Etudes de langues - traduction

Note : 3

le 27.08.2013 par Stridon

8 réponses / Dernière par Stridon le 20.03.2014, 21h32

Le taf, on y passe 8h par jour minimum, et c'est loin d'être facile tous les jours. Ce forum est là pour échanger autour de tous les sujets en lien avec votre vie professionnelle.
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Étant donné que je trouve l'idée de présenter sa filière absolument géniale, je me suis dit qu'il fallait que j'en fasse de même avec la mienne (d'autant plus que les infos sont en général assez clairsemées).

Je vais faire plusieurs posts pour rendre ça plus lisible que si je laissais le tout dans un grand pavé.


1. Les études de langues

Tout d'abord, il faut savoir que pour une fois le bac S n'est pas vraiment adapté. En effet, le bac L permet d'acquérir une certaine aisance dans le français écrit qui est une compétence indispensable à tout bon traducteur tout en donnant un avantage énorme si on se destine à faire de la traduction littéraire. Le bac ES quant à lui, permet d'aborder surtout l'économie, ce qui donne un certain avantage en LEA. Comprendre l'économie permet d'aborder les domaines Marketing et financiers qui sont de très gros consommateurs de traductions.

Attention, une formation scientifique est tout de même utile, mais uniquement dans le cas d'une reconversion (ancien ingénieur ou ancien médecin), qui lui permet d'avoir une spécialisation très poussée ce qui est très recherché. Mais je vais me limiter à une voie plus "directe".

Après le bac, plusieurs choix s'offrent aux étudiants :
- soit la voie "royale", à savoir une école de traduction prenant à bac+0 (sous concours). Seule l'ISIT propose de rentrer à ce niveau là, sinon c'est bac+2, ou bac+3 pour la très grande majorité des écoles.
- soit la voie classique à savoir,
LLCE (Langue Littérature et Civilisations Etrangères) qui permet de travailler en profondeur une seule langue, et d'en avoir une 2e en option. Les cours tournent principalement autour de la littérature. Ou
- LEA (Langues Etrangères Appliquées) qui demande que l'on connaisse bien au minimum 2 langues. Les cours sont plus divers avec de l'économie, de la gestion, de la correspondance commerciale, de la communication…. Après cela dépend très fortement de l'académie en question. Il faut donc bien se renseigner.
- Edit : et j'oubliais Sciences du Langage qui propose des cours très théoriques sur les langues. Je connais assez peu cette filière, mais les traducteurs que je connais qui ont fait ce cursus sont au-dessus du lot. Néanmoins, ils sont tous d'avis pour me dire que cette licence est potentiellement très chiante.

Bien entendu, il existe d'autres formations, mais ces 3 là sont les plus courantes et existent dans toutes les grandes villes, du moins j'espère. Bien évidemment ces formations (pas sûr pour Sciences du langage) dispensent des cours de traductions ce qui permet de voir si ça plait. En règle générale, les traductions sont généralistes (textes journalistiques, ou littéraires en fonction de la section, tourisme…). Les choses sérieuses ne commencent qu'au Master.

Pour le Master, il y a deux possibilités pour ceux qui veulent devenir traducteur.
1. Le Master de Traduction, que je ne recommande pas si il est généraliste, parce qu'il est trop théorique (cours de traductologie à n'en plus finir, très peu de traduction à proprement parler) et qu'il ne prépare pas correctement aux métiers de la traduction.
2. L'école de traduction (ou tout organisme un peu détaché de l'université). L'inconvénient majeur des écoles est leur prix, il faut souvent compter sur plus de 3.000€/an. Néanmoins, elles préparent beaucoup mieux en général et dispensent plus de cours de pratique de traduction et moins de théorie qu'en Master, en plus de donner des cours de TAO (Traduction assistée par ordinateur). Entrée sous concours pour la plupart.

