[D] Présent et passé: meilleurs ennemis?

Note : 36

le 30.03.2015 par MaryeL

10 réponses / Dernière par Owen le 06.04.2015, 20h18

Etat d'esprit / psychologie / dev perso / vie intérieure.
Un forum pour celles et ceux qui s'intéressent au dev perso, à l'équilibre intérieur, à la psychologie. Surmonter ses blocages, ses croyances limitantes, nourrir et développer ses forces, etc.
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Vos histoires et vous


Un petit article synthétique qui se veut un peu le prolongement de la discussion qui s'est développée sur le sujet d'Owen (ici: la-fragile-limite-du-developpement-pers ... 37366.html )


Le sujet a commencé avec ses limites actuelles à lui, entre ego, insatisfaction, idéal, et est parti dans des directions aussi inattendues qu'intéressantes. Et c'est une parfaite illustration du développement personnel, de l'exploration du soi et de ses limites : on explore un sujet précis, un problème précis, et puis on se retrouve avec une multitude de questions, de réponses, et de voies différentes du questionnement initial. On pense mettre le doigt sur quelque chose, et on essaie de régler ce "problème", et puis finalement, on se rend compte qu'il y a d'autres éléments d'ombre qui nous ont façonné et qui sont profondément ancrés en nous. On se rend soudain compte de choses qui étaient depuis toujours devant nos yeux, et dont on ne se rendait même pas compte qu'elles pouvaient être un problème.


C'est drôle, car alors même que le sujet d'Owen a débouché sur son histoire personnelle (ce qui n'est d'ailleurs certainement pas anodin au final, si on part du principe que beaucoup de nos blocages y sont liés), j'était justement en période de questionnement sur mes propres démons, alors même que j'avais l'impression qu'ils étaient depuis bien longtemps enterrés.
Aujourd'hui, alors que je me lasse d'un homme pour la énième fois, et que je me décide à m'enfermer dans une période de solitude et de rejet des hommes, ça me saute au visage : pourquoi cette indifférence vis-à-vis de la gent masculine ? Pourquoi cette lassitude ? Pourquoi ce sentiment très (trop fort) que je n'ai pas besoin d'homme dans ma vie ?
Et je découvre, à chaque "échec", de nouvelles probabilités, de nouvelles pistes de réflexion, de nouvelles certitudes. Comme certainement beaucoup d'entre vous ici.
Et le partage de ces prises de conscience et l'évocation de ces histoires personnelles mène invariablement à une richesse de réflexion incomparable. Finalement, les histoires ont beau être uniques, les mécanismes humains, eux, montrent une certaine universalité.

La preuve en quelques réponses:
MaryeL a écrit : Owen, j'ai noté "intéressant" parce que je suis aussi en période de remise en question en ce moment, et j'ai le sentiment que mes barrières actuelles remontent à des conditionnements d'enfance/adolescence.
T'y crois toi?
Tu penses qu'un schéma de famille particulier peut réellement être à la base de certains modes de pensée/ressenti?
On m'a toujours dit que Freud c'était le MAL, du coup jamais vraiment lu de théories de psychanalyse, mais j'ai l'impression qu'il n'y a pas que de la merde… Je me dis que les différences fondamentales entre des individus pourtant élevés dans la même société doivent bien venir de quelque part…
[...]
Mais la vraie question est: est-il important voire impératif de se détacher de ces influences externes liées à x modèle à x période de la vie? Est-ce que c'est malsain, est-ce qu'on peut pousser jusqu'à dire que ce n'est finalement pas notre identité propre et que donc c'est nécessaire de trouver notre propre vision des choses?
Ou est-ce qu'il y a du bon à garder, tant qu'on est heureux?

Owen a écrit : Ouais je pense que mes blocages remontent principalement à la petite enfance et a la période post divorce (et au divorce hein) des parents. Entre temps il s'est passé plein de trucs qui sont venus les fragiliser ou les renforcer.

Mais je crois que dans l'ensemble y'a des noeuds qui se créent et qu'on passe parfois toute une vie a tenter de les dénouer.

Apres j'ai aussi conscience qu'il faut pas dramatiser et qu'on peut vivre de tres belles choses à côté de ces trucs. C'est le risque de certain thérapeutes : résumer l'individu à ses noeuds et parfois on dirait qu'on est foutu a cause d'un Oedipe mal réglé.

tibdeconne a écrit : Nier l'influence que les parents et ton enfance ont (eu) sur ton développement n'a pas de sens, cf. le débat sur la baffe.
Le plus intéressant est de trouver comment surmonter ça. Je pense d'ailleurs à faire un article sur comment choisir son psy.

Sinon très intéressante ton histoire Owen. En fait je crois que ce que j'aime le plus sur ce forum, c'est quand les membres soulèvent le voile sur leur part d'ombre.

Sinon, pour pousser plus loin:

1) On ouvre un topic dédié pour raconter nos histoires personnelles et les influences qu'elles ont eu sur le présent?
2) On ouvre un topic dédié pour parler des différentes thérapies?



Je propose d'échanger les idées, expériences, histoires, parcours et les découvertes, solutions ou résolutions qui ont changé votre vie, dans un but d'exploration, de développement et d'épanouissement du soi.

Si le sujet vous semble trop fermé ou trop vaste, ou trop personnel, inutile ou mal orienté, OU si je dis de la merde, faites-le savoir (et n'hésitez pas à le cadrer mieux si vous pensez que c'est nécessaire). Le but est que chacun puisse se libérer de quelque chose et s'exprimer, pourquoi pas se grandir. Et même si certains d'entre vous ne souhaitent pas se dévoiler, vos avis et réflexions sont précieux, ne vous abstenez pas.


***

Quelques citations que j'espère aussi pleines d'inspiration pour vous qu'elles le sont pour moi:

"Life isn't about finding yourself. Life is about creating yourself." George Bernard Shaw

"All my life I've been taught how to die, but no one ever taught me how to grow old." Billy Graham

"Mystère des souvenirs... Où dorment-ils quand plus personne ne songe à ce qu'ils conservent ? Comment resurgissent-ils quand un fait ravive leur contenu ?" Paul Eluard

"Peut-être que murir, justement, c'est accepter de vivre dans l'étau de nos contradictions." Alexandre Jardin

"I learned from him that often contradiction is the clearest way to truth." Patti Smith
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+3] Like ! le 30.03.15, 21h37 par tibdeconne
  • [+3] Bonne idée ! le 31.03.15, 00h50 par amelia
  • [+3] Bonne idée ! le 06.04.15, 20h03 par Zaik
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Personnellement, ma conception amoureuse et les évènements qui l'ont marquée sont tous récent (moins de 5 ans).

