Valmont vient pourtant de t'expliquer comment pouvait se passer les procédures de recrutement.Encore une fois, oui, c'est sans doute le mieux. Mais c'est pas comme ça que ça se passe. Parce que ça serait surement bien trop compliqué quand on peut faire passer un entretien à 10 personnes, et choisir la plus convaincante.Donc du point de vue du recruteur, je dirais qu'une démarche sans compétition consiste à trouver non pas le "meilleur" candidat, mais celui qui correspond à l'entreprise, à l'équipe, au manager et au poste à pourvoir.
Les institutions sont faites par les gens qui les composent.Dans le fond, vous avez raison, mais à quel prix ? Puisque ça n'a aucune application concrète. Je veux devenir avocat ? Je vais passer un concours. Je veux mon année en droit ou en médecine ? Je dois être dans les premiers.
C'est triste, c'est pas beau, mais c'est comme ça. Et pour changer ça, ça risque d'être compliqué. C'est un modèle dans les institutions, à tous les niveaux.
Personne ne t'a demandé de lancer une révolution ni de partir vivre dans le désert. Mais si tu vises des postes à responsabilités comme ceux dont tu parles tu auras certainement des responsabilités managériales et donc un pouvoir d'influence aussi infime soit-il. Faire le choix de suivre sans émettre aucune critique des modes de fonctionnement que tu reconnais être "pas beaux" (en plus d'être inefficace) c'est faire sciemment le choix de faire partie du problème et pas de la solution.
Et à te lire, la propagande fonctionne...La publicité met en avant la compétition, avec des pubs où un consommateur a un téléphone, une voiture, une famille objectivement "meilleure" que les autres. En politique, c'est la même chose, des élections, des gagnants des perdants. Même l'art, comme la musique, ou les films sont départagés dans des festivals où ils sont récompensés.
En ce sens tu as adopté un mode de pensée parfaitement individualiste pour maximiser ton seul profit . Cela se conçoit. Le risque est bien entendu de négliger une dimension de ton développement personnel: Le besoin de réalisation qui consiste à vivre en accord avec ses valeurs et à contribuer positivement à la société. C'est le sommet de la pyramide des besoins de Maslow. Si tu es soucieux de ne pouvoir subvenir à ton besoin de sécurité, on comprend aisément que tant que celui-ci ne sera pas satisfait, tu ne ressentes pas l'apparition de besoin ultérieurs, a fortiori le besoin de réalisation.C'est tellement profond que je préfère être pragmatique. Au lieu de se dire que ça serait trop bien si on vivait tous en harmonie, je préfère réfléchir à comment tirer mon épingle du jeu dans ce système.
En outre, et c'est pour cela que ta contribution est intéressante, tu illustres à merveille le problème que posent les équilibres non coopératifs. En posant les conditions d'un système compétitif à chaque étape de la vie des études au boulot en passant par les loisirs, on aboutit à des stratégies individuelles qui ne rejoignent pas l'intérêt commun.
Tu nous dis: je préférerais qu'on vive en harmonie mais au vu des règles du jeu, il me semble plus prudent de ne penser qu'à ma gueule.
C'est le cas du prisonnier dans le dilemme du même nom qui préfère dénoncer son complice plutôt que de risquer une lourde peine. Mais surtout ce qu'illustre le dilemme du prisonnier c'est que chacun des participants obtient une situation sous-optimale et qu'il eût été préférable de coopérer. Je ne fais que rappeler cette leçon de bon sens. Préférer la coopération à la compétition est un choix à la fois efficace et moralement satisfaisant que nous pouvons tous faire à notre échelle et au quotidien.