Philosophie adolescente et réseaux sociaux

Note : 6

le 03.08.2017 par Autharite

11 réponses / Dernière par Moumane le 21.08.2017, 14h01

Etat d'esprit / psychologie / dev perso / vie intérieure.
Un forum pour celles et ceux qui s'intéressent au dev perso, à l'équilibre intérieur, à la psychologie. Surmonter ses blocages, ses croyances limitantes, nourrir et développer ses forces, etc.
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Bonjour,

Je me suis déjà présenté il y'a quelques mois mais une petite mise à jour s'impose. Je suis lycéen et comme la majorité des garçons de mon âge je suis un peu volage avec les filles et longtemps je me suis senti rejeté par elles car je suis plus l'intello de service plutôt que le sportif bg de la cour de récré.
Cependant, je ne suis absolument pas (c'est cruel à dire mais c'est la vérité) un "paumé". J'ai plusieurs cercles d'amis 2/3, je suis souvent invité en soirées et je suis plutôt sociable bien que j'ai tendance à rester dans ma zone de confort. Je ne suis pas spécialement beau, je fais attention à la sape et je m'intéresse à la mode, et, bien entendu je fais de la musculation (Lafay) régulièrement. Au niveau de la personnalité, je m'y suis plusieurs fois penché et j'oscille entre le ENTP (innovateur) et ENFP (inspirateur). Je m'intéresse énormément à la psychologie, sociologie etc et je remercie la séduction de m'avoir mené sur ces voies très intéressantes. J'ai malheureusement conscience, même si je ne le fais pas volontairement, de parfois m'avérer quelque peu manipulateur. N'en déplaise à Machiavel "la fin justifie les moyens" mais je tiens à préciser qu'en aucun cas je ne souhaite faire du mal à autrui. Cette idée m'insupporte généralement.



Je sais que je donne énormément de détails mais c'est dans un but précis. En effet, plus j'avance dans la morose beauté de l'adolescence, plus je me documente sur les relations sociales (et la drague) à cet âge. Je suis tombé sur plusieurs articles parlant du capital social (Bourdieu) aussi appelé sur ce site VSP (valeur sociale perçue). Alors évidemment ça m'a interpellé et je me suis intéressé à cette notion. Je compte me procurer divers ouvrages de PNL, de Goffman, psychologie sociale et de langage corporel notamment. J'ai lu Comment se faire des amis de Goleman et ce fut très instructif. Cela me fascine vraiment.

Pourtant, pour les jeunes, il est un El Dorado qui décide de ta vie ou mort sociale indépendamment de tous tes choix dans ton existence. Je parle bien sûr des réseaux sociaux, Facebook et Instagram en tête. Je sais bien qu'il n'y a pas de cause sans effet et les personnes "populaires" dans la vrai vie le sont aussi sur les réseaux. Cependant, à mon âge cette dimension virtuelle nous touche tous. Cela détermine nos amis, notre place dans le microcosme lycéen, nos futures copines aussi... Le lycée c'est comme la cour de Louis XIV avec ses quelques modèles et sa foule de courtisans. Et cette courbe de "popularité" se mesure désormais en likes et followers.

Je suis conscient que cela n'est pas forcément une bonne chose, mais, tous au fond de nous avons ce petit être fragile en besoin de reconnaissance. Et les réseaux sociaux touchent cette part sensible de l'homme de plein fouet. Evidemment, les chocs générationnels sont grands. Entre ma soeur de 4 ans mon aînée et moi, le rapport aux réseaux sociaux est différents, bien que plus proche que celui entretenu par une personne de 30 ans. Je suis vite venue à la conclusion suivante, et qui se révèle exacte au lycée, les réseaux sociaux déterminent énormément notre VSP.

Je ne me trouve moi-même pas "impopulaire", j'affiche par exemple 160 likes sur Facebook ce qui est très convenable. (Je précise que parler de ce sujet est très gênant tant il peut sembler futile et stupide). Mes amis sont autant ou plus "populaires" que moi et je sais qu'au fond j'ai fait le choix de devenir amis avec eux plutôt qu'avec d'autres en partie à cause de cette VSP. J'ai l'impression qu'on ne peut échapper, à partir du moment où l'on vit en société, à l'engrenage de cette VSP. Alors autant user du système tel qu'il se traduit. C'est le respect, la reconnaissance, la considération de nos pairs qui nous rend fier de nous-même.

On nous dit que pour être heureux, il faut se fixer un objectif et l'accomplir. Ainsi, l'Homme est un accomplissement. Dans le mien, il y a ce besoin de reconnaissance, de mener une vie "meilleure"... Serait-ce une marque d'immaturité? Peut-être, à vous de me le dire. Si ce n'est qu'une illusion, elle me montre une vie plus facile. Il est communément admis que l'aisance sociale prévaut sur les compétences. De plus je pense que toute cette "com" que je fais sur moi-même me sera utile dans le futur. Je vois la vie comme un marché dont nous sommes le produit. L'ouvrage du sociologue Goffman La mise en scène de la vie quotidienne en atteste. De plus, je ne peux me permettre d'être tout à fait naturel tant mes centres d'intérêts sont généralement peu appréciés. Il faut alors se créer une enveloppe, un masque que l'on ne quitte qu'une fois rentré du bahut. Certains ont des masques de grande qualité, naturels, d'autres en ont de médiocres et tentent désespérément de l'embellir, d'autres encore s'en foutent et sont rejetés (quoique peut-être plus épanouis). Je me sens plutôt dans la deuxième catégorie. Si le monde n'est qu'un théâtre tragique, autant devenir le meilleur acteur!