NB: certains masters sont très bons, parce qu'ils ne sont pas directement lié à l'université et/ou parce qu'ils sont très spécialisés. Ex: le Master de traduction proposé à Rennes par le CFTTR (qui forme spécifiquement des localisateurs et des terminologues).
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Merci ! :) le 29.09.13, 21h36 par Attitude

2. Les métiers de la traduction :
A partir de là, voici les métiers qu'il est possible d'exercer avec ce bagage :

- Traducteur généraliste en free-lance. L'immense majorité des débutants se retrouvent en free-lance puisqu'il est très difficile de trouver une place comme salarié (toutes les grandes entreprises ont externalisé leurs services de traduction). Etre en free-lance, ça veut dire (du moins pour les débutants) être en auto-entrepreneur, ce qui cause pas mal de difficultés administratives et financières quand on vient à peine de finir ses études.
Salaire: en dessous du SMIC au moins les 2 premières années, + de 2.500 quand on a assez de clients. Certains gagnent jusqu'à 5.000€/mois grâce à leur spécialisation.

- Traducteur salarié. Les places sont très rares et donc prisées. Seules les agences recrutent encore des traducteurs. Dans 95% des cas, les textes à traduire sont très techniques (finances, aéronautique, machines industrielles, agroalimentaire…etc) et demandent de connaître un minimum le secteur…
Salaire: le SMIC pour un débutant, 1700€/brut si on a de la chance.

- Traducteur littéraire. C'est ce qui provoque le plus de vocations, mais c'est aussi le secteur le plus bouché. De plus le traducteur littéraire n'a pas la vie facile vu qu'il est à son compte et que ses rentrées d'argent prennent la forme d'honoraires ET de droits d'auteur, ce qui est un vrai casse-tête… Et le pire c'est que ce sont les traducteurs les plus mal payés.
Salaire: Très peu de traducteurs littéraires ne font que ça, ils font aussi du généraliste pour survivre. Un traducteur littéraire même avec de l'expérience aura du mal à dépasser le SMIC et en plus ne traduira pas forcement les grands auteurs où les best-sellers à venir.

- Sous-titreur. Les sous-tireurs sont ceux qui font les sous-titres dans les films, mais pas seulement. Il leur arrive aussi de faire du voice-over (parler au dessus de la version originale), ou d'adapter un film pour les sourds et malentendants.
Les sous-titreurs sont soit en free-lance soit en agence (ici aussi c'est une minorité).
Salaire: équivalent à celui des traducteurs.

- Localisateur. Le localisateur travaille (à ma connaissance) uniquement en salarié. Il s'agit tout simplement des traducteurs de logiciel, de sites internet et parfois de jeux-vidéo.
Salaire: aux alentours de 1.700€ bruts par mois pour un débutant je dirais.

- Gestion de projet. La personne en charge de la gestion de projet est normalement un traducteur ayant de l'expérience (min. 5 ans). Cette personnage se charge du processus de traduction au sein d'une agence, depuis la commande jusqu'à la livraison. Son boulot se rapproche de celui du commercial, car c'est lui qui trouve les clients et qui communique avec eux.
Salaire: 2.400€ bruts/mois en "débutant".

- Relecteur. Il s'agit de la personne qui relit la traduction pour y traquer toutes les fautes. Même si en général, tout traducteur fait de la relecture, certains se sont spécialisés spécifiquement là-dedans. Ils sont plutôt rares et travaillent souvent en free-lance directement auprès des agences.
Salaire: très variable.

- Rédacteur technique. Le rédacteur technique n'a rien d'un traducteur à vrai dire. Il se charge de la rédaction des notices, modes d'emploi et autres. Ses compétences linguistiques sont recherchées pour que son travail soit facilement compris par les utilisateurs.
Salaire: + de 2.000€ bruts /mois pour un débutant.

- Terminologue. Le terminologue est en charge de créer des "liste de vocabulaire" pour vulgariser.. En fait, c'est lui qui va rassembler tous les termes qui seront utilisés dans le produit final (car il travaille principalement au sein d'entreprises). Pour donner une idée, si il y avait un terminologue sur FTS, il recenserait tous les anglicismes de la sarge, verrait si il existe des termes français équivalents, et déterminerait dans quels cas utiliser le terme français ou anglais, voire proposerait des néologismes. Le terminologue n'est pas un traducteur à proprement parlé et il est en général préférable d'avoir suivi un cursus science du langage pour emprunter cette voie.
Salaire: aucune idée, mais clairement plus que le SMIC.

