Je suis toujours dans les préparatifs de voyage. Je suis de plus en plus anxieuse, incrédule, j'ai le cœur qui bat vite. Ça m'avait fait la même chose lorsque je suis partie en Asie l'année dernière. Je suis anxieuse de nature mais, l'avantage c'est que j'en ai conscience et que ça ne m'empêche plus d'avancer. D'ailleurs, combien de personnes n'éprouveraient aucune anxiété à partir à l'autre bout du monde sans être accompagné?
Rechute.
Je reçois un message de Lucie hier dans la soirée. Elle ressassait le passé et m'a évoqué un échange que nous avions eu l'année dernière à la même époque. Lucie faisait rarement le premier pas, avant. Dans le fil de la conversation, elle case qu'elle a rompu avec son copain il y a plusieurs mois (qui est aussi, au passage, le père de son enfant). Je pensais qu'elle allait mal, parce que, les rares fois où Lucie faisait le premier pas, c'est quand elle avait besoin de moi. Comme je l'ai évoqué plus tôt dans le journal, je voudrais que l'on s'ancre définitivement dans nos vies, que l'on devienne (plus que redevienne) des amies. Et ça commence par prendre soin, malgré tout, même si je n'avais pas envie de redevenir qu'une oreille attentive, je sentais que tout du moins elle recherchait un contact avec moi. Je lui sors des vannes pour tenter de la faire rire, puis je lui propose de s'appeler, de me raconter tout ça, je pensais, pour lui prêter mon oreille et la consoler.
Notre échange commence banalement, puis, je lui demande d'aller dans le vif du sujet et de me parler de cette rupture. Elle m'en parle parce que je lui demande mais, étonnamment, Lucie va bien, très bien. Je suis dans l'incompréhension, je m'attendais tellement à ce qu'elle ait à nouveau besoin de moi que je lui ai fait répéter plusieurs fois si elle était sûre que ça allait. Mais oui, tout va bien pour Lucie. Elle me raconte aussi qu'elle a revu un ex, qu'elle a toujours aimé et n'a jamais cessé de, que c'était bien, que ça l'avait aidé à avancer. Qu'ils avaient projeté un instant, et même encore maintenant, de refaire leur vie ensemble, de donner naissance à un bébé. Elle m'explique, en lui ayant annoncé qu'elle était "très fertile" (elle est tombé enceinte deux fois sous contraception), sous entendant "fais moi des bébés", il le voudrait aussi. Elle me raconte qu'elle aimerait trouver quelqu'un avec qui la vie serait simple et légère, tranquille et douce, quelqu'un qui la respecte et que lui, il pourrait lui apporter ça, quelqu'un qui s'occuperait bienveillamment de son enfant. En même temps, elle me dit qu'elle a envie d'être seule en ce moment, de s'occuper d'elle.
Je me sens contente pour elle, parce que je connais son amour pour lui, depuis toujours, et je trouvais ça magique, quand bien même je ne suis plus si romantique, que dans une vie, "Dieu réunisse ceux qui s'aiment", qu'après toutes ces années à rêver et penser à lui, à nouveau elle se retrouve dans ses bras. J'aime les belles histoires d'amour. Je souris bêtement et pleine de tendresse en l'écoutant raconter son week-end avec un sourire que je perçois même derrière le combiné, j'ai envie de l'enlacer et de la remercier d'être si heureuse dans sa vie, elle qui était si mal avant, que c'est important pour moi de le savoir.
Elle me demande de mes nouvelles en retour. Je ne sais pas quoi lui raconter, je n'avais pas prévu de parler de moi ni de me mettre en avant. Le voyage étant proche, je lui raconte que je pars dans deux semaines, mais, je ne m'en vante pas et je n'en fais pas des caisses pour attiser sa curiosité, bien que je le pourrai. En fait, j'avais envie de tout sauf de chercher à provoquer son intérêt. Je ne lui parle pas de mes relations, je ne lui parle de ma libération amoureuse, je me fais discrète parce que, j'essaye de ne lui donner aucun indice de disponibilité. En fait, je ne veux pas qu'elle croit que je cherche à nouveau à la séduire parce que, ce n'est pas mon but en cherchant notre intimité, j'ai accepté depuis longtemps que ce n'était pas bon pour moi. Mais à un moment ça vient tout de même, cette question, qu'elle m'a toujours posée:
"Est-ce que tu as quelqu'un en ce moment?"
