[A] La critique compulsive
Posté : 30.12.08
Le texte en bleu est la version abrégée pour ceux que ça gonfle de tout lire.
A travers un personnage inventé que j’ai nommé Charles, je vais aborder le sujet de la critique dans la vie quotidienne, ses conséquences sur la vie de ceux qui s’y livrent, et enfin la manière d’y remédier.
Charles, critiqueur invétéré :
Charles est un individu tout ce qu’il y a de plus banal. Lorsqu’il était jeune, c’était un écolier, puis un étudiant moyen : ni bon ni mauvais. Il occupe maintenant à un emploi tout à fait commun, à un poste de simple employé. Sa situation financière est moyenne. Son niveau de culture est moyen. Bref, vous l’aurez compris, Charles fait tout dans le moyen. Il pratique peut être une activité de loisir en dehors de son travail (musique, écriture), mais n’est jamais allé plus loin que ça. Il n’entreprend rien de particulier et n’excelle dans rien de spécial.
Ah si, il pratique assidûment un art dans lequel il excelle, celui de critiquer les autres. Cette grande maitrise de ce qu’il nomme « l’esprit critique », il l’a acquise grâce à de longues séances d’entraînements quasi-quotidiens avec ses amis (ou plutôt fréquentations).
A propos d’un beau mec bien habillé : « Il se la joue celui-là. S’il réussit avec les femmes, c’est parce qu’elles ne regardent que son physique. »
Le sujet des femmes étant lancé, un ami lui demande où il en est. Charles répond qu’il est célibataire, mais qu’il l’a choisi. Les femmes sont trop connes, elles préfèrent les machos, il est mieux tout seul. D’ailleurs, la pouffiasse à la belle plastique, il n’en veut pas. Les femmes comme ça, elles sont pas intelligentes, c’est pour ça qu’elles se mettent avec des machos qui misent tout sur leurs muscles. D’ailleurs, elle s’est tapée le responsable, c’est pour ça qu’elle a grimpé d’un échelon. Ca l’étonne pas d’elle, et ni du responsable, c’est un boulet de toutes façons. C’est pas normal qu’il occupe ce poste de responsable, il a moins d’études que lui. En plus il a voté Sarkozy : c’est un fasciste et un soldat du Grand Capital.
Il exprime également des critiques tranchées sur tout sujet. Ainsi, il critique les moindres faits et gestes de tout personnage public. Il pense passer pour quelqu’un ayant un fin esprit critique en critiquant Sarkozy (c’est sûr il a eu l’expérience d’être président) et le Gouvernement, en critiquant les Etats-Unis et la société américaine En n’y étant jamais allé), en se disant anti-libéral (connaît-il la définition du mot ?), en critiquant les profs, en critiquant les français (tous sont des beaufs crédules devant le JT de TF1, sauf lui), en critiquant les programmes télé (Pourquoi les regarde-t-il alors ?), en critiquant son voisin qui a divorcé (c’est parce qu’il savait pas s’y prendre avec sa femme).
Un beau jour, Charles tombe sur FTS. Dans un premier temps, il se met à critiquer tous ces machos qui n’ont rien compris aux femmes. Mais sa rancœur envers les femmes est plus forte, il se met à lire assidûment la littérature sur la speedseduction. Cela lui donne de l’eau dans son moulin à critiques. Qu’il pratique ou pas, il devient cynique, et ses critiques se teignent d’aigreur et d’agressivité. Le moindre propos d’une femme sera critiqué violemment, la moindre opposition à leur conception nouvellement acquise des relations humaines sera vertement interprétée comme du politiquement correct (et là critiques sur la société AFCisante et tout ça).
En bref : Charles à un avis sur tout, et surtout sur ce qu’il ne connaît pas. Charles n’a jamais rien entrepris lui même, mais critique toute personne qui entreprend, qui dirige, qui bénéficie d’avantages ou d’atouts particuliers, qui connaît un succès dans quelque chose ou qui tout simplement ne pense pas comme lui.
Les conséquences de la manie de critiquer :
Quand on critique :
1/ On se rend désagréable aux autres. Notre compagnie n’est pas recherchée.
2/ On sombre dans la négativité (cf article Etude de cas : La negative attitude). Voir le monde qui nous entoure comme entièrement négatif ou entièrement injuste peut conduire à la dépression.
3/ Les gens n’ont pas envie de nous écouter.
4/ On gaspille son énergie à critiquer les autres au lieu de réussir quelque chose qu’on entreprend soi-même.
5/ On ne s’ouvre pas aux autres points de vue et sa réflexion devient stérile. On devient dogmatique.
Pourquoi changer ?
Lorsqu’on cesse de critiquer, ou lorsqu’on passe à la critique positive et constructive :
1/ Notre compagnie devient recherchée car on est alors vu comme quelqu’un de compréhensif, ne jugeant pas et donnant de bons conseils (et sachant en prendre).