Bien je pense avoir un peu divagué mais avoir exprimé ma pensée plutôt clairement. Qu'en pensez-vous mes amis? Je serai ravi d'avoir vos opinions/conseils sur ce sujet qui me trotte dans la tête depuis un bon moment.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+2] Wow le 03.08.17, 16h55 par Nonchalance
  • [+1] Intéressant le 03.08.17, 17h37 par Jalapeno
  • [+1] Intéressant le 03.08.17, 17h48 par Moumane
  • [+1] Intéressant le 03.08.17, 18h16 par Thedaze

C'est hyper intéressant. Je suis scotché par tant de lucidité et de clairvoyance à ton âge. Bien sûr, il y a quelques réflexions plutôt louches à mes yeux mais tu t'es créé ta propre philosophie de vie et tu la suis. Respect

Pour en revenir au sujet, si ce que tu recherches c'est du sens au delà des apparats de tes fréquentations et de tes cercles sociaux, à mon avis il ne sert à rien de chercher, il n'y en a pas. Chaque groupe social se crée ses valeurs et ses codes et franchement, tu n'es pas du tout obligé d'y adhérer, tant que tu peux t'y baigner et profiter des avantages qui en découlent sans te mettre en péril ou payer un prix trop fort.

Rien ne t'empêche d'aller voir ailleurs et de t'adapter aux autres groupes pour faire la comparaison mais au final, je pense que tu finiras par te rendre compte que les êtres humains ont besoin de se créer du sens, des valeurs et des codes et qu'il n'y a pas vraiment de sens plus profond quel que soit le groupe que tu suis. C'est juste que la sociabilisation mainstream (celle des réseaux sociaux) est beaucoup plus directe et "animale". Elle se défausse de toute spiritualité, de nuances ou de subtilité pour en venir à l'essentiel: qui a la plus grosse (vie sociale).

Mon conseil: expérimentes d'autres choses, il y a aussi des jeunes qui se déconnectent volontairement de tous réseaux sociaux pour revenir à de "vraies valeurs", d'autres qui sont engagés dans des luttes "plus nobles", d'autres qui s'en foutent... et ça ne les empêche pas d'avoir une vie sociale riche. Ne te défais pas de ta VSP mais essayes d'autres modèles et choisis ceux qui te correspondent le mieux.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Intéressant le 03.08.17, 17h48 par Moumane

Nonchalence, tu veux dire qu'il n'y a pas de sens en général, dans l'absolu, ou bien qu'il n'y en a pas dans la façon dont fonctionnent les réseaux sociaux et la vie sociale, dans les valeurs que ceux-ci décident de mettre en avant ?

Sinon, Autharite, je trouve aussi que ce que tu as écrit est intéressant et lucide, notamment sur le rôle du besoin de reconnaissance sur les réseaux sociaux en général et dans ta vie en particulier. Je ne pense pas que le besoin de reconnaissance que tu exprimes soit en soi une preuve d'immaturité, car tu en as conscience, c'est donc assez différent de quelqu'un qui chercherait éperdument la reconnaissance de ses pairs sans s'en rendre compte. Mais quand tu écris que c'est la reconnaissance des autres qui nous donne notre sentiment d'accomplissement et notre estime de nous-mêmes, cela me fait tiquer un peu. Je pense que c'est vrai, bien sûr, mais cela me semble dangereux de faire dépendre son estime de soi uniquement de cela. Je pense que l'on peut aussi éprouver un sentiment d'accomplissement parce que l'on a agi en accord avec ses propres valeurs, parce que l'on a atteint un objectif que l'on s'était fixé sans forcément en parler autour de soi, ou alors parce que l'on a passé un bon moment... Le regard que nous portons sur nous-mêmes, indépendamment des autres, peut aussi nous faire nous sentir bien et influencer en retour le regard que les autres porteront sur nous. C'est une interaction : car bien sûr, il est difficile de porter un regard positif sur soi si tout le monde semble nous regarder de façon négative.

Je pense que le tout est d'avoir conscience de ces phénomènes de VSP, d'avoir un certain recul. Le prendre peut-être comme une sorte de jeu, se réjouir de ses réussites sans se prendre peut-être trop au sérieux...

Je trouve ça très honnête lorsque tu écris que tu as choisi tes amis en fonction de leur VSP. Mais est-ce que tu te sens bien avec eux ?
Parce qu'au-delà de ces questions de VSP, il y aussi le plaisir, la joie voire le bonheur des rencontres, des échanges, le fait de se dévoiler à quelqu'un... tu parles de masque, tu écris que tes centres d'intérêt ne sont pas appréciés, mais est-ce que tu en souffres et as peur de ne pas être aimé sans masque, ou alors est-ce que ces considérations n'entrent pas en ligne de compte dans ton raisonnement ?

En écrivant, je me demande si j'arrive à rendre compte de la subtilité de la réalité. Je ne sais pas si on peut vraiment être sans masque, car quand on en enlève un, on en a peut-être un autre en dessous, puis encore un autre, et puis finalement qui sommes-nous ? (je crois qu'il y a quelque chose comme ça chez Nietzsche).

