Enfin vu.
J'achète complètement le divertissement, c'est très bien fait, très agréable à regarder, on ne s'ennuie pas.
Mais pour moi, c'est très loin d'être un chef d'oeuvre, car on a les défauts habituels de Nolan (des sommes d'incohérences dans les attitudes des personnages notamment), et du cinéma hollywoodien formaté de ces dernières années.
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le fléau: c'est biologique, et ça respire de l'azote, ok. Mais pourquoi en plus de ça, on a tout d'un coup des perturbations climatiques de folie? ça sentait vraiment trop le cumul de trucs pour dire "la nature nous rejette, ouhlala". Plutôt que dire "vous avez fait des conneries, voilà les conséquences, c'est pas une entité supérieure qui vous fout dehors, vous avez juste scié la branche sur laquelle vous étiez", ce qui était une morale plus forte.
Le mensonge du professeur; personne à part lui n'est capable de dire que sa théorie est foireuse? Et si c'est le cas, pourquoi il n'a pas une équipe autour de lui (Ils ont bien des dizaines d'ingénieurs pour les fusées)
Le choix: Truc que j'ai trouvé incohérent, c'est qu'elle cite Gargantua pour s'éloigner de la planète de glace parce que c'est un facteur peu propice aux évènements stochastiques, mais ça lui vient pas à l'idée pour la planète des vagues. Aussi, qui voudrait établir des colonies à proximité d'un trou noir, à un point où la gravité est si forte que le temps passe des milliards de fois plus vite que sur terre, ce qui en dit long sur la situation défavorable de la planète?
Il était beaucoup plus cohérent d'aller directement sur la planète de son mec, mais au passage la planète Mann était jouable aussi.
D'ailleurs, comment considérer que 2 planètes en si mauvaise situation au bord d'un trou noir sont viables, et que ça constitue un "super éventail de choix de 3 planètes".
La fille de Coop, qui forcément se retrouve impliquée dans le projet
Le méchant, déjà cité; Déjà quand quelqu'un dit "le meilleur d'entre nous" à propos d'un autre perso, et que celle qui cite est une indécrottable romantique/naïve, vous pouvez être sûrs que le mec en question va être l'incarnation du mal en personne (parce qu'en dehors de ses petites justifications, il met en jeu toute la survie de l'humanité, là où le prof lui a mis en jeu la vie de douze personnes sur des mensonges pour l'assurer, seul élément moralisateur qui était justifiable et pertinent: on est dans une lutte de sacrifices là, l'individu ou l'espèce entière? Qu'est ce qui est justifiable. Mais c'est trop en filigrane parce que dilué avec la scène d'action trop prolongée qui précipite les évènements vers la conclusion:
La scène d'action inutile avec la tentative d'assassinat et l'arrimage au vaisseau ; le mec pouvait simplement attendre de les réunir pour les faire sauter. Il a beau ne pas être au fait de la procédure d'arrimage de ce vaisseau, il sait très bien qu'en général le mauvais arrimage cause un risque de dépressurisation (chose mortelle sur tout vaisseau, donc inclus dans la formation de base).
J'ai d'ailleurs trouvé que les vaisseaux annexes étaient super polyvalents et capables d'aller en orbite avec une grande facilité, ficelle un peu facile.
"Le pouvoir de l'amour"; entre l'histoire de Coop et sa fille, et celle de Brand qui est convaincue que la planète de son mec est la bonne, et qui a finalement raison, après avoir été mise à l'index parce qu'elle s'était plantée une première fois. Alors que comme déjà dit, même sans l'amour elle n'avait que des raisons logiques de considérer la planète de son mec comme bonne.
Le paradoxe à la con:
Si encore, il ne faisait que s'envoyer lui même dans la situation où il déclenche ces évènements, ok, on serait dans la boucle classique et déjà foireuse du film de SF de base. Mais en plus, là, ça lui est permis par apparemment des humains plus évolués qui ont atteint un stade supérieur. Ce qui n'est possible que si le premier paradoxe intervient, sauf qu'il ne peut intervenir s'ils n'existent pas.
