. Je trouvais cet endroit terne. Il manquait les couleurs qu'avaient mon pays. Les regards des gens se perdaient dans le vide, alors que dans mes souvenirs, on se regardait réellement, on échangeait réellement. Je n'ai pas aimé cette ville, ce pays me faisait peur.

Quand j'y suis retournée, je n'aimais toujours pas ce mouvement incessant, cet anonymat qu'on porte dans cette foule immense, la désagréable façon d'être accueillie, l'irritabilité des gens en voiture. Je préfère encore sa périphérie, plus rude, mais plus réelle. Mais il y avait eu des visites marquantes.

* J'étais allée voir une expo contemporaine avec une amie, au centre Pompidou, j'avais accroché avec le presque anachronisme qui en dégageait, j'étais transportée dans un monde à part.

* J'étais montée avec une nana qui m'avait invitée à une pièce de théâtre sur les champs Élysées. Je n'ai pas aimé la pièce, mais j'ai bien aimé qu'elle glisse sa main entre mes cuisses. Puis dans un restaurant trop cher et distingué pour moi. J'ai tenté d'observer les manières de tout le monde pour ne pas faire trop tâche, c'était un peu ridicule. Je crois n'avoir jamais vu un restaurant où tout le monde posait encore sa serviette sur les jambes ni aucun coude sur la table.

* Je suis aussi allée au Marais (forcément). Pas tant que je le voulais mais une femme (celle qui était en couple, le triangle amoureux) m'y a invitée. On s'était aussi posée au jardin des plantes. J'y ai aimé son temps comme suspendu.

* J'ai également été à un cours d'effeuillage avec ma copine de l'époque, justement en périphérie. Comme une organisation secrète cachée dans la périphérie parisienne que l'on peut penser un poil crade.

Mais je n'ai jamais été touchée par cette ville vraiment. Et puis, à force d'y aller, je me rends compte que je commence à apprécier me promener longuement dans ses rues et me perdre. A être spectatrice. A observer plus attentivement son architecture. A soulever mon regard au dessus de la foule et faire apparaître son inertie. Je ressens comme une envie de découvrir tous ses secrets. Ce qui tient du plastique et du vivant. Je me sens comme Zazie dans le métro. Je me demande si l'habitude ne nous fait pas plus apprécier les choses que les choses en elles-même, en tout cas, je commence à apprécier Paris.

J'ai décidé donc que je découvrirai Paris comme Paris, je t'aime.

"Thomas, listen. Listen. There are times when life calls out for a change. A transition. Like the seasons. Our spring was wonderful, but summer is over now and we missed out on autumn. And now all of a sudden, it's cold, so cold that everything is freezing over. Our love fell asleep, and the snow took it by surprise. But if you fall asleep in the snow, you don't feel death coming. Take care."

D'ailleurs, si vous avez des lieux à conseiller, et re-conseiller, n'hésitez pas.

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II. Une nuit non convenue - Soirée avec Jodie

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Si vous vous demandez d'emblée si j'ai fait l'amour avec elle, je ne vous ferai pas attendre : non. Cette nuit n'était pas totalement convenue.

La veille, je n'arrivais pas à dormir, je pensais trop. J'ai peu dormi, peut-être deux heures, je me suis levée tôt et ai enchaîné ma journée au travail en dépassant les quotas d'heure. Je me suis endormie sans m'en rendre compte durant mon taf. J'étais morte. Je me suis dit que c'était une réelle mauvaise idée cette soirée, je n'arriverai pas à être séduisante, je n'arriverai pas à la faire rire ni faire la conversation. Je voulais dormir.

J'étais fatiguée, mais j'avais quand même passé de bonnes heures la veille à me préparer (le "au cas où"). J'ai couru après le taff' pour pouvoir me maquiller, me coiffer, me fringuer, me regarder 25 fois dans le miroir pour voir si j'étais assez belle, non, pas encore, je veux qu'elle se dise "Wow" quand elle me verra, alors je m'arrangeais, je recommençais.

Elle est arrivée toute sourire, ravissante dans son manteau, ses talons, sa chemise longue et son slim. Je ne crois pas l'avoir déjà vu si souriante. Elle m'aborde en bafouillant, elle n'est plus aussi sûre d'elle que ce que j'ai pu voir jusqu'à maintenant. Comme si tout à coup elle avait rajeunit. Comme intimidée. Je ne suis pourtant pas la plus âgée.

Mon meilleur atout je crois, c'est mon expressivité. Mon humour, mon esprit, ma répartie, autrement, mon inconvenance. La seule chose qui me préoccupe lorsque je vois une femme qui me plaît, c'est de vivre des émotions.

Mais non, j'étais ailleurs. J'ai commencé avec des choses banales, des questions banales, je me suis trouvée banale. Ennuyante. Je ne trouvais pas de fil conducteur, je n'arrivais pas à trouver cette femme que je pouvais être par moment.

J'ai appris qu'elle avait dormi autant que moi. Elle est venue quand même et il se trouvait qu'elle devait repartir après parce qu'elle travaillait le lendemain. Merde. Elle a fait de la route, ce détour, juste pour venir me voir quelques heures, et je ne suis que ça ?

Ok. Jouons le jeu. Reprends-toi. C'est mon leitmotiv, ma théorie de l'existence: aucun regret.

Comme promis, il était prévu que je lui prépare un repas mal préparé avec une bouteille de vin pour faire passer le goût immonde. Je tente de reprendre petit à petit de l'énergie en me plongeant dans l'action, je puise dans mes réserves. Je tente de discerner son état d'esprit. Je sens qu'elle est légèrement anxieuse. J'arrive à nouveau à faire de l'humour en disant tout ce qu'il me passe à l'esprit, en la narguant, en faisant des jeux de gamins avec elle. Elle se détend mais je sens encore une résistance. Je fais donc ce que je fais de mieux : me foutre la honte pour détendre l'atmosphère.

Je tente maladroitement d'ouvrir cette foutue bouteille de vin comme si j'avais fait ça toute ma vie. En vrai, on a galéré une quinzaine de minutes à l'ouvrir, en essayant des positions improbables dans l'ordre numérologique du kamasutra. J'en jouais un peu. Je tente de serrer la bouteille entre mes jambes pour tirer avec mes deux mains.
Wow, je ne savais pas qu'on était capable de me résister aussi longtemps entre les cuisses.
Je profite de cette séance de gym improbable pour faire quelque rapprochement physique. Je lui propose qu'on essaye à deux. Une main sur la sienne, ma jambe contre la sienne, mon visage plus intime de manière parfaitement innocente. Enfin, innocente. J'ai réussi à érotiser l'ouverture d'une bouteille de vin. Deal with it.

Elle se prête au jeu et fait d'autres propositions. Finalement, elle tient la bouteille et je tire sur le bouchon qui s'enlève. Le vin aussi putain. Je reçois le tout dans la gueule, les yeux, les mains. Ça n'a pas manqué de la faire éclater de rire. Quelle connasse. Ce rire me plait.

Jodie s'est toujours montré dans le contrôle, sur la réserve, impénétrable. Je tente de la bousculer, figurativement. Sa réserve, son élégance, me fascine depuis le début. Ça me donne envie de la décontenancer. De la choquer. De la provoquer. De briser ce mur immense qu'elle a construit entre elle et les autres. De déclencher chez elles des rires, de lui faire dire des âneries, de la faire s'autoriser à pouvoir être ridicule elle aussi. Je ne saurai pas trop décrire comme je m'applique à faire ça.

Puis, elle me parle un moment de son père qu'elle connaissait comme distant.
Hillel, un sourire : Tiens... ça me rappelle quelqu'un.
Jodie (Elle sourit, feint l'innocence) : A qui est-ce que tu penses ?
Hillel : Tu n'as pas l'air de dire facilement ce que tu ressens, de ce que j'ai pu voir de toi jusqu'à maintenant. Tu es... indiscernable. Souvent je n'arrive pas à savoir ce que tu as dans la tête. Tu lui ressembles.
Jodie, avec un regard introspectif : C'est vrai. Je lui ressemble beaucoup.
Hillel: Pas entièrement. En fait, tu n'es pas obligée de lui ressembler.
On part dans des questionnements plus profonds que je n'aborderai pas ici.

En parlant de choses et d'autres, j'obtiens un détail très personnel sur sa vie. Dans ce détail, elle me dit un nom comme si je le connaissais.
Hillel : Qui est-ce?
Jodie (malaise) : Je ne t'en ai pas parlé?
Hillel: Tu ne m'as jamais donné aucun nom. Peut-être que tu m'en as parlé anonymement, comme un "ami"?
Jodie: Oui c'est vrai. Comment dire... disons que... oui on est un peu comme un... c'est ma relation amoureuse la plus longue.
Hillel, sourit: D'accord, je vois.
Je sens son malaise, elle change de sujet.

J'ai senti qu'elle n'oserait pas tenter quoi que ce soit. Elle était trop sur la défensive, ou trop incertaine. J'essaye de créer des ouvertures, d'apaiser des craintes s'il y en a. Des "Tu es vraiment mignonne" (à me dire ça), lui tendre une perche lorsqu'elle cogne sa main contre la mienne par inadvertance et qu'elle s'excuse : "Je suis sûre que tu l'as fait exprès" avec un sourire et un regard insistant, puis plus chaleureusement alors qu'elle auto-dérisionne sur sa façon de contrôler même jusqu'à son environnement pour cuisiner : "A vrai dire, tu es plutôt sexy quand tu cuisines".

J'utilise le moindre prétexte pour que l'on s'effleure, pour qu'elle ressente un contact avec ma peau, et j'insiste ponctuellement sur certains gestes. Je me rapproche d'elle, assez pour qu'elle puisse simplement se pencher pour m'embrasser. Mais non, elle ne franchit rien.

On discute, on rit, beaucoup. Je crois que maintenant c'est définitivement acquis entre elle et moi, ces rires. Par moment je la regarde attentivement dans les yeux, et je sens qu'elle évite mon regard, qu'elle est plus évitante que d'habitude. Je commence à réellement me questionner sur une non-attirance.

Après le repas, on se pose sur le canapé. Elle parle, beaucoup. Elle tente d'éviter les silences avec des sujets sans intérêt dont elle n'a pas l'habitude alors que je recherche ces silences pour simplement accrocher son regard. J'essaye de la recentrer sur nous et lui dis avec légèreté : "Attends... on est sérieusement en train de débattre sur mes murs, là ?".