Du reste, je serais incapable de te dire quelle dose tient l'influence.


Le parallèle de la Musique

C'est drôle parce que j'y pensais dans le bus cet aprèm.
Je me disais "tiens c'est drôle, j'écoute beaucoup de Pink Floyd et de musique classique, comme mon père".

Petit, j'ai des souvenirs magiques de Papa qui me faisait écouter The Wall.
Puis, quand j'ai commencé a avoir 9 ans, je me suis mis à écouter énormément de FrenchTouch (electro française).
J'étais fou de ça, et c'est resté ainsi jusqu'à mes 13 ans;

Puis par le Pianiste, j'ai redécouvert Chopin. Ca m'as fait écho et je suis rentré dans la musique classique via la Ballade n 1.
Et de fil en aiguille, je me suis mis à réécouter ce qu'écoutaient mes parents: Sting, Pink Floyd, Led Zep, Nirvana, RadioHead, et des tas d'autres choses.

Papa adore Bach et moi j'ai toujours trouvé ça trop spirituel, mais aujourd'hui je saisi ce qu'il y a de génial dedans et la symphonie n 7 est ma musique favorite en ce moment.

Mais ce qui est intéressant, c'est que mes morceaux favoris ne sont pas les mêmes que mes parents.
Voir mieux: je ne voit pas la même chose dans la musique qu'eux.

Et à côté de ça j'écoute toujours de la Frenchtouch (Darius, merci mec, merci pour ta musique...)
Ma mère m'as fait découvrir la pure lounge de qualité (St Germain <3) mais c'est moi qui lui ai fait découvrir Bonobo.

Tout ça pour te dire que tes parents sont des stimulis. Mais c'est toi au final qui réagis d'une manière ou d'une autre à ceux-ci.

Je prends l'exemple de la musique, parce que je me souviens que vers 9 ans j'ai fait un énorme rejet de la musique qu'écoutais mon père. Je voulais m'affirmer, mais mes gouts sont au final revenus, et ils étaient plus fort que mon désir de m'affirmer. La réalité était simple: je suis mélomane et j'adore le classique.

Mon ami Vincent m'as fait découvrir le Rap, mais j'ai pris ce qui me plaisais dedans. Et j'ai par la suite développé des gouts propres.

Et bien je pense que le reste c'est pareil: on ne choisis pas les stimuli que nous donnent la vie, mais notre réaction nous appartient.

C'est pareil pour les relations amoureuses et les modèles familiaux. Le tout c'est d'être critique et de multiplier les sources.





La notion d'identité

Une identité c'est pas "je suis comme ça, donc j'ai tel et telle expérience dans la vie"
Mais "J'ai réagi de telle et telle façon en fonction des expérience que j'ai eu dans la vie, alors je suis comme ça"

La personnalité n'est pas un bloc figé, ce n'est pas un truc monolithique avec lequel on naît ou qui nous est imposé, qui devient de plus en plus visible au fur et à mesure que l'on se définit.

C'est au contraire quelque chose d'itératif et de mouvant. Pour moi ça va plus dans le sens de l'ajout que de la "purification".




Et puis ça dépend des individus aussi: certains se laissent énormément marquer par certaines choses, alors que d'autres non.
Certains sont marqué par des drames familiaux, d'autres non.
Certains sont marqué par leur côté pro, d'autres moins.

Moi par exemple, j'ai été marqué par des évènements que certains pourraient qualifier de ridicule, mais c'est pourtant aux travers de ceux-ci que je me suis construit (ça ne veut pas dire que je suis défini par ceux-ci, je peux changer, c'est un choix, et je l'ai déjà fait).
Mais la vraie question est: est-il important voire impératif de se détacher de ces influences externes liées à x modèle à x période de la vie? Est-ce que c'est malsain, est-ce qu'on peut pousser jusqu'à dire que ce n'est finalement pas notre identité propre et que donc c'est nécessaire de trouver notre propre vision des choses?
Ou est-ce qu'il y a du bon à garder, tant qu'on est heureux?
Pour moi c'est une fausse question. Déjà, le fait même de te poser la question comme ça c'est déjà une réaction en soi. C'est déjà un choix de réponse à un stimuli.
La vraie question est plutôt: dans quel but vous posez vous cette question? De quoi avez vous l'impression d'être esclave et pourquoi?





Les voies d'actions

A juste à propos, j'ai quasiment tout lu de Freud, et je dois avouer que j'ai beaucoup aimé. Alors la parti anthropologie est passionnante, mais j'ai trouvé la partie psychanalyse moins intéressante car elle se veut tautologique (genre si tu veux pas "croire en la psychanalyse" c'est que tu fais un rejet qui a des relations avec la psychanalyse, bref.


Mais bon, le vrai truc que je reproche à Freud est son lemme: "connaître c'est devenir libre".
Selon Freud, si on connait la cause d'un problème, si on l'analyse, alors la rationalité et les liens qui s'en suivent ôtent le problème. Autrement dit: on soigne un problème parce qu'on ne voulait pas le voir/qu'on ne le comprenait pas et que sa mise en lumière le fait disparaître.

Et bien ce constat est juste faux. Ou très incomplet. Ca dépend des personnes, et des problèmes, des personnes en fonctions des problèmes et vice versa.


Parfois, il y'a juste des problèmes qui se prennent a bras le corps, en agissant et en faisant en sorte de se donner les moyens de devenir plus fort qu'eux.


Du coup, je me demande vraiment si les problèmes que vous soulevez (par exemple toi MaryeL avec ta blasitude des mecs) sont vraiment aptes à être réglés par le fait de les analyser.
Personellement j'en doute.

Droit et Eckhart Tolle

Souvent, je parle ici de parallélisme des formes: c'est un concept en droit qui signifie qu'on ne peut changer une norme que par une norme similaire ou de même niveau. Genre: pour changer la constitution, on doit faire passer une loi constitutionnelle, ou refaire une constitution, et pas un simple décret.

Et bien dans la vie c'est la même chose: vous avez vécu un truc->s'en suit un état d'esprit fonction de la réponse à ce vécu et des émotions-> en découlent des pensées.

Bah le problème de la psychanalyse, c'est de penser que prendre connaissance de tout ça permet de régler le truc. "Si je suis au courant que j'agis comme ça parce qu'il s'est passé ça, alors je suis libre, et je peux faire autrement"

La réalité c'est qu'un vécu (un stimuli et la manière dont tu as réagis à celui-ci) a bien plus de poids que n'importe qu'elle de tes pensées, aussi zélée et révolutionnaire soit-elle.
T'essaie de faire changer tes émotions par des pensées, alors que tes émotions découlent d'un truc plus solide, au sommet de la pyramide: ton vécu.


