Pour le (re)dire vite :
- D'abord la fac de droit et une carrière en demi-teinte dans le juridique
- Puis une reconversion en éducateur sportif, spécialisé dans un sport (que je me refuse à indiquer sur ce forum) et responsable technique de deux clubs.
Dans un autre post, j'avais parlé de façon très générale de la dimension passion dans la vie professionnelle :
[A] Faire de sa passion son métier - Feedback
Pour ce qui est de mon parcours, je pense que sur ce post il sera intéressant de décrire le volet formation, qui a mon niveau s'est fait sous le signe de la reconversion (I)
Je vous parlerai aussi de ces filières de façon générale, en espérant vous donner des idées adaptées à votre profil et vos aspirations (II)
Je reviendrai aussi sur le quotidien de mon travail (III)
I] La formation
J'avais déjà les connaissances sur mon sport. En plus de cette bonne base, il me fallait plusieurs choses :
- Les diplômes
- Le financement des formations
- Les savoirs faire pédagogiques (car non, 30 ans de pratique ne font pas un entraîneur, ça fait juste un pratiquant éclairé, et croyez-moi ce n'est pas la même chose...)
- Un club pour soutenir et effectuer ce projet professionnel
(je détaillerai ce point plus loin)
A)
Volet financier
Ma formation a été financée par les
fonds de formation professionnelle auxquels toutes les entreprises cotisent. En fait les associations loi de 1901 cotisent aussi à ces fonds (quand elles sont bien gérées

)
Mon club a donc posé 10.000 euros sur la table, dont environ la moitié lui a été remboursé par ces organismes.
Pour le reste mon emploi a été subventionné pendant les deux premières années par le conseil général, ce qui a grandement aidé à équilibrer le budget.
Pour ce qui est de la chasse aux aides, pour des formations toujours plus coûteuses,
les ASSEDICS (je ne sais pas si on dit encore comme ça mais vous voyez de quoi je parle) sont aussi là pour vous, si vous rentrez dans les critères !
B)
Organisation de la formation
Une réforme récente, héritée des directives européennes, a remodelé les formations et les diplômes d'animateurs et éducateurs sportifs.
Sans entrer dans les détails, il faut surtout mettre en lumière que ce sont des
formations professionnelles, en alternance, et que le candidat doit donc impérativement avoir un contrat de travail avec une structure sportive.
On n'est donc plus du tout dans l'ambiance "études", "école", "examen".
On est dans une formation d'un an et demi - deux ans, avec des stages d'une semaine régulièrement, et une immersion directe dans le fond de l'activité dans le club.
ça pose un double enjeu :
- Coopération avec le club. Il va devoir miser sur vous comme sur un cheval : vous embaucher, vous faire travailler, vous payer, voire financer votre formation, alors que vous êtes un putain de débutant! Pire encore, votre club va peut-être devoir assumer vos absences durant les stages. Un vrai bonheur...
- Organisation de votre vie. Selon les détails pratiques de votre formation, vous aurez de la route à faire pour aller en stage, des obligations croisées entre le boulot et la formation, etc...
La plupart de mes camarades de promotion l'ont mal vécu, mais il faut dire que nous avons essuyé les plâtres de la première promotion et que la plupart d'entre nous n'a pas pu bénéficier des équivalences et des UV déjà validés par d'éventuels diplômes déjà acquis. Nous avons donc eu droit à la totale !!!
II] Des formations pour quoi, pour qui ?
A)
Multisport ou spécialisé
Ce sont deux mondes distincts.
*
Je commence par ma chapelle : entraîneur spécialisé dans un sport.
On travaille sur la base d'une ou plusieurs associations sportives.
On décline un seul sport sous toutes ses facettes : initiation des petits et des grands, promotion, entraînement et accompagnement des compétiteurs, etc...
Le gros plus c'est le management du sport et la gestion de projet.
La plupart du temps, sauf grosse structure avec une grosse équipe, les dirigeants des associations réclament de leur entraîneur :
- Une participation active au volet management - gestion de club
- Voire un esprit d'initiative pour fixer de nouvelles oritentation, monter de nouveaux projets.
Travailler sur l'évènementiel autour de la vie du club, organiser des temps forts supplémentaires par rapport à la compétition en octobre, la galette des rois en janvier et le barbecue de fin de saison en juin... En gros, développer le club.