- L'interprète. Ce qui faut savoir ce que pour interpréter, il faut avoir une formation différente de celle du traducteur (c'est au niveau du Master que cela se joue). Bien entendu un interprète peut devenir traducteur par la suite et vice-versa. Toutefois, il faut garder à l'esprit que ce sont des métiers très différents. Pour les différents types d'interprétations je vous renvoie vers ce site : -alteregotraductions.com/fr/interpretation.html

Voilà, j'ai fait un tour d'horizon du métier. il ne me reste plus qu'à préciser que la plupart de ses postes permettent le télé-travail, ce qui est très utile si on veut avoir une vie de famille en parallèle.

Question : je suis quasiment bilingue en anglais (sans dec' je suis fier de mon niveau). Je me demandais si c'était possible de choper un diplôme genre a distance ou autre afin de pouvoir faire accréditer cela.

Car je fais un M1 lié aux sciences du langage (prof de FLE), que je traduis pas mal de trucs pour des potes et que je pense carrément pouvoir le faire (sans fausse modestie, j'imagine bien qu'il y aura du taff).

Quelles possibilités?

Français - Anglais : est-ce vraiment intéressant? L'idée ce serait de choper du taff "en plus" car prof de français c'est souvent mal payé ou a mi-temps.

Peace.

Bonjour Owen,
alors répondons à tes questions dans l'ordre parce qu'il y a pas mal de choses à dire:

1. Est ce que c'est possible de faire une formation à distance ?
La réponse est oui, mais il n'existe à ma connaissance qu'une seule formation qui le propose et elle est très spéciale. Pour ne pas rentrer dans les détails disons qu'elle n'est vraiment adaptée que pour des traducteurs cherchant à faire valider leur expérience. Elle est d'ailleurs plutôt chère et dans ton cas c'est inutile.

Je vais même t'avouer quelque chose, les diplômes de traduction ne servent à rien.
Seule la formation est utile (et franchement je me rends compte à quel point c'est précieux surtout quand on démarre). Après, les écoles vraiment cotées (ESIT,ISIT, Genève, Germersheim ou Mons), elles, apportent un vrai plus au CV, mais ce n'est pas ça qu'il faut viser.

Donc dans ton cas, rien ne t'empêche de faire des traductions, d'autant plus que tu es plutôt avantagé par ton cursus et apparemment par ta maitrise de l'anglais (même si ce n'est pas suffisant en soi).

2. Anglais-français, c'est intéressant ?
Oui, et je dirais même plus, c'est le plus intéressant. Alors certes c'est la combinaison où il y a le plus de concurrence, mais c'est aussi là qu'il y a le plus de boulot et de loin (60% du volume de traduction en France se fait dans cette combinaison linguistique).

3. Quelles possibilités ?
Alors là, ça se complique. Pour commencer, il faut que tu saches qu'il faut que tu sois obligatoirement déclaré comme traducteur au registre du commerce (même si c'est juste pour faire 2 traductions par mois). Sinon, c'est du black et l'amende dans le cas présent est pas jolie-jolie.

La bonne nouvelle, c'est que ça se fait facilement. Après les traducteurs ont le choix entre plusieurs statuts (SARL, EURL, Libéral...etc), mais dans ton cas le mieux est encore de choisir Auto-entrepreneur (tu factures pas la TVA à tes clients, mais tu ne peux pas faire sauter la TVA sur tes dépenses liées à cette activité).

Après pour la suite, il faut que tu répondes aux questions suivantes:

Q1 : Je traduis des textes techniques ou pas ?
Qui dit technique, dit spécialisation, dit investissement en termes de temps, dit également dictionnaires spécialisés (150 euro minimum/pièce)... Bref pas trop recommandé au début sauf si il y a un sujet que tu maîtrises plutôt bien (ça peut être large : un sport en particulier, la mécanique, la musique...etc)
L'avantage est de pouvoir facturer beaucoup plus cher.