Et bien c'est simple, le meilleur moyen de changer et de faire fi de mauvaises pensées, qui découlent d'émotions et d'états d'esprit qui découlent eux même de vécu bah....c'est de changer ton vécu.

Autrement dit, accepter que t'es pas "fini" à un instant T. Que t'es pas monolithique et que tu n'es pas ta "pensée".
Ca, c'est exactement le message que fait passer Eckhart Tolle dans le pouvoir de l'instant présent.

Quand tes pensées te font souffrir, ouvre toi, c'est à dire accepte de changer ton vécu. Et ça, ça passe à travers le fait de faire de nouvelle choses, d'accepter de te soumettre à te nouveaux vécus.


Au final, je crois que la conclusion que le libre arbitre existe bel et bien parce que même si on part du postulat que ta réaction a tel ou tel stimuli peut être analysable par la mise en lien avec des réactions passées, il ne tient qu'à toi, même si c'est dur, de te dire "je ne suis pas ma propre pensée", et de continuer de se soumettre à de nouveaux vécus.
C'est ça qui s'appelle l'ouverture et qui te donne de l'expérience. Et je ne pense pas que ça ait de fin, sauf si tu le décide (et on fait trop souvent ce choix de s'arrêter)
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+2] Très intéressant le 30.03.15, 23h44 par MaryeL
  • [+2] Constructif le 30.03.15, 23h44 par Sathinelilly
  • [+3] Post de qualité le 31.03.15, 00h55 par amelia
  • [+1] Encore! le 31.03.15, 01h44 par Crow
  • [+2] Très intéressant le 31.03.15, 02h29 par tibdeconne
  • [+2] Instructif le 31.03.15, 09h34 par Onmyoji
  • [+2] A lire le 31.03.15, 09h46 par wayl
  • [+2] Très intéressant le 31.03.15, 09h50 par Bald_Soprano
  • [+3] Très intéressant le 01.04.15, 21h37 par Thedaze
  • [+2] Constructif le 06.04.15, 20h10 par Zaik

Très intéressant ton propos Smooth. J'apprécie que tu aies lu Freud et que tu me livres ces connaissances.
Dans le fond, c'est pas important, ça va pas changer ma manière de vivre ou de percevoir les choses, mais je trouve ça super intéressant.

Je suis parfaitement d'accord sur l'idée de stimulation que nous donnent nos parents. C'est absolument indéniable. Et je suis d'accord sur le fait qu'on ne les suit pas à 100%.
J'ai toujours été super fière que mes parents me transmettent leur culture musicale et m'ouvre ce monde magique. Sans eux, j'ai l'impression que je n'aurais pas la même sensibilité artistique.
J'ai aussi fait des choix pour me démarquer. Il y a des choses qu'ils écoutent que je déteste et réciproquement, et ça me semble normal. Encore heureux.

Je dirais que mes questionnements se situent plutôt au niveau des stimulis inconscients. C'est-à-dire, plutôt nos réactions profondes à des changements, à des comportements, à des traumatismes ou même à des émerveillements liés à nos parents, mais pas forcément voulus par eux.
Mr.Smooth a écrit :Pour moi c'est une fausse question. Déjà, le fait même de te poser la question comme ça c'est déjà une réaction en soi. C'est déjà un choix de réponse à un stimuli.
La vraie question est plutôt: dans quel but vous posez vous cette question? De quoi avez vous l'impression d'être esclave et pourquoi?
Peut-être que c'est une fausse question, oui.
Je crois que la réponse n'est pas ce qui m'importe le plus. Je crois que j'ai juste besoin de savoir si c'est mon moi personnel qui agit ainsi, ou un moi faux, traumatisé, qui agit par mimétisme à une situation de "déjà-vu".

Comme je l'ai dit je ne me sens pas malheureuse, au contraire j'ai l'impression que plus j'en sais sur moi, mieux j'appréhende la vie (sentiment d'être maître de soi et non pas de subir les événements) - ce qui répond en partie à ton questionnement sur le fait de régler les problèmes par le simple fait de les analyser. Effectivement, en prendre conscience ne résout pas le problème, même si ça offre déjà l'opportunité de pouvoir y faire quelque chose.
Pas malheureuse, donc, mais je suis bien forcée de me rendre compte de mes… particularités à certains moments, parce que ça a quand même des répercussions dans ma vie sociale. Et comme mon dernier souhait est de blesser les gens, ça m'intéresse de savoir si c'est un point de vue que je peux changer chez moi ou pas.

J'en parlerai plus profondément dans un autre post (vous pourrez tous me psychanalyser youhou), mais pour l'instant c'est dodo.


Merci pour ta réponse.
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Il y a un bouquin qui aborde le sujet et qui est pas mal:
Victime des autres bourreau de soi même.
de guy corneau.
Si on dépasse l'aspect victime des autres du titre toute la partie expliquant le lien à l'enfance et les différentes postures et affects que ça engendre est intéressante. Après c'est très jungien.
Et comme dit Smooth comprendre ne suffit pas pas à changer. Néanmoins ça donne une prise dessus ou ça te permet de repérer les déviations par rapport à ton désir naturel ou ce qui devrait t'être normal.

Le fait que tu sois blasée mais que ça te pose problème montre que c'est pas un état très naturel ou alors que ça le serait mais que tu te mets une pression parce que tu es décalée par rapport à un modèle observé.
Peut-être que tu te sens décalée comme tu penses peut-être que ta mère l'est.
Le fait que tu sois blasée est peut être ton fonctionnement normal car tu as besoin de quelqu'un qui reste dans la séduction et se coule pas dans la routine et le fait que tu sois mal à l'aise le vrai problème?

Mr.Smooth a écrit : Selon Freud, si on connait la cause d'un problème, si on l'analyse, alors la rationalité et les liens qui s'en suivent ôtent le problème. Autrement dit: on soigne un problème parce qu'on ne voulait pas le voir/qu'on ne le comprenait pas et que sa mise en lumière le fait disparaître.
Mr.Smooth a écrit :La réalité c'est qu'un vécu (un stimuli et la manière dont tu as réagis à celui-ci) a bien plus de poids que n'importe qu'elle de tes pensées, aussi zélée et révolutionnaire soit-elle.
T'essaie de faire changer tes émotions par des pensées, alors que tes émotions découlent d'un truc plus solide, au sommet de la pyramide: ton vécu.

Et bien c'est simple, le meilleur moyen de changer et de faire fi de mauvaises pensées, qui découlent d'émotions et d'états d'esprit qui découlent eux même de vécu bah....c'est de changer ton vécu.
Très intéressant, et merci d'avoir mis en valeur ces deux différentes approches.

