Ça ne vous aidera pas à choper davantage en SPU (encore que), mais ça vous aidera à comprendre pourquoi les gens agissent comme ils agissent dans des circonstances données.
Pour moi, aussi essentiel que la lecture de Cialdini : ces deux auteurs ont écrit des choses qui rendent plus intelligent et plus humain. C'est suffisamment rare pour pouvoir être souligné.
Ne vous laissez pas effrayer par les référence bibliques: après tout, ces grands mythes sont fondateurs pour notre société, et Girard s'en sert pour analyser son fonctionnement.
Nous nous croyons libres, autonomes dans nos choix, que ce soit celui d'une personne ou d'un objet. Illusion romantique ! En réalité, nous ne choisissons que des objets désirés par l'autre, mus le plus souvent par ce que Stendhal appelle les sentiments modernes, fruits de l'universelle vanité : "l'envie, la jalousie et la haine impuissante ". Partant d'une analyse entièrement renouvelée des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature, René Girard retrouve partout ce phénomène du désir triangulaire : dans la coquetterie, l'hypocrisie, la rivalité des sexes ou des partis politiques. Ce grand livre, écrit avec une rare subtilité, contribue à élucider un des problèmes majeurs de la conscience humaine : la liberté de choisir
A travers l'expérience de quatre romanciers phares, RG engage les premiers balbutiements d'une recherche complexe et étonnament intelligente qui le conduira (et nous avec) vers l'explication, d'une simplicité et d'une évidence géniales, de ce qui engendre, structure, organise la société humaine. Ici, c'est le désir mimétique qui est dévoilé, ce fonctionnement triangulaire (sujet/objet/modèle-médiateur) qui brise l'espèce de rêve idéal du romantisme, à savoir la spécificité individuelle du désir. 1er d'une admirable série sous-tendue par le mécanisme de la victime émissaire, Mensonge romantique... est encore fondamentalement littéraire.
C'est dans ce livre que René Girard expose sa théorie du désir mimétique. Les idées développées ne sont pas toutes nouvelles (le fait que notre prétendue identité personnelle nous vienne en grande partie d'autrui fait par exemple partie des fondamentaux du bouddhisme), mais son analyse est finement menée, et elle reste très accessible même si on n'a pas lu tous les romans auquels il fait référence. C'est certainement en commençant par ce livre qu'il faut aborder l'oeuvre de Girard, il permet de mieux comprendre les suivants.
Après Mensonge romantique et vérité romanesque, René Girard a entrepris, dans La Violence et le Sacré, de remonter aux origines de l'édifice culturel et social qui est au coeur de notre civilisation. S'appuyant à la fois sur une relecture très personnelle des tragiques grecs et sur une discussion serrée des principaux systèmes d'explication, en particulier la psychanalyse, cette enquête originale met l'accent sur le rôle fondamental de la violence fondatrice et de la victime émissaire. Le religieux, secrètement fondé sur l'unanimité violente et le sacrifice, trouve ainsi dans cet essai majeur une définition inédite.
René Girard a raison sur ... au moins sur deux points : le "bouc émissaire" et le "mimétisme".
Le bouc émissaire, tout d'abord : quand un groupe humain (société, tribu, clan...) est en crise, doute de lui-même, le mécanisme ancestral, "naturel", est de désigner un bouc émissaire ("ce pelé, ce galeux d'où nous vient tout le mal"...) - individu, sous-groupe, ethnie - qui sera massacré et permettra au groupe de retrouver son unité et sa dynamique (voir "Purifier et détruire", ci-dessus).
Le mimétisme, ensuite : j'envie l'autre, je veux lui ressembler, le dépasser, être comme tous les autres tout en étant différent... éternelle rengaine de l'esprit humain (La Rochefoucauld : "Un homme bien né est un homme né sans envie".).
Il y a encore beaucoup d'autres pistes de réflexion dans cet excellent livre, écrit sans jargon, il faut le souligner.
René Girard étudie dans ce livre les mythes, les rites sacrificiels, et fait apparaître le rôle de la violence collective dans l'emmergence du sacré, des institution religieuses et politiques, et plus ou moins directement dans tous les aspects de la culture et de la civilisation.
À première vue, pas grand chose à voir avec son premier livre, « Mensonge romantique et vérité romanesque », mais il y a bien une continuité entre les deux : la démarche est la même, il s'agit de comprendre les mécanismes qui régissent l'humanité, en tirant parti de ce que peuvent nous apprendre les grands auteurs (ici, les tragédiens grecs, et dans une moindre mesure Shakespeare), et on conclut une nouvelle fois sur le rôle crucial du mimétisme.
Précisons que contrairement à ce qu'on peut lire ici ou là (en particulier sur la 4e de couverture de certains de ses livres), ce que propose Girard n'est pas un système philosophique mais bien une théorie anthropologique (il récuse tant le terme de système que celui de philosophe).
En première lecture, on peut avoir l'impression que sa théorie n'est pas suffisamment fondée et qu'il en exagère la portée. Il ne faut pas hésiter à lire ses livres suivants, comme « Des choses cachées depuis la fondation du monde » ou « Les origines de la culture », pour clarifier les choses.
Un ouvrage qui révolutionne les sciences humaines. Parallèlement à une analyse approfondie des mécanismes qui règlent la vie des sociétés, René Girard développe et commente magistralement ce qu'il estime être l'antidote contre la violence : la parole biblique. Une lecture et une réflexion stimulantes des grands mystères de notre monde. Le " système Girard " ne laissera personne indifférent.
C'est le troisième livre fondateur de la théorie mimétique, il a la particularité d'en présenter un panorama plus complet que les deux précédents.
Dans une première partie, il reprend et complète l'anthropologie du religieux développée dans « la violence et le sacré » et qui met en lumière le rôle du mécanisme de bouc émissaire dans les mythes, les sacrifices religieux, et plus généralement dans tous les rites et les institutions.
Une autre partie est consacrée au rôle du mimétisme du désir dans les relations interdividuelles, sujet déjà abordé dans « mensonge romantique et vérité romanesque ».
La nouveauté par rapport aux deux livres précités, et peut-être aussi l'aspect de plus controversé (mais quoi qu'il en soit très intéressant à lire) du présent ouvrage, apparaît dans la partie centrale du livre : la spécificité du christianisme par rapport aux autres religions, son influence (sous-estimée) sur notre société, et le fait que les Évangiles contiennent en germe toute la théorie mimétique.
Le contraste entre l'extrême diversité des sujets abordés et la cohérence du propos est impressionnant.
Le cheminement du désir n'est point rectiligne. Il emprunte des tangentes, il esquisse des triangles, il s'enfonce dans des cercles vicieux. La coquette, le masochiste, le Don Juan, le voyeur, tous se laissent entraîner dans un ballet fascinant dont la chorégraphie leur échappe. Les relations intersubjectives tendent toujours vers un modèle fixe et géométrique. (...). L'érotisme est désormais un combat entre des Moi égaux et identiques. Il n'est pas un adolescent qui ne soit convaincu que le fait d'être "unique" empêche son union harmonieuse avec une partenaire tout aussi unique. Il est pourtant clair que chacun est une copie conforme des autres.