Je comprends totalement ce besoin de reconnaissance que je partage également, mais je pense que ce n'est pas un problème tant qu'on ne se laisse pas piéger par ce sentiment et qu'on ne s'empêche pas de faire des choses qui nous intéressent par peur de déplaire au groupe.

Serait-ce une marque d'immaturité? Peut-être, à vous de me le dire. Si ce n'est qu'une illusion, elle me montre une vie plus facile.
Ce n'est pas du tout une fuite en avant. L'imaginaire collectif c'est comme la finance de marché, ça ne sert à rien d'avoir tort contre lui, parce que même si tu as raison, ça n'aura pas d'effet.
C'est ça le réel : de comprendre que les idées -aussi élégantes soient elles, aussi absolues que ce dont elles se réclament- ça ne reste que les idées et ne sont mues et n'ont d'importance que par la masse qu'elle sont susceptibles de déplacer.

La question de l'identité est intéressante. A titre personnel, j'ai abandonné toute notion d'auto définition, sauf à en jouer. Je considère que je suis défini par mes envies et ma capacité à les réaliser ou non. Ce que je suis sera de toute façon, que je le veuille ou non, jugé, et défini par les autres. Je n'ai pas de prise sur mon identité en tant que concept, car peu importe la définition que je me donne, ce sont les autres qui auront du poids sur le concept. (Sartres).
Il y a d'ailleurs de très nombreux auteurs de la grande littérature qui te parlent de cette profonde incompréhension du "soi total et absolu" par les autres (Proust sur les illusions, les mirages, Herman Hesse sur l'incapacité, et des tas d'autres).

Dans le même temps, mes actions et mes capacités sont au contraire des choses qui m'aident à atteindre mes envies.

Il y a une phrase de Camus qui dit qu'il faut devenir un être si libre que notre existence même parle d'elle même, et argumente pour nous. C'est un peu la même chose en généralisant sur l'identité. Il vaut mieux que des actes et ta vie parlent d'elle même plutôt que te tenter de se définir à l'avance, car encore une fois, on n'a qu'un poids tout théorique la dessus.


Les réseaux sociaux révèlent des choses déjà présente chez les humains. C'est un peu comme l'invention de la monnaie : une qualification possiblement absolue de valeur (ici matérielle). Les réseaux sociaux s'appuient sur la tendance naturelle voir nécéssaire des hommes à juger de leurs places respectives dans une groupe donné. Tout les animaux le font.
Une fois que tu as dis ça, il y a ceux qui ont "besoin" d'une reconnaissance sociale via ce nouveau phénomène, d'autres qui essaient de l'atteindre, d'autres qui s'en fichent, voir, n'ont en pas besoin.
Un acteur, un physicien, il n'a pas besoin de cette "monnaie virtuelle" pour se faire voir reconnaitre une place intéressante dans un groupe donnée. Il la porte avec lui.

Tout ça pour te dire : masque ou pas, au final, ça me semble absurde. Ce que nous voyons comme notre "moi vrai et profond" n'est au final qu'une autre conceptualisation, voir un autre "désir" que nous tentons à nous même de nous faire apparaitre comme absolu.
Le réel c'est que tout humain bien constitué évolue : il s'adapte à de nouveau stimuli, change ses objectifs; Le vrai d'hier n'est pas le vrai d'aujourd'hui. Le vrai d'hier ou le vrai d'aujourd'hui peuvent même être des faux semblants.

Chez Nietzsche, le fait de relativiser totalement le monde des idées, de la vérité, c'est "bon signe", ça veut dire que tu en fais des vaisseau et pas des monolithes, que ce sont des outils et que tes objectifs sont ce qui te définissent...et ta capacité à les atteindre donc.

Vouloir de la VSP ce n'est ni être faible, ni être un mouton comme tout le monde le dit à la cantonade (alors que la majorité le désir dans le même temps). Ca peut l'être...tout comme ne pas l'être. Ca peut très bien être un outil pour un objectif donné. Tout l'intérêt est donc de savoir quels sont tes vraies envies, voir quelles sont les "fausses envies" (style structure triangulaire façon René Girard : j'aime quelque chose parce que les autres la désirent) que je dois accomplir pour me défaire de leur poids et pouvoir passer totalement sereinement à autre chose.
Le tout est aussi de ne pas se perdre dans les outils en omettant l'objectif.

Tout d'abord je vous remercie pour ces réponses très constructives et intéressantes. J'ai pas mal réfléchi suite à vos messages et je vous remercie d'avoir pris la peine de me lire. Je vais vous répondre individuellement, aussi, il se peut (fortement), que j'accouche d'un pavé ;).

Commençons par toi Nonchalance! Merci pour ton compliment et ton analyse. A vrai, dire, ce n'est qu'une part de ma philosophie de vie. En effet, comme je le dis dans ce post, je considère l'Homme comme un accomplissement et je dois cette vision des choses à ma lecture de Sartre. Pour moi, ma quête du bonheur, c'est approcher de mon idéal. Celui-ci se constitue sur trois pans:
- La forme physique (santé/ sport/ alimentation etc...) à mon sens mon pans le plus faible.
- L'intellect (connaissances théoriques/culture générale/ études).
- Le monde social ( amitié/ amour/ mode/ langage corporel etc...)
En vérité, mon constat sur les réseaux sociaux fait donc partie de ce troisième plan de l'Homme idéal (oui j'ai chipé l'idée au surhomme de Nietzsche).

Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu exposes dans ton premier et deuxième paragraphe. Je ne pense pas qu'il y'ait de sens à la vie, sinon un point de vue strictement biologique concernant la perpétuation de l'espèce. L'Homme se donne un sens à la vie s'il se donne un objectif. Pour moi, les relations sociales sont un moyen d'y parvenir. En effet, partager des moments d'émotions, joie, bonheur me sont nécessaires pour une construction équilibrée de ma personnalité. Je pense, et cela est particulièrement vrai à l'adolescence, que ce milieu hyper-socialisé peut être bénéfique car ce sont nos rapports avec les autres qui nous permettent de nous émanciper de l'autorité parentale et de construire notre identité (à contrario de ce que pense Mr. Smooth qui, si j'ai bien compris désigne par identité un jugement, une perception d'autrui et non personnelle). J'ai une tendance, parfois excessive, à me comparer à autrui. Je veux être le meilleur, supérieur. C'est très arrogant, et pourtant je n'ai pas cette "gnaque", rage de vaincre. Très paradoxal comme situation. Si je devais résumer, je cherche une ascension sociale, intellectuelle et physique. Or, l'emploi des réseaux sociaux est un important levier pour cette ascension sociale.
Comme tu le préconise, j'ai souvent pensé à quitter les réseaux sociaux. Je devrais l'envisager sérieusement pour quelques mois du moins, mais j'ai bien peur que tout ce que je me suis efforcé de bâtir, une image de moi-même présentant le moins de failles possibles, risque de s'effondrer. L'Homme oublie vite, trop vite.
Pour conclure, je dirai que je suis tout à fait d'accord avec ta vision des relations interpersonnelles et que la VSP est un vecteur essentiel de la réussite. Merci beaucoup Nonchalance !



J'enchaîne avec ton post Moumane! Je suis ravi d'avoir un avis féminin sur une telle question.
J'ai lu attentivement ce que tu me dis sur l'accomplissement personnel par-delà le regard d'autrui. Je suis assez d'accord. Si tu te réfères à ce que j'ai dit plus haut, mon désir d'accomplissement est social mais aussi physique et intellectuel. Cependant, je n'avais pas du tout pensé à un choix moral, propre à nos valeurs, notre perception de la justice. Il est vrai que ce sont des mécanismes qui peuvent se révéler très efficaces pour hausser son estime personnelle. En effet, on peut être la personne la mieux vue du monde, si on se dégoûte intérieurement, alors ça ne sert à rien. Je pense souvent l'Homme comme une maison. Il y'a trois types de maisons: celles avec de magnifiques façades mais vides à l'intérieur, des taudis renfermant un trésor, et enfin les Versailles qui s'avèrent être plus rares. Actuellement, je me pense en construction, et ce chantier ne sera fini qu'à ma mort, et se définira d'après ce que j'aurai laissé derrière moi.
Je pense comme toi, que l'un ne va pas sans l'autre: notre propre perception doit concorder avec celle d'autrui comme tu le dis si bien. Sinon, comme dans L'Etranger de Camus, on est trop différent, incompris, et on ne peut s'adapter à la société. Car une société, pour moi se définit par le mot, ô combien détestable, NORME. Les réseaux sociaux agissent de même. Quelqu'un qui n'en a pas suscite l'interrogation. Mais à l'intérieur même de ces sociétés numériques, on retrouve les classes. Il y a ceux qui se démarquent, la masse qui les admire et s'identifient à eux et enfin les "différents", les "mal aimés", les "rebuts de la société". Autrefois, les comportements, les milieux sociaux etc... désignaient notre place mais j'ai désormais l'impression que c'est la dictature du like qui en décide.

"Je pense que le tout est d'avoir conscience de ces phénomènes de VSP, d'avoir un certain recul. Le prendre peut-être comme une sorte de jeu, se réjouir de ses réussites sans se prendre peut-être trop au sérieux..."
Tu poses là un as face à un valet. La finalité n'est-elle pas de voir la vie comme un jeu? Enlever ce côté lourd, écrasant, qui nous détermine et nous paralyse. Ôter cette pression du rejet, de la peur, qui nous maintiens dans notre zone de confort et nous empêche d'agir comme on le voudrait vraiment. Comme dit Sartre: " Ne pas choisir c'est encore choisir". En osant, en se foutant des conséquences, comme dans un jeu, alors on relativise la pression qu'induit la VSP tout en la consolidant. Cette idée me plaît beaucoup sur le papier mais comment l'appliquer?
Je trouve qu'avec des amis de longue date, plus de 10 ans, le masque se craquelle voire disparaît complètement. Mais l'arrivée au lycée cette année, la nécessité de recommencer tout un travail relationnel depuis le début m'a poussé vers des gens plus populaires qu'invisibles. Je m'épanouis très bien avec eux. Devenir ami avec eux était une nécessité afin de me faire un "nom". Cependant la plupart de mes amis sont comme moi, parfois un peu moins élevés dans la cruelle hiérarchie lycéenne. J'ai encore beaucoup de taff sur ce côté là. A la manière d'un Bel Ami qui utilise les femmes pour s'élever socialement, j'utilise mes amis. Cela ne veut pas dire que je vais les jeter une fois arrivé à mes fins loin de là, c'est avant tout un travail collectif qui profite à tous. (J'ai l'impression d'être un égoïste quand je dis ce genre de choses).
En bref, si je comprend bien ta compréhension de la question, il faut juste faire attention à ne pas se laisser submerger par ce besoin de reconnaissance comme un junkie en manque de sa drogue. Merci de ton message :)