En ce qui me concerne, je pense que les deux peuvent fonctionner, en fonction des situations.


1/ Soigner un problème par la mise en lumière

Je ne vais pas me mettre à raconter mon enfance car trop perso, trop long et comme le dit très justement Akhenaton:
Akhenaton a écrit :Chacun traine sa poubelle, moi-même j'ai mon cortège de bennes
Mon enfance a été rythmée par les merdes en tout genre, impossible pour moi de nier les conséquences que cela a eu sur ma personnalité. Arrivé au lycée, section littéraire, donc beaucoup de lecture et de philosophie, mon esprit s'est comme "ouvert" au monde des mots. Parallèlement à cela s'ouvrait pour moi le chapitre le plus noir de mon existence. J'étais traversé par un tel flot d'émotions que je ne réussissais à retrouver un calme relatif qu'une fois toutes mes pensées couchées sur papier. Je notais tout, à la manière d'un journal intime, les faits, mes émotion, réactions. J'analysais, retournais les événements dans tous les sens, les regardais sous un angle nouveau.

Je me suis souvent venté d'avoir réussi très tôt à m'auto-psychanalyser. Je mettais des mots sur mes maux, adoptais de nouveaux principes. Je construisais ma maison philosophique intérieure, n'hésitant pas à casser et reconstruire, cherchant la combinaison parfaite qui me permettrait d'atteindre calme et bien-être.

J'ai réussi à régler beaucoup de choses grâce à la philosophie et à l'auto analyse et c'est pourquoi je crois que la mise en lumière fonctionne pour tout ce qui relève du mal être.

2/ Soigner par l'action

En revanche, je suis également d'accord pour dire qu'il y a certaines choses qui sont trop profondément ancrées en nous pour pouvoir les résoudre juste par la pensée. Dans ces cas là, l'action, plus que la réflexion, est nécessaire.

Je rejoins Mr.Smooth, dans ces cas là, la pensée ne pèse rien et ne suffit pas à elle-même pour changer certains comportements, pensées profonds. C'est ce à quoi tendent les thérapies comportementales si je ne me trompe pas.

Un exemple: à cette fameuse époque noire, j'étais, en plus de ressentir tout ce mal être, hyper timide. Impossible pour moi de prendre la parole. En cours, j'étais tétanisé rien qu'à cette idée. Il a fallu que je prenne confiance en moi (confiance qui j'ai acquise en avançant dans la vie, en me construisant) et en m'exposant petit à petit (cf. l'article de Joran) à des situations de prise de parole en public pour pouvoir dépasser tout ça.


Aujourd'hui, j'ai l'impression d'être bien dans mes baskets, même si je reconnais parfois avoir des réactions et pensées qui ne ressemblent pas à celui que je tend à être, mais plutôt au moi du passé. C'est presque un combat perpétuel, mais les conséquences sont tout de même moindre.

Et pour conclure, je dirai qu'une fois tout ce travail accompli, quelle joie de retrouver les vertus du silence intérieur. Analyser pour se connaître et dépasser certaines choses, c'est bien, mais être constamment dans l'analyse, la sur-analyse, c'est pesant. Vivre et laisser les événements apporter des réponses, c'est bien aussi.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [+1] Intéressant le 31.03.15, 22h29 par MaryeL

Les schémas...
Oui ils existent bel et bien! Pas forcément familiaux, mais disons que le logiciel familial est le plus puissant car c'est celui qui nous conditionne dès M-8, donc dans le ventre de sa mère. Et ça nous codifie, on est des algorythmes améliorés ; mais il est important de différencier les sytèmes que nous développons en nous, "systèmes temporaires, systèmes stables, systèmes ouverts, systèmes réversibles et irréversibles." (source)

Donc on peut dire que les idées de Freud sont quand même sacrément obscurantistes aujourd'hui. Seulement à la base de base, il a mis en lumière l'idée de systèmes et de schémas de pensées. Le problème c'est qu'il a tenu que nous étions encrés, bloqués dans ces systèmes et surtout le plus grave c'est qu'il n'offre aucune solution à part la parole (1/16 niveau efficacité).

Se détacher de nos schémas, de nos influences
Oui et non, certains schémas sont mauvais et nous font souffrir, logiquement il faudrait s'en détacher mais pour cela il faut déjà en avoir conscience puis les déconstruire, ce n'est pas aisé si l'on tâtonne dans le noir, mais c'est tout à fait possible si on s'informe un peu.

Notre identité est définie par une multitude de notions, de schémas aussi on peut dire. Bien sûr tout est temporaire, les émotions, les sensations, les schémas à priori... Ils sont en mouvance la plupart du temps: des schémas temporaires, ouverts et réversibles. Les schémas qui nous collent à la peau appelés "irréversibles" et stables sont tout à fait dé-programmables mais souvent on considère qu'on ne peut rien y faire. "Je ne pourrai pas changer, je suis comme ça", "Je suis possessif, c'est ma nature" "Je suis stressé, c'est ma nature". En fait c'est faux ce n'est pas une nature c'est juste attaché comme une moule à un rocher.

On garde de toute façon une trace, un souvenir, et on peut même réactiver inconsciemment nos schémas. Un être humain parfait saurait se déprogrammer seul et/ou garder uniquement le positif de chacun de ses schémas. Mais ça voudrait dire passer sa vie en thérapie et en remise en question, chose dont on a pas besoin pour vivre en général.
Apres j'ai aussi conscience qu'il faut pas dramatiser et qu'on peut vivre de tres belles choses à côté de ces trucs. C'est le risque de certain thérapeutes : résumer l'individu à ses noeuds et parfois on dirait qu'on est foutu a cause d'un Oedipe mal réglé.
Quelle horreur. Les thérapeutes qui tiennent de tels propos sont des charlatans... J'en parlais avec ma psy après en avoir vu 4 différents dont la première qui, à la première séance me dit "on a un oedipe à régler là, oui." Un vrai thérapeute ne va pas nommer / diagnostiquer aussi brutalement, ni au début ni à la fin, sauf à la demande du patient ou si le patient est en déni. Parce que ça ne fait que croire à l'individu qu'il est attaché à une étiquette. Et la théorie de l’œdipe est complètement fausse dans le psychisme général!!! C'est extrêmement rare en réalité. L'"oedipe" tel qu'on l'imagine n'a rien à voir avec cette théorie et se trouve être une question de rapport fusionnel avec son parent, quand à la question de l'attirance sexuelle elle est obsolète. L'être humain est capable de tout. Est-ce que pour autant on doit y réfléchir comme une possibilité imminente? Est-on plus angoissé à l'idée d'avoir envie de coucher avec sa mère/son père que de se faire écraser dans la rue, probabilité plus importante...? (C'est pour remettre les choses dans leur contexte, et surtout car Freud a très maladroitement/ de manière complètement abrupte en réalisant ses fouilles sur les rouages de la psychologie humaine, inséré cette obsession dans le psychisme collectif)
Le plus intéressant est de trouver comment surmonter ça. Je pense d'ailleurs à faire un article sur comment choisir son psy.
Super intéressant, hâte de lire ça!
Sinon très intéressante ton histoire Owen. En fait je crois que ce que j'aime le plus sur ce forum, c'est quand les membres soulèvent le voile sur leur part d'ombre.
:) +1

1) On ouvre un topic dédié pour raconter nos histoires personnelles et les influences qu'elles ont eu sur le présent?
Pas facile pour ma part sur un forum libre/ouvert/public. Je préférerai le faire sur des parties bien privées du forum.