Q2 : Je travaille pour des agences ou des particuliers ?
Si tu bosses pour des agences, tu auras des traductions plus régulières, d'un volume plus important (donc plus de sous), beaucoup moins de prospection, mais aussi le prix au mot sera en général plus bas, aucun contact direct avec le client final, et il te faudra apprendre à te servir des logiciels de traduction et tu devras aussi t'en payer un (700euros pour le plus connu, Trados).
Si tu bosses pour les particuliers, tu auras moins de traductions, le volume sera plus petit, il y aura plus prospection, mais le prix au mot est plus important et tu as beaucoup plus de liberté dans ta traduction, tout en n'étant pas obligé à avoir de logiciel de traduction.

Q3 : Je fais que de la traduction ou je propose d'autres services (relecture...)?
La relecture, ce n'est pas exactement le même exercice qu'une traduction, donc il faut prendre le temps d'y réfléchir. Ce ne sont pratiquement que les agences qui font appel à des relecteurs (ou d'autres traducteurs si tu en connais).

Q4 : Je traduis aussi vers l'anglais ?
Dans le métier, on a tendance à ne jamais se considérer comme bilingue. Le bilinguisme est très trompeur et peut occasionner pas mal d'erreurs graves. Donc à moins que tu ne sois "biculturel", je te recommanderais plutôt de te limiter à la traduction vers le français.

Q5 : La question essentielle : je facture combien ? Je facture comment ?
Le prix que l'on facture pour une traduction s'exprime en centimes par mot.
Pour la combinaison EN>FR, la moyenne en France est d'environ 13cts/mot. Mais cela couvre des réalités très différentes. Cela peut descendre à 8cts (énormément de clients demandent ce tarif, quelque soit la traduction) pour une bonne partie de la profession, tandis que quelques traducteurs très spécialisés facturent 0,50ct le mot.
Après tu peux décider de facturer à l'heure, mais on se fait facilement piéger en proposant un tarif trop bas, de plus ça dépend de ta vitesse de traduction et de la difficulté du texte.

Il faut aussi que tu voies si tu factures plus si le délai est court, si l'original est mal écrit ou si tu as des retouches d'images à faire. Tarif spécial pour le travail en WE ou en soirée ? Réduction si le volume est important ? Bref, il faut pas mal réfléchir avant de se lancer.

Après, il faut aussi que tu voies si tu es capable de traduire de manière "pro", et le mieux pour ça, c'est d'avoir l'avis d'un autre traducteur. En effet, même si tu as une formation linguistique, cela n'empêche pas de tomber dans certains écueils qui deviennent autant de mauvaises habitudes une fois qu'on est un peu plus à l'aise.
C'est pourquoi je me permets en tout modestie, de te proposer de m'envoyer tes traductions par mail (une vers l'anglais et l'autre vers le français) pour te donner un retour (et crois-moi mieux vaut un retour d'un autre traducteur que d'un client).

Voilà.

PS: Petite liste des domaines très demandeurs en traduction :
- Finances
- Marketing
- Automobile
- Machines-outils
- Droit des contrats, brevets et assurances

Ok, je te remercie, c'est pour l'instant plus une idée comme ca, mais je vais essayer de prendre le temps de faire un premier jet, pour mieux évaluer la difficulté du métier (couplée avec mon cursus de prof, ca peut le faire... ou non).

Il doit bien y avoir des exercices-types, peut être en as tu un sous la main de ton ancienne école?

Disons que je n'ai pas vraiment d'exercice type à te proposer.
Mais si tu veux, on peut faire une simulation de test de traduction. En gros, je joue le rôle de l'agence de traduction pour qui tu traduis un texte dans l'optique de travailler pour eux (en externe).

Je t'envoie un texte à traduire (je piocherai sur des traductions données et corrigées en cours), et je te donne un délai à respecter. Tu m’envoies ta traduction, j'évalue ça et je te donne mon retour.

