Bonjour à tous, et bonne année
Cela fait bien longtemps que je n'ai pas posté sur mon journal. Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps: j'ai arrêté le Game. J'ai arrêté fin 2012. Je ne sais pas encore si cela est définitif ou non. Les raisons principales sont les suivantes (en vrac):
a) Parcourir les rues de la capitale et courir derrière des (souvent jolies) demoiselles est une activité à la fois épuisante physiquement et consommatrice de temps. Je faisais beaucoup trop de SPU et ça empiétait sur ma vie personnelle.
b) Je ne prenais plus aucun plaisir à draguer des filles dans la rue. C'était même devenu une torture. Le schéma était toujours le même: "je vais voir la fille, je foire ou elle fait sa bitch, je me prends un rateau et retour à la case départ". Je pense qu'à un moment, il faut arrêter de s'entêter et prendre du recul. Le problème c'est que cela me renvoyait à ma propre nullité en terme de séduction et que ça ne faisait que renforcer l'idée que j'étais pas capable de séduire. Je me suis senti soulagé quand j'ai arrêté, comme un poids qui s'envolait de moi, une pression inutile qui s'en est allée. On va pas se mentir, mes résultats étaient peu glorieux: j'estime à environ plus de 300 le nombre d'approches que j'ai faites en SPU et je n'ai eu qu'un numéro (faux ou bien elle a fait semblant de pas savoir qui j'étais) et un email qui n'a rien donné. Y avait donc forcément quelque chose que je ne faisais pas bien, quelque chose d'assez repoussant en moi (on va pas se mentir, j'étais la principale cause de mon propre échec). Tous ces échecs, plus la fatigue, plus l'hiver, le froid, et la faim dans le monde ont fait que j'ai décidé de stopper tout avant la nouvelle année. Le but était de faire une coupure et prendre du recul. Essayer de me recentrer sur moi-même, faire des choses qui m'éclatent.
J'en ai profité pour continuer mon introspection. Comme vous le savez sans doute si vous lisez mon journal depuis le début, j'étais agoraphobe et phobique social sévère il n'y a pas si longtemps que cela. Je dois reconnaître que le Game a été une des facettes (mais pas la seule) de ma guérison. Je fais rarement des crises à présent, je sors de chez moi sans avoir cette peur panique qu'il m'arrive quelque chose de grave, je n'angoisse plus autant à l'idée de me retrouver dans une situation sociale nouvelle. Après des années à subir ces névroses, j'ai enfin eu le contrôle sur elles. Une nouvelle vie s'est offerte à moi... mais je ne sais pas quoi en faire. J'entends par là que, un peu comme les gens qui sortent de prison, la liberté fait peur. On n'a aucun repère. On doit tout (re)construire. Et faire face à de nouvelles choses.
Quand vous coupez l'arbre qui cache la fôret, les arbrisseaux deviennent apparents. Maintenant que j'avais réglé les problèmes les plus lourds, j'ai compris pourquoi j'échouais inlassablement avec les femmes et dans ma vie sociale aussi.
Depuis bien longtemps maintenant, je savais bien que j'étais un "people pleaser". Je m'en voulais toujours d'être aussi gentil, lisse, cordial, tout ce qu'on veut. De donner aux gens ce qu'ils attendaient de moi. De me faire passer en dernier, en toutes circonstances. Je m'en voulais à moi-même d'être toujours le con du dîner de cons. Mais je n'arrivais pas à mettre des mots sur cela. Et puis j'avais des soucis bien plus prenants.
Je suis tombé fin 2012 sur un livre qui m'a ouvert grandement les yeux. Ce livre s'appelle "No Mr. Nice Guy". Non, ce n'est pas un livre écrit par un expert en séduction mais par un psychothérapeute américain. (Il suffit de Googler un peu pour trouver une version pdf de cet ouvrage). J'ai compris que j'étais incapable de nouer des relations sociales solides (et a fortiori des relations amoureuses) parce que je biaisais les relations dès le départ. Bien sûr, tout cela de manière inconsciente car c'est mon éducation qui a fait que je suis devenu ainsi.
Une jour une psy m'a dit que ce que j'avais subi étant plus jeune était des violences psychologiques (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Violence_p ... .A0_enfant). En gros, c'est faire comprendre à un enfant qu'il ne vaut rien et qu'il n'est pas digne d'être aimé. Le rejetter tout en le rabaissant. Je savais bien que j'avais grandi dans une famille qui dysfonctionnait mais je ne pensais pas à ce point. Et cela est sans doute la raison principale expliquant pourquoi j'ai développé tout un tas de pathologies mentales comme l'agoraphobie. Je n'en veux plus à mes parents aujourd'hui, je les aime tout simplement.
Comme l'explique le Dr Glover dans le bouquin que j'ai cité ci-dessus, le schéma de construction d'un Nice Guy est souvent le même: petit on lui montre qu'il ne peut pas être aimé pour ce qu'il est et on n'assouvit pas ses besoins d'enfants qui l'aident à se construire. En grandissant, il interiorise ses hontes et il développe alors des stratégies défaillantes pour assouvir ses besoins (émotionnels, sexuels, ou que sais-je, des choses naturelles tout simplement) mais cela ne fonctionne qu'à court terme, car à longs termes ces stratégies sont contre-productives. En gros, la stratégie adoptée par un Nice Guy est: si je ne fais pas de remous et que je ne dis rien, alors tout ira bien. Et avec les femmes y compris. Et avec les gens y compris. Si je suis gentil et que je ne contrarie pas les gens, alors mes besoins seront comblés. Tout ça s'accompagne bien sûr de fortes angoisses liées aux peurs de l'abandon et du rejet vécues pendant l'enfance.