2) On ouvre un topic dédié pour parler des différentes thérapies?
Ah là ça me dit beaucoup, à cause/grâce à mon tag+toc j'ai développé énormément mes connaissances dans la matière, et j'ai réalisé qu'en tant que patient on en sait parfois plus que la plupart des psys, simplement parce qu'en passant par là, on ne peut pas oublier ou mettre de côté un des recoins de nos troubles.

PS. Belles citations, inspiration!

Un truc dont j'ai beaucoup parlé avec un de mes meilleurs amis qui a de gros blocages (phobies), c'est que suivant les gens, on va avoir deux attitudes, non figées et non séparées.

Le pole : "pourquoi". Pourquoi on est comme ca? Qu'est ce qui va pas? Chez lui, c'est hyper important, et la psychanalyse lui fait du bien.

Le pole : "comment". C'est moi. Comment faire pour me débarasser / accepter mon passé, mes névroses, que je connais bien, je me suis moi meme assez auto analysé pour tendre vers une approche qui fonctionnerait sur le "comment guérir"?

Je vois déjà Master Crane venir : je suis sur qu'il me reste pas mal de trucs dans le coin de la tête.

Donc comment? J'ai trouvé des idées :

L'art, la méditation, l'hypnose, la PNL...

Les thérapies elles aussi sont différentes. La psychanalyse c'est le "pourquoi?" qui entrainerait vers l'acceptation et la guérison. L'hypnose telle que je l'ai pratiquée c'était axé sur des solutions pratiques.

De même, on peut avoir besoin de savoir pourquoi pour savoir comment et inversement... Ce n'est pas completement distinct et opaque.

Pour le passé, vu que tout mon bordel affectif s'est fait avant 8 ans, ouais la famille a joué. Mais c'est sur que d'autres traumas se sont rajoutés apres, et certains aussi se sont guéris.

Comme le dit Tolle (bien spirituel ca, Smooth ;) ), nous ne sommes pas notre moi. Le "moi" est une illusion. Le "moi" change tout le temps. Et en même temps le moi présent se situe entre passé qui nous donne des schéma et futur qui nous donne des espoir.

J'ai beaucoup aimé Jodorowsky dans sa critique de Freud qui ne concoit l'etre humain que dans le passé. Le futur a un role important aussi.

Ouais, le côté spirituel de Tolle ne me parle pas.
Cependant, son énorme qualité c'est de te faire comprendre que ton intelligence rationnelle est un outil très utile, mais limité, qui a tendance à s'infiltrer partout.

En fait, le mécanisme est simple: j'ai un problème, alors je modélise le monde et j'y apporte une solution
C'es super utile pour les problèmes de maths ou d'économie, mais en vrai, devant la complexité inhérente aux monde, on va souvent trop vite en besogne et on tire de mauvaise conclusion par manque de vision d'ensemble.
Ce n'est pas pour rien que les séries de médecine et de police sont si populaires: on veut trouver des solutions par la raison, on est fait pour ça.

Mais le "moi" c'est juste une image partielle et partiale de toi sur toi à un moment donné. Le problème c'est que tu peux te laisser bloquer par rapport à ça si tu va trop vite.


Par contre Owen, je suis désolé de te dire ça mais tu ne m'apparait pas du tout comme un "comment" pas comme un pourquoi haha


En fait, je considère comme toi qu'il y a deux paradigme:
-le premier c'est le plus répandu et il y en a énormément dans notre génération. C'est "qui suis-je? comment me vois-t-on? pourquoi suis-je comme ça?"
-le deuxième est plus rare et dénote souvent d'une confiance en soi supérieure: "de quoi ai-je envie? Comment l'obtenir?"

A noter que tu peux être l'un ou l'autre selon les domaines bien sur.

Ouais je voulais dire que le pourquoi je réfléchis assez dessus tout seul donc quand je vais vers un professionnel je cherche le "comment", c'était ca l'idée.



Ouais, le côté spirituel de Tolle ne me parle pas.
Cependant, son énorme qualité c'est de te faire comprendre que ton intelligence rationnelle est un outil très utile, mais limité, qui a tendance à s'infiltrer partout.

En fait, le mécanisme est simple: j'ai un problème, alors je modélise le monde et j'y apporte une solution
C'es super utile pour les problèmes de maths ou d'économie, mais en vrai, devant la complexité inhérente aux monde, on va souvent trop vite en besogne et on tire de mauvaise conclusion par manque de vision d'ensemble.
Ce n'est pas pour rien que les séries de médecine et de police sont si populaires: on veut trouver des solutions par la raison, on est fait pour ça.

Mais le "moi" c'est juste une image partielle et partiale de toi sur toi à un moment donné. Le problème c'est que tu peux te laisser bloquer par rapport à ça si tu va trop vite.
Ben voui, c'est la base de la spiritualité new age ;)

Je t'embete hein, ca me rappelle juste notre débat. Autres mots mais racines similaires sur certains trucs. C'est ce qu'olivier (je crois) appelait "spiritualité laique".

Voilà, j'ai enfin eu le temps d'écrire un résumé de mon histoire perso et de mes questionnements, puisque c'était la visée de ce post.

D'abord petite réponse à vos remarques:
Outkast a écrit :Le fait que tu sois blasée mais que ça te pose problème montre que c'est pas un état très naturel ou alors que ça le serait mais que tu te mets une pression parce que tu es décalée par rapport à un modèle observé.
Peut-être que tu te sens décalée comme tu penses peut-être que ta mère l'est.
Le fait que tu sois blasée est peut être ton fonctionnement normal car tu as besoin de quelqu'un qui reste dans la séduction et se coule pas dans la routine et le fait que tu sois mal à l'aise le vrai problème?
Effectivement, je prends juste conscience d'un décalage avec, disons... la “norme“ (si tant est qu'il y en ait une). Je ne me mets pas la pression par contre, honnêtement la perspective de vivre comme ça toute ma vie ne me pose pas vraiment de problème. J'aimerais juste identifier de quoi ça vient pour savoir si ce à quoi je dois m'attendre et donc prendre des mesures pour “protéger“ les gens ou si je dois laisser faire le temps et me laisser grandir.

