Tous les mercredis après les cours matinaux, je roule ma bosse dans cette sandwicherie parisienne où je viens non seulement pour le goût des sandwichs, mais aussi pour revoir la préparatrice, qui me fascine toujours autant à chacune de ses interventions. Ce mercredi, le ciel est typique de la capitale, c'est à dire peu de soleil, et un froid de canard.
A peine, ai-je poussé la porte que Stephanie me salue. Je la remarque derrière son comptoir, et lui répond par un sourire. Dans la boutique, 2 clients ; un cadre Costard-Cravatte habillé assez chic, et une jeune fille à peine plus agé que moi : Cheveux brun, yeux clairs entre vert et bleu, ni trop petite ni trop grande, et que je rangerai dans la catégorie des B+ dans un langage FTSien.
J'aime assez la façon dont elle confectionne les sandwichs. C'est toujours la même routine avec le couteau dans la main droite, la demi-baguette ouverte dans la gauche, et le beurre qui y est étalé avec une précision micrométrique. A peine a-t-elle finie qu'elle repose le couteau dans sa planche de bois qui lui sert de reposoir. Elle encaisse le client, et je la voie redéplacer le couteau de quelques centimètres.
Ses yeux ronds me signalent une incompréhension.- Le soucis de la précision ? articulé-je.
Elle rigole, tout en demandant à la jeune fille son choix. Cette dernière hésitant quelques secondes, je me suis permis de la renseigner.- Le couteau, precisé-je.
Elle s'est laissée tenter, mais ne semble avoir apprécier que quelqu'un d'autre la conseille sur son choix. Quelques minutes plus tard, je la vois assise dans l'arrière salle à faire une gueule qui te donnerait envie de te tirer une balle. Tout en m'asseyant sur la table d'à côté, je commence mon interrogatoire.- Puis-je me permettre de vous conseiller le ----, c'est un excellent rapport goût-taille. De plus, comme j'en prend un aussi, Stéphanie pourra en préparer 2 en même temps.
Je crois avoir vu un petit sourire lors de cette phrase.- Vous n'êtes pas d'ici n'est-ce pas ? ( Nous étions en période de vacances scolaires des autres zones).
- Si, juste de la banlieue. Pourquoi ?
- Vous souriez et les parisiennes ne sourient jamais.
- Peut être qu'il n'y a pas de raison d'être heureux, dit-elle.
On discuta quelques minutes, et son humour commençait à devenir de plus en plus agréable. Lorsque mon téléphone sonna pour m'indiquer que j'étais en retard de 5 mn, le fait de se revoir lui parut une bonne idée, et son numéro de téléphone s'imposa naturellement.- Il y a toujours quelques part une raison d'être heureux ai-je répondu, tout en priant intérieurement de ne pas être tombé sur une dépressive. Tiens, qu'allez vous faire de cette journée ?
- Voir mes grands-parents.
- Bah voilà, ne te souviens tu pas de ces moments où tu rigolais avec eux. Moi je me souviens quand j'étais petit de ces moments de rigolade qu'on a passé ensemble sur la plage...
Le jeu commence.