Je me suis entièrement reconnu dans ce que décrit ce bouquin. C'est comme ça que je faisais étant petit pour éviter les colères (injustifiées mais quand on est enfant, on ne sait pas faire la part des choses) de mon père par exemple ou les exigences démesurées de ma mère. Je travaillais bien à l'école pour qu'on soit fier de moi et que j'obtienne l'attention dont tout enfant a besoin. J'étais le garçon sage et bien élevé. Je ne vais pas faire mon autobiographie, mais j'ai grandi avec schémas relationnels défaillants. Jusqu'à il y a peu je me sentais bien que quand j'aidais les gens, quand je réglais leurs problèmes. Je me sentais important et apprécié alors. J'ai toujours tout fait pour qu'on m'apprécie. Même inconsciemment. Je ne connais pas une personne qui ne pense pas "Il est sympa Heisenberg !". Je vais dans le sens des gens, je les aide, je remonte leur estime d'eux-mêmes. Même schéma dans mes relations amoureuses.
Pendant cette coupure avec le Game je suis sorti (très peu de temps) avec une fille rencontrée sur Internet. Et je me suis fait larguer comme une merde, après lui avoir beaucoup donné de ma personne. Et, comme un idiot, j'ai accepté certains manques de respect. Faut pas que je sois dur avec moi-même, on m'a élevé en me répétant que j'étais qu'une merde, alors quand je suis avec quelqu'un qui me tient ce discours, tout cela est normal pour moi. Mais faut que ça change.
Et pour changer, je compte bien suivre le plan préconisé dans le bouquin que j'ai cité. J'ai commencé à faire certaines choses pour changer ma façon de fonctionner. Ca va être un peu long, mais je vais me faire passer moi-même avant tout dorénavant. Vous allez vous dire "Bah oui c'est facile !' mais détrompez-vous, je peux avoir des angoisses terribles et des culpabilités immenses quand je dois choisir entre mes besoins et ceux des gens. Et quand ces gens sont des femmes, ces angoisses sont décuplées.
Va falloir que je lutte, sinon je perpétuerai un schéma qui ne marche pas indéfiniment.
En attendant, je dois reconstruire un semblant de vie sociale. Je perds régulièrement mon cercle social depuis que je suis ado. Environ tous les 6 mois ou un an, je me retrouve seul, sans plus personne à voir, ou à contacter. Je sais que je suis responsable de cela. Les raisons principales étaient: mes névroses et mes mauvaises façons de gérer mes relations. Mes névroses parce que quand on t'appelle pour sortir et tu dis que tu peux pas sans donner de raison parce que tu veux pas passer pour le con qui dit qu'il arrive pas à sortir de chez car il a peur, bah forcément les gens te recontactent plus. Et la façon de gérer mes relations car je suis incapable d'avoir des relations "intimes" (pas au sens sexuel mais "proches") avec les gens car je mets toujours une barrière, je joue toujours un persnnage, je ne suis pas le vrai moi. Donc soit les gens n'ont pas eu le temps de m'apprécier, soit ce que je leur apportais (oui je donne, je donne) les lasse et me jettent comme une vieille chaussette. Je ne veux plus de ce genre de choses donc je vais essayer de changer là-dessus.
Je vais essayer aussi de retrouver des passions. Maintenant que les angoisses sont moins présentes, il faut que je réapprenne à savoir ce qui me plait, me motive, me passionne. Et c'est pas simple. Je voulais fairre de la salsa, mais il vaut mieux que je fasse une activité plus masculine. Car le gros problème du Nice Guy c'est qu'il a perdu sa masculinité.
En fait, je me rends compte que pendant tous ces mois de SPU, j'ai plus appris au contact de mes wings qu'au contact de ces demoiselles à qui j'ai fait l'honneur d'aller parler. Je me suis rendu compte à quel point j'étais loin d'être un homme. J'ai toujours cru que javais peu de succès en amour parce que j'étais moche physiquement, mais en fait, je me rends compte que c'est parce que je suis "effeminé" dans ma façon de faire. Le vrai moi n'est pas éffeminé je pense, mais ces stratégies de Nice Guy m'ont au fil des ans empêché d'être un mâle. Il y a aussi le fait que j'ai été émasculé par mes parents (chacun à leur façon, mon père avec ses moqueries et ses rabaissement, ma mère en me castrant) et surtout, le fait que mon père n'a pas joué son rôle de modèle puisqu'il me rejetait. Je n'ai eu aucun modèle masculin pour me construire malheureusement. Je vais donc essayer d'avoir le plus de contacts possibles avec des hommes pour à la fois devenir le vrai moi et reconquérir ma masculinité. Peut-être ensuite deviendrai-je séduisant.
Je m'étais toujours demandé pourquoi sur FTS certains mecs arrivaient en quelques sessions à être bons et d'autres comme moi n'arrivaient jamais à intéresser les filles. J'ai longtemps cru que c'est parce que ces mecs là avaient des femmes plus agées (grandes soeurs par exemple) avec qui ils avaient grandi mais en fait, je me rends compte que c'est parce qu'ils ont avant tout eu un modèle masculin pour grandir.
Peut-être un jour serai-je un homme... Un vrai ! En attendant, je vais essayer de vivre ma vie et de la structurer au maximum afin d'être bien avec moi-même, même sans femme.