Je contemple son regard pendant qu'elle parle. Ses jolis yeux, son sourire. Je sens que je souris bêtement, je n'entends rien de ce qu'elle me dit. J'avais simplement envie qu'elle m'embrasse, j'ai envie de l'embrasser. Mais lorsque je crée des silences, que je décide de ne pas donner de réponse, elle évite mon regard et aborde à nouveau un sujet d'évitement.

Je ne l'avais jamais autant vu dans cet état de non maîtrise, si intimidée, se montrer si vulnérable, comme si elle n'avait jamais fait ça. Mais je n'arrive pas à interpréter cette vulnérabilité. Je suis en train de me demander si elle ne veut en fait que ce moment de réel rapprochement n'arrive pas. Si ça ne l'effraie pas, négativement parlant. Si elle ne veut pas juste mon amitié. J'en viens à me dire que je ne lui plais pas.

Le temps passe, elle me dit qu'elle va devoir bientôt partir mais je sens son hésitation. J'ai l'impression de voir de la tristesse, ou une déception. Peut-être qu'elle m'attend, peut-être pas. Alors je lui dis :
Hillel : Attends.
Elle me regarde. Je ne savais honnêtement pas si je me prendrai un vent ou non. J'avais dans l'idée que je ne lui plaisais pas. Mais ça ne peut pas se terminer (encore) comme ça. Le désir me tiraille. Si elle ne veut pas franchir le pas je le ferai. Pas de regret.
Hillel : Il y a quelque chose que j'ai envie de faire.
Jodie : Oui ?
Je laisse passer un instant pour me donner du courage. Je me penche vers elle, nos lèvres à quelques millimètres, je veux voir si elle me rejette ou pas. Elle ne me rejette pas. J’entrouvre mes lèvres, notre visage se touche. Je l'embrasse. On s'embrasse. Et en regardant ses lèvres par moment, je vois un sourire.

Puis plusieurs. Je mets son visage entre mes mains, je dévie sur son cou parce que je tente de découvrir sa peau, elle est douce, je descends au dessus de ses seins, je m'arrête ici, j'ai un moment d'hésitation. Elle met les siennes sur mes reins. Je recule légèrement et je la regarde. Je la trouve belle. J'aime ses yeux. J'avais lu un jour que les yeux verts étaient des plus rares. J'ai envie d'elle.
Jodie : Est-ce que tu ne serais pas en train d'essayer de me faire changer d'avis pour que je reste ?
Hillel : Je ne suis pas si vile et manipulatrice.
Je l'embrasse à nouveau et je me penche au dessus de son corps, je l'étends sous mes doigts, je caresse l'intérieur de ses cuisses, je sens ses lèvres, sa langue. Genre

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J'ai envie d'elle, mais je sens que ce n'est pas le bon moment pour moi. Je recule et lui dis doucement qu'elle devrait rentrer. Peut-être la fatigue, aussi.

Après ça, je sens qu'enfin son anxiété de soirée s'est en allée. C'était peut-être ça, après tout.

Au moment de partir, elle se fige. Comme si elle voulait à nouveau que je lui dise qu'elle me plaît, pour être sûre, comme si elle ne savait plus. Je la regarde avec un sourire, et je l'embrasse pour enlever ses doutes. Furtivement au début, puis, beaucoup plus intensément au point que sans m'en rendre compte, je la plaque contre le mur. J'entends sa respiration plus forte. Je sens ses mains serrer mes hanches plus fort.
Hillel: Je devrais arrêter, pas vrai ?
Elle continue. Je sens que ça pourrait déraper, je lui dis en dernier lieu, avec un sourire pour ne pas la vexer : "Va te reposer. Je ne voudrais pas que tu aies un accident à force". Elle le respecte.

Pendant qu'elle descend les escaliers, je lui lance une dernière remarque pour la charrier, elle se retourne, sourit, et me renvoie la balle. Elle s'en va.

Je ferme la porte. Je me retrouve seule. J'expire après tant d'effort. Je m'allonge. Je me sens en joie tout à coup. "Sacrément étrange, cette fille". Et puis, au fil de mes pensées, j'ai commencé à me sentir mal sans savoir pourquoi. Je ne sais toujours pas pourquoi.

Je repense à ses lèvres et ses mains, et je sens que le désir me tiraille le ventre. Je reçois plus tard un message d'elle qui me remercie pour cette soirée, qu'elle a aimée. Pour moi ça signifiait un petit rien, mais quelque chose. Elle ne l'avait jamais fait avant. Peut-être va-t-elle s'ouvrir?

Je me suis aussi rendue compte que j'avais peur que si je faisais l'amour avec elle, ce soir là, j'aurai perdu mon intérêt et que notre relation change, comme je l'ai expliqué dans un autre post. Puis je me suis remémorée ces moments où j'avais finalement fait l'amour avec telle ou telle fille. Leurs comportements envers moi ont changés, totalement. Plus adolescentes, plus accros, plus collantes, plus d'attentes. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire. Ce qui est dérangeant, c'est que je n'arrive pas à ressentir en même temps qu'elles cet état sentimental, de transcendance en écho aux premiers émois. Alors je me ferme comme une huître. Ça les blesse, les incommode, ou les déçoit. Ça fout tout en l'air.

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III. Comportement Non Identifié: Clémentine

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Après mes messages quelque peu piquants, elle m'a renvoyé un message sorti de nulle part "Tu n'étais pas capable de me donner ce dont j'avais besoin".

Elle fait en fait référence au fait qu'elle voulait que je puisse lui dire que j'étais amoureuse d'elle. Qu'elle ne pouvait pas être en relation avec quelqu'un qui ne l'aime pas. Sauf que je lui avais dis que c'était impossible parce qu'il me fallait toujours du temps pour ces choses là, et que je n'aime pas mentir pour obtenir ce que je voulais. La deuxième chose à laquelle elle fait référence, c'est qu'on a une vision drastiquement différente du couple. Elle est dépendante en 1+1=2, je suis indépendante en 1+1=3. Elle est dans le fusionnel, je suis pour la liberté individuelle.

Sur le coup, je l'ai trouvé gonflé. Premièrement, parce que j'ai appris qu'elle était en couple avec une nana avec qui elle échangeait quand on était dans une relation, deuxièmement, parce qu'elle se pose en princesse envers qui je n'ai pas répondu aux exigences.
Hillel: Pardon?
Clémentine: C'est pour ça.
Hillel: Pour ça quoi?
Clémentine: Que ça s'est terminé.
Hillel: Ah. Pour moi c'était terminé à partir du moment où j'ai compris que tu étais inconstante. L'inconstance chez les gens m'effraie.
Clémentine: J'étais sincère avec toi.
Hillel: Écoute, vraiment je n'ai pas envie de revenir là-dessus. Les choses arrivent comme elles doivent arriver, c'est tout, c'est juste, comme ça. C'est pas grave en soit.
Clémentine: Ça te dirait de partager un verre ou un café dans la neutralité?
Hillel: Je ne passe pas trop à -ville- ces derniers temps, et je n'ai pas de projet d'y aller pour l'instant. Mais si j'y passe et que je suis disponible, pourquoi pas, je te le ferai savoir.
Clémentine: Super.
Je ne sais pas ce qu'elle a dans la tête. Je la trouve étrange. Inconstante comme toujours. Ce qui m'effraie vraiment chez elle, c'est qu'elle me fait penser à ma PN. Cette façon qu'elle a d'attirer l'attention, de sortir THE truc où on va forcément réagir quand elle voit qu'elle perd ton attention. Le genre à dire "Sors de ma vie", où tu as beau respecter sa décision, elle revient dessus par elle-même, puis en profite par la suite pour te faire culpabiliser. Le genre à te pousser dans tes retranchements et te faire péter les plombs, puis, quand elle voit que tu n'es plus maîtresse de tes mots et de tes actes, reprend tout à coup son calme pour te faire passer pour une folle à lier. Le genre à retourner la situation à son avantage. Elle est avec une nana, dont elle est visiblement "in love", mais je n'ai pas l'impression que ça lui suffit. Elle aurait juste pu dire : "C'était terminé parce qu'il y avait -ma nana actuelle dont je suis folle amoureuse". Non, il a fallu qu'elle m'accuse. Qu'est-ce que je suis censée faire? Lui demander pardon, dire que je me suis trompée, que je ferai tout ce qu'elle me demande, que je veux qu'elle revienne vers moi? Seriously. Quel intérêt à se re-rapprocher d'une ancienne relation, qui visiblement ne t'apportait rien, alors que tu es en couple avec une nana avec qui tu es "in love"?

Oui, c'est vrai. J'avais des sentiments pour elle, comme ce n'était pas le cas depuis un moment. C'est vrai que la dernière fois que je l'ai vu, j'ai ressenti quelque chose de différent, d'encore plus intense. C'est vrai que j'étais prête à m'engager. C'est vrai qu'elle m'a blessée, qu'elle m'a même fait mal et qu'elle m'a traité comme une conne. C'est vrai que je n'ai pas toujours été cool avec elle, que je l'ai blessée aussi, et que je me suis comportée moi aussi comme une conne. Mais encore une fois, mon attirance s'est juste portée vers une nana instable, et mes sentiments se sont développés dans le chaos. Qu'elle me cherche (parce que ce n'est pas la première fois qu'elle re-tente et pas la première fois que je n'y réponds pas positivement), ça annonce juste encore une histoire chaotique avec narcisse.

Un mot à cette histoire: un bordel.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+2] Intéressant le 14.12.17, 21h51 par Allandrightnow
  • [+2] Intéressant le 15.12.17, 20h23 par Moumane
  • [0] Like ! le 15.12.17, 21h47 par mistermint
J'aime vraiment beaucoup ta façon d'écrire. Tu arrives à faire passer l'émotion et c'est assez captivant à lire.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Merci ! :) le 16.12.17, 20h30 par Hillel
PARTIE I.

J'ai voulu continuer ce journal à plusieurs reprises, parce que j'avais envie de partager des choses avec vous. Sur Clémentine notamment, sur Jodie aussi. J'en écrivais un puis deux paragraphes. Et tout à coup je me sentais comme... épuisée. Je n'arrivais pas à continuer. Je ne sais pas si ce sont ces relations qui m'épuisent. Et puis, je ne suis pas obligée de raconter, après tout. Je ne peux même pas dire que mes récits peuvent réellement porter le nom "d'intérêt". J'ai conscience que c'est un exutoire.

J'abordais aussi des choses intimes, très intimes même. Le genre de sujet dont tu n'arrives à parler à personne, ni les gens que tu aimes, ni les plus proches et ceux qui ne te jugeront jamais, ni des professionnels, que tu penses pouvoir partager avec des inconnus qui ne connaissent pas ton identité pour pouvoir t'alléger d'un poids, mais que finalement probablement tu n'arriveras jamais à exorciser et que tu garderas toujours comme un genre de mystère insoluble et inavouable. Tant pis.