Pour la deuxième partie, je ne sais pas ça sonne faux à mes oreilles. Je n'ai besoin de rien, je ne recherche pas de schéma particulier ou de “type“ de personnes en particulier. J'ai juste besoin d'être émerveillée et portée par quelque chose de grand, et ça n'arrive jamais, du coup je me dis que c'est un idéal dans ma tête mais qui n'existe pas, et j'imagine que c'est lui qui est en faute quand je ressens que je m'ennuie.


J'ai réussi à régler beaucoup de choses grâce à la philosophie et à l'auto analyse et c'est pourquoi je crois que la mise en lumière fonctionne pour tout ce qui relève du mal être.

En revanche, je suis également d'accord pour dire qu'il y a certaines choses qui sont trop profondément ancrées en nous pour pouvoir les résoudre juste par la pensée. Dans ces cas là, l'action, plus que la réflexion, est nécessaire.

Je rejoins Mr.Smooth, dans ces cas là, la pensée ne pèse rien et ne suffit pas à elle-même pour changer certains comportements, pensées profonds. C'est ce à quoi tendent les thérapies comportementales si je ne me trompe pas.
Oui. D'un côté, on ne peut agir sur un problème que lorsqu'on en a pris conscience... Je pense que les deux sont indissociables. À noter quand même que la mise en lumière d'un mal fait souvent beaucoup de bien, même s'il n'est pas encore réglé, en nous donnant un sentiment de maîtrise de soi et donc de possibilité d'action.


Donc.
Ruptures émotionnelles, empreintes cognitives, prises de conscience, psychanalyses personnelles, révélations, émancipation, progression, stagnation, nouveaux décalages.
Répétition de ce schéma depuis mes 16 ans, même si j'ai le sentiment aujourd'hui que mon évolution est beaucoup plus stable, je suis beaucoup plus dans l'action que dans la soumission et c'est tant mieux, ça fait clairement la différence.
Bon. Je vais essayer de la faire courte, pas envie de vous ennuyer.

J'ai eu une enfance heureuse.
Mes parents ont divorcé avant même que j'aie mes premières dents, autrement dit je ne m'en souviens pas et ça n'a jamais été une source de problème ou de tristesse pour moi.
À peu près à cette même époque dont je ne me souviens pas, ma maman s'est mise en couple avec l'homme qui est devenu presque « le » papa à la maison. Un homme beaucoup plus jeune qu'elle, dynamique, punk, rigolo... mais autoritaire.
J'ai une enfance pleine d'amour, d'attention et de soutien. Très douée à l'école, je n'ai jamais de problèmes avec mes parents ou avec l'autorité. Les profs ne savent plus quoi me donner, je suis très/trop rapide et je finis tout trop vite. Je suis très sociable, mon caractère ouvert et mon charisme m'offrent plein d'amis. Déjà alors, j'ai l'impression que tout m'est ouvert, je ne connais ni la difficulté, ni les obstacles.
Au lycée, j'entre dans une voie artistique. Je suis douée de mes mains mais je n'ai pas un don particulier. Je me situe toujours plus ou moins à la moyenne, j'ai de bonnes idées mais je ne me donne pas les moyens d'être meilleure.

J'ai presque 16 ans lorsque mon foyer se déchire. Le copain de ma mère nous quitte, du jour au lendemain, et ma mère tombe dans une dépression violente.
Je ne vais pas tout détailler ici, même si c'est important ce serait ennuyeux pour vous, mais en gros je me suis retrouvée plus seule que jamais, dans une maison vide, avec personne pour s'occuper de moi et partager ma tristesse (une mère fantôme, et une soeur partie pour ses études ou avec ses copains). Avec du recul, je pense pouvoir dire sans trop me tromper que j'ai également fait une petite dépression moi-même (avec tout ce que cela implique, pensées suicidaires, perte de confiance en soi, perte de contrôle, pleurs à n'en plus finir, hygiène de vie déplorable etc.), et je n'ai pas eu de pensées positives pendant bien trois ans. C'est très peu représentatif de l'enfer que j'ai vécu, mais c'est ce qu'il s'est passé factuellement.
Pendant cette période, j'ai tout de même eu des moments de joie, vécu mes premières expériences sexuelles et essayé de me frotter à l'amour, mais rien ne semblait me combler. Je recherchais désespérément l'amour et l'attention que j'avais perdus brutalement dans les bras des hommes, mais rien ne réussissait à me satisfaire, et j'ai perdu plus que j'ai gagné ; chaque échec blessait profondément mon amour-propre.

J'ai fini par aller mieux, mais ça a pris énormément de temps, et ça a indéniablement laissé des marques. Quand je suis partie à l'étranger et que j'ai commencé l'université, j'ai pu prendre la distance nécessaire avec ce qui me faisait tant de mal, loin de ma "famille", et j'ai pu me reconstruire lentement, dans un environnement neuf et sain. Dans un premier temps, je suis devenue extrêmement dure, et je ressentais beaucoup de colère pour tous les gens qui n'avaient pas fait attention à moi, ma mère en première position. Je lui en ai beaucoup voulu, longtemps, de m'avoir fait tout ce mal. Même si je savais qu'elle n'y pouvait rien, j'avais besoin d'être fâchée contre quelqu'un, quelque chose, et d'une certaine manière, j'avais le droit d'en vouloir à la vie. Ca a en tout cas été déclencheur de ma rémission. Et grâce à elle, j'ai retrouvé le sens de la parole, j'ai repris confiance en moi et j'ai commencé à exprimer mes désaccords, j'ai commencé à me défendre verbalement, lorsque mes intérêts étaient menacés. C'est la colère qui m'a fait me sentir vivante et j'ai pu devenir quelqu'un, en qui j'avais confiance, et à qui j'accordais du respect.