Enfin, je termine avec toi Mr Smooth qui a une vision des choses plutôt différente de la mienne ce qui risque de rendre cet échange très riche. De la diversité des opinions né la pluralité des pensées. Il est nécessaire de se confronter à un avis divergent pour avancer.
Ce que je crois comprendre de ton premier message, je n'en suis pas sûr, c'est une reformulation de l'allégorie de la caverne. Qu'importe si on détient la vérité si les autres ne la voient/croient pas. Doit-on se plier à leur réalité à eux ou entretenir la notre? Concrètement, cela signifierai que soit je continue mon usage des réseaux sociaux dans le but d'un enrichissement personnel, soit je m'en affranchis car je comprends l'inanité de cette quête de reconnaissance (qui est pourtant biologique). Je pense que le deuxième choix est impossible, on ne peut qu'en avoir conscience.

D'après ce que je comprends, tu sembles être plutôt existentialiste. Nous collons tous des étiquettes et cernons les gens sur trop peu de critères pour être fiable. On catégorise de connard quelqu'un qui ne correspond pas à nos valeurs et que l'on juge indigne de notre vision de l'identité. Ce que je réprouve chez Sartre, c'est la liberté "infinie". L'inexistence du déterminisme. Pourtant, dès notre naissance, par nos gènes, nous sommes définis. Tu ne peux pas rejeter ton identité profonde. Ce moi caché des autres, tu es obligé de le connaître, au moins d'en savoir l'existence. Si j'ai bien compris, tu te moques seulement des cases dans lesquelles la société nous range.

"Dans le même temps, mes actions et mes capacités sont au contraire des choses qui m'aident à atteindre mes envies."
J'ai du mal avec cette phrase. Comment est-ce possible d'agir au contraire de ce que l'on voudrait atteindre? A la limite, on se complaît dans l'inaction, mais il est impossible d'agir délibérément à l'opposé de ce qui nous semble bon. Par exemple, si l'on désire s'exposer sur un réseau social (car c'est le thème), on va chercher à montrer l'image la plus parfaite de nous même. Notre "utopie" personnelle en quelque sorte. Agir à l'encontre me semble insensé!

Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis en dessous et te renvoie à l'image de la maison en construction. Mais tenter de nous définir, notamment grâce à des tests de personnalités ou des images sur le web, permet de mieux se connaître et de montrer aux autres une part de notre identité. Je pense que bien qu'elle soit partielle et théorique, une partie est toujours là au fond de nous, au niveau du caractère par exemple. Elle n'est pas figer mais on peut l'orienter et tenter de la définir, superficiellement.

En effet, les réseaux sociaux permettent de juger de notre place dans la société. Il vaut mieux alors y apparaître comme fort, dominant, le "mâle alpha" si cher au monde de la séduction plutôt que faible et esseulé. Certes, une personnalité se crée elle-même sa place dans la société. Mais l'inverse est vrai aussi, combien de stars/mannequins Instagram a-t-il révélé? Le seul problème c'est que les réseaux sociaux ne sélectionnent que sur des critères superficiels. Il y est presque impossible d'y percer grâce à son intellect. Si on en prend conscience alors, on peut soigner sa façade sur internet grâce à la mise en valeur de ses atouts visibles (en sociologie, l'habit fait le moine à la première impression). Il convient tout de même de travailler sur soi pour s'ouvrir intérieurement à la connaissance, à cette fameuse beauté, force, capacité intérieure. Utiliser les deux est je pense le plus judicieux afin de mettre toutes ses chances de son côté.
Je suis une fois encore d'accord avec ce que tu dis. Nous sommes en perpétuelle évolution et probablement que ma philosophie de vie aura changé dans 10-20 ans. Mais je pense qu'il est bien d'adapter son masque aux différentes situations auxquelles nous sommes confrontées.
J'avoue ne pas avoir compris la référence à Nietzsche, mon bagage philosophique est encore faible et je n'ai jamais lu cet auteur.
Si j'ai bien compris ta conclusion, l'essentiel est de faire ce qui me plaît moi, et pas ce qui plaît aux autres. Je suis plutôt indépendant de ce côté-là et il m'arrive de mettre mes passions en avant lorsque je juge le moment opportun. Il ne faut pas que ma soif de VSP me conditionne pour devenir quelque chose dans lequel je ne me reconnaisse plus. Il faut garder sa part d'authenticité, l'objectif, tout en s'adaptant aux autres, les outils.
Merci à toi aussi pour ton long message !