I. L'art de la lenteur.
II. Existence.
III. Clémentine.
IV. Jodie.


I. L'art de la lenteur.

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Il y a des jours où indéniablement, mon existence m'est pesante. Le mouvement s'accélère. Je dois vite, vite. Dans ce mouvement incessant, tout est chaos, je m'oublie moi-même. La lumière m'agresse, les regards des autres m'agressent, leurs paroles et le son de leur voix, les responsabilités sont écrasantes, les réveils sont difficiles, je m'empêche de dormir, je dors peu, c'est une perte de temps, tout n'est qu'une routine, une habitude à prendre, un sens de l'organisation, une lutte avec la procrastination, j'ai envie de vomir.

Et puis il y a ce temps comme suspendu où je me mets à ralentir ma marche. J'adore prendre le train. Son mouvement est rapide mais à l'intérieur le temps s'éternise. J'imagine à l'intérieur que je traverse l'océan sous une petite sphère protectrice. Quand je ralentis ma marche, c'est ce train que je prends. La vitesse est toujours aussi folle à l'extérieur, mais moi à l'intérieur je suis en dehors du temps. Mes gestes sont plus lents, mon regard se pose, réellement, sur mon environnement, les petites étoiles solaires derrière les feuillages, cette musicalité des mots qui dansent sur les pages d'un livre, la beauté des femmes, leurs battement de cils, mes lèvres qui s'humectent et goûtent les saveurs, je prends le temps de vivre. C'est ce qu'on peut nommer autrement "le moment présent", l'instant présent. Dans ce présent, je me sens bien, je me sens légère. C'est comme ça que je me représente le bonheur. Dans la lenteur.

Tout semble plus simple dans la lenteur. Tout est plus clair et limpide. Je me repose, je parviens à trouver cet oasis dans ces quotidiens superposables, à nous tous. La lenteur, je la trouve aisément dans mes errances touristiques aux quatre coins du monde, dans les transports, dans les contemplations offertes par la nature, à la montagne, à la mer, dans la forêt, les lacs, les cascades et les rivières, des bras où je m'endors, des caresses dans mes cheveux, des caresses dans mon dos, des repas en famille, des cafés et des thés goulûment partagés avec ma meilleure amie, des verres entamés et ré-entamés dans les bars concerts où je découvre toujours de nouveaux musiciens, dans l'intemporalité des théâtres, des cinémas, des expositions.

Je me rends compte que depuis un certain temps, cette lenteur je l'ai délaissée. Complètement. Je me suis laissée prendre au jeu de la vitesse, trop angoissée par mon quotidien, trop attachée à le fuir. Mais passé certaines responsabilités, je sens que je la retrouve, patiemment, progressivement, lentement. La lenteur, c'est aussi ne pas courir après elle. Je reprends le train.


II. Existence.

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Les mots de mistermint me font encore tourner la tête. Ils se cognent comme des "boums" dans ma poitrine, dans mon crâne, ou bien quand je pose mon regard dans le vide. Ils m'ont atteint indéniablement. Pas d'une mauvaise façon, vraiment comme quelque chose de constructif, qui me fera avancer quelque part. Je tente de les toucher du bout des doigts.
Et ce schéma est très anxiolytique, parce qu’il justifie l’existence. A noter que je n’y Vois aucune négativité. Mais force est de constater qu’un gosse, c’est minimum 18 ans de travail, voir davantage pour les plus consciencieux. De quoi mettre à distance un certain nombre de soucis existentiels type, que faire de mon temps ? Quel sens donner à ma place ici ?
[...]
En l’occurence il n’y a pas vraiment de jurisprudence en la matière, et tu dois être solide sur tes valeurs, et comment en faire une construction autre que celle attendue. C’est comme ça que je vois ton désappointement du moment, comme une mise face à toi même en tendant de trouver une voie qui fait sens.
Je continue de fouiller, de réfléchir, de tenter des pistes, d'ouvrir davantage mes perspectives, de me connecter avec moi-même, mes ressentis, mes envies, mes désirs. Je l'aborderai dans mes "résolutions 2018".

J'ai rendez-vous avec une asso qui lutte contre les violences sexuelles, pour du bénévolat. Je me suis rendue compte qu'il y avait en fait peu d'assos de ce type sur mon territoire. Les assos sont bien plus destinées aux violences conjugales, ce qui est logique parce qu'il y a plus de possibilités d'accompagnements et de financement pour tel ou tel support de médiation ou d'accès aux droits, de jour comme de nuit.

C'est en tout cas quelque chose dont j'ai l'envie depuis longtemps mais je ne me sentais pas prête, ni forcément ma position adaptée. Avec mon expérience et mon recul professionnel d'aujourd'hui, j'ai décidé de franchir le cap. J'aimerai réellement pouvoir étudier et analyser la situation pour peut-être proposer des initiatives locales, tenter de réfléchir à des alternatives à ce qui est proposée actuellement, ou bien améliorer les dispositifs existants. Mais je ne veux pas aller trop vite en besogne, il faut pour cela déjà que je m'imprègne des réalités du terrain, d'autant que je dois le conjuguer avec mon travail déjà bien prenant à ce niveau, autant psychologiquement qu'intellectuellement.

Réflexion sur ma recherche d'une relation stable, équilibrée, saine.

J'ai vécu plusieurs relations amoureuses passionnelles, destructrices, qui m'ont donnée l'envie de vivre quelque chose de plus doux, de plus sain, de plus équilibré, constructif. Je pensais en être capable. Je pense en être capable encore. Je suis dès lors en perpétuelle recherche de cette stabilité là. Pourtant, j'en viens à me demander si mon potentiel est réel. Si je suis réellement capable d'être portée par ce genre de relation. Si c'est réellement le genre de relation que je recherche. Si je me voile pas la face en essayant de faire comme tout le monde, en me normalisant. Parce qu'à chaque fois je tombe en plein le nez dedans.

III. Clémentine

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Je pense que vous refaire l'historique de nos échanges seraient trop longs, pas forcément intéressant. Puis je suis passée à autre chose entre temps, ça remonte à quelques jours, semaines. En résumé, je lui avais finalement avoué que je ne pouvais pas envisager de la revoir, parce que je ne pouvais pas être son amie: sentiments trop frais, attirance encore trop présente. Elle a essayé de me convaincre, par des techniques A, B puis C, que si, on peut. Mais j'ai résisté parce que je ne la pensais pas honnête et j'imaginais qu'elle avait une idée pas claire derrière la tête. Elle a finit par une note pas mal négative, en disant, en gros, que j'étais un genre de manipulatrice narcissique. Peut-être d'ailleurs, je sais plus, je sais pas. Tout en me faisant comprendre, par ci par là, que sa relation avec sa copine actuelle n'était pas sa vision de l'amour (plus destructeur) mais qu'elle est gentille avec elle (contrairement à moi) et qu'elle était saine, pure (elle). Je ne sais pas si le but c'était de me faire mal, j'ai pas relevé, je lui ai dis juste dit que j'étais contente pour elle et que certainement elle avait raison. Elle a pas mal insisté pour que je lui dévoile un genre de déclaration amoureuse, parce que je ne lui aurai jamais dit ce que je ressentais ni ne lui ai jamais fait pensé que j'avais de réels sentiments pour elle et que je lui avais toujours plus ou moins affirmé qu'elle était interchangeable.
Tu m'as dit que tu n'avais pas envie de voir d'autres personnes pour l'instant. "Pour l'instant" étant tout le problème.
Pourtant j'avais l'impression que c'était le cas. Que c'était le cas quand je lui disais que j'étais sincère avec les gens que je fréquentais et que si je ne sentais pas le "plus", si je ne sentais pas que je pouvais tomber amoureuse, je leur disais, même si ça peut faire mal. Quand je lui ai fais part de tous les petits détails que j'adorai chez elle. Quand je lui ai dis et démontré à quel point j'aimais sa peau au contact de la mienne. A quel point j'étais sereine dans ses bras. Ou simplement quand je lui ai dis que j'avais des sentiments pour elle. Quand je lui ai dis que je me sentais prête à aller plus loin avec elle (alors qu'elle m'affirmait que je disais ça "juste" parce que j'avais peur de la perdre, ce qui est pas vrai du tout). Peut-être n'ai-je pas été assez explicite? Démonstrative? Peu importe.

Elle a aussi joué la carte abandonniste. Mais je n'ai, en vérité, aucune confiance en elle, et je pense que de toute façon, une relation basée sur la méfiance, c'est une relation qui ne peut pas marcher. J'ai préféré renoncer à tenter l'expérience pour voir s'il existait une vérité dans ce qu'elle me racontait, plutôt que prendre le risque d'être manipulée, parce qu'elle n'était pas cohérente dans son discours, du tout. Je ne sais pas si j'ai eu tort ou raison. Ce que je crois c'est que si cette relation avait dû continuer ça aurait été le cas. C'est pas le cas.

IV. Jodie.

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Malgré ce que je pensais, Jodie reste toujours indiscernable. Même si un poil plus chaleureuse dans l'échange, toujours ailleurs. Je ne sais pas si c'est sa structure "polyamourique", solitaire, sa maturité, son intellectualisme constant, ou bien un manque simple d'intérêt et/ou d'attirance.

Je lui ai proposé une première fois de se voir, de façon très légère en fait, ça n'a pas été possible. Je me suis dit "Ok, l'indisponibilité, ça arrive". La semaine suivante, je ravale mon égo et lui propose à nouveau de se voir. Aïe, encore de l'indisponibilité. D'habitude, quand on démarre quelque chose, il y a un genre de mouvement énergétique qui suit. Même si on n'en est pas à plaquer tous nos plans, il y a une sorte d'enthousiasme. Dans le pire des cas, quand on est indisponible, on fait d'autres propositions de quand on l'est éventuellement, non? Ce n'est pas son cas.

Je ne la pense pas en omission de vérité, parce qu'elle n'est pas du genre à se préoccuper des conventions sociales et qu'elle est du genre franche quand quelque chose lui déplaît. Mais il y a un manque de tension/d'attirance/d’intérêt évident.

Les jours, semaine, passent, ma fierté prend un peu le dessus et je me dis juste que j'ai mal interprété ces signes d'intérêt, d'attention. Je me suis trompée. Je voulais bouder comme une princesse et faire la morte et attendre patiemment un de ces messages pour taper du pied et lui dire que ça ne m'intéresse plus.