Le changement d'outil final, facilité scénaristique parce qu'y en avait marre:
Au départ, ils utilisent un trou de ver et ressortent par un trou de ver, bon, c'est arrivé là on sait pas comment, les mecs pensent à "eux", au lieu de penser que ça peut être un phénomène naturel, pourquoi alors que ce sont des scientifiques, "parce que ça n'apparait pas par hasard". Ah oui, parce qu'on sait bien comment ça se forme en fait?
Mais surtout, truc facheux de Nolan, c'est de ne pas respecter son outil jusqu'au bout:
Voilà, il faut qu'à la fin, alors que c'est totalement imprévu, alors que le mec a fait son "sacrifice ultime" (tm) pour sauver la fille, et enfin passer au dessus de sa condition lui aussi pour penser à son espèce, ce qui était une ficelle un peu grosse mais acceptable dans le contexte du film, il y ait ce petit coup de pouce karmique et cosmique en retour qui fait que le trou noir qui a été l'ennemi tout ce temps se transforme en gentil trou à lumière qui fait pas de mal, et qui est même la porte vers la chambre des secrets. Et paf, une fois terminé, le mec ressort par le même trou de ver qu'au début, parce que le trou noir est lui aussi relié au trou de ver.
Avec au passage, l'effet kisscool, la gravité, ça permet de faire sauter les aiguilles des montres...
Jusqu'au passage de Mann, et même après qu'il ait disparu, ça se tenait encore, c'était hollywoodien mais ça allait.
Après, c'est parti dans la pseudo philo à deux balles. Et c'est là où ça n'a rien à voir avec 2001; là où celui-ci nous laissait face à nos interrogations, ce qui est la nature de la bonne philosophie, de donner des pistes et de nous laisser nous développer, le film nous apporte des réponses préconçues, préformatées, prémachées et accessoirement indigestes.
La rengaine de l'amour qui sauve tout, c'est mignon tout plein, je veux pas faire mon blasé, mais autant c'est sympa à vivre, à revoir en mal fait pour la 2001ème fois au ciné c'est juste naze.
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Pourtant, c'est bien rythmé, la musique est très bonne encore qu'un peu trop présente, les images belles -même s'ils en abusent, ils ont choisi Saturne comme position pour pouvoir faire style avec les anneaux, c'est la planète en dehors de la terre qui est la plus remarquable par son look dans notre système-, les personnages bien joués même s'il y a des défauts de caractérisation évidents pour certains (le fils de Coop, Romi, Boyle), la représentation des robots intéressante autant du point de vue pratique que "sociale" (c'est l'un des points forts du film, de ne pas avoir cherché à en faire des humanoïdes, tout en montrant qu'ils empruntent à la biologie des modes de fonctionnement selon la nécessité du moment), les concepts des fusées sont issus de prototypes et sont adéquats pour les usages observés, et les concepts astrophysiques sont bien rendus (bien qu'ils soient parfois ignorés délibérément dans l'univers des personnages, cf spoiler).
ça passe globalement, c'est pas mauvais parce que c'est bien réalisé, il y a plein de bonnes idées, de petits clins d'oeil, mais pour aller au chef-d'oeuvre pour moi il fallait se débarrasser de ces ficelles de narration, de ces clichés usés et de cette morale convenue.
[spoiler]on aurait rien perdu en force s'il était mort dans le trou noir, que Brand avait fini seule à attendre que les premiers nouveaux humains naissent, et que l'humanité sur terre était morte/ou avait été sauvée -pour pas que ce soit trop sombre-, mais uniquement parce qu'ils ont trouvé la solution grâce aux données d'observation de Romi, qui aurait au moins servi à quelque chose ainsi, et allez, pour la caution émotionnelle, parce qu'elle aurait eu l'idée révélatrice en repensant à la phrase de son père dans la bibliothèque, qui n'était au final qu'un pur hasard[/spoiler]