2/ On se met à voir du positif dans les actions d’autrui. Voir agir autrui différemment de soi permet de mettre en lumière les points sur lesquels on peut s’améliorer. On peut imiter certaines choses qui fonctionnent chez d’autres pour les appliquer à soi.
3/ Les gens ont envie de nous écouter. On devient plus charismatique.
4/ On utilise son énergie à entreprendre quelque chose. On se tire vers le haut au lieu d’essayer de rabaisser les autres. On se construit soi-même au lieu de chercher à détruire l’autre en le critiquant.
5/ On s’ouvre à d’autres points de vue, et on envisage des problèmes sous un angle différent.
Comment changer ?
Lorsqu’on a toujours critiqué, c’est quelque chose qui est inscrit profondément dans notre cerveau et il est difficile de se débarrasser de cette mauvaise habitude. Il faut en quelque sorte se reprogrammer le cerveau de manière à ce que face aux situations, il n’exécute plus l’instruction « critique ».
Pour cela, les forums sont un bon moyen de mise à l’étrier, car on est pas dans le spontané. En effet, on ne répond pas aux interventions des autres en temps réel, on peut prendre le temps que l’on veut. On peut profiter de ce temps pour, consciemment, barrer la route au ton critique qui allait s’insérer dans la réponse qu’on allait poster spontanément. Avant d’envoyer un post, on a la possibilité de le relire, et donc de s’assurer qu’il ne soit pas d’un ton critique.
Lorsque le post contient une critique, assurons-nous qu’elle soit constructive.
Lorsqu’un débat porte sur un sujet complexe qu’on ne maitrise pas (comme une décision politique, ou une situation géopolitique), on peut faire l’effort de s’informer avant d’émettre un jugement. Vous verrez que plus on en sait, moins on juge.
On peut aussi faire preuve d’empathie. Plus on comprend l’autre, moins on le critique, et plus la communication est meilleure.
Enfin, lorsque vous donnez votre avis sur quelque chose, ou lorsqu’on vous le sollicite, commencez par dire ce qui va, avant de dire ce qui ne va pas. Vous verrez comment notre pente naturelle est de commencer par ce qui ne va pas (y compris, et surtout, lorsque l’avis porte sur nous-même).
On peut considérer le point de vue de l'autre et chercher ce qu'il peut nous apporter. S'il peut vraiment rien nous apporter, et bien, on y répond pas tout simplement et on clôt le débat.
On peut aussi se dire qu'il n'existe pas une solution valable pour tous. Ce qui va à vous ne va peut être pas à votre pote. Inutile de lui faire la morale pour lui dire comment il devrait faire ou être. La vie des autres n'est pas votre vie.
A travers un personnage inventé que j’ai nommé Charles, je vais aborder le sujet de la critique dans la vie quotidienne, ses conséquences sur la vie de ceux qui s’y livrent, et enfin la manière d’y remédier.
Charles, critiqueur invétéré :
Charles est un individu tout ce qu’il y a de plus banal. Lorsqu’il était jeune, c’était un écolier, puis un étudiant moyen : ni bon ni mauvais. Il occupe maintenant à un emploi tout à fait commun, à un poste de simple employé. Sa situation financière est moyenne. Son niveau de culture est moyen. Bref, vous l’aurez compris, Charles fait tout dans le moyen. Il pratique peut être une activité de loisir en dehors de son travail (musique, écriture), mais n’est jamais allé plus loin que ça. Il n’entreprend rien de particulier et n’excelle dans rien de spécial.
Ah si, il pratique assidûment un art dans lequel il excelle, celui de critiquer les autres. Cette grande maitrise de ce qu’il nomme « l’esprit critique », il l’a acquise grâce à de longues séances d’entraînements quasi-quotidiens avec ses amis (ou plutôt fréquentations).
A propos d’un beau mec bien habillé : « Il se la joue celui-là. S’il réussit avec les femmes, c’est parce qu’elles ne regardent que son physique. »
Le sujet des femmes étant lancé, un ami lui demande où il en est. Charles répond qu’il est célibataire, mais qu’il l’a choisi. Les femmes sont trop connes, elles préfèrent les machos, il est mieux tout seul. D’ailleurs, la pouffiasse à la belle plastique, il n’en veut pas. Les femmes comme ça, elles sont pas intelligentes, c’est pour ça qu’elles se mettent avec des machos qui misent tout sur leurs muscles. D’ailleurs, elle s’est tapée le responsable, c’est pour ça qu’elle a grimpé d’un échelon. Ca l’étonne pas d’elle, et ni du responsable, c’est un boulet de toutes façons. C’est pas normal qu’il occupe ce poste de responsable, il a moins d’études que lui. En plus il a voté Sarkozy : c’est un fasciste et un soldat du Grand Capital.