Mais en vrai je suis une grosse sentimentale et je ne suis pas du tout une dure à cuir pour un sous. J'ai fini par lui demander si ce silence était dû à quelque chose de mal ou de déplaisant que j'aurai fait envers elle.
Justement je parlais de toi tout à l'heure et je me disais que ça faisais longtemps que je ne t'avais pas écris. Ne t'inquiète pas, tu n'as rien fait. J'ai juste beaucoup de boulot. Ça va toi?
J'étais à moitié soulagée. Soulagée parce que je m'attendais à ce qu'elle réponde "C'est vrai que c'était cool mais j'ai senti que ça ne marcherait pas et c'est peut-être mieux qu'on en reste là". Pas totalement soulagée parce qu'elle ne m'a toujours rien proposé de concret et que c'est pas non plus THE message rassurant de l'année.

Si je n'aime pas particulièrement être envahie par quelqu'un de collant et de dépendant, si je ne suis pas dans un état d'amour transie, j'imagine que je recherche malgré tout un juste milieu, et que j'imaginais qu'à force de passer du temps ensemble on développerait un peu nos liens. Ça fait quoi... trois semaines qu'on s'est vue?

Je n'ai rien proposé non plus derrière pour l'instant, parce que je ne sais pas ce qu'elle a dans la tête et que j'ai l'impression bête que je me mettrai en danger ou en tort à poser simplement la question.

Je vais donc pour le moment ne pas faire d'autres tentatives foireuses et passer à autre chose en imaginant que cette soirée était un agréable moment à passer. Ce qui n'est pas faux.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Courage le 09.01.18, 19h15 par Moumane
PARTIE II: Douce Lucie.

Je suis rarement si ce n'est jamais pour l'idéalisation d'une femme, ou de la mettre sur un piédestal, de même pour l'idéalisation des relations à distance, encore plus qui se sont soldés par des échecs, mais si je peux faire une exception à la règle, une seule, c'est bien pour Lucie.

J'ai conscience que les souvenirs que j'en garde sont plus poétiques. Plus beaux. Mais cette histoire là, c'est de cette façon que je veux m'en souvenir. Certains s'imprègnent d'histoire d'amour vu au cinéma, dans un livre. Mon histoire d'amour à moi, celle que j'imagine à l'idéal, celle que je rêve, c'est celle que j'ai vécue avec Lucie.

J'avais besoin, envie, de rendre hommage à cette femme. Les mots que je pose ici, je ne les ai qu'effleuré du bout de la langue avec C.. Si Lucie n'est une inconnue pour aucun de mes proches, qu'ils connaissent son prénom, son nom, son visage, à quel point j'éprouvais de l'amour pour elle, ce qu'elle fait, qu'ils ont suivi nos péripéties, la nature réelle de notre relation leur est toujours apparue comme un mystère et leurs échappaient. Je crois que jamais personne ne pourra réellement l'approcher. Je crois que ça nous appartient, à jamais.

Et parce que ma meilleure amie, ma plus proche confidente, Anna, mon exe, la seule personne à même de recevoir réellement ce genre de confidence et la placer dans mon existence comme une pièce d'un puzzle, déteste par dessus tout Lucie, même passées toutes ces années. C'était il y a bien 6-7 ans.

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Parce qu'elle est plus qu'une femme par qui j'ai été attirée ou pour qui j'ai eu des sentiments amoureux. Elle est une figure, elle est un symbole. D'amour, de liberté, d’indépendance, de beauté, d'humanité, d'éternité. Elle est mon symbole ultime de la Femme. Elle est celle avec qui je ne pourrai jamais couper le cordon, jamais couper les liens. Elle a été un fantasme, une amie, une absence, un silence, un soutien, un souffle, une raison de vivre, même. C'est avec elle que j'ai découvert ce que voulais dire "transcendance", elle avec qui j'ai découvert le mot "indicible". La transcendance comme état, la transcendance comme une conscience modifiée, l'indicible comme ce qui ne peut être dit, mais pas décrit. Notre relation était une transcendance pour moi.

Quand je lis parfois avec amusement qu'on ne tombe réellement amoureux qu'une fois et que toutes les autres fois ne seront que des imitations... il m'arrive de penser que ce n'est pas si drôle. Que ce n'est pas si faux. Qu'il y a une part de vraie. Il m'arrive de penser à Lucie. Pas l'amour matériel, ou possessif, ou jaloux, ou désireux ou qui est nécessaire à la construction d'un couple. L'amoureux comme symbole. L'amour qui peut prendre une forme, mais aussi de multiples. Le souvenir qui s’imprègne dans ce qu'appelait Kundera : la mémoire poétique.

Je vous mets là un écrit que j'avais fait en pensant à elle, notre relation, comme exutoire, dont elle n'a jamais connu l'existence. Je crois bien que ceux qui le liront seront les premiers. Et certainement ne le connaîtra-t-elle jamais. Des bribes de souvenirs, mélangés à des émotions, que j'avais ressenti auprès d'elle. Décousus, incomplets, éparses, parce que c'est ce qu'a toujours été notre relation.

Il n'y a rien de pire que d'être condamné à aimer un être éternellement. Aimer un être éternellement, c'est se promettre de l'oublier un jour. Et puis jamais. C'est cette promesse qu'on ne s'est jamais faite. Elle s'est fait naître. Elle brûlait. De ses cendres. Elle s'est éteinte. Mon inconnue.
Son visage qui se rapproche. Il se bute contre le mien. Trop fort. Il a effacé sa mémoire. Elle ne se souvient pas. Elle ne s'est jamais souvenue. Elle s'est évanouie dans la brume. Ses pieds sont nus. Ils se brisent sur les débris de verre. Ils saignent. Une couleur rousse sous la neige.
L'éternité. Cette pensée que partage les mortels dont l’inéluctable fin ne traverse pas l'esprit. Je t'aime. Pour l'éternité. Pour l'éternité jusqu'à ma mort. Alors je m'arrêterai. Un jour.
Sa main qui caresse mes cheveux. La douceur au bout de ces doigts. La fraîcheur dans ses tendresses. La délicatesse. Mon rêve s'éteint quand je m'endors. Figé. Elle est belle quand elle ferme les yeux. Comme endormie au beau milieu du ciel. Les autres ont la peau collante. Ils me donnent chaud. J'étouffe.
J'ai appris à me mécaniser. Je me suis refroidie le cœur. Je l'ai anesthésié. Personne ici ne me connaît ni n'a pu entendre parler de moi. Plus rien ne me retient ni me contraint. Je m'avance dans le rien. Et néanmoins dans le plein.
Elle rit, elle sourit. Elle a le visage triste. Je m'absente. Elle a peur. Elle me voit disparaître. Elle a des nausées. Pardonne-moi.
A chaque nouveaux regards, à chaque nouvelle passion, la souffrance me submerge. Des regrets. Tu ne sais pas comme je souffre d'être à côté de toi. De vous. Je souffre parce que j'attends. Ma patience est vide. Elle s'ignore. Je l'oublie. Elle me rappelle. Peut-être n'avait elle jamais existé qu'au sein d'un esprit qui s'était endormi sans s'en rendre compte.
Fais de doux rêves.


Lucie, je la trouvais belle. Pas seulement "belle", mais Belle. Comme tant d'autres. Comme tant de femmes, comme tant d'hommes. Elle le savait. Elle ne savait pas pourquoi mais elle savait que c'était le cas. Elle savait aussi qu'on l'aimait parce qu'elle était belle.

Putain, qu'est-ce que les nanas sont jalouses. Qu'est-ce qu'elles étaient jalouses d'elle. Qu'est-ce qu'elles étaient mesquines. Mais Lucie n'y pouvait rien, d'être belle. Ça la bouleversait. Je détestais qu'on s'attaque à Lucie. Je détestais qu'on la traite de salope, de pute, de narcissique, de prétentieuse, hautaine. Je détestais qu'on lui colle à la peau des mots qu'elle n'est pas, jamais, à aucun niveau. Je détestais que Lucie pense du mal d'elle. Elle, si humaine, elle qui était si sensible, si empathique, elle qui était si éloignée de ce qu'on pouvait penser d'elle, elle qui m'a tellement soutenue, écoutée, accueillie, elle qui m'a tellement considérée comme humaine, elle qui m'a toujours accepté telle que j'étais, sans jamais prononcer un mot de dégoût, un mot de honte, un mot de jugement. Alors je défendais toujours Lucie, parce que je savais que Lucie n'était pas ce corps qu'on voyait. Je crois bien que c'est la seule personne que j'ai si ardemment défendu face à ma meilleure amie quitte à me mettre en colère.

On s'est rencontrée une première fois, virtuellement, par un pur hasard de circonstance. Elle s'était cassée la jambe, ou la cheville, ou le genou. Elle était clouée au lit. Elle s'ennuyait ferme. Elle s'est inscrite sur un réseau social pour passer le temps.

De mon côté, ma copine de l'époque, Anna, avait rompu. Je voulais me venger, ou au moins oublier ma peine. Je m'étais donc également inscrite à un réseau social.

Le même que Lucie.

Lucie n'avait jamais eu un refus. Ce n'est pas sa beauté qui me troublait: elle était évidente, pour tous. Il y a des tas de femme que l'on peut trouver belle sans que ça n'implique d'être troublée.

J'ai toujours eu peu confiance en moi, même si je sais ne pas être laide, même si je sais séduire, aussi. Seulement, c'était Lucie. Je n'ai pas imaginé une seule seconde que cette femme puisse poser ne serait-ce qu'un regard attractif sur moi, pas même l'once d'un espoir. J'ai abandonné avant même d'avoir relevé le défi. En plus, j'étais jeune, inexpérimentée.

Je n'étais pas davantage troublée lorsque plus tard elle a fait un premier pas pour me dire que mon visage, ou bien mon regard, ou bien mon sourire, ou bien mes cheveux, que sais-je, mais en tout cas que j'avais troublé son regard. Pour moi c'était futile. Qu'est-ce que ça pouvait me faire, qu'elle me trouve belle? Qu'on me trouve belle? Ai-je besoin de ce genre de validation? J'étais trop fière. Je voulais qu'on souligne autre chose.

Ce qui me troublait réellement, c'était cette façon qu'elle avait de tellement mettre en avant sa beauté, insidieusement ou explicitement, dans les échanges, alors qu'elle était si intelligente, si pleine de répartie, si drôle. Si autre chose en fait. Alors pourquoi?

Bukowski disait:

"Toi, tu es laid, et tu ne connais pas ta chance : au moins, si on t'aime, c'est pour une autre raison."

C'est ça que je lui ai dis. Je lui ai cité Bukowski. J'ai rajouté "Bonne soirée". C'est là que tout a démarré. Sur cette phrase à la con de Bukowski. Sur ce qui a suivi: "Tu m'intrigues".