Aujourd'hui, je suis bien dans ma vie, dans ma tête, dans mon corps. Je choisis mon environnement, même si je m'adapte plus ou moins à n'importe quel milieu et situation, et je n'attends plus l'avis de mes parents ou de mes proches. J'ai retrouvé une relation toute douce et affectueuse avec ma maman (et le reste du monde), mais nos rôles sont bien définis. Je ne suis plus "son enfant", elle n'est plus vraiment ce que je considérerais "ma maman". Elle est elle, un être humain magnifique qui m'a accompagnée et qui m'accompagne, et j'ai du plaisir à la rendre heureuse.
Mais une barrière émotionnelle est clairement érigée dans mon esprit, et comme beaucoup ici, je n'ai pas d'attachement particulier. Si je ne dois plus revoir ma famille du jour au lendemain, je crois honnêtement que ça ne me ferait ni chaud ni froid. Je peux rester des mois loin d'eux sans qu'ils me manquent ou sans avoir de leurs nouvelles. Ca m'est égal.
J'ai développé un certain calme et une sérénité par rapport aux événements de la vie. Je me connais et je sais que plus grand chose ne peut m'atteindre, même si j'ai conscience que mon esprit y travaille activement.


J'ai le sentiment que cette rupture émotionnelle est en partie responsable de ma vision actuelle de la famille, de l'amour, du couple.
Même si on a vécu longtemps comme une petite famille presque normale, avec un "papa" et une maman, dès que tout a volé en éclats, je me suis rendue compte, en dehors du premier choc occasionné, que la seule personne a avoir toujours été au centre de mon amour était ma mère ; je n'étais même pas triste qu'IL parte, il ne m'a même pas manqué une seule seconde. J'ai toujours été très affectueuse et expressive avec ma mère quand j'étais enfant, et elle me le rendait bien. En revanche, j'étais beaucoup plus réservée avec les autres personnes. Les démonstrations d'amour n'avaient pas la même légitimité, étaient moins évidentes.

Donc:
- Je crois que je peux dire sans trop me tromper que ma mère a été le seul amour de ma vie. Souvent, aujourd'hui, les gens me disent « c'est évident, tu te fermes à l'amour parce que tu ne veux plus souffrir et tu ne veux plus t'exposer à la douleur de la perte » mais au fond de moi j'ai l'impression qu'il n'y a pas que ça. J'ai l'impression que l'amour inconditionnel et si fort que ma mère m'a toujours porté a laissé en moi une marque sensorielle indélébile. Ca ne devrait pas être comparable avec l'amour, mais les émotions font pas toujours tout comme il faut.
- Concernant ma vision des hommes, je ne sais pas, ils n'ont jamais été des modèles pour moi, dans ma famille j'entends. En dehors de mon papa, de son frère qui s'est suicidé et de son autre frère autiste, il n'y a jamais eu aucune figure masculine dans ma famille. J'ai jamais connu mes grands-pères, je n'ai qu'une grand-mère, encore une femme admirable et « solitaire ». Le seul modèle que j'ai toujours eu devant les yeux, ce sont des femmes à la tête de la famille. Peut-être que c'est complètement anodin et inutile, mais je sais pas, peut-être qu'inconsciemment ça m'a affectée.
- Sinon je n'aime pas la famille, c'est des inconnus pour moi, et c'est limite une corvée d'aller à des repas de famille. On est pas une grande famille pourtant, à peine 10 sans compter les copains-copines de chacun, je parle pas d'arrière-grand-tante ou de cousin du 6e degré. J'aime pas le principe de famille, l'idée qu'on a une certaine dépendance à elle, qu'on lui doit la reconnaissance et le respect alors qu'elle est majoritairement composée de gens inconnus qu'on apprécie pas forcément. J'ai pas envie de me tourner vers eux, et en même temps, si je leur tourne le dos ou que je fais quelque chose d'a-familial, j'imagine que ça fera jaser.
J'aime pas trop le concept.

Tous ces éléments expliquent probablement en partie mon avis sur le sujet de la maternité et la non-envie de fonder une famille (cf. Post sur la maternité/paternité), je pense que c'est assez clair. J'ai plus envie de me prendre la tête avec des gens, de ramasser alors que j'ai rien demandé et que je me débrouille très bien toute seule. J'ai pas envie de reproduire des schémas douloureux sur de pauvres enfants. Personne devrait jamais vivre ça.

Côté amoureux, ça se complique et c'est bien moins clair dans ma petite tête:
- Je n'ai jamais eu de copain et n'en ai jamais ressenti le besoin. J'ai cru à l'amour certes quand j'avais 16 ans, et j'ai eu 2-3 histoires qui ont fait battre mon coeur d'adolescente, mais même alors, quand rien de tout cela ne m'était encore arrivé, je ressentais un vide. J'ai largué 3 petits copains de suite pour la même raison : « désolée tout se passe bien entre nous mais j'ai pas l'impression que c'est de l'amour. » Je n'arrive pas à faire la part des choses, je n'arrive pas à m'imposer de rester avec un gentil garçon qui me traite bien et qui a l'air de m'aimer sincèrement. Je m'ennuie profondément, et je préfère lire les belles histoires dans les livres. J'ai toujours été mal à l'aise avec les couples, j'ai jamais ressenti un truc transcendant, du coup j'étais mal à l'aise au moindre doute. Alors : idéalisation d'un amour jamais atteint ? Grosse grosse fixette sur l'idéal ? Ou simplement trop impatiente ?

- Aujourd'hui, j'ai pris mon mal en patience et je ne suis pas pressée, j'adore ma solitude et j'ai une vie très remplie qui, objectivement, ne laisserait pas de place à un amoureux. Mais concrètement, je n'en ai ni l'envie ni le besoin. L'amour c'est une énigme pour moi. Quand je suis dans des concerts, dans des bars, dans la nature, j'observe les couples qui se bécotent et qui se serrent dans leurs bras, et ça m'oppresse. Je n'ai jamais ressenti l'envie spontanée de caresser un homme, de lui montrer de l'affection. Ca m'arrive dans un contexte intime, et c'est une façon de dire merci pour le moment passé, c'est l'expression d'une satisfaction des corps et des esprits, mais ça ne va pas plus loin. Je n'éprouve pas pour autant de l'amour pour lui au quotidien.

- Je fais des rencontres, sans le vouloir, sans le chercher... Je n'ai rien à offrir, et les hommes ne m'ont jamais autant désirée que maintenant, alors que je suis on ne peut plus désintéressée et je m'en-foutiste. J'ai tellement enchaîné les rencontres que j'ai perdu le sens de la séduction, presque blasée. Je ne sais plus reconnaître la vraie attraction et juste l'excitation sexuelle.
Rien de bien grave. Je respire un grand coup et je me recentre. Mais mes rencontres, même sympa, finissent invariablement par me lasser, après de moins en moins de temps. Alors que parfois c'était bien parti. Je trouve les gens ternes, je trouve qu'ils ne se donnent pas de peine, manquent de passion. Est-ce que je me donne de la peine, moi ? Probablement pas, et c'est peut-être dans cette attitude que j'envoie de faux messages. Mon excuse est que je ne cherche pas ouvertement. Je suis plutôt partisane du « foutez-moi la paix ». Mais j'ai beaucoup trop de peine à résister à une caresse à 1h du matin. Mais ce n'est qu'un pis-aller, et je dois me rendre à l'évidence : les hommes que je rencontre ne m'intéressent pas. Du moins les rencontres qui dépassent le stade du flirt. Ca m'ennuie. Je ne comprends pas.