C'est intéressant. Si vous aimez jouer aux jeux vidéos du style football manager, ça devrait vous plaire
*
L'autre option : animateur multisport.
Nous sommes ici dans la culture BAFA, club de fitness, animation sociale...
C'est pas forcément évident car il faut "créer" son mode de fonctionnement, avec une association sociale pour vous soutenir ou alors en travailleur indépendant. Les interlocuteurs sont multiples, par exemple la ville et l'éducation nationale.
L'avantage c'est un travail plus varié par rapport aux activités sportives, et aussi plus d'opportunités de changer de ville, de projets...
C'est une vie professionnelle "en kit" qui ne demande qu'à évoluer au fil des envies et des opportunités.
Attention aux impasses et à votre salaire horaire...
B)
C'est quiqui qu'a du potentiel ?
Tout le monde !
NB : la plupart de ses formations sont
accessibles au niveau BAC.
NB bis : Pour ce qui est du niveau de pratique d'un sport en particulier,
les formations sont là AUSSI pour nous faire progresser dans notre niveau de pratique personnel.
Il y a déjà la soirée détente consacrée à une mini-compétition.
Et en dehors de ça, quand on anime nos séances, à votre avis on a qui comme public ???
--> Les camarades !
*
Les gros pratiquants d'un sport en particulier.
Ils peuvent se professionnaliser dans leur sport favori, grâce aux formations que j'ai décrites.
Vous n'avez pas besoin d'un palmarès de légende vivante ou d'une maîtrise de maître Chinois.
Vous avez surtout besoin de la motivation de départ, et ça si vous l'avez, personne ne pourra vous l'enlever.
Dans le monde du sport, on ne compte plus les pratiquants tout à fait modestes qui sont devenus des entraîneurs de haute valeur.
J'insiste sur ce point car il est souvent une source d'idées reçues et de timidité.
Et donc, dans un post dédié, j'avais fait le focus sur cette question, en comparant les entraîneurs sportifs aux coachs en séduction. Et en détaillant les profils de mes camarades de promotion, ce qui aujourd'hui encore me paraît intéressant.
[sport] le niveau de pratique personnelle d'un "coach"
*
Les étudiants en STAPS.
Marre de vous casser les dents sur le CAPES ?
A vous de faire le point sur vos ambitions et vos motivations.
Quoi qu'il arrive vous avez déjà des connaissances sur ce qu'on appelait dans les anciennes formations "le tronc commun" de l'éducation physique et sportive (pouet pouet

)
*
Zéro diplôme, sportif dilettante, mais résidant permanent dans toutes les colos et tous les centres aérés.
Votre expérience et vos nerfs d'aciers pour gérer des groupes d'une trentaine de morveux qui courent dans tous les sens, c'est précieux !
Il ne tient qu'à vous de vous orienter vers des formations d'animateur multisport, ou même, sur une rencontre, de vous investir et vous former dans un sport et un club en particulier.
III) Retour sur mon quotidien
Je trouve que c'est un travail très humain.
Les enfants sont cool, quand la machine tourne correctement ils peuvent vraiment vous suivre jusqu'au bout du monde.
Les parents et les pratiquants adulte, les bénévoles du club, tout cela fait aussi beaucoup de rapports humains, et c'est toujours intéressant.
Le volet éducation est passionnant.
Le volet compétition est passionnant aussi.
Je pense que le volet loisir est intéressant aussi, et qu'il ne doit pas être négligé. Mais ça, ça dépend beaucoup du contexte de votre travail.
Ajoutons, c'est important, que c'est vous qui donnez ses lettres de noblesses au sport loisir.
- projet commun
- progression
- Organisation et mise en oeuvre d'un ou plusieurs "temps fort(s)"
- Valorisation des pratiquants.
Oui oui, on peut faire du sport loisir qui a de la gueule.
(Et je peux faire au passage un pied de nez à la championnite, qui à mes yeux est un véritable fléau. C'est mon texte, je fais ce que je veux

)
Je vais à présent décrire en détail des éléments qui me plaisent ou au contraire qui me posent problème :
A)
Ce qui me plait
*
Le volet éducatif
On est ici dans le dur, et plus on regarde en face ce volet, plus on le traite comme un sujet à part entière, plus ça se passe bien, plus le travail est intéressant.
J'en ai beaucoup parlé dans ces deux post :
Education: Existe-t-il un châtiment raisonnable? Quelles limites?