Entre temps j'étais toujours dans une relation tu me suis je te fuis je te fuis tu me suis avec Anna. Elle qui vivait tranquillement son amourette avec une autre fille. Elle avec qui j'avais été en couple durant plusieurs années. J'avais toujours la sensation que je l'aimais. Mais ce n'était pas ça. Je n'étais plus amoureuse. J'étais vouée aux habitudes et au confort dans lequel je m'étais inscrite avec elle.

Entre temps, on s'était eu au téléphone, avec Lucie. Elle voulait découvrir ma voix parce qu'elle m'avait construite en partie avec son imagination. Elle a aimé ma voix. J'ai aimé la sienne. J'ai aimé son rire. Son intelligence. J'ai aimé ses hésitations. J'ai aimé ressentir sa timidité. J'ai aimé ressentir la mienne. J'ai aimé me sentir désarmée.

S'il y avait bien une passion qui nous était commune, à Lucie et moi, c'était la littérature. Lucie était plus fervente que moi. C'était son eau, son air. Mais toutes les deux, nous adorions les mots indéniablement. Alors on a commencé à s'écrire des lettres. Nous avons été les plus assidues et les plus prolifiques correspondantes de nos vies respectives. On a ainsi passés un ou deux mois à passer de lettres, à des appels, à des skypes, parce que Lucie habitait loin.

Nous avons joué du chaud, du froid. Nous jouions. La séduction prenait une autre forme. Comme une correspondance entre Merteuil et Valmont. Je crois n'avoir jamais autant été mise au défi qu'avec Lucie. Je savais que je l'intéressais, l'intriguais, tout en sachant que ce n'était jamais évident, jamais acquis et que je doutais.

Entre temps, Anna est revenue vers moi. Elle s'était rendue compte qu'elle n'avait pas développé les sentiments qu'elle avait eu pour moi avec cette autre femme. Elle s'est lassée. Elle a découvert que je parlais à une femme se nommant Lucie. J'avais beau le renier ou ne dire que "c'est juste une fille à qui je parle", elle lisait en moi, elle me connaissait par coeur. Elle savait que cette femme me plaisait, à fond. Elle était jalouse. Elle voulait tout savoir. Je ne pouvais rien lui dire. Je gardais jalousement cette relation. Elle a pleuré. J'ai cru que je l'aimais encore d'un amour amoureux. D'ailleurs nous avions fait l'amour avec passion. Nous sommes retournées ensemble. Lucie l'a su.

Lucie m'a quand même proposé de venir passer un week-end chez elle, avec une intention évidente et non dissimulée. Victor Hugo disait "Les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis". C'est ce qu'elle m'a dit. Elle a cité Victor Hugo. Et elle a ajouté "Je ne connais pas les miens mais je compte bien y participer". Je ne connaissais pas non plus les miens, mais avec elle j'étais consentante à les appesantir.

Je l'ai dit à Anna. Que je ne serai pas là ce week-end là. Que je devais rencontrer Lucie. Que je ne pouvais pas ne pas la voir, c'était impossible, il fallait que je sache ce que j'ignorais. Je savais que c'était cruel, horriblement cruel de ma part de le lui imposer, mais c'était une évidence que je devais la rencontrer. Non pas que j'avais l'intention de la tromper, je l'aimais, sincèrement, je le pensais en mon fort intérieur, je pensais réellement ne pas la tromper et ne pas toucher à Lucie. J'ai dû lui faire cette promesse: je ne toucherai pas à Lucie. Mais il fallait que je la vois. Il n'y avait pas de raisons rationnelles à ça. C'était mon évidence. J'ai dit à Anna que si on devait rompre, ça n'y changerait rien: je DEVAIS le faire. Je n'ai jamais été aussi sûre de toute ma vie d'un choix qui m'appartenait.

Anna a accepté. Elle a pleuré. Ses larmes me faisaient mal, sa douleur me faisait mal, mais je ne pouvais pas faire autrement, c'était plus fort que moi. Lucie et moi étions des polarités et nous étions éloignées.

Ce que j'aimais par dessus tout chez Lucie, c'était son mystère. Elle m'était indiscernable. J'ai toujours eu plus moins d'instinctif, d'intuitivité sur la psychologie des gens. Lorsqu'ils parlent, font part de leur expérience personnelle, de leurs émotions, j'arrive à comprendre où tout cela se rejoint, j'arrive à ressortir des schémas, des connexions. Et quand c'est régulier, j'en arrive même à prévoir ce qu'ils vont dire, ou ce qu'ils vont faire. Avec Lucie c'était impossible. Elle était imprévisible. A chaque fois que je pensais la saisir, ça m'échappait de nouveau. Je me trompais tout le temps, sur tous mes pronostics. Elle abordait une façon de penser qui m'était totalement inconnue, toujours nouvelle. Quand je pensais qu'elle allait exprimer telle affirmation, poser telle question, elle ne faisait absolument rien de ce que je pensais. Elle était le fruit d'une authenticité pleine et entière.

Je dessine, un peu. Surtout les humains. Les corps, les parcelles de corps, les portraits, les parcelles de portrait. J'ai l'impression qu'en les dessinant, je parviens à les saisir encore un peu plus.

C'est ce que j'ai essayé de faire avec Lucie. J'ai essayé de dessiner son portrait. Ou ses yeux. Ou sa bouche. Ou ses mains. Mais je n'arrivais pas à poser une seule ligne sur ma feuille. Ou bien seulement une, un simple trait, un simple point, puis plus rien. J'avais beau fixer son image du regard, beau tenter de discerner ses traits, les moindres détails de sa peau, de ses cils, de ses lignes, de m'efforcer de me concentrer, il m'était totalement impossible de reproduire Lucie. Je me disais "J'arriverai à dessiner Lucie lorsque j'arriverai à la cerner".

Je n'y suis jamais parvenue.

Je suis partie voir Lucie, en prenant le train. Au début je me sentais sereine, j'aime prendre le train. Et à force d'approcher de sa ville, mon cœur battait tellement, tellement vite. Je voulais mourir sur place. J'étais pétrifiée de peur et d'excitation. Je suis descendue lentement, pour ralentir ma course. Je ne voulais pas la voir mais je le voulais. Elle m'attendait déjà. Elle préfère être en avance, qu'en retard. Elle préfère être là où elle doit attendre plutôt que là où elle doit partir.

J'ai fait semblant, peut-être l'ai-je mal joué, de ne pas l'avoir tout de suite vue. Mais si je l'ai vu, tout de suite, instantanément, je l'ai reconnu. Pourquoi était-ce si rapide? Pourquoi n'ai-je pas dû attendre un peu qu'elle arrive? Pouvoir me préparer? Mais non, il n'y avait qu'une chevelure blonde comme la sienne. J'ai détourné le regard, un moment, comme pour me donner du courage: "Ça va aller, ce n'est qu'une fille, bon sang". Après tout on s'était déjà parlée, de vive voix. On s'était déjà vue. On savait beaucoup de choses l'une sur l'autre. Mais là c'était réel, dans la vie réelle. Je n'allais pas parler à travers un écran, un téléphone, ou un substitut de Lucie: c'était Lucie. Celle dont j'ai rêvée qu'une nuit je m'endormais contre elle. Celle qui a rêvé qu'adossé à un mur, je la regardais de façon si sexuelle qu'on avait pas pu faire autrement que faire l'amour et que je sentais bon.

Mais si je lui déplaisais? Si elle me déplaisait? Je n'avais pas le choix, il fallait maintenant que je la regarde. Boom boom boom boom Lucie était tellement pleine de beauté. J'arrivais à peine à plonger mon regard dans ses yeux. Ses jolis yeux. Son joli sourire. Sa jolie voix. J'ai eu un instinct basique de défense: je me suis renfermée comme une huître. J'avais fait une promesse: je ne toucherai pas à Lucie.

Elle était tellement mieux que ce que j'avais imaginé qu'elle pouvait être. Tellement plus... drôle, authentique, spontanée. Ça a été tellement dur de ne pas la toucher, de ne pas l'avoir laissé m'approcher davantage. J'ai vu son regard sur mes lèvres, j'ai vu qu'elle les humectait.

Nous avons fait une chose que j'ai la possibilité de faire avec peu de gens, que j'avais fait avec Clémentine quand on était dans une relation: S'allonger sur le lit, le soir et se mettre à refaire le monde. Parler de notre enfance. De nos combats. De nos peurs. Elle m'a parlé de choses qui m'ont touchées, qui l'a touchées. J'ai bu ses mots, je voulais toujours en entendre plus. Je voyais ses cheveux engloutir son visage. Je voyais quand elle partait ailleurs en parlant de la mort. Même si je voulais faire l'amour avec elle, même si j'avais envie d'elle, comment je pouvais à la fois tromper Anna et inciter Lucie à jouer le rôle d'amante?

Cette nuit, Lucie s'était collée à moi pour s'endormir. J'aurai tellement aimé pouvoir la serrer dans mes bras. Sentir sa peau de plus près. L'embrasser, même sur le front. Je ne pouvais pas. C'était au dessus de mes forces. J'étais inerte. Un corps froid.

J'ai senti sa main qui passait dans mes cheveux. J'ai été envahie par un sentiment d'une telle volupté, douceur, un froid chaleureux, une brise de vent, je me sentais si bien, si apaisée, si tranquille.

Je n'ai pas pu fermer l'oeil de la nuit. Pas que je ne m'endormais pas ou que je n'y arrivais pas. Mais comme si ce moment n'existerait plus. Je voulais pouvoir me souvenir de chaque seconde, chaque minute, de sa peau qui touchait la mienne. De son souffle. De ses cheveux. De sa tête contre mon épaule. Je voulais graver en mémoire, non pas seulement l'image, mais les sensations kinesthésiques que j'éprouvais. Il m'arrive, encore aujourd'hui, en fermant les yeux, de ressentir à nouveau sa main dans mes cheveux.

Le lendemain, elle me dit: "Je voudrais une médaille pour le fair play dont j'ai fait preuve cette nuit. Je ne t'ai à aucun moment poussé aux vices. Je suis une vraie sainte". Boom on coeur bondit. Je lui dis, comme si ça ne m'atteignait pas "J'aime bien découvrir que tu peux l'être aussi". Elle me répond "Je ne promets pas que ça va perdurer". Je n'ai rien à répondre à ça. J'ai fait une promesse : je ne toucherai pas à Lucie.