Bien j'espère ne pas avoir écrit trop de conneries, ne pas m'être contredit et m'être bien fait comprendre. Je serai ravi de poursuivre ce débat !
Bonne soirée ;)

@Autharite
Je sais bien qu'il n'y a pas de cause sans effet et les personnes "populaires" dans la vrai vie le sont aussi sur les réseaux. Cependant, à mon âge cette dimension virtuelle nous touche tous. Cela détermine nos amis, notre place dans le microcosme lycéen, nos futures copines aussi... Le lycée c'est comme la cour de Louis XIV avec ses quelques modèles et sa foule de courtisans. Et cette courbe de "popularité" se mesure désormais en likes et followers.
j'avoue tomber des nues par rapport à ces histoires de réseau sociaux. Pour moi Facebook, ça se résume à un annuaire facile. Autant dire que je suis sceptique face au tableau que tu dresse - je ne le remet pas en question pour autant, simplement je me dis. Il y a forcément des gens qui continuent de parier sur les réussites concrètes type sport, soirées réussies et boulot intensif pour réussir des examens post bac non pixelisés ? Au delà de ça si tu t'investis tu rentre tard le soir, poster sur facebook c'est très secondaire non ? Ou y'a vraiment un minimum syndical à assurer au risque d'être catégorisé "bizarre" ?
On nous dit que pour être heureux, il faut se fixer un objectif et l'accomplir. Ainsi, l'Homme est un accomplissement. Dans le mien, il y a ce besoin de reconnaissance, de mener une vie "meilleure"... Serait-ce une marque d'immaturité?
Deux choses dans ce que tu dis : le besoin de reconnaissance, et le besoin de mener une vie meilleure.
Pour le besoin de mener une vie meilleure, c'est similaire à l'eldorado du bonheur je crois, c'est pas une immaturité, c'est très commun au contraire. La plupart du temps, ça se résume à une absence de douleur, physique et intellectuelle (réciproquement aponie et ataraxie). Je pense que c'est une erreur de raisonner en terme de bonheur, mais c'est très personnel donc je prétends pas pouvoir extrapoler.
Concernant le besoin de reconnaissance, là encore c'est très sain ce me semble. Glorifier le non besoin de l'autre, l'indépendance, pourquoi pas. Reste que des gens qui survivent seuls j'en connais pas. Le besoin de l'autre c'est intrinsèque, dès lors convenir à l'autre dans une certaine mesure c'est indispensable. Donc se plier à certains impératifs sociaux (on en revient quelque part aux réseaux sociaux dont tu parle si ce sont bien de nouveaux impératifs).
Donc embrasse ce besoin de reconnaissance, de la bonne manière = fais-en un moteur plutôt qu'un fardeau. Être "utile" (bénéfique) et se sentir respecté par des personnes qu'on respecte et qu'on admire (plutôt qu'au tout venant), ça rend heureux. En tout cas plus en paix. C'est aussi un moyen de donner du sens à ta vie, parce que rien n'a de sens c'est vrai, jusqu'au moment où quelque chose est considéré comme "meilleur" par une majorité dont tu fais partie. La boucle est bouclée, tu retombe sur ton "avoir une vie meilleure", qui dépend autant de toi que de ce qui est déjà validé par autrui. Les deux options sont bonnes, à toi de jouer à l'équilibriste entre les deux.

Moumane a écrit :Nonchalence, tu veux dire qu'il n'y a pas de sens en général, dans l'absolu, ou bien qu'il n'y en a pas dans la façon dont fonctionnent les réseaux sociaux et la vie sociale, dans les valeurs que ceux-ci décident de mettre en avant ?
La première assertion.

Merci Authracite de ta réponse à mon message. Oui, effectivement je pense que ce que tu évoques n'est pas vraiment un problème tant que tu le vis bien et que tu ne deviens pas un "junkie" de la reconnaissance sociale. Il me semblerait dangereux de se définir uniquement dans le regard des autres. Ces questions me font penser à ce qu'un prof avait expliqué sur le processus d'individuation chez Jung dont une des étapes consiste en la prise de conscience du fait que nous ne sommes pas notre masque social. Je ne suis pas une spécialiste de Jung, mais je trouve cette idée intéressante : ne pas s'identifier, ou en tout cas pas complètement, à notre rôle social.
Dans la pratique, ce n'est peut-être pas complètement évident, je pense que cela passe par le fait de cultiver des activités pour soi, et aussi par une conscience assez aiguë des mécanismes sociaux.

Sinon, oui, tu as raison, l'idéal du jeu n'est pas toujours facile à appliquer ! Je pensais à une phrase de Nietzsche qu'un prof avait citée et qui m'a marquée : "il faut mettre dans sa vie d'adulte le sérieux que l'on mettait enfant dans nos jeux". Donc cela ne signifie pas qu'il faut "s'en foutre", mais simplement qu'il ne faut pas se prendre totalement au sérieux. D'ailleurs, quand on dit que quelque chose est en jeu ou que l'on se met en jeu dans quelque chose, cela ne signifie pas du tout que cela n'a pas d'importance ! Pour ce qui est de la pratique, je ne sais pas trop, je pense que c'est une question d'état d'esprit tout simplement, et aussi de pratique, justement, des relations sociales.

Je n'ai pas (pas encore !) lu Bel-Ami, mais je trouve intéressante cette comparaison que tu établis. On pourrait avoir l'impression d'une certaine froideur dans la façon dont tu évoques tes amis de lycée, mais je ne suis finalement pas sûre que cela soit le cas. T'arrive-t-il d'aller vers quelqu'un parce que cette personne te semble intéressante indépendamment de ces questions de VSP, c'est-à-dire même si elle a côté un peu marginal ?
Tu as raison sur l'importance de la norme, mais je ne pense pas que l'on soit obligé d'être absolument dans la norme pour être apprécié.


minstermint, je pense que la question des réseaux sociaux a une importance plus cruciale au lycée que dans le reste de la vie sociale. Il me semble aussi qu'au lycée, le monde social peut avoir tendance à se réduire au lycée voire à la classe. Par ailleurs, dans la mesure où tous les mécanismes évoqués existent aussi en dehors des réseaux sociaux, je me demande si le cœur de cette discussion n'a pas plus à voir avec les mécanismes sociaux en général qu'avec les réseaux sociaux.