- Ma vision du couple actuelle, s'il en est une, rejoint celle de certains membres ici. Je n'ai pas besoin de justification ni d'officialisation, en fait, plus c'est intime et plus ça me convient. Je recherche une forme de simplicité et d'évidence, et si possible de l'émerveillement à l'infini. J'ai lu cette phrase dernièrement sur le journal d'un membre et je m'y suis retrouvée : « quand on est ensemble on est ensemble, quand on est pas ensemble on n'est pas ensemble ». Voilà. Chacun fait ce qu'il veut de SA vie. Et les moments partagés sont des moments de bonheur simple qui embellissent le reste. Je n'aspire pas au couple, je ne suis même pas certaine d'être capable d'arriver à vivre avec quelqu'un et de subir ses moments de colère, ses frustrations ou ses angoisses. Bien trop peu de gens sont capables de s'auto-analyser et d'épargner les autres de leurs accès de colère, et je refuse de subir ça. Je prends la tête à personne, j'ai pas envie que quelqu'un me prenne la tête. J'ai pas envie que quelqu'un puisse avoir le droit de bonheur et de malheur sur ma vie, ça m'appartient.

- Je lis cette description, je la trouve mécanique, calculée, on dirait un mode d'emploi avec des règles et des prescriptions. Je trouve ça triste. Mais j'ai l'impression que c'est la seule forme d'amour que je pourrais jamais approcher de près.

=> Beaucoup de personnes me disent qu'assez clairement, c'est à cause de ce qu'il m'est arrivé que je me ferme complètement à l'amour, que ce soit pour le "donner" ou le "recevoir", et que ça finira par passer. Je ne sais pas pourquoi mais je n'y crois pas trop. Le fait que déjà avant cette histoire, je n'ai pas réussi à être transcendée par mes petites histoires comme les adolescents normaux, je me dis que ça doit être ancré en moi depuis plus longtemps. Idem pour la théorie de la peur. Au contraire, j'ai l'impression qu'on pourra plus jamais me faire aussi mal.
Ma rupture émotionnelle est-elle à l'origine de mon comportement, de mes blocages et décalage actuels? Ou est-ce juste moi qui ai toujours été ainsi?


Voilà, c'était la psychanalyse personnelle d'une handicapée des sentiments.
C'était de ce type « d'influences du passé » dont je voulais parler dans ce post. Je me demande jusqu'où la génétique a des limites sur notre développement avant de laisser sa place aux événements et aux empreintes qu'ils laissent. Je suis vraiment pas abilitée à répondre à cette question, mais la simple discussion est intéressante. Surtout, si je pouvais savoir si je n'agis que par mimétisme ou en réponse à un choc, je pourrais alors travailler sur moi pour m'en défaire et évoluer vers mes vrais ressentis et besoins…?

Ah oui je tiens aussi à ajouter que ces questionnements ne me rendent pas malade, ça fait longtemps que j'y pense parce qu'ils sont engendrés par de nombreuses situations qui ponctuent mon quotidien. Je le déballe ici parce que c'était à-propos, c'est ce que m'a inspiré le récit d'Owen et j'avoue que vous le confier a sa part d'intérêt, j'espère qu'elle en aura pour vous aussi. Mais je ne psychote pas à fond, je livre beaucoup d'infos ici mais elles ne débordent pas de ma tête en ce moment, pas de débordement ou de panique, rien d'anormal.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Très intéressant le 06.04.15, 00h34 par tibdeconne
I know he plays with me
But when he comes all flirty
I can't help but surrender
And it just feels like forever

Comme je m'y attendais un peu sur certains points j'ai une histoire similaire.

Je suis persuadé que les séparations de parents quand on est tres jeune t'influencent a un niveau inconscient.

Tout simplement qu'un couple... Pour quoi faire?

Quand à l'amour de la mère... Hm perso je l'ai vécu comme destabilisant, aujourd'hui j'alterne entre cette espece d'amour originel et la trahison ressentie quand tout s'est cassé la gueule et que j'ai retrouvé un contact avec mon popa.

Bref, juste un truc intéressant :
Beaucoup de personnes me disent qu'assez clairement, c'est à cause de ce qu'il m'est arrivé que je me ferme complètement à l'amour, que ce soit pour le "donner" ou le "recevoir", et que ça finira par passer. Je ne sais pas pourquoi mais je n'y crois pas trop. Le fait que déjà avant cette histoire, je n'ai pas réussi à être transcendée par mes petites histoires comme les adolescents normaux, je me dis que ça doit être ancré en moi depuis plus longtemps. Idem pour la théorie de la peur. Au contraire, j'ai l'impression qu'on pourra plus jamais me faire aussi mal.
Ma rupture émotionnelle est-elle à l'origine de mon comportement, de mes blocages et décalage actuels? Ou est-ce juste moi qui ai toujours été ainsi?
Depuis quelques temps j'ai une réaction presque épidermique face aux gens qui me donnent des conseils sur l'amour. On en parlait sur le sujet sur le couple, j'ai une sorte de "mais pour qui vous vous prenez pour venir me casser les couilles alors que votre couple me parait le truc le pire que je pourrais désirer?"

Ce que je veux dire c'est plutot :

Tu la vis comment ce que t'appelles ta rupture émotionnelle? Bien ou mal? Pourquoi?

CA c'est important. Ce que le reste du monde te dis... Hm tu l'as vue la gueule du monde hein? :)

En fait dans ma conception la fin des couples signifierait peut être ce la possibilité de s'épanouir completement spirituellement. Bref c'est mon délire mais disons que si t'as plus le couple ou l'enfant comme palliatif a la peur de la mort, c'est peut etre une possibilité de l'accepter totalement et de briser ses illusions? J'en sais trop rien en vrai mais l'idée me séduit depuis quelques jours.

Quand a savoir ce qui de la poule ou l'oeuf est arrivé en premier... Je crois que tu pourrais passer des années sur ta rupture émotionnelle, comme ce n'est pas unifactoriel c'est certainement un gros sac de noeuds sans réel dénouement.
    Notes et commentaires reçus par ce post :
  • [0] Chelou le 06.04.15, 22h06 par Mr.Smooth
  • [0] Intéressant le 07.04.15, 16h16 par MaryeL

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