Le week-end a continué de cette façon. Lucie qui s'approchait, moi qui m'éloignait. Je me détestais, je détestais cette foutue promesse. Je me souviens qu'on s'était assise à un bar. J'ai laissé Lucie peut-être... 2 minutes? Le temps d'aller à peine aux toilettes. Quand je suis revenue, les trois mecs d'à côté étaient déjà en train de lui parler. Et je pense qu'elle en jouait. Je pense qu'elle connaissait ses charmes. Je me sentais jalouse, un peu. Parce que je savais qu'elle aimait les hommes, aussi. Ils riaient ensemble, ils faisaient leur jeu de séducteurs. Je me sentais bête, inutile. Ils la faisaient rire, j'aurai voulu la faire rire moi aussi. Je me suis trouvée instantanément si laide, si peu désirable. J'aurai presque eu envie de la laisser continuer avec eux. Je ne savais pas quoi dire quoi faire. Je les écoutais simplement avec un sourire bête. Elle m'a demandé si je voulais bouger de place pour aller à l'intérieur, il commençait à faire froid. Elle a dit au revoir à ces messieurs, en refusant poliment de prolonger la soirée avec eux et on s'est installé dans un fauteuil, à la lumière d'une petite lampe. Je me rappelle qu'elle était verte. Je me rappelle que la lumière sur elle lui allait bien et mettait en valeur les nuances de bleu qui se trouvaient dans ses yeux.

Elle me dit qu'elle était soulagée. Comment ça? En fait ces mecs la saoulaient et elles les trouvais lourds, elle arrivait pas à s'en dépêtrer. J'avais juste rien capté du tout, pour moi elle s'amusait, elle passait un bon moment. Durant notre conversation, je sens qu'elle est ailleurs. Comme en essayant de cacher son visage, elle le détourne légèrement. Je lui demande ce qu'il y a. Elle me dit que ce n'est rien. C'est juste que depuis tout à l'heure, l'homme là bas la regarde et que ça la gênait un peu. Je me retourne, effectivement il la regardait. Puis, il croise mon regard, je lui souris en faisant un "coucou", il détourne le sien. Je propose à Lucie d'échanger nos places, elle sourit. On continue cette soirée, toutes les deux, sans homme aucun.

Je lui ai dis que c'était affolant le nombre de regards qu'elle attire et lui demande si ça l'oppresse. En marchant, elle me fait part d'une agression qu'elle a vécu, avec des hommes, à un endroit un peu plus loin d'ici. Elle avait du mal à formuler ses mots. Je me suis sentie honteuse, un moment. Parce que je la trouvais belle et que certainement, ces hommes là aussi la trouvaient belle. Je me suis sentie honteuse de la trouver si belle. Mais elle me dit : "Je suis certaine que tu attires les regards toi aussi. Tu es vraiment belle".

Elle avait toujours le mot qui faut. Elle avait toujours l'esprit qu'il faut, la réponse qu'il faut.

En se séparant à la fin de ce week end, plus tard, Lucie m'avoue avoir ressentir un sentiment d'amour. Qu'elle s'était sentie comme sur un nuage. Elle a vu en me rencontrant que je n'étais ni une mauvaise, ni une bonne personne, simplement quelqu'un d'extraordinaire. Qu'on ne l'avait jamais respecté de la façon que j'avais eu de le faire. Je ne pensais pas l'avoir autant atteinte, autant marqué. Elle m'avait volé mes mots. Mais ce sont des mots que je n'ai pas pu et su prononcer. Si elle avait su ce que j'avais ressenti, moi. Elle ne l'a jamais su.

Anna a fondu en larme. Je ne lui ai pas caché la vérité, je ne pouvais pas juste dire "Il ne s'est rien passé", elle me connaissait beaucoup trop. J'ai avoué que Lucie m'avait plus. J'ai avoué l'avoir désiré. J'ai avoué ne rien avoir fait, ne pas l'avoir touché. C'est pour ça qu'Anna déteste Lucie. Elle la déteste toujours.

Des mois passent. Lucie continue de me tourmenter, un peu. Mais je suis avec Anna. Je pense aimer Anna. Je pense que je ne suis pas assez bien pour Lucie. Je pense qu'elle serait mieux avec n'importe qui d'autres que moi. Je me pense médiocre. Je pense qu'elle vaut tellement mieux que ça. Je rejette Lucie. Beaucoup. Trop de fois.

Pendant une ou deux semaines, je n'ai plus de téléphone. Impayé, ils coupent ma ligne. Je reçois un message de Lucie par skype, paniquée, angoissée. Elle me demande pourquoi je ne réponds pas, ce qu'il se passe, pourquoi mon numéro n'est pas attribué, pourquoi elle n'arrive pas à me joindre, pourquoi je ne reçois aucun de ses messages, aucun de ses appels. Je la rassure et lui parle de ma facture trop salée: plus de téléphone. Elle a eu peur que je sois morte. Pire, elle a eu peur que je n'ai jamais existé, qu'elle ait rêvé notre rencontre, que tout ça n'avait pas été réel et pour la première fois depuis longtemps, elle a ressenti de la nausée. Elle avait vomi. Mais si c'était réel. Je suis là. Je n'ai pas disparu. Je ne disparaîtrai pas. Je crois que c'est la chose la plus touchante qu'elle m'ait dite. Ça, puis plus tard, que je faisais partie de ces personnes qui sont essentielles à sa vie. Puis lorsqu'elle m'a remercié parce qu'elle arrive aujourd'hui à regarder dans la glace sans avoir honte de se regarder.

Je finis par rompre avec Anna. Pas pour Lucie, pour moi. J'ai compris que je ne l'aimais plus amoureusement. Lucie l'apprend. Elle me demande de se revoir. Mais ce n'était pas le bon moment Lucie. Si seulement tu avais attendu un peu. Quelques jours, une semaine, ou deux. Si seulement tu avais compris que j'avais mis fin à une relation qui a duré des années, que j'avais dû prendre ce courage, que j'étais bouleversée même si l'amour que je te portais m'étais évident et que je savais ne plus être amoureuse d'Anna. Anna comptait pour moi, mais tu ne l'as pas compris.

J'étais en colère contre Lucie. En colère qu'elle ne le comprenne pas. Qu'elle se montre soulagée que je romps avec Anna, qu'elle ne montre aucune empathie envers elle. Je l'ai envoyé paître. C'était la dernière fois que Lucie est venue vers moi avec cette intention. C'était ma dernière chance.

2 ans. C'est le temps qu'a duré cette relation particulière avec Lucie. Puis les choses se sont dégradées peu à peu. Parce que j'éprouvais de l'amour pour Lucie et que j'avais tout foiré. Parce que j'avais fait les mauvais choix, aux mauvais moments. Parce que je n'ai jamais eu le courage de lui avouer ce que je ressentais pour elle. Parce que je l'ai rejeté.

Je me détestais trop. Je me haïssais trop. Je me faisais du mal, continuellement, je faisais du mal. Je détruisais tout ce qui se trouvait sur ma route, tout ce qui avait un sens dans ma vie, tous les gens que j'aimais, je les blessais, je les faisais fuir, je les éloignais de moi, je voulais être seule avec moi-même, je voulais vivre ce que je considérais mériter de vivre.

J'étais devenue colérique, renfermée, puis, un fantôme. J'aimais trop Lucie pour lui faire croire que j'étais quelqu'un de bien, parce que je pensais être quelqu'un de mauvais. Est-ce que vous laisseriez quelqu'un que vous aimez d'un amour si tendre, si affectueux, avec un(e) parfait(e) connard(sse)? Avec une personne aussi détraquée? Pas moi. Moi je lui ouvrirai les yeux. Je l'éloignerai de cette personne même si ça fait mal, parce que je ne voudrais pas qu'elle se fasse détruire elle aussi. Je la protégerai.

Anna s'accrochait. Elle voulait m'aider. C'était devenue ma meilleure amie. Je lui ai avoué que j'allais mal. Je lui ai dis que c'était incontrôlable. J'étais perdue.

Anna a contacté Lucie entre temps. Je l'ignorais. Mais Anna ne savait pas quoi faire. Elle a mis de côté sa haine envers Lucie pour m'aider, moi. Elle se souvenait à quel point ses mots m'apaisaient. A quel point elle me faisait du bien. A quel point, même si elle ne voulait pas le savoir elle le savait, j'éprouvais cet amour pour elle. Que nous avions un lien spécial.

Anna m'a finalement avoué avoir pris contact avec elle pour m'aider. Je lui ai hurlé dessus. Je l'ai complètement pourri. Je ne voulais pas que Lucie me sache dans cet état, je ne voulais pas qu'elle le raconte à qui que ce soit. Mais trop tard. Plus tard, j'ai reçu un mail de Lucie. Dans ce mail, elle avait glissé plusieurs vidéos, plusieurs parties. Elle s'était filmée et me parlait. Elle me disait qu'elle savait. Elle a mit tout son coeur et toute son âme à poser des mots censés pour me faire du bien. Pour m'apaiser. Pour adoucir. A me dire à quel point je comptais pour elle. A quel point j'étais une belle personne. A quel point elle n'aimait pas me savoir si mal, si triste. A quel point la vie était belle, à quel point ce qui m'attendais était beau. J'ai pleuré. J'ai souris. J'ai ris. J'ai éprouvé des émotions. C'était donc ça: j'avais juste besoin qu'on me rappelle que je pouvais ressentir.

Nous avons continué à échanger, Lucie et moi. Mais, Lucie s'est éloignée. Elle a progressivement disparue. Nous n'étions plus si proches qu'avant. Elle disparaissait plusieurs mois, puis un an. A chaque fois, quelque chose nous faisait revenir l'une vers l'autre. Soit c'était elle, soit c'était moi, mais quelque chose nous rappelait. Elle avait écrit un jour qu'en fait, nous avions besoin l'une de l'autre.

Mais ça n'a pas empêché de nous éloigner toujours et un peu plus, jusqu'à presque devenir étrangère.

Puis plus rien.

Un beau jour, l'année dernière, elle m'a écrit. Oui, elle s'était éloignée. Elle n'avait plus su honnêtement comment s'impliquer dans ma vie. J'avais tellement évolué qu'elle n'arrivait plus à me suivre dans mon évolution. Elle ne sentait plus utile. Elle ne savait pas à quoi elle pouvait bien me servir. Elle n'avait plus l'impression de si bien me connaître. Elle a été égoïste aussi, flemmarde. Elle me voyait donner de l'amour à telle ou telle femme et elle avait été purement et simplement jalouse. Parce qu'elle se souvenait de ce qu'elle avait ressenti lorsqu'on s'était vue la première fois. Mais que cette fois-ci, elle voulait qu'on revienne l'une vers l'autre. Elle voulait devenir une réelle amie, ce qu'elle considérait n'avoir jamais été, chose que je trouve absolument faux. Qu'elle avait changé. Qu'elle voulait notre relation plus saine, plus constante, plus construite. Elle s'est ouverte à moi. Elle avait été sincère. Elle m'a demandée pardon. Elle m'a fait part d'un sujet qui la touchait actuellement dans sa vie.

