Tu l'as très bien expliqué avec ton exemple des voitures:Iskandar a écrit :Pourquoi cet état de fait ?
Quand tu achètes une voiture Mercedes, Audi ou BMW, tu vas acheter la "qualité allemande". Ces voitures bénéficient de cette image de qualité, sont vendues chères, et ne sont donc pas destinées au même public qu'une Clio ou une Mégane.
Donc concrètement que ta voiture vaille 40 000 ou 45 000 euros ça te fera ni chaud ni froid puisque tu veux la "qualité allemande" et que de toute façon tu as le pognon pour te la payer.
Et cet effet d'image joue fortement en faveur des voitures allemandes, mais pas des voitures françaises. Ca fait rêver de rouler en Mercedes, ça fait beaucoup moins rêver de rouler en Renault...
Ce qui explique que si le prix de la Renault monte à cause d'un euro fort, bah elle se vend plus à l'étranger parce qu'un couple cherchant une voiture type Clio achètera donc quelque chose de moins cher.
Et c'est exactement pour ça que je pense que la baisse de l'euro est une bonne chose. L'euro fort ne bénéficiait qu'à un seul pays, l'Allemagne.
Le problème de l'euro étant qu'on a voulu faire une monnaie unique avec des pays aux économies et aux fiscalités différentes.
Et du coup, grâce à ça, et grâce au fait qu'elle avait le pognon, l'Allemagne a pu imposer sa politique d'austérité aux pays tels que la Grèce, l'Espagne, le Portugal...
A quoi sert une politique d'austérité? A rassurer les marchés financiers. Ces même marchés financiers qui font si bien tourner le monde, le seul problème étant qu'ils pensent rentabilité à court terme et non pas sur le long terme.
Or on sait, pour l'avoir fait pendant la crise de 29, que l'austérité ne fait qu'accentuer la récession.
Et on en voit les résultats brillants dans ces différents pays où le chômage n'a fait qu'augmenter, et la fracture sociale qui va avec.
Tout ça pour dire quoi? Je suis fédéraliste, profondément convaincu qu'une orientation différente donnée à l'Europe pourrait faire rêver et avancer les Européens, voire même le monde. Seulement l'Europe actuelle ne correspond aucunement à ce qu'on pourrait attendre d'une Europe fédérale démocratique.
Une Europe fédérale devrait à minima se faire en accord avec les différents peuples qui la composent, or ce n'est pas le cas actuellement puisque les cures d'austérité sont imposés aux pays sans leur laisser trop de choix.
Donc je veux bien de l'Europe fédérale en accord avec les peuples qui la composent, mais pas d'une Europe allemande.
Et, si on veut garder l'euro, il serait bien de commencer par mettre en place une harmonisation fiscale et budgétaire entre les différents pays de la zone euro.
Sur la politique de rigueur/les réformes structurelles
Tu l'as bien dit aussi, on confond les deux. Les réformes structurelles qui ont été faites l'ont été dans le but de faire diminuer le déficit et la dette, donc c'est pour cela qu'on a tendance à confondre la politique de rigueur avec les réformes structurelles.
Concrètement, comment se sont faites ces politiques?
En diminuant les dépenses et en augmentant les recettes=>
Augmentation de la TVA, augmentation du nombre de gens qui payent l'impôt sur le revenu, création de nouvelles taxes.
Pour accompagner ça: diminution du nombre de fonctionnaires, coupes dans les budgets des différents ministères, privatisation de la santé (vous vous êtes jamais demandé pourquoi la sécurité sociale ne remboursait pas le médecin à 100%?).
Il y a différents problèmes, selon moi, à ces différentes "réformes".
Déjà sur l'augmentation des impôts et des taxes, je ne pense clairement pas que cela résoudra le problème, je pense plutôt que ça va aggraver le problème en entraînant une perte du pouvoir d'achat =>on gagne la même chose mais on paye plus de taxes, donc on a moins d'argent pour ses loisirs, logique non?
Donc baisse de la consommation, qui dit que les boites concernées auront moins de rentrée d'argent, et seront donc plus frileuses à de nouvelles embauches, quand elles ne seront pas obligées de faire un plan social.
Cela dit, je pense qu'effectivement il est nécessaire de mener une réforme en profondeur de notre fiscalité. Notre fiscalité est compliquée, lourde et illisible. Et de plus, notre système fiscal est tellement bien fait que les 0,1% les plus riches de la population payent moins d'impôt, proportionnellement à leurs revenus, que le reste de la population, ce que j'estime aberrant.
Mais cette réforme ne se fera pas en rajoutant des taxes ou en augmentant la TVA, elle suppose une véritable réflexion et un véritable courage politique.
Par exemple, on avait parlé à un moment de fusionner la CSG avec l'impôt sur le revenu, et on n'en parle plus aujourd'hui.
Ensuite, la privatisation de la santé, une question simple, comment on fait pour se soigner quand on a juste la sécurité sociale et pas de quoi se payer une mutuelle?
La diminution du nombre de fonctionnaires est intéressante si elle est faite en bonne intelligence. On peut légitimement se poser la question de s'il est nécessaire d'avoir autant de fonctionnaires de mairie par exemple.
Au contraire pour des ministères comme l'éducation, je trouve plutôt qu'il vaut mieux avoir plus de profs que pas assez.
Mais là encore ce gouvernement est dans la réformette, mettre plus de profs c'est bien, mais pourquoi? Enseigner la théorie du genre? On ferait mieux de se demander comment faire en sorte que les élèves arrivant en 6e puissent lire et écrire correctement. Actuellement l'école française est un reproducteur d'inégalités sociales, là où elle devrait plutôt contribuer à les réduire.
Et la question à 100 000 euros: puisque la politique de rigueur est inefficace, comment on fait pour lutter efficacement contre le déficit et la dette?
En faisant repartir la croissance pardi. La croissance créera de l'emploi et augmentera les recettes fiscales. Et comment?
On peut faire une politique de relance par la consommation, à la condition de favoriser les produits "Made in France". Autrement on court le risque que soient préférés des produits "Made in China" coûtant moins chers, mais dont l'effet sur l'emploi en France sera limité.
Une politique de grands travaux? Tout dépend des travaux en question, s'il s'agit de construire un deuxième aéroport à Nantes dont l'utilité est limitée...
Baisser les charges pour créer de l'emploi? Là encore, ça dépend de quelle façon c'est fait. Je ne pense pas que donner un chèque en blanc de 50 milliards aux entreprises promettant de créer des emplois soit une bonne chose. Ca fait 20 ans qu'on baisse les charges (cf. la loi/l'amendement Fillon par exemple) et que le chômage continue d'augmenter.
Par contre, si on écrit noir sur blanc que sur tout nouvel emploi créé il n'y aura pas de charges prélevées pendant un certain nombre d'années, là je pense que c'est bien plus intéressant.
Autres idées: favoriser l'innovation.
Et réformer le pôle emploi, en mettant l'accent sur des formations pour les chômeurs afin qu'il puisse se réinsérer sur le marché du travail.