C'est l'exercice de mise en situation professionnelle le plus simple que je puisse te proposer.
Ca te permettra de juger rapidement de la chose.

Mais oui, c'est tout à fait possible de cumuler traduction et cursus de prof.
Un certain nombre de traducteurs ont un 2e métier à côté.

Dis moi si ça te tente. 8)

Bien du courage Stridon. J'ai pas fait l'ISIT. Mais une formation LEA. Et j'étais LA brute de la fac en version (celui qui pourrit la moyenne de toute la promo).

Je t'avoue que j'ai pas osé me lancer dans ce marché là. Une vie de devoirs. Chercher des clients. Comprendre des tas de mécanismes. Et c'est l'un des trucs que tu ne cites pas assez. Un bon traducteur doit comprendre non seulement les mots, mais les idées derrière un manuel d'un instrument dont on n'a pas la moindre idée à quoi il sert. C'est des heures de recherches pour comprendre la différences entre un embrayage, une roulement, une rotule, une bielle (et encore, le jargon spécifique, c'est bien souvent le plus facile car il n'y a qu'un seul mot pour le traduire).

Bref, 10 ans après le diplome, mes amis plus courageux qui se sont lancés dans la traduction... galèrent encore. C'est passionnant, mais c'est très, très ingrat.

Le bon deal, c'est une vrai compétence technique, le réseau qui va avec ET un niveau d'anglais de boss. Si t'a encore la gniaque, lance toi dans un deuxième master, supply chain, logistique, droit routier. Un putain de domaine ou Google peut rien pour le commun des mortels.

Ton enthousiasme fait très plaisir à voir. J'aimerai t'apporter mon vécu et celui des copines de promo. Le chemin est dur en France.
Toutes les réponses à vos problèmes ne se trouvent pas dans les fesses des filles...

Boubou, disons que je n'ai pas abordé le sujet des difficultés liées au secteur (que tu soulignes fort bien d'ailleurs), pour la simple raison qu'il me faudrait pas mal de temps pour pondre un truc un minimum exhaustif. Mais je rejoins complètement ton post et
c'est a faire.
Le bon deal, c'est une vrai compétence technique, le réseau qui va avec ET un niveau d'anglais de boss. Si t'a encore la gniaque, lance toi dans un deuxième master, supply chain, logistique, droit routier. Un putain de domaine ou Google peut rien pour le commun des mortels.
T'as tout bien résumé. Je rajouterai même que le métier de traducteur freelance est franchement galère quand on débute.
C'est pourquoi le meilleur conseil que je puisses donner à ce sujet, c'est encore de chopper une place en salarié pour prendre de l'expérience et se forger une spécialité par la pratique
au sein d'une agence.

Après comme je le disais, les places sont rares. C'est pourquoi le mieux est encore de s'expatrier car un francophone a plus de valeur sur le marché du travail a l'étranger qu'en France (en plus il y a mécaniquement moins de concurrence).

Petit aparté 3615 My Life: c'est ce que j'ai fait.
Je suis parti en Allemagne après mon diplôme. La pénurie de traducteurs francophones est telle que (même si le nombre de postes est relativement réduit) j'ai trouvé du taff en salarié en 2 semaines de recherche, pour un salaire supérieur à la moyenne proposée en France. Je crois être un des seuls de ma promo a déjà avoir un emploi (l'immense majorité est restée en France).

J'aimerai t'apporter mon vécu et celui des copines de promo.
Volontiers :)

Je me permets de faire remonter ce topic pour rajouter quelques précisions sur le métier de traducteur freelance et sur les métiers de la traduction en général. Le contenu de ce post et du suivant viennent principalement du vécu d’autres traducteurs, mais j’ai été moi-même confronté à pas mal de ces situations. Commençons donc par les inconvénients du métier (puisque Boubou le suggérait) :

Les inconvénients du métier de traducteur freelance :

Valable en partie pour le métier en tant que salarié et pour les interprètes

Commençons par LE problème principal : l’argent. Plutôt que de pondre un pavé indigeste, voici pèle mêle les différents problèmes rencontrés :
Il y a une course au prix qui tend vers le bas. Ainsi les clients réclament des prestations toujours moins chères, même si c’est souvent au détriment de la qualité.