Tant pis, je lui réponds. Que non, je "n'ai pas" quelqu'un et que d'ailleurs, j'ai cessé de vouloir posséder les gens, et m'excuse de n'avoir rien d'aussi palpitant à raconter qu'elle. Ça finit par venir sur le tapis, qu'on parle de ma libération amoureuse et de ma proximité de plus en forte avec les polyamoureux. Je lui parle de ce week-end et de ma danseuse que j'ai hâte de connaître. Dans l'enchaînement, je lui parle de ma vision des choses et je sens bien que ça l'intrigue et lui parle parce que, Lucie a toujours été une femme libre. Elle me pose des questions sur la parentalité, je lui dis spontanément que je n'ai pas de désir d'enfant, que je ne pourrai pas concevoir, que cependant, ces dernières années j'y pense de plus en plus, mais que, ça m'irait de rencontrer une femme avec un enfant. Là je tilte, je ne veux pas qu'elle croit que je l'évoque, je lui parle rapidement de Satine. Et Satine, j'ai éprouvé tant d'affection pour elle et son bébé durant cette période que ça m'a échappé, ce rôle de "deuxième maman" que j'ai pris durant cette période, cette façon que j'ai eu de prendre soin de cette femme en tant que future mère et de m'attacher si rapidement à son enfant à naître. Elle me dit: "
Tu sais... je suis très fertile". Elle ajoute qu'elle l'est tellement que, ayant conçue sous contraception, elle est sûre qu'elle pourrait même faire tomber enceinte une femme. Je ris -peut-être de façon gênée- et lui dis que, je penserai sans aucun doute à elle le jour où je voudrais un enfant.
#FailDeContenance
Voilà, du coup je sais qu'on va se voir cet été et, je sens nettement que je rechute dans mon besoin d'adrénaline "Lucie". C'est bon de retrouver Lucie, par bribes, en même temps que je me dis "Mais quelle connasse je fais, tu t'en sortiras jamais".
Ma danseuse.
Je lui ai expliqué que pour moi, dans le joyeux monde que j'imagine du polyamour, on partage et on parle d'amour, de toutes les façons possibles et imaginables. Je lui ai dis que je rêverai de savoir qu'elle désire d'autres personnes et qu'elle aime d'autres personnes, même qu'elle me parle tout amoureusement de son copain (dont elle ne parle finalement jamais), que je serai là pour me réjouir qu'elle tombe amoureuse et la consoler lorsqu'elle aura le cœur brisé. J'en ai profité de lui demander si elle était du genre à vouloir avoir ces détail ou si je devais me taire. Elle me dit qu'elle l'ignore encore, je lui propose de ne pas me contraindre et qu'elle me dise si ça la gênait. Je lui parle dans l'instant de Lucie parce que, je me sentais encore envahie de notre conversation et tout mon amour pour elle se décuplait. J'ai senti que finalement, Cristina ne voulait pas tant en savoir plus, même si ça ne semblait pas la gêner pour autant, alors, je n'ai pas approfondi tout ce que je ressentais ni tout ce qu'on a vécu elle et moi.
Les choses s'accélèrent, on se désire fortement, à distance, comme j'ai pu désirer Satine à l'époque, on envisage de beaucoup, beaucoup faire l'amour. Tellement que dans cette attente intenable, on a joué à "faire l'amour" par téléphone, en utilisant ma voix sensuelle pour lui donner des ordres, des envies, en l'incitant à se caresser tandis que je lui parle, et moi de défaillir en l'entendant gémir et même, hurler. J'espère la faire hurler pareillement lorsqu'on se verra. Elle me dit qu'elle pense à moi toute la journée, qu'elle n'arrive pas à faire autrement, qu'elle brûle d'envie, que même, elle se réveille dans la nuit en pensant et rêvant à moi parce que ces derniers temps, penser à moi la rend très... agitée. Je sens aussi qu'elle veut que je la domine, que je prenne autorité sur elle, qu'elle soit à ma merci entière et complète, et ce rôle là, je sais le mener, et je le mènerai.