Reload: Education - L'Efficacité des châtiments corporels
*
Le regard des gens :
Ils ont beaucoup de confiance et surtout d'admiration pour moi.
Mon niveau de vie est "confortable sans plus" (ce qui est déjà pas mal et peut-être que ça évoluera à l'avenir), mais on me traite comme un notable !
(Oui je me fais appeler "Gourou Sérénissime", oui je fricote avec le conseil municipal, oui je me goinfre de petits fours et d'alcool gratos, non ça ne me pose pas de problème...
)
*
Les valeurs du sport
Quand je vois comment tout le monde se prend la tête sur le monde de l'entreprise et du commerce, je suis heureux d'être du côté du sport.
Au-delà des magouilles que la nature humaine ne manque pas de faire fleurir dans le monde du sport, ça reste une des dernières
"idéologies" ou encore
"philosophies de vie" qui tiennent la route et qui sont globalement vertueuses.
*
La liberté
C'est très personnel, mais disons que ma façon de travailler m'a rendu très libre sur le fond technique des entraînements, et aussi sur les divers projets que je veux monter dans le cadre de mes clubs.
Liberté aussi, au niveau d'une certaine culture générale, puisque je puise allègrement dans l'univers du développement personnel et de la psychologie... C'est pas obligé mais c'est possible, et je trouve que c'est UNE liberté.
Mes deux limites à cette liberté :
- Le facteur temps, car mon planning de semaine est déjà bien chargé et mon président de club remplit les vacances scolaires avec des animations en coopération avec la ville (diplomation locale...) que je regarde d'un oeil noir en fantasmant sur d'autres trucs plus intéressants que j'ai en tête...
- La culture de club.
On ne peut pas imposer à une association sportive un virage à 90 degrés par rapport à sa culture. C'est trop violent.
Bon. Il y a aussi l'argent, car ça ne tombe pas du ciel, mais faut-il vraiment le préciser ???
*
Le facteur bonheur.
C'est une grosse surprise de mon basculement de pratiquant à professionnel :
Le bonheur est une matière brute à développer et faire circuler.
C'est à mon sens le ciment de l'activité sportive (et sans-doute artistique)
Voilà un point de vue très personnel mais j'ai vraiment l'impression que j'ai raison.
Placer le bonheur au plus haut des priorités à long terme et aussi des divers positionnements au jour le jour protège et développe l'activité, les pratiquants... et le professionnel.
J'entends beaucoup parler d'animateurs et d'entraîneurs qui se découragent ou craquent purement et simplement. Ils ont parfois leur côté tête de con ou leurs problèmes personnels, mais j'ai le sentiment que leur problème numéro un c'est qu'ils ne sont pas (suffisamment) heureux...
Une fois qu'on a compris ça et qu'on l'a converti en actions concrètes, le bonheur comme outil de travail, franchement c'est cool...
B)
Ce qui ne me plait pas / me pose problème
*
Les horaires décalés
Hé oui, je fais tourner la machine de 17h à 22h, quatre jours par semaine, j'ai des heures de scolaire le matin histoire de flinguer mes grasses mates chéries, et les weekend je suis en compétition et en stage.
Pas évident pour les rythmes de sommeil et la vie sociale...
*
La fatigue
La thématique de la fatigue est omniprésente dans TOUS les secteurs d'activité, je décris donc la question telle qu'elle se présente dans l'animation sportive. Pour le reste, c'est comme tout, ça se gère.
Globalement, ce sont des boulots crevants.
On doit toujours être au top, donner l'impulsion, donner de l'enthousiasme... ça use.
Les gamins pompent une énergie énorme car on doit toujours les percevoir en même temps qu'on bouge et qu'on parle.
Ceci dit je trouve que la partie purement sportive peut être sympa.
La plupart du temps mon engagement physique sur un entraînement est proche de la petite séance de gymnastique à la cool.
Parfois j'envoie du lourd, (par nécessité ou par envie) et ça fait du bien AUSSI
Mais je crois que ce n'est pas le même son de cloche chez les animateurs de fitness...
CONCLUSION
En espérant que ça vous aura donné des informations, voire de l'inspiration.
J'ai l'impression que globalement le monde du sport continue à se développer, et qu'on a besoin de chair à canon pour animer les séances, développer les clubs, etc...
Pour le reste, une fois qu'on se lance, ça devient
forcément une aventure personnelle.