Il exprime également des critiques tranchées sur tout sujet. Ainsi, il critique les moindres faits et gestes de tout personnage public. Il pense passer pour quelqu’un ayant un fin esprit critique en critiquant Sarkozy (c’est sûr il a eu l’expérience d’être président) et le Gouvernement, en critiquant les Etats-Unis et la société américaine En n’y étant jamais allé), en se disant anti-libéral (connaît-il la définition du mot ?), en critiquant les profs, en critiquant les français (tous sont des beaufs crédules devant le JT de TF1, sauf lui), en critiquant les programmes télé (Pourquoi les regarde-t-il alors ?), en critiquant son voisin qui a divorcé (c’est parce qu’il savait pas s’y prendre avec sa femme).
Un beau jour, Charles tombe sur FTS. Dans un premier temps, il se met à critiquer tous ces machos qui n’ont rien compris aux femmes. Mais sa rancœur envers les femmes est plus forte, il se met à lire assidûment la littérature sur la speedseduction. Cela lui donne de l’eau dans son moulin à critiques. Qu’il pratique ou pas, il devient cynique, et ses critiques se teignent d’aigreur et d’agressivité. Le moindre propos d’une femme sera critiqué violemment, la moindre opposition à leur conception nouvellement acquise des relations humaines sera vertement interprétée comme du politiquement correct (et là critiques sur la société AFCisante et tout ça).
En bref : Charles à un avis sur tout, et surtout sur ce qu’il ne connaît pas. Charles n’a jamais rien entrepris lui même, mais critique toute personne qui entreprend, qui dirige, qui bénéficie d’avantages ou d’atouts particuliers, qui connaît un succès dans quelque chose ou qui tout simplement ne pense pas comme lui.
Les conséquences de la manie de critiquer :
Quand on critique :
1/ On se rend désagréable aux autres. Notre compagnie n’est pas recherchée.
2/ On sombre dans la négativité (cf article Etude de cas : La negative attitude). Voir le monde qui nous entoure comme entièrement négatif ou entièrement injuste peut conduire à la dépression.
3/ Les gens n’ont pas envie de nous écouter.
4/ On gaspille son énergie à critiquer les autres au lieu de réussir quelque chose qu’on entreprend soi-même.
5/ On ne s’ouvre pas aux autres points de vue et sa réflexion devient stérile. On devient dogmatique.
Pourquoi changer ?
Lorsqu’on cesse de critiquer, ou lorsqu’on passe à la critique positive et constructive :
1/ Notre compagnie devient recherchée car on est alors vu comme quelqu’un de compréhensif, ne jugeant pas et donnant de bons conseils (et sachant en prendre).
2/ On se met à voir du positif dans les actions d’autrui. Voir agir autrui différemment de soi permet de mettre en lumière les points sur lesquels on peut s’améliorer. On peut imiter certaines choses qui fonctionnent chez d’autres pour les appliquer à soi.
3/ Les gens ont envie de nous écouter. On devient plus charismatique.
4/ On utilise son énergie à entreprendre quelque chose. On se tire vers le haut au lieu d’essayer de rabaisser les autres. On se construit soi-même au lieu de chercher à détruire l’autre en le critiquant.
5/ On s’ouvre à d’autres points de vue, et on envisage des problèmes sous un angle différent.
Comment changer ?
Lorsqu’on a toujours critiqué, c’est quelque chose qui est inscrit profondément dans notre cerveau et il est difficile de se débarrasser de cette mauvaise habitude. Il faut en quelque sorte se reprogrammer le cerveau de manière à ce que face aux situations, il n’exécute plus l’instruction « critique ».
Pour cela, les forums sont un bon moyen de mise à l’étrier, car on est pas dans le spontané. En effet, on ne répond pas aux interventions des autres en temps réel, on peut prendre le temps que l’on veut. On peut profiter de ce temps pour, consciemment, barrer la route au ton critique qui allait s’insérer dans la réponse qu’on allait poster spontanément. Avant d’envoyer un post, on a la possibilité de le relire, et donc de s’assurer qu’il ne soit pas d’un ton critique.
Lorsque le post contient une critique, assurons-nous qu’elle soit constructive.
Lorsqu’un débat porte sur un sujet complexe qu’on ne maitrise pas (comme une décision politique, ou une situation géopolitique), on peut faire l’effort de s’informer avant d’émettre un jugement. Vous verrez que plus on en sait, moins on juge.
On peut aussi faire preuve d’empathie. Plus on comprend l’autre, moins on le critique, et plus la communication est meilleure.
Enfin, lorsque vous donnez votre avis sur quelque chose, ou lorsqu’on vous le sollicite, commencez par dire ce qui va, avant de dire ce qui ne va pas. Vous verrez comment notre pente naturelle est de commencer par ce qui ne va pas (y compris, et surtout, lorsque l’avis porte sur nous-même).
On peut considérer le point de vue de l'autre et chercher ce qu'il peut nous apporter. S'il peut vraiment rien nous apporter, et bien, on y répond pas tout simplement et on clôt le débat.
On peut aussi se dire qu'il n'existe pas une solution valable pour tous. Ce qui va à vous ne va peut être pas à votre pote. Inutile de lui faire la morale pour lui dire comment il devrait faire ou être. La vie des autres n'est pas votre vie.