Merci, Nonchalance, de ta réponse, mais est-ce que tu entends par là qu'il n'y a pas de valeurs importantes à respecter ? Il me semble que si l'on dit que rien n'a de sens dans l'absolu, cela implique que respecter quelqu'un n'a pas plus de sens que de se comporter comme une ordure avec lui.
Par ailleurs, je comprends plutôt bien l'idée que la vie est gratuite ou qu'il n'y a pas forcément de sens à chercher dans des événements négatifs qui nous tombent dessus sans dépendre de nous ; en revanche, il y a, il me semble, des manières d'agir qui ont plus ou moins de sens pour répondre à ce type d'événement.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Instructif le 19.08.17, 17h17 par Autharite

Salut,

La quête de reconnaissance est effectivement une des grandes quêtes de l'être humain. L'importance de la perception qu'ont les autres de nous a, je pense, toujours été la même, à l'Antiquité comme au XXIe siècle. Cet attachement au jugement que les autres portent sur nous est toujours aussi importante, à 7 comme à 77 ans.

La différence, c'est qui sont "les autres". Dans le passé, les autres étaient les quelques humains vivant dans le même hameau que soi. Aujourd'hui, les autres sont potentiellement la Terre entière (via les médias au sens large, dont les réseaux sociaux font partie). Les occasions d'une comparaison entre l'image de la vie des autres et la notre est permanente, et souvent en notre défaveur.

Le risque est que cette quête s'apparente au tonneau des Danaïdes. Aucune preuve d'estime sociale ne peut assouvir le puits sans fond du besoin de validation que ressent celui qui craint le rejet.

Et il est normal de craindre le rejet. L'enjeu est de ramener cette crainte à sa place : un simple signal d'alarme.

L'être humain a besoin de reconnaissance c'est vrai. Mais tout l'enjeu est de cerner son réel besoin pour y répondre de manière adéquate. La reconnaissance et la popularité ne sont pas synonymes. De même, être aimé et être admiré ne sont pas synonymes.

La popularité est conditionnelle. Elle dépend de ce qu'on affiche, de qui on fréquente, de qui on baise, de nos réussites, etc...
La reconnaissance est inconditionnelle. On t'invite a une soirée parce qu'on t'apprécie, même lorsque tu es dans une période d'échec.

Les deux sont importantes. Il ne faut pas favoriser l'une au détriment de l'autre. Il y a besoin d'une certaine popularité (ou VSP) pour accéder à certaines choses d'ordre plutôt factuel et matériel (au lycée comme dans le monde professionnel). Cependant, cela ne permet pas de remplir le besoin d'être aimé, reconnu, et content de soi. Il s'agit d'autres besoins à combler d'une autre façon.

Selon moi, il n'est pas besoin d'être très populaire. Il faut simplement être suffisamment populaire. En d'autres termes, être intégré.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Intéressant le 19.08.17, 17h16 par Autharite

La reconnaissance est inconditionnelle. On t'invite a une soirée parce qu'on t'apprécie, même lorsque tu es dans une période d'échec.
Ça, je pense que c'est vrai avec des amis qui nous connaissent bien mais pas forcément dans un lieu où l'on vient d'arriver. Si on n'est pas encore très bien intégré, on risque de ne pas attirer les gens si on renvoie une image négative.

Je ne comprends pas trop la reconnaissance comme toi car pour moi elle dépend – entre autres – de choses que l'on a atteintes ou obtenues – la reconnaissance professionnelle, par exemple.

En fait, je suis d'accord avec toi sur les distinctions que tu établis, mais je n'aurais pas forcément employé les mêmes mots. Tu as mis le doigt sur un élément qui me semble super important, auquel j'avais pensé mais que j'ai oublié en rédigeant la réponse : le besoin d'amour, et d'être aimé et reconnu (pas au sens de la reconnaissance professionnelle) pour ce que l'on est, dans nos faiblesses et nos failles. D'où le besoin de liens affectifs plus profonds, empreints de confiance, au-delà d'une vie sociale peut-être plus superficielle. Mais je dois dire que parfois je suis taraudée par la question de savoir si l'amour inconditionnel existe bel et bien...

Moumane a écrit : Merci, Nonchalance, de ta réponse, mais est-ce que tu entends par là qu'il n'y a pas de valeurs importantes à respecter ? Il me semble que si l'on dit que rien n'a de sens dans l'absolu, cela implique que respecter quelqu'un n'a pas plus de sens que de se comporter comme une ordure avec lui.
Par ailleurs, je comprends plutôt bien l'idée que la vie est gratuite ou qu'il n'y a pas forcément de sens à chercher dans des événements négatifs qui nous tombent dessus sans dépendre de nous ; en revanche, il y a, il me semble, des manières d'agir qui ont plus ou moins de sens pour répondre à ce type d'événement.
Jusqu'à il y a peu, le respect c'était la peur du pouvoir d'autrui. Et c'est encore le cas dans beaucoup de sociétés et c'est encore le cas dans notre société au plus haut niveau.