Le prix des prestations est l’alpha et l’omega pour pas mal de clients. C’est le seul élément qui leur serve à distinguer les différents traducteurs.

Les prestations ne sont presque jamais payées tout de suite, mais plutôt entre 1 et 2 mois plus tard, parfois jamais (ça arrive). Donc il faut avoir de la marge au niveau financier.

Etre traducteur à son compte, c’est avoir une entreprise unipersonnelle, ce qui signifie qu’il y a pas mal de charges et de taxes à payer (le vrai « salaire » correspond environ à 50% du prix facturé).

L’utilisation de logiciel de traductions induit une baisse des prix (alors qu’il faut déjà le rentabiliser le logiciel à 700€ !). En effet, il est possible de calculer les mots qui se répètent, répétitions que les agences de traductions ne veulent pour la plupart pas payer (puisque le logiciel les traduit en théorie automatiquement).

La seule façon de s’en sortir, c’est de spécialiser dans un domaine « ou Google ne peut rien pour le commun des mortels », ce qui coute de l’argent et du temps, temps qui ne sert pas à traduire et donc à faire des rentrées. Bref, pas évident comme investissement.

Il faut prendre en compte les frais « annexes », assurances diverses, comptable, formations…
Il n’est pas nécessaire d’avoir un capital de départ, du moins en théorie. Mais pour faire du boulot dans de bonnes conditions, il faut au moins un bon ordi, une bonne chaise, des logiciels de traductions, des dicos spécialisés, et souscrire à quelques abonnements. 2500€ au bas mot, soit à peu près l’équivalent de l’épargne des 2 premières années d’exercice avec pas mal de bol. Après si on se fait entretenir, on s’en sort mieux…

En fait sur la facture, seule la traduction est payée (exprimé en cts/mot). Seulement, ça ne prend pas en compte les recherches à faire sur le sujet, la mise en place de glossaire, les bugs intempestifs des logiciels qui font perdre un temps fou, la retouche d’image, la conversion de documents…

Oh, et bien sur, certains ne se gênent pas pour carrément négocier une remise… Voire à ne pas payer si le travail ne leur convient pas pour une raison obscure (ce qui est interdit soit dit en passant).

Deuxième problème, le manque de reconnaissance.
Ca arrive assez souvent de devoir justifier tous ses choix de traductions, même pour des trucs qui semblent aller de soi du genre « Non, Monsieur, on ne peut pas dire « il pleut des chats et des chiens » ».

ऀIl arrive que des clients, parce qu’ils ont de vieux restes de français, se mettent à contester votre travail et votre expertise. Donc à niveau de formation équivalent, devenez plutôt architecte, ingénieur ou médecin, plutôt que traducteur au moins on ne vous embêtera pas. De ce point de vue là, les garagistes et les plombiers s’en tirent mieux..

ऀLa profession n’est pas règlementée. N’importe qui peut se déclarer traducteur. Même si on ne parle qu’une langue et qu’on va tout faire à coup de google trad (ça existe…).

ऀLa profession n’est pas ou peu reconnue en France. II n’y a pas si longtemps, les traducteurs étaient classés avec les assistantes trilingues dans les catégories de l’INSEE.

ऀ90% des gens ne sont pas capables de faire la différence entre traducteur et interprète. Moins encore entre traducteur littéraire et technique. Ca n’à l’air de rien, mais c’est le genre de choses qui tapent sur les nerfs à la longue.
Troisième problème, les relations interpersonnelles
Il s’agit d’un métier très contradictoire à ce sujet. L’intégralité du travail s’effectue seul, et les seules communications avec les clients se font par mail/téléphone. Il n’est pas rare de travailler des années pour quelqu’un dont on ne connait pas le visage.

ऀC’est un métier d’ermite la plupart du temps. L’ordi et les dicos sont les seuls « collègues » de travail. Ca entraine donc à une certaine désocialisation si on n’y prête pas attention.