Mais son absence m'avait blessée. Son éloignement m'avait blessé. Ses silences m'avaient pesés. J'ai agis comme une conne. Je n'ai pas su faire ce qu'elle avait fait pour moi des années en arrière. J'ai simplement pris le temps de répondre aux souffrances dont elle me faisait part, parce qu'une fois encore j'éprouvais de l'amour pour elle et que je n'aurai pas supporter l'idée de la laisser seule avec ce poids qu'elle m'avait confié. Mais je n'éprouvais pas l'intérêt ni l'envie de revivre une quelconque relation avec elle. Oui, elle ne me connait plus. Elle n'a rien ajouté. Ce qui se comprend.

Je me suis rendue à l'évidence que j'ai une fois de plus agis comme une conne. J'ai éprouvé tellement de honte, je m'en voulais tellement. J'ai été si fière, si arrogante, si égocentrique. Elle est toujours restée si calme, si bienveillante, si peu insultante envers moi, tellement plus mature en fait, tellement plus équilibrée que moi.

C'était Noël il y a peu. Je n'avais plus vraiment d'espoir de reparler un jour à Lucie. De pouvoir devenir amie avec elle. J'avais trop déconné. Mais c'était Noël. Je me souviens lui avoir écrit une lettre, quelques années en arrière, pour l'occasion. Je lui ai écrit. Cette fois-ci, je n'ai pas parlé d'elle, ni de moi, ni de mes ressentis, ni des siens.

J'ai écrit des tas de lettre à Lucie. Jamais envoyée. Déchirée, roulée en boule, parce que j'avais trop peur qu'elle m'ignore. Trop peur qu'elle s'en foute. Trop peur que ça la désintéresse. Je lui ai dit que c'était la dernière, puisque de toute évidence, je n'aurai pas réponse. Mais que je voulais écrire en pensant, ne serait-ce que pour cette fois, que je lui écris et qu'en lisant elle ne sera pas indifférente. Cette fois-ci, je ne voulais ni déchirer, ni rouler en boule ma lettre.

Je lui ai parlé comme si on n'avait jamais cessé de s'échanger. Je lui ai parlé de ma vie. De ce que j'étais devenue. J'ai répondu à des questions qu'elle m'avait posées auxquelles je n'avais pas répondues. Je lui ai souhaité de bonnes fêtes.

Je me sentais libérée, soulagée, et triste à la fois. Triste que cette histoire ait une fin. Elle a eu tellement de places dans ma vie.

Les festivités sont passées, je me suis amusée comme une folle. J'ai repris mes journées au travail. Je regardais de temps à autre si Lucie me répondait, mais elle ne le faisait pas. J'ai arrêté de regarder et me suis rendue à l'évidence: C'est fini. Je m'étais faite une raison. Je pensais passer à autre chose. Laisser en paix Lucie.

Elle m'a répondu. "Je pense qu'on devrait s'appeler bientôt".

Je lui avais dit, une fois: "Je préfère la colère, la haine, le dégoût, la moquerie, tout, tout à l'indifférence. Parle-moi.". Elle m'avait dit "Je ne pratique ni la haine, ni le dégoût, ni la moquerie". J'ai peur. J'ai peur qu'elle me balance à la gueule que "trop c'est trop", ou bien "je ne veux plus jamais entendre parler de toi". Qu'elle fasse remonter tout ce qu'elle n'a jamais pu me dire. Qu'elle me balance à la gueule ce qu'en fait je lui ai balancé. D'avoir à ressentir ce que je lui ai fais subir.

Mais je me dis aussi "si seulement". Si seulement on pouvait gommer ce qui a eu de mal, et retenir ce qui a eu de bien. Si seulement on pouvait réellement devenir amie. C'est une femme qui a tellement compté pour moi. Envers qui j'ai tellement de respect, tellement d'estime. Une femme que je considère si exceptionnelle, si précieuse à ma vie, à mon histoire. J'accepterai que nous sommes aujourd'hui trop éloignée. Que ça ne soit pas possible. J'ai agis à plusieurs moment comme une conne. J'accepterai alors aussi d'être insultée. Je méritais pas un tiers de sa compassion ou de sa bienveillance. Mais je trouverai ça tellement dommage. Quand je sais à quel point nous sommes capables de nous faire du bien et de nous porter vers le haut aussi. Quand je sais à quel point nos mots nous apaisent. A quel point elle m'a sauvé, à quel point je l'ai sauvé. Quand je vois qu'après toutes ces années, malgré la distance, les silences, l'absence, on revient toujours à se parler, que quelque chose reste de tout ça. Qu'on ne se contente pas seulement de faire silence radio, à jamais, pour toujours.

Je voudrais qu'elle fasse partie définitivement de ma vie. Pas comme un fantasme, pas comme femme pour qui j'ai eu de profonds sentiments amoureux. J'aimerai qu'on devienne amie, réellement. Qu'on ait une vraie place l'une l'autre, qu'on laisse cette place se faire. Parce que je la considère comme faisant partie de ces personnes que j'aime.

Inconditionnellement.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Intéressant le 09.01.18, 16h30 par Allandrightnow
  • [+2] Courage le 09.01.18, 19h29 par Moumane
  • [0] Fichtre ! le 16.01.18, 14h10 par mistermint
Je me suis rendue à l'évidence que j'ai une fois de plus agis comme une conne. J'ai éprouvé tellement de honte, je m'en voulais tellement. J'ai été si fière, si arrogante, si égocentrique.
J'accepterai que nous sommes aujourd'hui trop éloignée. Que ça ne soit pas possible. J'ai agis à plusieurs moment comme une conne. J'accepterai alors aussi d'être insultée.
Peut-être que tu aurais dû lui offrir un fouet pour Noël. Je suis sûre que ça lui aurait fait plaisir.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] En effet le 10.01.18, 07h32 par Hillel
Moumane a écrit :
Je me suis rendue à l'évidence que j'ai une fois de plus agis comme une conne. J'ai éprouvé tellement de honte, je m'en voulais tellement. J'ai été si fière, si arrogante, si égocentrique.
J'accepterai que nous sommes aujourd'hui trop éloignée. Que ça ne soit pas possible. J'ai agis à plusieurs moment comme une conne. J'accepterai alors aussi d'être insultée.
Peut-être que tu aurais dû lui offrir un fouet pour Noël. Je suis sûre que ça lui aurait fait plaisir.
Haha, c'est pas faux. Vu comme ça j'ai l'impression de revenir 10 ans en arrière, je ne me suis pas rendue compte l'avoir écrit autant de fois.

Certainement que mon récit comprenait trop de nostalgie, de regret et de remord.

Mais il faut dire aussi que pendant une période j'agissais vraiment pas joliment joliment. Dans le genre égocentrique-narcissique-arrogante qui joue du chaud et du froid et qui te fait tourner en bourrique.

Heureusement qu'on évolue, un peu.
Joli écrit, assez plaisant à lire, tu as une belle plume.

Ceci dit, et pardonne moi si ce que je dis t'embête un peu, mais à la fin j'ai eu envie de noter "tu en fais trop". Ne va pas croire que je ne comprenne rien au romantisme mais j'ai eu envie de te conseiller de faire attention.

D'abord, tu ne l'as rencontrée réellement que très peu. Ensuite tu l'as très franchement idéalisée et votre relation a surtout été à distance.

Je trouve la part de projection dans ce récit un peu trop importante. Tu lui as accordée une très grande place dans ta construction personnelle alors que dans les faits il n'y a eu que très peu.

J'ai parfois un peu peur que l'amour de la littérature ai tendance à nous pousser à nous construire nous aussi nos propres mythes romanesques maudits.

Mais pourquoi je te conseille de t'en méfier ? Parce que je crois que la place que tu lui accordes, tu ne peux la donner à quelqu'un de plus réel. Tu prends le risque de ne pouvoir qu'être déçue par d'autres histoires plus concrètes puisque rien ne saurait égaler tes projections.
Parfois on donne juste un peu trop de place au passé.


Ce passage m'a un peu fait penser à quelques passages du journal d'Amelia à l'époque si tu as l'occasion de le lire.


Enfin tout cela n'est que mon ressenti et mon opinion hein et en aucun cas un jugement de valeur.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Oui le 10.01.18, 16h41 par Moumane
  • [+1] Constructif le 10.01.18, 19h39 par Hillel
  • [+1] Post responsable le 16.01.18, 14h11 par mistermint
Je suis absolument d'accord avec ce qui vient d'être écrit. Je t'ai aussi lue avec plaisir tout en ressentant les mêmes réserves que The Pop. Cela dit, cela peut être une rencontre intéressante tout de même. Mais justement, voilà, une rencontre, pas avec une nouvelle personne, mais un peu quand même. En fait tout dépendra de votre capacité à vous rencontrer et vous ancrer dans la réalité. Ça peut être décevant, ça peut aussi être le début d'une nouvelle histoire passionnante. Je pense que tu risquerais d'avoir des regrets si tu ne vas pas au bout de cette démarche. Et tout dépendra d'elle aussi évidemment. Je suis curieuse de connaître la suite !
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Merci ! :) le 10.01.18, 19h39 par Hillel
Je n'ai pas de mal avec ce que tu as écrit The_PoP, j'aime avoir des avis quand on les juge nécessaire, d'autant qu'il est constructif. D'ailleurs, tu as, pour bien des points que tu abordes, entièrement raison.
D'abord, tu ne l'as rencontrée réellement que très peu. Ensuite tu l'as très franchement idéalisée et votre relation a surtout été à distance.
Je te rejoins entièrement, et je sais en avoir conscience:

"J'ai conscience que les souvenirs que j'en garde sont plus poétiques. Plus beaux."

Effectivement, c'était surtout à distance, donc forcément idéalisé. C'est d'ailleurs quelque chose que j'ai soulevé. Je lui avais dis que je ne croyais pas en notre histoire. Que c'était un pur fantasme et que ça ne devait pas avoir cette importance qu'elle avait pour moi, que je trouvais ça ridicule. Même, que j'avais honnêtement honte d'y attacher autant d'importance.

Parce que j'en ai intellectuellement conscience, vraiment. Un mec ou une nana qui me raconterait une histoire comme ça, je lui dessinerai un gros troll ou un WTF.