L'être humain ne sait pas automatiquement être valeureux et respectueux. Il sait par contre automatiquement créer des règles pour que ce ne soit pas trop le bordel. D'où la variation des cultures et des croyances dans le monde: ce sont des variations d'interprétation sur ce que sont les meilleures règles pour régir le groupe.

Il ne faut pas le voir comme si je faisais une apologie de "tout se vaut". Par contre, quand on est plongé dans des structures données, il n'y a pas beaucoup de choix. Soit tu t'adaptes, soit tu es marginalisé. D'où le sens de mon post et celui de Mr.Smooth si je ne me trompes pas: il est contre productif de se battre contre ce qui est déjà établi en tant que personne lorsqu'il est plus rentable de s'adapter. Ça ne veut pas dire que tu adhères aux valeurs qui sont véhiculées, ça veut dire que tu es assez intelligent pour sortir ton épingle du jeu tout en gardant en tête que les règles que tu suis ne sont que des règles, pas un absolu à atteindre.

Bien sûr, il y a des contre exemples mais pour ça il faut soit avoir du pouvoir et/ou de l'argent, soit être martyrisé jusqu'au point où c'est tout ou rien et que tu n'as rien à perdre à essayer de changer les règles. Mais alors comme dans la fable de "la ferme des animaux" d'Orwell, les animaux se révoltent pour à la fin se comporter exactement comme leurs geôliers dont ils se sont débarrassés après la révolte.

La leçon étant quand on le transpose dans ce qui est écrit ici que peu importe ce qui régit les hommes. Les mécanismes qui créent les codes et qui les appuie sont originaires de la même matrice humaine, quelle que soit la société rêvée ou réalisée, il y aura toujours de la compétition, une élite, des dominants, des dominés... Et les changements qui nous sont proposés d'une société à une autre ne sont que des nuances de ce comportement animal pour obtenir un même résultat par des moyens différents: être au dessus de la masse, avoir le plus de ressources et le plus d'options sexuelles. Ce n'est pas parce que je me considère humaniste* que cette prise de conscience doit être occultée au profit d'une vision moins réaliste et plus idyllique, au contraire. Je suis bien content de vivre dans une "démocratie" et pas dans un régime totalitaire ou suppressif à la nord-coréenne ou à la chinoise.

*Bon nihiliste, puis cartésien et enfin humaniste mais enfin quand même.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Intéressant le 21.08.17, 14h01 par Moumane

Merci d'avoir pris le temps de me répondre. Je comprends ce que tu dis sans pour ressentir les choses exactement comme toi. Par exemple, je ne sais pas si être en position de domination (être au-dessus de la masse et avoir le plus possible d'options sexuelles) est véritablement le but que nous poursuivons tous dans nos interactions sociales. C'est une dimension qui existe et effectivement, c'est important de ne pas la nier, mais pour moi c'est seulement une dimension parmi d'autres. On peut aussi choisir d'orienter notre vie sociale (et notre vie tout court) d'une façon qui a du sens pour nous et qui nous satisfait pour cette raison même si cela ne nous place pas en position d'avoir une place centrale dans les groupes sociaux ou de disposer du plus grande nombre de ressources possible.
Tu me répondras peut-être que c'est aussi une façon de se placer au-dessus de la masse... peut-être, je ne sais pas ; quelque part, la façon dont on interprète la réalité est une décision, non ?

Sinon, bien sûr, oui, on baigne dans les normes et il est difficile de s'en défaire ou même peut-être d'en avoir conscience dans certains cas. Quant à la question de se soumettre aux normes sociales sans y adhérer pour autant, dans le but d'arriver à ses fins, oui, effectivement je comprends l'idée, mais je dois dire que pour moi cette façon de formuler les choses est un peu abstraite et que je ne suis pas sûre de voir à quels cas concrets tu penses en écrivant ça.
Pour ce qui est par exemple des réseaux sociaux dont il était au départ question dans ce sujet, je pense que l'on peut avoir une vie sociale plutôt épanouie sans être dessus, mais il est vrai qu'en agissant ainsi on se place de fait un peu en marge.

Je comprends cette idée des normes qui n'ont de sens que pour maintenir la cohésion du groupe, pour moi c'est déjà leur reconnaître un sens qui se suffit à lui-même. Par ailleurs, il est vrai que j'ai tendance à considérer que certains systèmes sont meilleurs que d'autres parce qu'ils respectent certaines valeurs comme par exemple la liberté individuelle, mais je ne sais pas si j'ai raison de voir les choses ainsi en me plaçant du côté de considérations quelque peu abstraites sur les valeurs ; peut-être que souligner simplement, comme tu le fais, que l'on préfère vivre dans un tel régime plutôt que dans un autre pour un certain nombre de raisons a quelque chose de plus modeste et de plus concret.

Une dernière chose qui me vient, c'est que oui, peu importe peut-être comme tu dis, mais en même temps il me semble que le propre des cultures humaines est justement de chercher à donner du sens, à la vie, aux règles sociales, à nos actions... d'où le fait d'habiller les règles qui servent peut-être avant tout au maintien du groupe de considérations sur des valeurs censées avoir un sens dans l'absolu.

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