(Ce message a été écrit au milieu de la nuit mais un cauchemar à gérer m'a amené à ne le finaliser que maintenant; je le précise car peut-être les atmosphères ont-elles leur importance. Je vais répondre en plusieurs messages, qui se suivent, car: dites moi si la longueur des textes est un repoussoir, je n'y peux rien, je suis inspiré et j'en ai besoin)
J’ai lu tous ces superbes messages et je vous propose d’y répondre en tirant une ligne qui devrait nous amener vers une destination qui me tient à cœur.
Déjà merci Focus.
Je doute de l’intérêt de poursuivre de cette manière mais je vais répondre dans la mesure où cela permet de développer certains sujets intéressants.
Je pense sincèrement que beaucoup a déjà été dit et qu’il est tout à fait possible de comprendre ce changement à partir de ce que j’en ai écrit. Je comprends bien cet étonnement, je le partage dans une certaine mesure. Mais je crois qu’il ne faut pas comprendre ce changement/décision comme un début de cycle. C’est en fait principalement une fin de cycle. L’intervention sur le forum c’est l’apex de mouvements profonds et silencieux initiés bien plus tôt.
Je pourrais même m’aventurer à identifier un moment crucial dans l’atteinte de cet apex : le moment où j’ai décidé d’aller courir plutôt que de me rendre dans la chambre d’Anna. Au niveau où j’en étais, me connaissant, faire cela était déjà LA décision. Tout le reste – intervention sur le forum, coup de pied au cul, conversation avec R, production « littéraire » et théorique – est un bel exemple de rationalisation a posteriori. Mais c’est car je suis constitué comme cela. J’ai besoin de comprendre et de me comprendre, une fois que cela est fait, le reste suit. D’autres se seraient très bien passer de cela.
Et puis, en soi, les décisions prises rapidement ne sont pas intrinsèquement moins valables si elles sont efficaces. Je connais des gens partis à l'étranger sur un coup de tête, ils y sont toujours.
Je partage l’opinion selon laquelle la communication est importante dans un couple. Je propose néanmoins de s’arrêter deux secondes sur la formulation. Dire que c’est le plus important, c’est très moderne, c’est un conseil facile mais c’est anthropologiquement faux. Ce qui fonde le rapport hommes/femmes, c’est la complémentarité. Cette complémentarité ou cette recherche de complémentarité est ce que l’humanité a mis en place pour faire face à la dure réalité du monde.
La Vie, celle qui passe et dont les difficultés n’épargnent personne se fout de la communication. La seule parade que l’on a réussi à opposer à la violence de ce monde, c’est d’être unis face à l’adversité, complémentaires, et de se serrer les coudes lorsque le vent souffle trop fort. C’est ma vision, peut être ancienne école, mais elle puise au réel, à l’expérience de ce qui fait que l’humanité tient debout depuis la nuit des temps. A ce titre, un des 3 piliers anthropologiques qui lient le familial ou social, qui fait qu’un couple ou une famille existe et perdure, c’est la répartition sexuée des tâches. C’est étonnant quand même. Il est peut-être moins évident de le saisir aujourd’hui (en même temps non puisque les couples ne durent justement plus) mais lorsque les rigueurs de l’existence pointent le bout de leur nez, c’est un homme et une femme qui tiennent une position ensemble et complémentaire qu’il faut, pas nécessairement d’un homme qui parle.
Mon propos doit être compris pour ce qu’il est ; la communication est un bel idéal, je m’y investis également et je trouve sain que nous allions collectivement vers une meilleure communication ; mais meilleure ne veut pas dire plus abondante (l’abondance est un trait féminin dans toutes les traditions qui appliquent un rapport symbolique au réel). Le poison, c’est la dose. Imaginons que j’eus finalement décidé de parler de cela à ma femme, j’aurais produit un trop plein de communication, j’aurais répandu le poison. Et si celui-ci n’avait pas été digéré, nous aurions payé tous les deux le prix de l’agonie. Concrètement cela veut dire : je parle à ma femme de mon envie de coucher avec sa copine; si après cela, elle avait décidé de me faire payer cet affront, toute la légitimité était de son côté. C’est un conseil/avis que l’on m’a partagé ici et il est heureux que je me sois rangé de ce côté de la balance. Même si j’écris beaucoup ici, je suis plutôt content d’être plus taiseux dans la vie, cela m’a épargné une erreur, erreur que j’aurais pris la responsabilité d’assumer mais qu’il eut été probablement catastrophique de commettre.
Nous pouvons même aller plus loin dans cette optique. Est-ce que ce qui s’est passé concernait véritablement ma femme ? N’était-ce pas un mouvement intime, trop intime pour être livré à la personne aimée. Ce qui revient à s’accorder au dicton, toute vérité n’est pas bonne à dire. Il est difficile de trouver ce dicton juste, et pourtant ici, n’est-il pas de circonstance ? car la vérité ici a été passagère, ce n’était qu’une vérité du moment. Je crois vraiment qu’il a été préférable de faire face seul. Je conviens que cela est facile à dire aujourd’hui, si j’avais déconné le son de cloche serait bien différent mais cela ne garantit de toute façon pas non plus que le bon mouvement eut été la communication. Je suis aussi conscient de poursuivre ici, grâce à quelqu'un comme toi, un travail d'auto persuasion.
Que penses-tu de cela (et les autres aussi) ? Que pensez-vous de ces rapports de complémentarité et plus généralement sur ce qui fonde et tient un couple ? Le sujet m’intéresse beaucoup et je suis prêt à échanger avec qui partagera cet intérêt.
Pour le reste, tu poses des questions de curieuses manières et je pense que la plupart de tes interrogations trouvent une réponse plus haut, même si cela est parfois entre les lignes. Néanmoins,
Je répondrai par une question : Qu’est ce qui fait la différence entre des aventures dont elle n’a pas connaissance, à 500 km avec des inconnues et une relation avec une copine qui vit dans notre maison ? je me le demande bien.
Pour les compliments, peut être me suis-je mal exprimé. Je ne suis pas un goujat, je ne fais pas des compliments sexualisés devant ma femme. Il s’agissait de moments où nous étions seuls, Anna et moi. D’autre part s’il peut m’arriver de faire des compliments devant ma femme, ce sont des compliments « neutres », une observation, mais là c’est autre chose. C’est comme si, à un ami venant à la maison, ma femme disait « il est beau ton costard » ou « t’es en forme aujourd’hui ». Aucun problème.
Je te remercie pour ton avis sur la question. Je serais ravi d'en lire plus de ta part.