ऀMalgré tout ca, il faut se constituer un super réseau et savoir l’entretenir. En plus le réseau s’étend sur 4 niveaux :
Réseau de clients
Réseau d’autres traducteurs (français et dans sa combinaison de langues pour savoir à qui demander le sens de certaines expressions obscures)
Réseau de « spécialistes », il peut être pratique de connaitre un ingénieur nucléaire par ex. quand on fait une traduction sur le sujet.
Et enfin, son réseau personnel, pour avoir une vie sociale. Si possible pas de traducteurs, histoire de s’ouvrir à d’autres domaines.
Quatrième problème, la traduction à proprement parler
Les textes originaux, indépendamment du domaine, peuvent parfois mal rédigés, et il faut donc deviner ce que le rédacteur voulait dire et n’a pas su exprimer. Exercice extrêmement périlleux, mais nécessaire.

ऀIl arrive aussi que les rédacteurs ne soient pas de langue maternelle, ce qui rend la traduction presque impossible. Je me rappelle d’une traduction anglais>français dans un de mes cours, rédigé par un croate, il m’a fallu le triple du temps nécessaire habituellement pour avoir un texte qui ressemble à quelque chose.

ऀParfois c’est carrément l’idiolecte qui s’en mêle. C’est-à-dire qu’un certain groupe de personne use d’une langue et d’un phrasé différent et change parfois le sens des mots. Vous avez tous déjà lu un document administratif ? Et bien c’est dans cette idée-là. Maintenant je vous laisse imaginer ce que donne la traduction d’un document provenant de l’UE, qui utilise un anglais tellement spécial qu’il faut une formation exprès pour comprendre le sens des mots et des formules utilisés la bas (les anglais eux mêmes n’y comprennent rien), et qu’en plus les rédacteurs ne sont presque jamais de langue maternelle….

ऀEt pour couronner le tout, il faut rajouter les exigences du client. Par exemple, un bon nombre de mots ne sont pas acceptés dans les institutions internationales. Il faut donc se forcer à utiliser certains mots et à bloquer son style (écrire avec style étant pourtant l’un des grands plaisirs de la traduction).

ऀAutre chose assez ennuyante : certaines traductions se font sans contexte (il s’agit de 2-3 phrases prélevées d’un texte), ce qui augmente encore la difficulté surtout dans une langue comme l’anglais qui dépend beaucoup du contexte pour comprendre le sens de la phrase. Ceux qui ont des rudiments en japonais peuvent imaginer le degré d’impossibilité d’un tel exercice (sans contexte, on peut soumettre 10 traductions différentes, qui seront toutes correctes). Ne reste plus à parier qu’on a misé sur la bonne traduction, une vraie roulette russe, quoi !

ऀLe logiciel de traduction c'est un peu lq cerise sur le gateau, il coute cher, il force à traduire phrase par phrase et ait perdre la vision d’ensemble sur le texte. Il est hyper-chronophage au début (je ne vais pas rentrer dans les détails), tout en devenant de plus en plus obligatoire. Pratique pour les trucs super techniques, inutile voire néfaste pour les traductions qui demandent un minimum d’avoir une plume.
Et pour finir sur une touche d’humour : Mox’s blog. Une petite BD sur les affres du traducteur free-lance (en anglais)

Petit melting-pot final : sécurité sociale et assurance retraite au rabais, travail hyper irrégulier, démarches administrives chiantissimes en France et y a tout qui change tous les 3 mois (quand c'est pas la TVA, c'est le statut des auto-entrepreneurs, ou le remboursement des formations...)

Désolé pour le pavé (et le déterrage de topic accessoirement), mais je tenais à faire quelque chose d'assez complet.

Sinon étant donné que ça prend pas mal de temps à rédiger, j'attends d'avoir des retours des lecteurs de FTS avant de ne serait-ce que songer à lister les aspects positifs du métier (et il y en a fort heureusement !). Si on arrive à passer outre ça, c'est un super métier :p.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+2] Très intéressant le 21.03.14, 22h12 par Onmyoji

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