Elle m'avait répondu quelque chose comme :

"Notre relation était absolument réelle et non-fantasmée. Nos échanges, mon existence toute relative auprès de toi. Je comprends mal pourquoi tu sembles le nier. Nous avons aussi passés de délicieux moments ensemble, physiquement. J'ai gardé tous nos échanges pour me souvenir lorsque je serai vieille et déficiente. Ça augmente mes chances de me souvenir de ce qui est important pour moi".

Que répondre à ça? C'est difficile d'être sur la même longueur d'onde.

J'y ai tellement réfléchi, réfléchi. La part de réel, la part de fantasme, la part d'idéalisation, la part de beau, la part de laid.
Tu lui as accordée une très grande place dans ta construction personnelle alors que dans les faits il n'y a eu que très peu.
Je ne peux affirmer que ça ait été "très peu". Il y a pas mal de choses qui se sont construites chez moi (et chez elle) qui sont difficiles à aborder ici. Mais peut-être?
J'ai parfois un peu peur que l'amour de la littérature ai tendance à nous pousser à nous construire nous aussi nos propres mythes romanesques maudits.
Je pense que tu as absolument raison sur ce point.

Je dirai même que le problème n'est pas tant ce "mythe" si tant est qu'il s'éloigne du moment présent et qu'il reste au passé, comme quelque chose qui porte et non qui envahit. Ce qui est problématique c'est de lui associer le présent.
Mais pourquoi je te conseille de t'en méfier ? Parce que je crois que la place que tu lui accordes, tu ne peux la donner à quelqu'un de plus réel. Tu prends le risque de ne pouvoir qu'être déçue par d'autres histoires plus concrètes puisque rien ne saurait égaler tes projections.
Parfois on donne juste un peu trop de place au passé.
Ce que tu dis me parles. Je crois que tu vises dans le mile. Des années que cette histoire traîne. J'ai vraiment essayé des tas de choses. Couper les ponts, silence radio (il me semble avoir réussi à tenir entre un et deux ans). Je suis sortie avec des femmes qui étaient à son antipode, j'ai évité toutes les ressemblances possibles et imaginables, je me suis dit qu'à force de relation, qu'à force de tomber amoureuse, elle disparaîtrait, j'ai rationalisé, j'ai listé ses défauts, les moments hideux, y ait dépoussiérer l'aspect romanesque, la voir comme la fille la plus banale qui soit.

N'y changeant rien je me suis inspirée de mon apaisement avec la souffrance: ne pas nier qu'elle existe, sans focaliser ni lui donner importance, la laisser glisser sur les vagues comme un passage éphémère. Et pourtant, même folle amoureuse, même durant mes relations les plus fortes, je ne pouvais pas dire qu'elle n'avait plus cette place pour moi et elle me hantait. Alors jusqu'à maintenant j'ai juste vécu avec. Je l'ai accepté comme un esprit imaginaire qui survolait un peu ma vie. Parce que je pense que c'est difficile en fait de mettre fin à quelque chose qui n'a jamais réellement commencé.

Et je pense que tu as raison quand tu dis qu'à cause de ça, quelqu'un de plus réel ne peut prendre sa place. C'est extrêmement pesant. Je voudrais tellement pouvoir l'accorder cette place, pourtant. En même temps, je crois que les relations bien plus "réelles" que j'ai vécue n'ont rien à envier à celle-ci, parce qu'elles étaient bien matériellement vécues.

Je m'étais dit que, peut-être, en arrêtant de renier cette importance que je lui accordes, mais en lui donnant une place différente, celle d'amie pleine et entière, les choses changeraient. En acceptant finalement de lui donner cette place que je lui accordes sans chercher à la fuir ou la renier.

S'il existe d'autres moyens, je suis preneuse.
Ce passage m'a un peu fait penser à quelques passages du journal d'Amelia à l'époque si tu as l'occasion de le lire.
Oui, j'ai commencé à le lire, je continuerai et y trouverai peut-être réponse.
Enfin tout cela n'est que mon ressenti et mon opinion hein et en aucun cas un jugement de valeur.
Pas de mauvaise interprétation de ma part. ;)
En fait tout dépendra de votre capacité à vous rencontrer et vous ancrer dans la réalité.
C'est absolument ça l'idée.
Je me rends compte que je me suis laissée aller à beaucoup de posts introspectifs. Ponctué de quelques histoires et rencontres, mais pas tant que ça. Qui est nécessaire aussi, au bout d'un temps. Mais pas que. Ça en dit long sur mon état d'esprit.

Perspective.

J'avais vu/lu récemment la théorie des perspectives. Si l'économie comportementale n'a pas comme champs d'application le domaine de la séduction ni des relations affectives, j'y ai trouvé des liens intéressants (qui resteront dans le champ de la théorie).
"Quand il est question d'un gain, les gens ont tendance à fuir les options incertaines et à préférer les choix certains. On parle d'aversion au risque. Mais quand il est question d'une perte, les gens ont tendance à préférer les options risquées. On parle d'appétence pour le risque."

Source: ScienceEtonnante
Et ça se produit lorsque les deux options ont une part d'incertitude. Cela dépend de ce que vous possédez au départ, d'après une courbe concave de satisfaction. On juge donc nos gains et nos pertes selon notre situation initiale. A l'inverse, dans le cas de la perte, la courbe s'inverse : elle est convexe. Le choix risqué est en moyenne plus attractif que le choix certain. Dans nos raisonnements, on a tendance à surestimer les faibles probabilités, à leur donner une importance inconsidérée (c'est le cas du loto outre d'autres de ces exemples).

Vous allez me dire, quel rapport ? Je tente pas mal d'estimer en ce moment mon rapport à cette probabilité, aux choix certains, et la part de risque que je pourrai prendre davantage.

Pour ce qui est des relations-rencontres sexuelles et amoureuses, je me risque de moins en moins à tenter d'entreprendre de séduire une femme dont j'ignore tout de l'orientation sexuelle. Je le faisais beaucoup plus quand j'étais un poil plus jeune. Peut-être parce que j'estimais soudainement mon potentiel de séduction envers des femmes et que je voulais jouer, tester mes limites. J'ai perdu cette envie de jouer.

Je vois que depuis quelques années, je me tourne quasi exclusivement vers des personnes dont je connais l'attirance au moins bisexuelle, pansexuelle ou faussement hétérosexuelle. Parce qu'un jour on m'avait dit "Pourquoi tu te fais chier avec des hétéros alors qu'il y a des homos qui sont aussi attirantes?". A l'époque, je me disais que oui, c'était un pur fantasme et que je me compliquais la vie. Aujourd'hui, je me dis que ce n'était pas tant un fantasme qu'aller simplement vers des femmes que je trouvais parfaitement attirantes, en oubliant que j'étais moi-même une femme et que potentiellement j'étais donc déjà hors compétition.

J'ai donc pris beaucoup de confort et de sécurité en ce qui concerne la séduction envers des femmes homos-bis. Pas que je séduise toutes les femmes homos ou bis, loin sans faux, je ne suis pas déraisonnablement narcissique et je connais mes limites, par ailleurs, il n'y a pas si longtemps j'évoquais un échec quasi certain auprès de Jodie. Mais disons que j'ai acquis une certaine aisance à partir du moment où je sais être sexuellement compatible avec quelqu'un. Ma zone de confort. L'énoncé pourrait être tel que:

Choix A: Vous pouvez séduire une femme dont vous êtes à peu près sûre que vous allez lui plaire parce que sexuellement compatible, à vous de jouer.
Choix B: Vous pouvez tenter de séduire une femme dont l'orientation sexuelle est incertaine avec 25% de chance de réussite et 75% d'échec.

Je suis cette personne qui choisit le gain certain.

Besoin de changement

Je me suis beaucoup investie dans ma carrière professionnelle jusqu'à maintenant, depuis un ou deux ans maintenant. J'y vois finalement les réussites et les bénéfices connexes. Mais je me rends compte aussi que j'ai laissé beaucoup de côté ma vie affective et sexuelle. Je sais, pour ne pas être inconsciente, que j'ai tendance à plonger pleinement dans mon travail pour fuir les peines. Pas qu'amoureuse. Mais beaucoup. Parce que dans le travail que je mène, j'ai ce sentiment de toute puissance et d'indépendance pleine et entière. C'était dur de faire le deuil avec Émilie, mais maintenant il faut avancer. C'était dur de m'être un peu encore trompée avec Clémentine, mais maintenant il faut avancer.

Je dois dire aussi que j'ai pas mal délaissé mes proches et que j'ai joué au loup solitaire. L'art d'être là sans être là. De ne plus réellement donner de nouvelles, par honnête flemme. De faire les choses mécaniquement. Que je ne suis plus si satisfaite de mon cercle social ni de mon environnement direct. De laisser en fait peu de place aux nouvelles opportunités sociales en m'accrochant à mes certitudes et mes repères. J'ai envie de me lâcher considérablement. J'ai envie de retrouver un état de transcendance quand je me défoule à un concert comme une junkie. J'ai envie de boire des verres sophistiqués qui ont l'effet de ne pas me rendre très distinguée, en vrai. De rire milles fois à gorge déployée parce que j'adore rire. J'ai envie de baiser par envie, sauvagement aussi parce que ça fait longtemps que j'ai plus goûté au sexe qui épuise et que je me suis laissée aller à l'orgasme mécanique. De ne plus me prendre tant au sérieux. De laisser de côté les histoires toxiques et non-constructives ne qui m'apportent rien que de la fatigue et de la lassitude. De laisser les commérages et les petites guéguerres que se mène chacun pour trouver mon propre terrain de paix. De légèreté. J'ai envie de lâcher prise.

Cette année, le compteur 17 est passé au 18. Je ne crois pas trop en ces histoires de résolutions parce que je pense que les changements s'opèrent maintenant ou jamais. Mais indéniablement, à chaque fois je fais le bilan et j'ai des petits vœux enfantins, naïfs. Si l'année dernière était au coeur d'un changement dans ma carrière, je voudrais dédier cette année à un peu plus d'amour. Pour moi, pour la vie, pour les autres. De peine aussi pourquoi pas.

Je ne dirai pas tout de suite et maintenant ce que je projette dans les semaines-mois-année à venir parce que ça risque de me décourager et qu'on sait que les résolutions sont faites pour ne pas être tenues. Juste j'ai certaine envie depuis un temps et ça commence à prendre forme. Je vais me laisser envahir par ces nouvelles envies, vélléités. Mais sachez que cette année, il y aura ce changement. Et pas que dans la forme. De fond.

Choix A: J'ai rien à perdre.
Choix B: J'ai tout à gagner.
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  • [+1] La suite, vite ! le 16.01.18, 09h19 par Allandrightnow
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